dimanche 27 décembre 2020

2021 sera musicale !

La musique ayant été étouffée, muselée et masquée cette année passée, les artistes commencent à se manifester et à s'agacer. Leur passion, leur art, leur moyen d'expression leur sont interdits, privés d'un public et de la scène. Ces fêtes de Noël qui les inspirent traditionnellement, les mettent dans un état soit de tristesse, de joie, de colère, de drôlerie, quoiqu'il en soit, un état réactif en continuant courageusement à composer, enregistrer, faire "vivre la musique". Merci !
Bon réveil et bonne écoute attentive pendant l'année qui sourd. 

Sarah MacDougall - Out of This Blue


Freezepop - No Presents for Christmas


Meiko - This Year Can Kiss My Ass


The Heathen and the Holy - We Need Christmas (more than ever (this Year))


Ilona Lowe - New Year's Day


Calexico - Hear The Bells


Faux Canada - fuck it, it's christmas


Brutalligators - Drunk Christmas (Forget This Year)


Neil Brogan - It's Christmas (With A Difference)


Tugboat Captain - No Plans (For This Year)


Michael M - Baby, I Will Zoom You This Christmas


Rob Crow - Alone In The World


Joseph Bradshaw - Santa Claus Can Keep His Bag


Vic Ruggiero and Lauren Napier - Baby it's COVID outside


I really can't stay - baby it's COVID outside
i've got to go away - baby it's COVID outside
this nine months has been - you're lucky that you dropped in
so very nice - give me your hands to sanitize
my mother wants me to come home - i hear her coughin over the phone
my father he is pacing the floor - there's toilet paper blockin the door
trump says not to worry - fauci says not to hurry
well maybe just a half a year more - i've got all this extra food from the store

The neighbors are sick - it’s bad out there
say what’s in this drink - I put oregano oil in there
What can I do -You’ll need a face mask too
To get through this - I need your healthy lips to kiss
I ought to say no no no sir - move six feet closer
At least I’ll say that I tried - I like your optimistic side

I really can’t stay
Baby, it’s COVID outside

I simply must go - it’s Covid outside
The answer is no - but it’s still Covid outside
This quarantine’s been - you really gotta stay in
Like Camus described - read all my books, you’ve got the time
My sister she's waiting for me - I even got vitamin c
My brother thinks it’s all a hoax - i'll tell you all my Q Anon jokes
My uncle said it would go away - but it’s past Election Day
Well maybe just an episode more - we’re almost up to season four

I gotta get out - it’s disease out there
Say, lend me your mask - they’re coughing and sneezing out there
It’s time for me to retire - the numbers keep gettin higher
Oh but don’t you see - the percentage is up to three
The vaccine is coming soon - I disinfected your room
At least let me go dye my hair - I’ll give you my intensive care

I really should stay -
Baby it’s Covid outside

Thousand

Thousand
est Stéphane Milochevitch, 'Milo', auteur-compositeur de Paris, batteur de formation, qui apparaît sur les scènes en 2008, fait paraître un premier single en 2005. Il joue dans les deux formations The Sway of Beasts en 2006 et Go Typhoon en 2009. Chantant en anglais il signe en solo plusieurs EP réunis en un album appelé Thousand en 2015. Suivra en 2018 le superbe second disque Le tunnel végétal en français cette fois-ci. 



Thousand continue son aventure en français ce mois de novembre 2020 pour offrir le disque marquant Paradis. Sa langue maternelle touche d'autant plus que le disque prend des atours d'intimité, de corps et de coeurs, plein de poésie et de spiritualité.
Il évoque la France, l'amour, le passé et le présent, ce qui unit ou prête à désunir les français, leurs attirances, leurs croyances, leurs identités dans une ambiance french-pop. 

Thousand, entre désillusion, doutes et espoir, porte son regard personnel, le regard d'une partie des musiciens qui évoluent en milieu urbain et sans s'en rendre compte, ces temps derniers, véhiculent un spleen comme nombre de citadins français. Celui qui n'existait pas en 2015 et qui aujourd'hui sonne logique et légitime. Sa délicatesse touche en invitant l'auditeur à le suivre dans son monde hanté par les dieux antiques, Jésus, Juda, la gestapo, ses amours et ses états d'âme. 



Au paradis compte la présence d'amis à l'enregistrement comme Olivier Marguerit aux percussions et au clavier et Sylvain Joasson à la batterie. Le disque ouvre sur Merle Hagard où la poésie de Thousand forme un réel tapis de fleurs sur un tempo sensuel dansant suivi de l'épidermique et passionné Jeune femme à l'ibis. L'ambiance road trip continue avec le mélodieux Mon dernier voyage et son hommage à Rimbaud. Sans pourtant mettre de huile sur le feu, les mots s'enflamment et tourbillonnent sur les harmonies pop de Le rêve du cheval, magnifique ode à la liberté, portée par une basse et des envolées de cordes somptueuses. Les arrangements s'ornent d'electro-pop sur Vue du fond de l'aquarium avec son harmonica amoureux pour poursuivre la déclaration sur Paradis et sa guitare, ses synthétiseurs sautillants où la griffe délicieuse O aimante les oreilles. 



Le masque du fou, émouvant, rappelle que les amis ont plusieurs faces sur des accords de guitare magnifiques et stellaires. La constellation de notes sur Aux enfants de Saturne absorbe l'attention et la voix de Thousand, empreinte de sensibilité, enveloppe la rythmique. La chaleureuse et lyrique flambée mélodique sillonne Des fleurs dans un feu, rappelant le titre du disque et Arthur Rimbaud, le héros de l'album, salué une ultime fois sur le vibrant Le bâton ivre.
Si certains prétendent que les ' poètes ont quitté Paris', il y subsiste encore quelques tiges résistantes de stargazers et de marguerites comme Stéphane Milochevitch et son bébé Thousand classé dans les pierres pop précieuses françaises sur Piggledypop.
Thousand





samedi 26 décembre 2020

The Blaze Velluto Collection

Blaze Velluto
est un auteur-compositeur interprète prolifique et inspiré de Québec. Ses mélodies typées pop sixties et psychédéliques alternent avec des arrangements rock ou pop orchestrée avec des cordes et des cuivres. Ce qui le caractérise est son univers foisonnant de paysages, d'animaux, de personnages. Son inspiration se nourrit localement avec les lacs et pins du Canada ou d'exotisme avec l'utilisation d'instruments traditionnels comme la balalaïka, la tanpura, l'erhu, ou bien le sifflet à loup.

