Paris Motel est un groupe formé à Londres en 2004, pensé et dirigé par la talentueuse musicienne Amy May. Amy apprend le violon à cinq ans, entourée de culture musicale à la maison. Plus tard, elle étudie la musique classique et la viole au Conservatoire avant d'intégrer professionnellement un quatuor et de travailler à des arrangements orchestraux.
Elle compose ses propres chansons très tôt, écrit les paroles et les imagine orchestrées d'instruments classiques. . Étudiante, elle partage son appartement avec deux frères, Joe et Mike Smith, l'un batteur et l'autre bassiste. Et ce sera en compagnie de ses deux colocataires à Londres qu'elle enregistre ses premières démos.
Amy May est brillante. Multi-instrumentiste, elle peut jouer des instruments à cordes, comme de la trompette, du piano, de l'accordéon. Elle fleurit ses compositions de partitions de clarinettes, trombone, cor, harmonica, violoncelle, orgue et harpe avec des harmonies baroques et chamber-pop.
Le trio se produit intensément sur des scènes modestes de la capitale anglaise quand paraît leur premier album éponyme en 2005. Amy aime Paris, d'où son choix de nom de groupe et après une tournée européenne, elle montre derechef son intérêt pour l'histoire de France en signant le deuxième album en 2007, In the Salpêtrière, sur lequel se joint au trio le guitariste Paul Reeves.
Pour le confort de son travail artistique, Amy crée en même temps son propre label, Hôtel Records. Elle peut ainsi adjoindre son activité de productrice et signer ses disques. La presse rock et les quotidiens encensent Paris Motel, en le qualifiant de 'sublime', 'spirituel', 'une pureté' de la pop. Nick Watson et Nat Chan, producteurs et musiciens, intègrent la troupe qui d'une arrière salle de pub à King's cross va prendre son envol et partir jouer en tournée, invitée dans les plus grands festivals de SXSW à Glastonbury, en passant par Paris, Manchester et Édimbourg.
En 2008, Amy May est demandée par d'autres artistes pour peaufiner leurs disques. Elle travaille à des arrangements de cordes sur les chansons d'Elbow, Snow Patrol, Hal, The Killers, Muse, Jeff Beck etc. Et elle les accompagnera sur scène également. Prolifique, elle apprend à jouer du saxophone et de la clarinette : ces cordes manquaient à son arc.
En 2011, les Paris Motel se réunissent une dernière fois pour offrir un moment de nostalgie en signant un disque de reprises de chansons qui ont bercé l'enfance de Amy. Ce superbe Songs of Innocence revisite des titres de Talking Heads, Billy Bragg, Tina Turner etc, comptant un orchestre de 18 instruments à cordes, 5 instruments à vent et la venue de Ben Trigg aux claviers et à la guitare.
Aujourd'hui, Paris Motel ne se produit plus, malheureusement. Les groupes français ne chantent jamais l'histoire de France, et pire, ils ne chantent que rarement en français. Alors quand ce sont des anglais qui dédient leur musique à notre culture et de magnifique manière, nous apprécions doublement.
Le second volet La Salpêtrière de 2007 est une véritable pépite mélodique, inspirée de l'histoire terrible du lieu au cœur de Paris entre 1792 et 1794. Le disque est entièrement beau et précieux dans une digne discographie. Le titre qui trotte souvent dans ma tête, et qui me touche sur l'ensemble est After Wanda.
Aujourd'hui devenu un hôpital, la Salpêtrière est un bâtiment construit en 1656 par Louis XIV pour y enfermer et éduquer des femmes de mauvaise vie et désœuvrées et rendre les rues de Paris plus salubres mais aussi d'y accueillir les enfants de mendiants, des orphelins et des cas psychiatriques. Certains parents demandaient à y mettre leurs filles dont ils ne voulaient plus, ou certains maris y envoyaient leurs femmes pour des motifs similaires (Prison de la Force).
Puis, plus d'un siècle plus tard, Louis XVI décide de soigner les âmes et les corps, transformant une partie de la Salpêtrière en hôpital, qui devient La Pitié-Salpêtrière. Pour les femmes incarcérées, la vie y est dure. Mais lors de la Révolution de 1792, la Convention des républicains y amène le drame en son sein: le 2 septembre 1792, la Convention "des droits de l'homme" fait venir des repris de justice du Kremlin Bicêtre (prison d'hommes), des égorgeurs, qui pendant 2 jours, sur fond de violence, assassinent des dizaines de femmes enfermées depuis 1789.
De 1792 à 1794, les révolutionnaires en font un lieu de débauche. Ce drame de 1792 entre dans le cadre des 'Massacres de septembre', sur décision de la Convention qui entre le 2 septembre et le 6 septembre 1792 fera 1500 victimes à Paris.
ParisMotel