dimanche 31 mai 2020

Gary Olson

En 1995, quand Gary signe son premier disque Marlborough Farms, nom de son propre studio dans la banlieue verdoyante de New-York, rien ne prédisait la carrière impressionnante du musicien américain. Aujourd'hui, ses fans sont nombreux, les groupes se battent aux portes de son studio de producteur pour bénéficier de son savoir, et l'auteur-compositeur de Brooklyn se fraie un chemin dans l'histoire du rock, à la manière de ses pairs Bowie, Lou Reed, Kevin Ayers. Son groupe Ladybug Transistor compte ses complices Julia Rydholm, violoniste et bassiste, et Kyle Forester, ce dernier guitariste et clavier, membre des Crystal Stilts depuis 2003. Kyle est sur Piggledy Pop pour son nouveau travail en solo :
KyleForesterPiggledyPop2020

Gary transmet et influence, aime s'entourer en pédagogue pop d'autres talents comme Jeff Baron du groupe Essex Green et sa soeur Jennifer Baron de Saturnine pour signer Beverley Atonale en 1997. 
Interview de Jennifer :
JenniferBaronInterviewPiggledyPop2013
Interview de Gary :
GaryOlsonInterviewPiggledyPop2009



La troupe new-yorkaise The Ladybug Transistor en 1999 brille à la conception de The Albemarle Sound. Suivront les albums Argyle Heir en 2001, Ladybug Transistor en 2003, l'album The Unfairground de Kevin Ayers de 2006 produit par Gary sur lequel on retrouve tous les musiciens de Ladybug Transistor, Can't Wait Another Day de 2007 pour lequel se joint à la joyeuse clique Ben Crum du groupe Great Lakes puis sort le fantastique Clutching Stems en 2011.



Comme je le souligne en 2018 : " Avec son style délicat et sophistiqué, en fournissant les morceaux de clarinette, de trompette, tambourin, flûte, claviers et guitares électriques, le multi-instrumentiste Gary Olson se place dans la lignée des grands compositeurs de chamber pop. L'américain ne cesse de travailler, produisant une pléiade de groupes, de projets, de la Suède, à l'Australie en passant par les USA et l'Allemagne, très demandé mais disponible, il concocte enfin des chansons de sa griffe, aussi belles et impressionnantes. Après presque vingt ans de carrière, jamais il ne paraît blasé. Au contraire, avec un appétit vorace pour la composition, il ajoute de nouvelles cordes à son arc délivrant deux joyaux pop ce 22 novembre 2018 en collaboration avec Ole Johannes Åleskjær et son frère Jørn Åleskjær du groupe The Loch Ness Mouse."
GaryOlsonPiggledyPop2018
TheLochnessMousePiggledyPop2019



Grande nouvelle ce 29 mai 2020 ; Gary Olson signe un nouveau bijou pop portant son nom. C'est en travaillant entre son studio de Marlborough Farms et celui en Norvège des frères Åleskjær que Gary enregistre le nouveau disque. L'ouverture Navy Boats nous emmène sur les flots mélodiques qui attisent délicatement la curiosité. Giovanna Please est une ode à la pop, par son orchestration fleurie et veloutée et par ses mots imagés et gorgés de l'élégance délicate sixties. Violons, guitare, harmonica, basse et rythmiques s'allient pour former une orchestration scintillante avant la dansante et absorbante Some Advice qui nous ramène à un délicieux mois de décembre sur une cavalcade d'arrangements alternatifs brillants.
Le voyage maritime se fait subtil sur la guitare ensoleillée et la mémoire ravivée par un retour aux sources sur Postcard From Lisbon. L'aventure continue avec All Points North en glissant l'index sur la mappe monde, traçant une ligne qui croise une autre à un point précis où convergent les rythmiques, les cuivres et le grain de voix symphonique du maestro pop.