Apparu en 2017 avec un premier album à succès Weatherman pour lequel Velluto lui-même multi-instrumentiste s'entoure d'une meute talentueuse de dix musiciens. Il revient ce 13 novembre 2020 avec l'album We Are Sunshine. Cette pépite fait voyager, danser et sourire en offrant tour à tour une série de titres aussi splendides et solides les uns que les autres.



La savoureuse aventure sonore nous plonge illico dans une atmosphère maritime et montagnarde poétique grâce à la voix cristalline et au jeu de guitare oxygéné de l'introduction Fish Mountain Part I. La rythmique ne tarde pas à prendre du panache et du peps sur Fish Mountain Part II qui est une mise en garde, duo partagé avec Little Miss Roy, offrant un beau mordant dans le tempo et dans les mots. Suit deux titres fantastiques aux harmonies pop et instrumentation fantastique où les poissons font place aux lapins et aux kangourous avec The Rabbit Song et Kangaroo, où se glissent, délice, des paroles en français. 

Le romantisme se mêle au psychédélisme avec réussite et élégance sur Love you black et Spinning Love avant l'énergique et stylé garage mods Cosmetic. Les guitares restent sur mille volts quand Plate Love insuffle du son rock pur jus.



La déclaration d'amour Sirens poursuit le dépaysement avec sa rythmique ensoleillée et ses envolées de castagnettes avant le féerique We Are Sunshine qui rappellera aux amateurs de pop les Kinks, Essex Green et Ladybug Transistor. Le disque fourmille d'instruments, de guitares diverses, de flûtes, saxophone et claviers en tous genres, violons, violoncelle, cor, alto et des choeurs. Les paroles colorées et imagées à hauteur des vidéos croustillantes signées Michael Japan sont en osmose avec les harmonies fleuries et les participations amicales à l'enregistrement. 

L'ampleur des compositions et de l'interprétation sied à l'atmosphère souriante et accroche toute mon attention, classant We Are Sunshine des The Blaze Velluto Collection dans le haut du panier des productions pop 2020 sur Piggledypop.
BlazeVelluto

lundi 21 décembre 2020

Lavender Blush

C'est noisy, noisy. Shoegazing à souhait! Ce magnifique The Garden of Inescapable Pleasure de Lavender Blush vante le 'beau' et fait grand bien en se consommant du début à la fin. Mélodieux et duveteux, le groupe a la lumineuse idée d'oublier de plomber l'ambiance et nous servir la sempiternelle soupe avec les croûtons 'migrants' ou croûtons 'lockdown'. 

Les harmonies typées nineties s'enchainent avec grâce jonglant sur une interprétation printanière, amoureuse et techniquement parfaite. Lavender Blush est formé à San Francisco en 2016 par Ryan Lescure, auteur compositeur, guitariste et chanteur qui signe Part Time Punks en 2018, suivi des deux EP Beauty Is What Beauty Does To You et Join Our Cult Of Beautiful Noise. Sam Hewatt y assure la basse, Chris Howard la rythmique à la batterie.



Le puissant The Garden of Inescapable Pleasure paraît ce 20 novembre 2020. Comptant dix titres somptueux, il ouvre sur I'm in Love, bondissant et garni de guitares électriques lumineuses. Les ampères escaladent les cordes de guitares sur le coloré et poétique A Landscape in Color. La batterie grandiose suit la guitare mutine sur le très beau Oh Anna, avec un son saturé ingénieux et des effets de voix gorgés d'écho avant que la caisse échappe un excellent galop sur Girls Upstairs. Plus langoureux, le morceau de six minutes Save My Soul progresse atmosphérique, précieux et solide, à la manière des Field Mice ou de Robert Smith pour faire rêver et voyager. La sensualité du chant mêlé aux arrangements musclés forment un ensemble tenace et accrocheur qui maintient l'attention sur la suite, Ultraviolet, entêté et délicat pour un résultat escompté. 



Puis Piper persiste avec ses cymbales enflammées dans le style sensoriel à fleur de peau pour offrir le passionné Lovenote, en duo avec Ana Ramundo qui ne lâche pas la tension et entretient la flamme. Dans ce riche vivier de mélodies qui se suivent, Lazy libère aussi des lignes de guitares persistantes, devenues persuasives sur Shadows qui termine cette perle pop efficace et parfaite, The Garden of Inescapable Pleasure, classée dans les meilleures production 2020 sur PiggledyPop. 

LavenderBlush

dimanche 20 décembre 2020

Brian Grogan

Fidèle à lui-même, Brian Grogan offre ce mois de décembre 2020 un bien beau single en amont de la sortie du EP Rookie Mistakes qui paraîtra en début d'année 2021. Je parlais de son travail ici il y a presque deux ans : "Il est irlandais, réside à Londres depuis des années, entouré de musiciens se consacrant à l'écriture et à la composition. Il n'y a pour l'instant que deux titres disponibles pour le découvrir mais ils suffisent à entendre que le musicien a du charisme, un très beau jeu, un magnifique chant et des mélodies accrocheuses. L'univers musical que partage Brian a de l'âme. Brian Grogan n'est pas un néophyte. Ses références et influences viennent de son enfance baignée de musique à la maison, notamment du traditionnel fiddle. Il commence à jouer adolescent et étudiant dans les pubs de son comté avant de rejoindre l'excellente formation de Belfast Maguire & I en 2010 où il est batteur."
BrianGroganPiggledyPop2019



Derechef, le musicien nous concocte le single Runny Nose superbement 'catchy' comme disent nos amis du Royaume-Uni. Ficelé et maîtrisé, le titre avance avec un groove et des guitares éloquentes pour narrer une rencontre romantique. La voix porte le texte avec vivacité et des harmonies toujours sublimes, qui promettent un disque à venir folk, boisé et mélodieux. Piggledypop aime Brian Grogan et je reste également fidèle et friande de l'émotion ressentie au travers de son univers musical, comblée prochainement !
BrianGrogan

lundi 14 décembre 2020

C'est Noël !


Chers lecteurs et chers artistes, je vous souhaite un Joyeux Noël avec, toujours, la musique et l'espérance au coeur. 

