Marker Starling est le nom d'artiste de l'auteur-compositeur interprète canadien Chris Cummings qui auparavant signait ses disques sous le pseudo Mantler, dont le premier de 2000 Doin' It All, suivi de Sadisfaction en 2002, Landau en 2004, Monody en 2010. C'est en 2013 que Cummings décide changer de nom et apparait désormais en tant que Marker Starling. Rosy Maze parait en 2015 et la reconnaissance doublée d'admiration de ses pairs ne cesse d'accroitre. Le second album I'm Willing sort en 2016, puis Anchors and Ampersands en 2017 suivi en janvier 2019 du magnifique Trust An Amateur. Cummings s'entoure de ses amis et collabore à nombre de projets avec d'autres musiciens comme Junior Boys, Von Spar ou encore Laetitia Sadier (Stereolab) avec qui il partage un duo sur l'album I'm Willing, enregistré à Paris.
Chris Cumming fait ses armes au piano de 7 à 20 ans avant d'entrer à l'école de production de films de Toronto, autre corde à son arc qui lui vaut d'être souvent invité dans les festivals de films comme celui du Toronto Underground Cinema où il offre un concert en 2012 aux côtés du groupe Yo La Tengo. Ses compositions sont riches de notes de piano, de Wurlitzer, stylées pop sixties, ornées de groove et de bossa nova, d'une douceur et d'une élégance infinies qui plairont aux amateurs des Beach Boys, Sergio Mendes, Brent Cash etc.
Du haut de ses cinquante ans, l'artiste brille de simplicité et de lucidité. Son univers intimiste est intentionnel. Parce qu'il dépose sa voix cristalline, chaleureuse sur ses notes sucrées de clavier aux allures brésiliennes comme un peintre colore sa toile avec ses pointes de soie et ses couteaux, le résultat peut sonner aussi mélancolique qu'ensoleillé. Il évoque de manière brillante, toujours humble, sa vie de musicien avec ses amis et sa vie de père comme sur Silver Morn qui ouvre le disque. Les partitions de Marker Starling offrent des particules pop typées également seventies, voltigeant sur la boite à rythmes et sur ses savoureux sarcasmes qui glissent légers sur les voix chorales angéliques comme sur Three Cheers / Stony et sur le somptueux Fly Away. Fort émouvant, le titre est dédié à son ami Dennis Frey, acteur et chanteur mort en 2012 avec qui il l'avait composé en 1998.
La délicatesse et les métaphores poétiques sont habillées d'une jolie âme créatrice comme sur Ancestor qui donne un caractère sobre, factuel, comme le souhaitait son auteur lors de l'enregistrement à Berlin avec la complicité du producteur Guy Sternberg. Cummings décrit le titre Mistaken I.D / Crosstown Bulletin comme un reportage 'it’s like a little news bulletin observed from a bicycle rider going across town'. La mélodie et les mots mordants de Trust An Amateur emmène dans le monde sournois et du coup, peu pérenne, du business de la musique. Le chant nacré de Cummings est admirable et à propos pour décrire ce milieu sans pour autant être touché ni concerné, conservant ses distances. Hold No Desire / Leavetaking / Mass Market Paperback suivent pour sept minutes de rêves, de zigzags sentimentaux dans le temps et les époques mais aussi dans la construction alternative fournie de décors, d'ambiances. Sa voix si belle avance majestueuse, enchainant les trois morceaux et Lost Rooms qui boucle gracieusement et finement l'écoute. Ce merveilleux album solo Trust An Amateur de Marker Starling est plus que jamais intime, équilibriste, garni d'émotions brutes, sans artifices, donc très touchant surtout quand on connait l'esprit plein de drôlerie de Chris Cummings, dont toute la discographie est dorlotée par Piggledy Pop.
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