Tandis que le duveteux et pluvieux instrumental Initials DC est aparté dans les saisons et les lieux, le virevoltant et pétillant Afternoon into Evening relance le tempo à rendre folles les aiguilles de la boussole et celles de l'horloge. On replie bagages avec le magnifique Diego it's Time; Avec une orchestration stylée seventies à la barre, on passe les eaux et les heures pour partir vers de nouveaux horizons. La trompette royale de A Dreams for a Memory galope enthousiaste sur ce titre majestueux qui contient toute la personnalité artistique du musicien. La nostalgie et la poésie y sont enthousiastes sur les envolées de notes pop aériennes et magiques. Les lignes, les parallèles, les tracés sur la carte de Tourists Taking Photographs dessinent une distance et un éloignement vains, qui même en tentant d'effacer les traces du passé, quelques soient les pôles, laissent les mêmes questionnements intimes. La rythmique chaleureuse de la guitare et du violoncelle sur le chant émouvant saisissent et enchantent quand le disque nous ramène à New-York avec The old Twin. J'évoque le titre touchant dans une chronique ultérieure "couronnée de vivacité, zigzague, forgée dans une veine indie-pop endiablée et donne envie de chanter les 'tadadata' poppeux à l'unisson sur les guitares scintillantes et sautillantes des deux frères norvégiens. Des quatre coins cardinaux de la ville, le métro roule jusqu'au cornet de la trompette, rappelant joyeusement celui des Pale Fountains". Gary Olson offre toujours des émotions, réussissant sans faiblir à surprendre par la qualité de son oeuvre, à charmer par son inventivité, griffant des mélopées qui suspendent le temps, les lieux, gravées dans l'Histoire de la musique indie et rangé au top des disques de chevet Piggledy Pop. Immuablement.
GaryOlson



samedi 30 mai 2020

Kuroma

J'évoquais l'artiste américain originaire de Athens sur Piggledy Pop il y a dix ans : " Hank Sullivant est guitariste sur scène de MGMT et bassiste de the Whigs. (...) Hank Sullivant enregistre en solo sous le nom de Kuroma avec un des membres de MGMT, James Richardson, et l'album de sept titres Paris sort le 2 décembre 2008."
KuromaPiggledyPop2010



Depuis, le génial auteur-compositeur a signé deux albums extraordinaires Kuromarama en 2014 et The Dark Horse Rides Again en 2016. Ces deux bijoux de pop ne sont certes pas des nouveautés mais ils sonnent presque meilleurs que ce qui se fait actuellement. Inspiré et spontané, Kuroma offre deux disques somptueux de pop psychédélique, alternative, qui nous promène de Brooklyn à la Californie, pour raconter des histoires sur des personnages panachés comme Simon dans sa jungle, Evan Mann, le Tennessee Walker, Alexander Martin ou la Perfect Girl.

C'est après la parution de l'album Paris que MGMT demande à Hank de les rejoindre dans le groupe. S'ensuit une tournée internationale aux côtés de Of Montreal, Fiery Furnaces, Yeasayer, avant de se consacrer à Kuroma et d'assurer des concerts avec Jarvis Cocker, Primal Scream, The Walkmen, bien sûr aussi ses amis de MGMT. En 2010 paraît l'album grandiose Psychopomp et les tournées de concerts s'enchaînent avant de retourner en studio pour peaufiner en 2013 Kuromarama.



Kuroma signe des mélopées incroyables, groovy, psyché, avec un don inné pour les orner de paroles sentimentales, spirituelles et contenant une telle personnalité, un style singulier, une excellence intemporelle et éternelle. Le groupe se compose de quatre brillants musiciens qui se définissent avec humour ainsi : James Richardson: fluent in funk and philharmonic; tonal kaleidoscope; effortless instrumentalist. Simon O'Connor : Sky-scraping guitars, London rhythms, eat your crust. Will Berman: machine rhythms, elocution. Chevvy Chevelle. Hank Sullivant: songsmith, melody man. Piedmont Pop. Fatima by Disney.
Kuroma



vendredi 29 mai 2020

Close Lobsters

Close Lobsters
est un groupe mythique de jangle pop originaire de Paisley en Écosse qui apparaît en 1986 avec le titre Firestation Towers sur la légendaire compilation C86, cassette labellisée par le magazine NME. Leur aventure commence de manière fulgurante sous l'impulsion du chanteur, auteur compositeur Andrew Burnett et du batteur Stewart McFayden. Les deux amis accueillent le frère d'Andrew, Robert Burnett à la basse puis les guitaristes Tom Donnelly et Graeme Wilmington. L'équipe signe le grandiose album de 1987 Foxheads Stalk This Land, avant la surprenante dissolution du groupe en 1989.