Prière de Charles Péguy :

« La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance. La Foi ça ne m’étonne pas. Ce n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma création. La Charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas. Ça n’est pas étonnant. Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres. Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas. L’Espérance est une toute petite fille de rien du tout. Qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière. C’est cette petite fille de rien du tout. Elle seule, portant les autres, qui traversa les mondes révolus. La Foi va de soi. La Charité va malheureusement de soi. Mais l’Espérance ne va pas de soi. L’Espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bienheureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce. La Foi voit ce qui est. La Charité aime ce qui est. L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera. Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé. Sur la route montante. Traînée, pendue aux bras de des grandes sœurs, qui la tiennent par la main, la petite espérance s’avance. Et au milieu de ses deux grandes sœurs elle a l’air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher. Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle. Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne, et qui fait marcher le monde. Et qui le traîne. Car on ne travaille jamais que pour les enfants. Et les deux grandes ne marchent que pour la petite ». 

Charles Péguy (1873-1914)


Ariane Zita de Montréal est divine sur son album Un Noël à Botch de 2018 garni de son tendre Noël c'est l'amour.


De Manchester, le groupe Portable Radio offre sa Christmas Selection Box en 2019.


The Aislers Set de San Francisco nous chantent un chaleureux Cold Christmas ce 11 décembre 2020, plein de cuivres rutilants et de clochettes charmantes sur une basse fantastique.


Le texan Ryan Miller propose un Tiny Tree Christmas plein d'espérance en 2011 en chantant 'A tiny tree Christmas hang the balls with wishes' 

Eastern Sea d'Austin a enregistré en 2012 le bel album entièrement consacré à Noël, First Christmas, où apparait Angels We Have Heard on High.


Le gallois John Cale pour mémoire et son A Child's Christmas in Wales de l'album Paris 1919 paru en 1973. 


Andrea von Kampen du Nebraska avec sa voix cristalline s'invite ce mois de novembre 2020 avec le somptueux What Child is this.


Dan Gabel and The Abletones de Boston griffent un album magnifique ce mois de décembre 2020 avec 19 titres magnifiques pour des fêtes de Noël boogie woogie.


Sub5 de Hanovre chantent acapella neuf superbes titres classiques en allemand et en anglais et proposent ce 4 novembre 2020 un frétillant Fröhliche Weihnacht.


La voix céleste du Canadien Charles Spearin sur The Christmas Box de novembre 2020 va comme un gant dans la chaussette sur la cheminée. 


La Louisiane n'oublie pas son histoire avec ce croustillant Chrismeusse passé avec Sam Craft & Alexis Marceaux de Sweet Crude) signé ce 4 décembre 2020.


Sweet Tempest arrive comme une météorite de Berlin avec son groove immédiat et son disque paru ce mois de décembre 2020 que je place au pied du pinède.


Snowqueen of Texas de 2019 présent sur The Molly Burch Christmas Album de l'inspirée et talentueuse Molly Burch.


Présence gracieuse cette année de la suédoise Liris Viljanen qui reprend mon titre favori dans les classiques de Noël, Härlig är jorden, ce 20 novembre 2020.


Le français 27 mars est le seul cette année à être allé à la rencontre du Père Noël confiné, chez lui en Finlande à Rovaniemi. Courtoisie française oblige !


Les Ecossais The Just Joans garnissent joliment ce Noël 2020 avec le nouvel EP Card from a Multipack plein d'âme indie-pop.


L'anglais Francis Lung paraît sur la compilation du label britannique Lost Christmas: A Festive Memphis Industries Selection Box avec son titre To Make Angels In Snow où on entend la voix de la photographe française installée à Manchester Coralie Monnet.


Le groupe de Moscou Otava Yo / Отава Ёet son titre enthousiaste et festif Let's sing, Christians / Запевайте, христиане du disque Christmas / Рождество.



La Garde nationale Russe qui reprent l'an passé Last Christmas pour boucler la compilation Piggledypop 2020 avec sourire et espérance en compagnie de l'éternelle amie de la France, la Russie.


dimanche 13 décembre 2020

Lydia Daher

Lydia Daher
née en 1980 est une poète et musicienne originaire d'Augsbourg, désormais à Berlin. Auteur d'une pléiade de recueils de poésie, traduits et édités dans le monde entier, elle est professionnellement active dans l'art visuel. Elle expose et se forge une belle renommée dans le monde des beaux-arts de Moscou à Buenos Aires. 

Elle apparaît dans le milieu pop en 2007 en signant un premier disque Lydia Daher sur lequel elle rend hommage à Syd Barrett qu'elle compose et écrit en solo avec sa guitare acoustique tout un publiant son premier recueil de poésies.



C'est sous le nom Lydia Daher & Übertrager, accompagnée de Florian Meya, excellent musicien et arrangeur qui travaille avec Friedrich Sunlight, que Lydia vient de faire paraître le disque Penetrante Realität ce 11 décembre 2020. Signé avec l'aide du producteur Tilman Hopf et la promotion des amis du label d'Ausbourg, Kleine Untergrund Schallplatten, la vidéo du single et la couverture bénéficient du talent de Frederik Jehle du groupe The BV's.

La singularité de Lydia Daher, en bonus de sa voix éloquente et les mélodies pop fort réussies, émane des paroles éminemment intelligentes et écrites dans sa langue, en allemand. L'auteur réussit à glisser de l'harmonie dans ses mots et à mêler son art de la poésie au service de la pop sur le superbe six titres Penetrante Realitaet. LydiaDaher

samedi 12 décembre 2020

Lodet

Lodet
est un coup de coeur 2020 à l'approche de la fin d'année. Originaire de Trollhattan en Suède, Joakim Bjornberg naît dans une famille de musiciens et compose ses premières chansons très jeune. Après avoir écrit et arrangé des chansons pour d'autres groupes, il se pose dans sa maison et son jardin et admirant la nature alentour qui l'inspire, travaille à son matériel solo, le fantastique EP Many Days, qui paraît hier le 11 décembre. 



