“C Duncan est le nom d'artiste de l'écossais Christopher Duncan. Agé de 27 ans, il signe un premier album en 2015 du joli nom d'Architect après le succès du single For qui parait en 2014. Le jeune musicien de Glasgow est nominé au Mercury Music Prize pour le meilleur album de l'année.
Né de l'union de ses parents musiciens d'orchestre classique, l'adolescent apprend à jouer de la guitare, de la batterie et de la basse avant de devenir étudiant au sein du Royal Conservatoire of Scotland. Les compositions de C Duncan sont concoctées avec imagination et talent liés au savoir-faire et à la réelle connaissance de la musique. Elles balaient et explorent divers styles comme la dream-pop, l'electro-pop avec une griffe mellow et romantique. (...) Imaginez Brian Wilson mixé à Sigur Ros ou à Radiohead pour donner un résultat de pop dansante et fleurie de choeurs angéliques amalgamés à des accords dreamy parfois organiques et alternatifs. “
CDuncanPiggledyPop2016J’évoque donc C Duncan il y a presque quatre ans. Depuis The Midnight Sun est paru en 2016 et l’artiste écossais à l’oreille absolue et aux talents techniques alliés à une imagination fournie nous revient ce mois de mars 2019 nous délivrer le somptueux Health. L’album est mis en lumière par le producteur et membre du groupe Elbow Craig Potter, qui a peaufiné également les albums de Steve Mason, Editors et I am Kloot. Tandis que Christopher Duncan assure le piano, la basse et les guitares, Liam Chapman est à la batterie et Janina Duncan ajoute du violon alto. Le disque accueille aussi les musiciens du Hallé Orchestra et son Hallé Youth Choir, fameux orchestre de Manchester crée par Sir Charles Hallé en 1848.
Health lance la cavalerie rythmée de boules à facettes disco avec Talk Talk Talk et ses arrangements florissants, fort entrainants pour avancer dans une histoire sentimentale aux conversations prégnantes et stériles. Le tempo se fait plus moelleux et rétro sur Wrong Side of the Door effleurant l’inévitable rupture. Les harmonies forment comme une trame de film des années soixante ou de vieille comédie musicale, parfumées à la gomina, autant cousues d’or que le modernisme électronique comme sur Impossible et ses violons qui galopent dans les envolées de voix.
Puis He came From the Sun arrive comme une météorite mélodieuse qui subjugue de finesse et de verticalité. Le titre ne cesse de réveiller les sensations à chaque écoute. Ses mots colorés et spirituels sont déposés sur les partitions perlées de pop muant en missel musical avant que l’âme boogie de Holiday Home déménage les guitares et fasse danser sur les tables. Le chant cristallin et clair de C Duncan est un bonbon sonore qui glisse limpide sur les notes légères et aériennes. Puis Health entre dans le bal avec ses touches de piano qui aimantent et alimentent l’essence du texte profond et grave. Somebody Else’s Home continue logiquement dans le genre groovy mais aussi dans le sens philosophique poursuivant avec le jazzy formidable de Blasé qui coupe et tranche comme il se doit ‘If you don't like what I came here to say, Do me a favour and turn the other way’ sur des arrangements de cordes élégants et épiques.
Quand joue Reverie, deuxième petite bombe à mes oreilles, juste et majestueuse dans ses atours lyrique et sa construction panoramique, elle marie les instrumentations et de manière vibrante, les choeurs au grain de voix de C Duncan. Le rythme de Pulses & Rain fait rayonner l'art de C Duncan ; Mélange de classicisme et de pop-electro qui lance une course effrénée disco sur Stuck Here With You remémorant les leitmotivs du fief et de l’exil.
Care, tout en émotion et grâce avec le Hallé Youth Choir gagne refuge dans les coeurs. Ce titre d’une douceur infinie boucle une oeuvre majeure d’un grand musicien, qui croque son époque tout en la nourrissant de la musique du passé pour nous envoyer une carte postale musicale de rêve. Health cadeau passionnant, obligé dans ma discographie est classé en haut du chapeau Piggledy Pop.
CDuncanLa pochette est une peinture de David Hockney auquel C Duncan, également peintre, est sensible : "Je souhaitais que l’œuvre ait une apparence « saine » : très légère, fraiche et naturelle. Pourtant, il y a un vide étrange dans ces peintures, ce qui est également audible dans la musique, qui est claire et aérienne en surface, et marqué par une noirceur plus nette en profondeur".