C'est en 2012 lors d'une apparition amicale sur un festival de pop à Madrid que les musiciens ravis de se retrouver, remettent le pied à l'étrier et dans la lancée, enchaînent les scènes de Glasgow, Berlin, New-York avant d'investir un studio d'enregistrement pour signer l'EP Kunstwerk in Spacetime en 2015.

Le quintet écossais nous font un honneur infini et une joie considérable en cette année 2020 avec la signature d'un second album, le deuxième depuis 1987, le sublime Post Neo Anti: Arte Povera in the Forest of Symbols. Une fois goûté, on revient grignoter ce petit chef d'oeuvre de pop psychédélique et jangle fait dans les règles de l'art indie pop. Il ouvre sur le somptueux All Compasses Go Wild. Le premier titre contient l'esprit pirate de la pochette du disque, des moussaillons non dociles devenus des chefs de vaisseaux "Twelve compasses went wild awhile, We just got to stop the clocks, Only didn't fully register, We couldn't actually move much'.



The Absent Guest (No Thing, No There) dévoile une belle énergie dans les lignes de guitares alliée au lyrisme des mots et à l'élégance de l'interprétation. La batterie vitaminée de Johnnie sur les cordes jangle poursuit la rébellion avec un équipage affûté et qui semble peu apte à ramper et perdre sa liberté sur le dansant Bird Free. Le tambourin mène bataille brillamment avec cette hargne rock et pop inhérente à la pop écossaise, également présente chez les compatriotes Franz Ferdinand, Orange Juices et Primal Scream. Godless poursuit sur le thème de l'émancipation et sur des notes sautillantes alternatives avec un tempo enflammé qui accompagne le chant magnifique comme sur le déterminé Let the Days Drift Away. Le clavier groove comme un diable sur la mélodie enjouée des guitares rutilantes et les paroles pleines de lumière et de 'hoo la la la la' ensoleillés.



Now Time continue l'épopée pop avec sa rythmique solide et ses mots flamboyants 'history is about to be made', chantés avec volonté et vigueur contre une certaine répression suivant le conseil musclé 'hang on to the good times'. Les guitares et la basse sont magistrales sur la batterie splendide. La génial New York City in Space est à écouter en chassant de l'oeil la capsule spatiale Crew Dragon américaine, fusée Falcon-9 de SpaceX visible au dessus de la France demain, samedi 30 mai pour ceux qui seront sur la ligne Dieppe-Colmar. La panachée Under London Skies poursuit l'odyssée et prend de l'envol grâce au zoom historique et culturel, qui dessine le profil fourni du London rock'n Roll, le London des Clashs, qu'il ne faut absolument pas laisser tomber et livrer aux autres. La réaction et le message sont clairement dégainés sur le dernier titre de dix minutes Wander Pts. I & II, ardant et émouvant. Post Neo Anti: Arte Povera in the Forest of Symbols comme son nom le souligne est un hommage à la musique indie-pop, ses groupes, ses scènes comme le CBGB, son aspect nostalgique via sa fine fleur qui oeuvre encore et toujours pour assurer un avenir fleuri de notes pop et rock underground. Close Lobsters galopent toujours en première ligne, entrant dans le chapeau top 10 des disques 2020 sur Piggledy Pop.
CloseLobsters

dimanche 24 mai 2020

Chevalrex

Rémy Poncet alias Chevalrex est un auteur-compositeur français qui offre dès 2013 un premier album au doux nom de Catapulte, suivi de Futurisme en 2016 et Anti slogan en 2018. Des sessions rares de l'enregistrement paraissent en cinq titres au mois d'octobre 2019 avec de magnifiques versions instrumentales gorgées de cordes. Je conseille également l'album de 2011 Les plus belles villes du monde que le musicien alors nommé Rémy chante, fournit de dix reprises, dix titres revisités de Philippe Katerine, Henri Salvador, Dalida, Henri Bingo, Holden, Serge Gainsbourg, Étienne Daho, Boris Vian, Les Blousons Noirs, Fred Poulet.