À l'écoute du titre Many Days, l'ambiance chaloupée pop assurée dans les harmonies du chant, de la basse et de l'orgue rappelle la sunshine seventies, la pop futée de John Lennon ou psychée de Brian Wilson, tout en assumant une note contemporaine à la production, assurée par Matthew E. White. Le tempo soul dansant de Calling et les touches dynamiques du piano qui ouvrent Chasing Circles fourmillent d'arrangements brillants. Lodet sert en prince du métronome le rythme rutilant de la batterie avec sa voix solide qui fleurit les mélodies et emmène galoper dans la campagne, parcourir le pays en toute liberté. Le groove élégant et nostalgique de Humble Guy habille un titre alternant de pop jazzy et de rock'n roll magnifique sur le chant plein de boogie. Idem sur Alien in Me qui ramène à une époque passée, plus vivifiante, avec une énergie musicale intense, menée par les cuivres et les rythmiques ensoleillées efficaces. Lodet surprend et apporte par sa musique un moment d'émotions et de vibrations pop positives délicieux, à faire trôner sur la liste de cadeaux de Noël. 
LodetForceField

dimanche 29 novembre 2020

Days of the Bagnold Summer

Adaptation du roman graphique signé de Joff Winterhart, illustrateur et musicien britannique qui se fait remarquer en 2018 avec le roman BD Courtes distances, grandement salué par les critiques, le film Days of the Bagnold Summer sorti en salle en 2019 est dans la même veine. Le réalisateur Simon Bird qui se révèle excellent avec ce long-métrage stylé, à l'humour 'so british' émouvant, respecte avec talent l'esprit de l'auteur, ses personnages réalistes, ordinaires, si poignants, toujours accompagnés d'un chien, et offre au film des atours de dessin animé par les techniques, les couleurs, les caractères ancrés.



L'esthétique pop-art mêlant douceur et énergie, montre une Angleterre contemporaine encore nostalgique de romantisme, de sentiments et d'humilité. Le film est une ode à la complexité de l'adolescence entre mélancolie, tristesse et révolte et du quotidien d'une mère célibataire livrée à elle-même, ordinaire et dévalorisée qui reste malgré tout avec son instinct maternelle, protectrice et tendre.



Le synopsis : Daniel et sa mère Sue vivent tous les deux avec leur chien dans une petite ville anglaise pavillonnaire. Les parents de Daniel sont divorcés et son père que l'on devine matérialiste est parti pour une seconde vie aux USA où il est remarié. Daniel se sent effacé et dénigré par celui-ci quand son projet de vacances d'été est annulé à la dernière minute par le père dont la nouvelle femme est sur le point d'accoucher. La déception est grande, accentuée par la perspective ennuyeuse de passer ces six prochaines semaines estivales à la maison avec sa mère.



Tous les éléments s'opposent, les vêtements roses pour Sue, noirs pour Daniel fan de Metallica, le style rangé, naïf et introverti versus le style débonnaire, blasé, en colère, ou encore la musique, la cuisine...mais pas leur chien qui est celui qui désamorce la froide distance entre mère et fils, qui les réunit et permet la communication voire, la complicité qui se noue au fil du film.

Les acteurs, la magnifique Monica Dolan (Call the Midwife, Pride, Eye in the Sky etc) et Earl Cave (fils de Nick Cave) sont fabuleux. Le réalisateur Simon Bird (The Inbetweeners) décide de demander à Stuart Murdoch de bien vouloir écrire la bande son qui sera donc pour couronner le tout signée Belle and Sebastian. Le musicien écossais offre pour l'occasion une chanson inédite écrite en 1994 qui entre délicieusement en symbiose avec le thème de l'adolescence. La musique de Days of the Bagnold Summer épouse avec génie les images, le rythme et l'âme du film que je conseille parce que c'est un petit chef d'oeuvre pop qui vous fera sourire du début à la fin. 

mercredi 25 novembre 2020

Marvellous Bastards

Marvellous Bastards
est un groupe grec de pop-rock funky psyché merveilleux. Originaire de Thessalonique, région de Grèce qui abrite une ruche d'excellents musiciens comme Naxatras ou Ta Ta Boy dont je parle ici, le trio vient de faire paraître ce 12 novembre 2020 un premier disque ébouriffant de qualité : Bad Toys

Avec Panos Doucas au chant, Dimitris Papastergianos à la guitare et Ilias Garilas à la basse, Marvellous Bastards offre huit titres blindés d'énergie et d'impulsion. 



Hell accroche illico avec l'électricité dans les cordes, la caisse gaillarde et la voix de Panos qui dégage une force herculéenne pour évoquer ses sentiments. 

A la manière de Gorillaz pour les notes funk et de Louis XIV pour les lignes de guitares rock en canon, Mesmerized solidement écrit et addictif est suivi du fabuleux Ask qui ne perd pas en ardeur dans les accords et le chant vainqueur. Le mythique Sister est aussi armé d'harmonies hip-hop trempées de caractère.



Les guitares fantastiques se font groovy et percutantes sur la batterie impressionnante de Bad Toys. La charge continue avec le royal Permanent distraction, décomplexé dans les paroles qui réveillent et son funk déterminé splendide. La myriade de beats intelligents et perspicaces de Fortified fait rayonner la ligne mélodique comme sur l'entêtant final instrumental Those bastards. Bad Toys est travaillé, le chant en permanente fusion sur les instruments au tempo groovy est ravageur et les Marvellous Bastards électrisants de charisme sont classés dans le top des nouveautés 2020 Piggledypop.
MarvellousBastards

lundi 23 novembre 2020

Odessey & Oracle

Apparus en 2015 avec ... and The Casiotone Orchestra, puis en 2017 s'illustrant avec le sophistiqué et garni de sonorités sunshine pop Speculatio, les amateurs de Robert Wyatt, Brian Wilson et de Jean-Sebastien Bach, Odessey & Oracle, viennent ce 16 octobre 2020 de signer l'excellent album Crocorama. Le groupe empreinte son nom à une chanson des Zombies et la référence artistique y bat son plein.



Chercher maman ouvre le bal baroque pop avec un tempo sensuel sixties délicieux et des paroles chantées par Fanny L'Héritier, panachées d'images rétro idéales aux harmonies de flûte traversière de Mathilde Bouillot et de clavecins jouées par Alice Baudoin. La fine et bien pensée ironie inonde les mélopées ainsi que les termes médiévaux digne d'une invitation élégante dans un passé lumineux, à des voyages mirifiques, comme sur Les poupées mécaniques ou Le Manège



Je suis l'Endormie accueille le brio à la basse et à la guitare de Guillaume Médioni avant la rythmique ensoleillée et samba magnifique de Roméo Monteiro sur Mascara. Guillaume, qui est aussi joueur de viole de gambe accompagne au chant Fanny, pianiste et violoncelliste, sur le fabuleux Crocorama qui croustille et découpe en morceaux la dite 'élite' actuelle qui de par ses valeurs inexistantes et sa morale guère plus apparente, perd son titre d''élite' et finira mal. La même idée de dictature apparaît joliment sur Les Enfants, aux allures délicatement vintage réussies . L'alternative et psychédélique Antoine Rouge relate les tensions dans les banlieues et le silence de ceux qui y vivent et qui subissent.



Le brillant instrumental Mélodie #1 redore l'atmosphère et agrée en majesté les notes de clavecin de Ferdinand L'Albigeois 'qui composait pour le Roi rondeaux et canons à six voix', et sa mélodie pop revigorante et électrique qui est suivi du merveilleux et chaleureux Mélodie #2. La présence à la trompette de Gilles Poizat et à la batterie de Josselin Varengo, les flûtes, les rythmiques brésiliennes et la voix radieuse de Fanny, le talent de Guillaume et d'Alice, forment un Crocorama fort délectable. Odessey & Oracle qui aime mêler la musique baroque, médiévale et de la Renaissance à la contemporaine, est classé dans les meilleurs groupes français sur Piggledypop.
Odessey&Oracle

Bon Enfant

Bon Enfant
est un groupe de musiciens québécois amis qui compose des mélopées pop 'bon enfant' et joue à l'unisson avec humour et fantaisie comme l'est la description bandcampienne : " un florilège de pop québ aux grooves bien-allants (...) Des chansons en français certain, mais en français poilu - comme Molière avec une barbe (...) marquées par des intérêts croisés pour le médiéval fantastique et le vin. Un véritable buffet pour les sens dans vos oreilles."
Daphné Brissette au chant et Guillaume Chiasson à la guitare, tous les deux à la composition et écriture, accompagnés de Mélissa Fortin aux claviers, Étienne Côté à la batterie et Alex Beauregard à la basse, offre en novembre 2019 le disque Bon Enfant



Ding Dong ouvre l'album de bon aloi et Aujourd'hui qui suit, semble toujours d'actualité en 2020 quand Daphné entonne " y'a rien qui change, tout est pareil ". Faux pas et son clavier psychédélique nous entraîne sur un pas de danse dans le questionnement. Le tempo engageant de Petites batailles a beau évoquer une mésalliance indissoluble, il reste ensoleillé de notes affriolantes. Après l'instrumental souriant Ode aux pissenlits, la langoureuse L'hiver à l'année est teintée d'une belle ambiance canadienne folk neigeuse, romantique et métaphorique. Les saisons parsèment les notes scintillantes jouées par les guitares, la batterie gaillardes et les voix en chorale de Ménage du printemps et de Magie pleine de swing estival.

Liste Noire établit de façon plus claire et rock la mésentente d'un couple quand Insomnie au boogie chavirant propose six minutes psychédéliques bienveillantes. A l'abri termine le disque fort gracieusement, reprenant la notion du temps qui passe avec légèreté et adiaphorie : 'il y a des missiles qui passent au dessus de nos têtes, mais on s'en fout, on a mieux à faire. Même si les horloges comptent à rebours, on ne compte plus trop les jours.' Bon Enfant est un régal musical à consommer sans compter cet hiver prochain. 
BonEnfant

Queen of Jeans

Queen of Jeans
est un trio de Philadelphie qui décrit lui-même avec humour sa pop comme 'denimcore'. Elle est de fait constituée de power, coiffée d'indie, de notes jungle avec des accents psychédéliques des années soixante ou rock alternatif des nineties. La fibre coton denim de l'album If you're not afraid, I'm not afraid paru en août 2019 peut y être soyeuse comme rugueuse. Les compositions de l'auteur compositeur Miriam Devora sont inspirées pour partie du décès de sa mère survenu dans l'année de l'enregistrement. Miri apprend à jouer de la guitare a 12 ans et s'intéresse à la pop sixties à 16 ans tout en intégrant une chorale au lycée et commençant à écrire des poèmes puis des chansons. Dès que ses amis Matheson Glass, également guitariste et Patrick Wall batteur la rejoignent, les premières mélopées panachées et dansantes de Queen of Jeans paraissent en 2016 sur un Ep du même nom, puis l'album Dig Yourself en 2018.



L'an passé, le second volet If you're not afraid, I'm not afraid n'est pas passé sous les radars tant il est abouti, élégant, cristallisé par la voix de Miriam. Le disque s'ouvre sur le splendide Get Lost qui accroche et séduit. Cette belle sensation continue avec le bondissant All the Same et Tell me, dentelle pop fleurie de rythmes virvoltants et de voix en cascade suivi du fabuleux Centuries progressif et ascensionnel. L'intimité de Only Obvious to You est lumineuse sur les harmonies vocales et l'accompagnement guitares-batterie oscillant et zigzaguant entre le chaud-froid quand Rum Cheeks suit avec son air brodé de douceur touchante. 



La pop chatoyante de Bloomed vient offrir un tempo entêtant avec des lignes de guitares entreprenantes, un chant habité, des cymbales brillantes avant le joyau alternatif Not a Minute Too Soon, qui prend une belle allure voluptueuse par son interprétation gracieuse. L'évolution pop sixties dans les cordes de I Am in Love With Your Mind s'allie au chant toujours charismatique avant l'émouvant On Your Shoulder et le dernier titre Take it All Away, vibrant et émouvant. If you're not afraid, I'm not afraid est un album qui marque et demeure un objet classé dans les disques plein d'avenir Piggledypop.
Queenofjeans

vendredi 20 novembre 2020

Daniel Romano

Daniel Romano
est un auteur-compositeur canadien de Welland. Le maestro est aussi un grand poète. Prolifique, hautement doué, Romano se distingue par sa manière de créer des perles harmoniques pop à tour de bras. Il apprend à jouer de la guitare à 6 ans. Il nous dévoile son histoire familiale émouvante sur son site, adopté par des parents musiciens qui lui font rencontrer ses parents biologiques plus tard, également tous musiciens et avec qui il renoue des liens forts, l'artiste de 35 ans comprend sa veine musicale, l'assume avec brio et ne cesse de remplir sa 'wood box' (guitare à six cordes) de sons panachés, d'idées et de charisme.