L'univers de Chevalrex est panaché de french pop et de textes fins, d'orchestrations élégantes, de sa voix animée d'une âme poétique. L'artiste, qui aime Georges Delarue, Boris Vian et Jonathan Richman a des idées du même gabarit que ses idoles, inspiré, il sait les poser sur partition. Son style bondit et mordille l'attention, ses mélodies accrochent l'écoute par les mots et les arrangements soignés et surprenants.



Anti-slogan ouvre majestueusement les pistes avec les envolées de cordes de Face aux mouvements du cœur #1. D'emblée, la plume se fait sentimentale, autant délicate que tranchée. Le chant cristallin accompagne les arrangements qui prennent de l'envergure sur les cuivres de L'adversaire et son tempo chaloupé, ses métaphores somptueuses. La rythmique donne du swing ensoleillé sur Bonjour, c'est moi avec son ton léger et son orchestration souriante. La mélodie en or et les images éloquentes de Anti-slogan attisent l'émotion, qui plonge dans Baltimore décrivant un chagrin de coeur. La rupture est consommée et établie sur la merveilleuse Face aux mouvements du cœur #2.



La ballade pop fourmille de cordes et du chant enveloppé qui déroule des mots poétiques pour évoquer le bonheur déçu comme sur Claire et sa pop symphonique magnifique. Le grand absent prend de la vitesse avec les guitares, les claviers et la basse magistrale qui batifolent gaiement avant le profil pastoral et spirituel de À l'abri d'une vie intérieure. Le chant intime et les arrangements délicats de L'éternité se marient en un titre lucide et lumineux, sensible et épidermique comme l'est Anti-slogan, superbe bijou de pop orchestrale. Chevalrex signe l'Ep Amiral Pop en octobre dernier comptant des instrumentaux et le titre Maison témoin au charme incroyable. Rémy Poncet offre un univers lyrique pop dansant et aérien à savourer en boucle.
Chevalrex





mardi 19 mai 2020

Lavinia Blackwall

J'adore l'univers de Lavinia Blackwall qui fourmille de sonorités, de couleurs, d'une énergie pop folk psychédélique stylée. L'artiste écossaise chante magnifiquement sur ses compositions pastorales et élégantes. Loin d'être une débutante l'auteur-compositeur de Glasgow qui a sillonné les scènes depuis dix ans avec son groupe Trembling Bells au sein duquel elle signera sept albums, part en 2018 pour une nouvelle aventure. Elle signe donc il y a deux ans ses propres chansons, Waiting For Tomorrow​/​All Seems Better, suivi en 2019 de Troublemakers et Hold on to your Love puis cette année 2020, le superbe et grandiose album Muggington Lane End.


Pour ce faire, la musicienne enregistre dans le studio The Barne du fabuleux label Barne Society créé par son partenaire Marco Rea, auteur-compositeur que j'admire également avec son groupe The Wellgreen et tout son travail de production fantastique. Les deux artistes qui forment un duo à la scène comme dans la vie se sont bien trouvés et leur union offre un Muggington Lane End bucolique, poétique et griffé de personnalité.
MarcoReaPiggledyPop2017
TheWellgreenPiggledyPop2012