Daniel Romano signe en 2010 son premier essai en solo Workin' for the Music Man, magnifique qui suit l'EP qui parle de la mésaventure de ses premières compositions perdues dans la destruction de la maison de son enfance Sings A Losing Song.

Depuis, le musicien fertile enchaîne les productions de pop psychédélique d'une qualité étourdissante : Sleep Beneath the Willow en 2011, Come Cry with Me en 2013, If I've Only One Time Askin' en 2015, Mosey en 2016, Modern Pressure en 2017, Finally Free en 2018, Okay Wow et Dandelion en mai 2020 et ce troisième album de l'année paru le 6 novembre 2020, White Flag.



La particularité de Daniel Romano est cette manière d'explorer les styles, folk, blues, rock ou pop en gardant sa fibre narrative poétique qu'il exprime dans un livre paru en mai 2020, comprenant 100 de ses poèmes At Last There Is No End. L'artiste sera au printemps en Angleterre et en Norvège pour une série de concerts et en attendant, son travail est à retrouver sur son propre label qu'il fonde en 2009, You've changed Records.
DanielRomano

lundi 16 novembre 2020

The bascinets

The Bascinets
étaient passés par Piggledy Pop en 2019 grâce à leur pièce incroyablement musclée de jangle Always Want to Be Your Friend. Les américains de Chicago sont de retour ce mois d'août 2020 avec derechef un album solide et fleuri de notes pop dansantes : Social Music.



"Les Bassinets sont au XIVeme et XVeme siècle des casques en fer à visière, dérivés du grand heaume et protègent toute la tête. Les Bascinets, Nick Wellman, Nick Shew, Tristan Huygen, Trevor Joellenbeck, sont des troubadours pop qui font tourner la tête. Originaires de Columbus, ils se rencontrent au lycée en 2014, forment un groupe et signent un premier EP en 2016. Dans la foulée, ils enregistrent leur album Always Want to Be Your Friend en 2017 et depuis, continuent l'aventure avec 3 EPs parus en 2018 dont 378 Vol. 2 garni de cinq titres en septembre dernier. Leurs influences sont The Smiths, The Cure, The Fall, The Beatles, The Velvet Underground, Television et ils définissent leur musique comme de la pop jangly, post-punky guitar power et indie rock en s'appropriant par exemple Yo La Tengo, via la reprise Cherry Chapstick. Elliott Smith et John Lennon sont nommés dans la chanson La La La, au même titre que Jean-Paul Sartre, Kierkegaard et Nietzsche."
TheBascinetsPiggledyPop2019



Diorama ouvre le bijou Social Music avec son tempo et ses harmonies de basse de Nick Shew au plumage nineties des Field Mice ou Boo Radleys. Le son clair ou saturé enveloppe le fabuleux Script où la voix de Nick Wellman dégage une énergie notable comme sur la tempétueuse Learned ou la melodieuse et salée Torture avec le brio de Trevor Joellenbeck à la batterie et de Nick à la guitare, aux doigts dotés d'or. L'ambiance noisy progresse sublime sur Asparagus et ses puissantes guitares, les mêmes qui conjuguent des notes power pop sautillantes sur le subtil Monk Training et sa définition cintrée de l'enfermement. 



La majestueuse Focus évoque la création de chansons et de la détermination pour ce faire quelques soient les conditions inconfortables et incertaines. La rythmique part au galop sur le funk de Swimming Pool, puis sur Gymnasium où le ton ironique rappelle le titre du disque, se greffant à la perfection aux deux as guitaristes, Tristan Huygen et Nick Wellman. Drag conclue avec délicatesse et finesse sur un timbre de voix de Nick, plein d'élégance et d'une touchante humilité.
Chapeau aux Bascinets qui de nouveau montrent une force d'inspiration et de création musicale. Social Music est rangé sur le chevet Piggledy Pop. 
TheBascinets

dimanche 15 novembre 2020

Penny Shears

Penny Shears
est un coup de coeur. L'artiste américain vogue entre Genève, Los Angeles et Brooklyn où il se produit l'an passé. Originaire de Boise, élevé dans la communauté mormon, ses chansons sont une éternelle quête de vérité et d'authenticité. Son style pop rock dans le sillage des Beatles est couronné par le savoir-faire à la production de l'ingénieur new-yorkais Sam Owens alias Sam Evian ainsi que par l'accompagnement de l'équipe au studio genevois : les musiciens Robin Girod, Nelson Schaer et l'ingénieur son Yvan Bing.

Penny Shears consacre toute son énergie à l'écriture de Tracy Ruth cette année d'enfermement 2020 sans pour autant en parler ni en tenir compte pour l'avenir, gardant dans son champ de tir qu'il présentera son album au public dans un futur proche. Son enthousiasme transperce ses mélodies entraînantes et son solide, séduisant chant.



L'album Tracy Ruth qui paraît ce mois de Novembre 2020 s'ouvre sur Guilty et ses notes pop fulgurantes. Dès lors, l'allure panachée des lignes de guitares annonce des harmonies fournies de psychédélisme élégant, de mots réfléchis sur des rythmes décidés qui montrent que le musicien est bien aux commandes.

L'âme des Beatles plane brillamment sur Mirror et tout le disque, avec sa construction stéréo alternative qui fulmine, zigzague entre les clés et les accords. Puis Tracy Ruth et sa rythmique presque charnelle, ses claviers habillant le bois de la basse et de la guitare électro-acoustique galvanisent la voix de Penny astucieuse, lumineuse. Face in the Wind continue le délice sonore, maintenant l'harmonie entre les paroles, philosophiques et la forme entêtante. 