Autour de Lavinia multi-instrumentiste, à l'écriture des mélodies et des textes, il y a Marco à la production, aux voix et à la guitare électrique, Seb Jonsen à la batterie, Jim McGoldrick à la basse et Laura J Martin à la flûte. Le voluptueux Nothing Is Wasted ouvre le bal avec la voix majestueuse et si mélodieuse qui nous emmène dans la ritournelle de notes pastorales. Le carrousel d'instruments virevolte, légers et mis en lumière par les paroles. Les arrangements partent au galop joyeusement sur Troublemakers qui rappelle un temps passé où flottait une jolie qualité de vie. La folk de Ivy Ladder aux allures nostalgiques garde un tempo dansant et entraînant dans son rythme alternatif et ses mots plein de couleurs, de saisons, de la nature qui forment un décor réussi. Marco est un chef à la guitare électrique et les envolées de cordes éclectiques. Le groove du clavier et le délicieux violon subliment la guitare scintillante et le chant cristallin de Lavinia sur All Seems Better, un bijou pop étincelant.



Le style acoustique qui habille Hold On To Your Love le couvre d'un or romantique et d'un allant plein d'espérance, celle qui débarque sixties et sublime sur Waiting For Tomorrow. Le voyage dans les vertes contrées historiques est assuré par la plume de la reine Lavinia qui nous conte de belles histoires imagées et orchestrées avec génie. Keep Warm poursuit l'enchantement et laisse découvrir l'univers artistique de l'écossaise, lyrique, prolifique et riche de mélodies, comme la psychédélique et powerpop John’s Gone en est l'exemple; Laura est brillante à la flûte. Le doux moment personnel dédié à sa grand-mère The Way That She Laughed est non seulement émouvant mais est aussi épatant dans l'interprétation et le chant splendide. La conclusion du disque When Will All Come To Light est menée tambour battant vers une certaine lumière celle que fait resplendir Lavinia Blackwall sur Muggington Lane End qui fait danser, voyager et rêver... classé dans le top 10 des disques 2020 sur Piggledy Pop.
LaviniaBlackwall

vendredi 15 mai 2020

Andy Shauf

Andy Shauf est un auteur-compositeur canadien. En 2012, il signe un premier EP nommé Sam Jones feeds his demons, dévoilant un univers musical émouvant, extrêmement mélodique, dans le sillage de Harris Nilsson et d'Elliott Smith tissant avec brio un scénario dans chacune de ses chansons . Multi-instrumentiste, l'artiste compose, chante et joue de la guitare, du piano, de l'harmonica, de la batterie, du banjo, de la clarinette. Les ballades pop envoûtantes sont construites d'une façon alternative sur sa voix magnifique.



En février 2015 paraît l'album, simplement fantastique The Bearer of Bad News. Ses 11 titres sont des scènes de vie, chantées avec beaucoup de charme et d'âme, arrangées finement avec une pléiade d'instruments, dosés, voltigeants, gracieux. L'orfèvre mélodiste travaille sur toute la chaîne de la création, du papier à l'instrumentation, à l'interprétation et la production ayant enregistré seul ce premier album dans la maison de ses parents. Andy Shauf grandit dans une famille de musiciens, à Régina, dans la région du grand ouest canadien. A 12 ans, il commence la batterie, la guitare, joue de la musique punk-rock dans un groupe puis découvrant les albums d'Elliott Smith, Paul Simon, Randy Newman il est vite contaminé, s'essaie illico à l'écriture.
AndyShaufPiggledyPop2016



Après le bijou de 2016 The Party qui nous narre l'histoire de personnages variés, l'artiste est de retour en janvier 2020 avec The Neon Skyline. Une fois de plus, le leader du groupe Foxwarren dont je conseille hautement l'album de 2018, un des meilleurs disques du siècle, est époustouflant. The Neon Skyline est écrit, composé, mixé, arrangé, produit Andy Shauf qui éblouit au chant et à tous les instruments qu'il assure avec un brio inouï. Neon Skyline ouvre le bal avec sa mélodie sautillante, ses cordes de basse joviales pour planter le décor de l'histoire, la trame du disque : le protagoniste rencontre Judy, en tombe amoureux mais Judy disparaît et lui brise le coeur. Il est accompagné d'amis comme Charlie et sa copine Claire, Rose la serveuse du bar Skyline où les acolytes se retrouvent le soir tombé. Les harmonies délicieuses et délicates accompagnent magnifiquement ces mini films contés par Andy à la manière de Godard avec une pincée de romanesque légère à la Charlie Brown. L'aventure musicale continue avec les grandioses Where are You Judy et Clove Cigarette. Les mots amoureux s'alignent aux arrangements et à la voix du Canadien, merveilleux. L'ambiance nocturne amenée par la clarinette sur Thirteen Hours est un régal de notes qui orne la rupture sentimentale quand la somptueuse Things i do au tempo cuivré suit en égrenant les fautes et les responsabilités, succédané des querelles amoureuses.