White Teeth poursuit dans le style incisif et direct, des voix en chorale, des lignes de guitares puissantes, rock, et une batterie aiguisée avant que Strawberry Generation vienne offrir un hommage musical savoureux. Le tempo groovy de Self Destruction rappelle la force nécessaire pour s'extraire de l'inertie, la résistance face à certains qui voudraient mettre fin au plaisir de la musique. Puis Trapped like The Sun sort les caisses offensives, les guitares électriques, les échos de voix qui invitent à sortir des écrans, à se réveiller, à se dépouiller de l'hypnotisme ambiant pour retourner à une certaine commensalité. Milk magnifique dans sa progression pop rock psyché termine le disque avec force, comme un relais à ne pas lâcher. 
L'auteur-compositeur Penny Shears opère un Tracy Ruth combattant, non assisté ni frileux, qui percute et charme par son style pertinent, classé dans le haut du chapeau Piggledy Pop 2020. 
Chez les amis suisses du label Cheptel Records.
PennyShears
SamEvianPiggledyPop

vendredi 30 octobre 2020

Sainte Jeanne d'arc

En cette année Johannique 2020, la création musicale inspirée par Jeanne d'Arc semble dessiquée. Qu'à cela ne tienne, nos oreilles sensibles restent ouvertes aux mélodies passées, qu'elles soient intemporelles ou ancrées dans leur époque. 

Le registre propose François Couperin avec son émouvant La Pucelle de 1692, la Giovanna D'arco des italien Verdi, Pacini, Rossini, l'oratorio Jeanne d'Arc au bûcher du suisse-normand Arthur Honegger, les opéras Jeanne d'Arc du russe Piotr Ilitch Tchaïkovski, des français Auguste Mermet ou Charles François Gounod qui dirige la Messe de Jeanne D'Arc à la cathédrale de Reims le 24 juillet 1887.



Les compositeurs de musique classique ne manquent pas à l'appel et ceux de la contemporaine viennent y ajouter leur grain de sel. La Passion de Jeanne d'Arc influence nombre de compositeurs de musiques de films qui se penchent sur la version muette de 1928 filmée par Dreyer. Pour celle-ci, un concert au Shakespeare’s Globe de Londres en 2016 est joué en direct lors de la projection du film, dirigé par le chef d'orchestre Charles Hazlewood en collaboration avec Adrian Utley (Portishead), Will Gregory (Goldfrapp) et Jónsi (Sigur Rós).



Jeanne subit et essuie des horreurs sonores autant qu'elle reçoit de très beaux hommages comme celui des Orchestral Manoeuvre in the Dark qui offrent le coffret mémoire Souvenir paru en août 2019. Il comprend cinq cds fournis de titres dont les savoureux Joan Of Arc et Maid Of Orleans mais aussi d'inédits dont Don't Go, qui se fond au même leitmotiv. 



Jeanne est également honorée par les artistes français Georges Brassens, Christophe et Gérard Manset, par les Américains Husky, Grant Nicholas, Joan of Arc, Paul Warren, Owen, par les Canadiens Arcade Fire, Léonard Cohen et Heather Dale, les anglais OMD donc, The Smiths, The Monochrome Set, Jane Allison, Doran Edwards, par le suédois Bromander, les japonais Janne Da Arc ou encore par le néo-zélandais Graeme Allwright.



Dans ce panorama il est impossible d'ignorer le seigneur du rock allemand, Eloy, avec son opéra-rock monumental Vision, Sword and The Pyre, classé dans la veine rock alternatif des Pink Floyd. Passionné et proche des membres du Centre Jeanne d’Arc à Orléans, Eloy lui dédie des chansons depuis 1992 et persiste avec Vision, Sword and The Pyre, Acte II, disque paru en 2017. Les titres tantôt 'metal noir' avec des riffs et solos de guitares sur Orléans, Patay et Paris, tantôt mélodiques sur Reims...The Coronation of Charles VII, ou fériques sur The Bells of Notre-Dame, glanent une large audience .



Ce 8 mai dernier, à l'initiative de l'association Orléans-Jeanne-d'Arc devait se dérouler dans le cadre des fêtes johanniques un concert, à la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, du choeur La musique de Léonie. L'événement annulé en plein confinement, le choeur enfermé à la maison dirigé à distance par Julien Joubert, s'est remonté les manches pour interpréter sur vidéo le quatrain Puis vint cette voix, reprenant les mots de Jeanne D'Arc : "Puis vint cette voix Environ l'heure de midi Au temps de l'été Dans le jardin de mon père." À la surprise des organisateurs, plus de 200 participants anonymes et amateurs de la France entière ont formé ce coeur chantant volontaire à domicile. De l'enfermement sont sorties des voix en canon de 7 à 77 ans faisant resplendir la voix de Jeanne à travers tout le pays. 

Sam Roberts Band

Comme on dit à Montréal, sa ville, le nouveau et septième disque de Sam Roberts est sur le marché. Paru le 16 octobre 2020, All of Us est enregistré au printemps dernier grâce à la complicité de Secret Weapon-Known Accomplice, en compagnie de sa bande, Dave Nugent à la guitare, James Hall à la basse, Eric Fares aux claviers et guitares et Josh Trager à la batterie. L'auteur-compositeur canadien se fait connaître dès 2000 et reconnaître sous son nom Sam Roberts dès 2003 avec son premier disque We Were Born In a Flame, suivi de Chemical City en 2005 et Love at the End of the World en 2008. L'artiste continue avec ses musiciens, formant le Sam Roberts Band et signant trois nouveaux albums, Collider en 2011, Lo-Fantasy en 2014 et TerraForm en 2017.



Voici que All of Us débarque, rock, power-pop, dans la veine des Beatles, avec des titres tous aussi excellents les uns que les autres. Les harmonies enflammées se découvrent sur Wolf Tracks, son synthétiseur rafraîchissant et entraînant. L'explorateur nous emmène sur les cimes de montagnes venteuses et déjà les métaphores saisissent. Les voix en chorale et le rythme alternatif ouvre le disque somptueusement. War Chest poursuit habillé de touches de piano, de guitares pop, de mémoire vive et de courage gardé en dépit des attaques. D'ailleurs la vaillante et rock'n Roll Ascension dégaine la batterie incisive et les cordes de guitares affûtées sur un tempo offensif délicieux "We're going to steal victory, From the jaws of defeat, They say we're playing with fire I say we don't mind the heat." La superbe Spellbound propose un moment mélodieux émouvant, un au-revoir automnal, avant la dansante Take me Away où le chant fulgurant va tambour battant sur l'instrumentation fleurie. 