Living Room délivre des notes tamisées qui plongent dans l'ambiance tardive languissante, comme sur Dust Kids, où les amis discutent au Skyline de la réincarnation sur des mots lumineux, nostalgiques et sur une instrumentation d'une indicible beauté. Judy réapparaît sur Moon où la guitare, délicate, sur le chant passionné maîtrisé sous une cape d'une pudeur élégante offre une allure de récit stylé John Fante. Les instrumentations sont fascinantes, Andy Shauf sublime, poursuit l'enchantement avec Try Again où la rythmique pastorale montre que notre héros au coeur brisé reprend confiance, sentiment conforté sur Fire Truck où ses ' do do do do do' entonnés sont survoltés d'amour. Changer nous conduit vers la fin du disque et la fin de l'histoire, sur une mélodie aussi cristalline que saisissante. Andy Shauf est un maestro de la pop, un prince dans son domaine, un astre qui luit dans chacun de ses personnages et The Neon Skyline est classé évidemment dans le haut de la casquette des disques Piggledy Pop.
AndyShauf

mardi 12 mai 2020

Dizmation

Dizmation est le projet électro-pop de l'artiste irlandais Joey Doyle. C'est un coup de coeur récent car l'auteur-compositeur nous livre son travail en solo pour la première fois en mars 2020 avec le mini-album de cinq titres The Future is a Bubble suivi ce 7 mai 2020 de l' Ep de trois titres Who Are The Experts? J'ai dans un premier temps avant écoute trouver ses titres éloquents. Après avoir tendu une oreille, la deuxième s'est jointe à ce petit bonheur mélodieux et superbement ficelé, sans résister.




L'Ep offre une enveloppe orchestrale au squelette électronique quand le premier volet dévoilait un chant harmonieux sur des arrangements purement synthétiques, au panache shoegaze et dreampop. Les deux objets sont somptueux, variés, dansants ou veloutés, Dizmation est la démonstration supplémentaire du talent pour la composition de Joey qui excelle depuis 2013 dans le groupe Fiction Peaks qu'il conduit avec brio. Véritable artisan de la musique, il chante comme un rossignol et produit des mélopées aux envolées mordorées.



En plus d'être inspiré pour créer des notes en or agrémentées de son timbre de voix somptueux, Joey ajoute un supplément d'âme à ses titres grâce à son écriture poétique faite pour toucher les coeurs. Avant de parcourir le chemin des oreilles au palpitant, le musicien de Dublin saisit la balle au bond via ses auto-productions pour nous conter aussi ce qu'il a, lui, sur le coeur. The Future is a Bubble ouvre sur le voluptueux piano de Glow qui nous invite à prendre de la hauteur avec sa rythmique alternative et atmosphérique majestueuse. Les thèmes philosophiques évoqués sont dans l'air du temps. Le bijou Satellite by Night et son écho duveteux dans la voix réussit à nous transporter en apesanteur avant que la dynamique Mettle et son tempo plein d'idées donne envie de danser.