L'ambiance pop avance sur l'électro flamboyante de I Like the Way You Talk About the Future, tout en mouvement sur des mots qui roulent, avalent des kilomètres et du paysage. Ghost Town et sa nostalgie vivante mêle les éléments, maison d'enfance, pluie, nuit, sur les instruments plein d'un panache enthousiaste. All of Us et son image de bateau sur la mer, où nous sommes tous embarqués et concernés, nos enfants, nos soeurs, nos amis, face à l'agresseur, à l'ennemi, est mené par le chant grandiose de Sam Roberts, ses guitares en ligne et un tempo fédérateur. Le magnifique Youth et sa rythmique enivrante, ses arrangements aériens, rappelle la douceur de l'enfance et son enchantement, et donne de l'entrain et du courage aux enfants d'aujourd'hui pour boucler ce superbe album All of Us.
SamRobertsBand

mercredi 28 octobre 2020

Stephen Malkmus

Stephen Malkmus
né en 1966 en Californie est à ce jour parmi les grands auteur-compositeurs d'indie-rock. Guitariste et interprète au talent charismatique il attaque une magnifique carrière dans les années 90 avec le groupe Pavement et en jouant avec Silver Jews. Le musicien déménage alors à Portland où il se marie, devient père de deux enfants et installe sa petite famille. Pavement prend l'eau et Stephen Malkmus travaille à la composition de son projet solo en formant un nouveau groupe The Jicks. Pig Lib paraît en 2003 et dès lors, la sacrée influence de Lou Reed se révèle, belle et efficace. Face the Truth suit en 2005, Real Emotional Trash en 2008 garni d'airs sixties et seventies savoureux. Avec Beck à la production, le somptueux Mirror Traffic aux sonorités rappelant Pavement paraît en 2011, juste après que Malkmus et sa famille partent vivre à Berlin.



Can's ege Bamyasi sort en 2013, Wig-out at Jagbags en 2014 et après un hiatus de quatre ans, Stephen Malkmus and The Jicks remontent en selle en 2018 pour signer Sparkle Hard, enchaînant avec l'électro Groove Denied en 2019 pour revenir plus acoustique et boisé ce 6 mars 2020 avec Traditional Techniques

Comme son titre l'indique, les dix titres de l'album explorent une pop folk avec différents instruments accordés à diverses musiques traditionnelles européennes, indiennes et latines. Les dix nouveaux titres offrent une pléiade de sons dont celui de la guitare à 12 cordes sur laquelle Stephen compose. L'ingénierie est assurée par Chris Funk de The Decemberists et de Matt Sweeney qui travaille avec Bonnie “Prince” Billy, participant également à la guitare sur Shadowbanned, titre pour lequel la vidéo compte une belle brochette d'amis comme Kim Gordon, Mac DeMarco, Sharon Van Etten, Jason Schwartzman etc.



Le disque magnifique est un antidote contre la morosité et l'anxiété. Ses titres narratifs sont contemplatifs, pleins de méditation et de décors, de parties de pêche avec des amis et d'harmonies rappelant le Velvet Underground, Gordon Lightfoot ou Guided by Voices. La poésie et la moquerie se mêlent finement, brillamment pour continuer de nous combler ce mois de septembre avec le single pop alternatif et fortement addictif Juliefuckingette

Il est prévu au printemps prochain pour Pavement de se reformer comme c'était le cas en 2010 déjà, puis d'assurer le festival Primavera. Sur le plan sanitaire et salutaire en ce qui concerne la santé du rock à l'avenir, de la musique en général, ce projet grandiose est fermement attendu.
StephenMalkmus



mercredi 21 octobre 2020

Samuel Baubry

Samuel Baubry
est mon coup de coeur français de 2020. Auteur-compositeur multi-instrumentiste de Nantes, il vient de signer ce mois de mars le magnifique album Les âmes fougères. Le disque irrigué de notes et de mots en décalage absolu avec ce qui paraît actuellement en France, est non seulement notable par la forme mais également par la qualité instrumentale, son chant cristallin et charismatique, ses textes poétiques et inspirés. L'ensemble somptueux est un délice double parce qu'il fait partie de ces trésors qui offrent une saveur accentuée à chaque écoute supplémentaire.



Samuel, batteur, guitariste, compose les dix titres en partie lors d'un voyage à Taiwan en 2015. Son escapade apporte quelques instrumentations asiatiques sur l'ouverture émouvante La côte. Tel un navigateur à long cours, le musicien nourrit ses harmonies d'arrangements folk et pop tout en ornant les ambiances de sons traditionnels bretons. La route et ses guitares somptueuses, son accordéon, son violon, son tambour, ses métaphores terriennes pleines de lierre, de racines, de chênes centenaires, de sensations d'hérédité délectables, nous invite au voyage sans quitter le lien traditionnel d'avec nos pères, rappelé sur la touchante Les âmes fougères. La mélodie au riche tempo de Chante fait galoper les sioux dans la plaine et donne envie de danser sur la rythmique entêtante, virevoltante. L'âme de troubadour et d'aventurier caresse l'oreille sur l'herbier et le carnet de navigation Le nid qui rappelle le premier EP Les Oiseaux de 2018. 



Les voix et la trompette accompagnent avec élégance et panache les mots voltigeants au lyrisme dynamique avant One day à la guitare acoustique et au texte vibrant grâce à l'interprétation de Samuel stimulée d'harmonies. Les images et les histoires foisonnent comme sur Cavale, où les cascades se mêlent à l'horizon, le printemps aux chemins fleuris sur un air folk fourni. Le mouvement poursuit dans les notes délicates de Je pars, avec son sifflement, son vent, ses balais frottés sur la peau des caisses, où l'impression de légèreté réussie est poursuivie de la veloutée et lumineuse Le coeur fou. Du thème du départ à la route tracée et au dépaysement, le retour est de mise, fendant l'air et battant le fer. Les filantes termine le disque avec une classe infinie, un texte sublime, une instrumentation équilibrée et la voix enveloppante de Samuel Baubry qui clame 'nos coeurs chantent' pour résumer à la perfection l'émotion ressentie à l'écoute de Les âmes fougères, classé dans les pépites françaises intemporelles Piggledy Pop.
SamuelBaubry



Lou de la falaise

Lou de la falaise est un groupe français créé en 2020 par les frères Maxime et Antoine Azzopardi, comptant Théo Eimery à la batterie, Adrie...