Earthlings, magnifique, est une pépite d'une douceur pop sculptural, qui s'étire souple et élégante, où les métaphores de peintures sont amenées vocalement avec charisme. Le dernier titre Humanizer gobe l'attention par son énergie et son style transcendant, aiguisé façon Radiohead avec une variété d'harmonies étourdissantes. Le récent EP Who Are The Experts? évoque avec délicatesse l'humanité, les existences et ce qu'elles deviennent, ou ce que nous en faisons, comme le souligne Joey Doyle : "These are our identities being swallowed up by algorithms, to be homogenised". Dizmation est la plus belle surprise de ce printemps 2020 avec ses deux splendides Eps que je conseille tant ils réveillent les consciences avec charme et fin lyrisme, classés dans le panthéon des disques Piggledy Pop.
Dizmation

samedi 9 mai 2020

Paint

Paint est le projet d'une qualité excentrique et succulente de l'américain Pedrum Siadatian, chanteur et guitariste du groupe californien Allah-Las. Je présente le groupe en 2013 sur Piggledy Pop : "Pour ceux qui surfent sur le net ou surfent 'tout-court', il est facile de connaître les Allah-Las. Groupe californien formé en 2008, au son rétro garage rock moulé de réverbération, pop psychédélique avec l’âme des Shadows et de Dick Dale, les Allah-Las jouent avec brio et légitimité la musique qui naît en Californie dans les années 50. Dès leurs débuts, les quatres musiciens quittent le sable chaud pour les studios d’enregistrement et rencontrent immédiatement un succès auprès du public et de la presse. Le guitariste et chanteur Miles Michaud, le deuxième guitariste Pedrum Siadatian, le bassiste Spencer Dunham et le batteur Matthew Correia signent le premier EP en 2011, Catamaran qui de manière old-school sort en vinyle." AllahLas2013



En 2018 le maestro Pedrum part en cavalier seul pour offrir le somptueux album Paint du même nom que son alias. La garage pop y est saupoudrée de psychédélisme et sculpte des mélodies solides. Son chant charismatique s'allie à la qualité des notes, qui nous dessillent sur son travail d'orfèvre, exact et talentueux. Après une intro courte mais efficace pour nous plonger dans l'ambiance, Daily Gazette arrive, pointant l'absurde de la presse et des médias, ensoleillée comme un boomerang australien mais aussi envoûtant qu'une mélopée intime jouée par Lou Reed à la Factory. Les paroles minimalistes se profilent pleines de poésie faisant rayonner un univers indie pop typique. Suit le somptueux Plastic Dreams, distendu et élastique qui, les fans le verront, peut passer pour un hommage indirect aux Beatles ou à Syd Barrett. La guitare se faufile sur la rythmique langoureuse avant de revenir triomphante avec la basse et les claviers sur Moldy Man qui décrit un trip et ses effets cosmiques.



L'atmosphère Velvet Underground poursuit sur Silver Streaks, riche de tempo, de cordes, de tambourin amoureux pour une déclaration sentimentale excellente par ses arrangements psyché garnis d'une flûte magique. Le style mellow old-school de True Love (Is Hard to Find) est voltigeant de charme quand Splattered continue d' empourprer les oreilles avec son boogie rock-garage abouti et la tonalité de la guitare électrique persuasive. Kevin Ayers nous traverse l'esprit à l'écoute de Just Passin' Thru, fleuri de psyché et sautillant d'une mélodie précieuse qui se transforme avec ses 'pa pa pa' en un véritable régal pop.



I Didn't Know a Thing invite à flotter dans sa volupté éthérée grâce aux effets de voix en écho qui maintiennent l'impression de voguer et de tournoyer, poursuivant avec délice sur l'instrumental magnifiquement composé et offrant les mêmes vertus Wash. Outro/Corso termine l'écoute avec une classe psychédélique effective et convaincante. Le disque est doté des dons techniques de Pedrum Siadatian à la guitare, de son grain de voix émouvant mais dévoile surtout son inspiration et son talent de compositeur époustouflant. Les titres homogènes reflètent sa personnalité colorée et forment un Paint brillantissime. Paint

Lou de la falaise

Lou de la falaise est un groupe français créé en 2020 par les frères Maxime et Antoine Azzopardi, comptant Théo Eimery à la batterie, Adrie...