Le nouvel album Kino Music de Pierre Daven-Keller est exquis. Je suis une fidèle fan depuis des années, et je pense objectivement que l'auteur-compositeur français ne cesse de produire un travail époustouflant. Il a le don de la composition peaufinée, l'inspiration fleurie et pour couronner ce joli tout, l'endurance qui appelle le respect et l'admiration.
"Rares sont les artistes français qui savent écrire dans leur langue et cette scène nantaise a apporté beaucoup à la musique indépendante dans la fin du XXème siècle. Daven Keller écrit par exemple le titre 100% VIP de Katerine, dont il a arrangé l'album Robots Après Tout. En 1995, le musicien breton fait ses valises pour Paris, y retrouve Miossec pour qui il arrange l'album Le déménagement et Katerine avec qui il travaille sur l'album Les Créatures. Entrant sur le label Village Vert, avec une écriture exceptionnelle, Pierre signe son opus Ramdam en 1999 puis poursuit son oeuvre d'arrangeur pour Dominique A, l'amie de ce dernier Françoiz Breut et signe la bande originale enregistrée à Sofia avec le Bulgarian Symphonie Orchestra pour le film La Répétition, sélectionné au festival de Cannes en 2001. C'est en 2003 que Quelqu'un Quelque part parait, puis sort Réaction A en 2008 suivi de Reaction B qu'il écrit, compose, arrange et produit offrant une atmosphère plus électrique, disco-pop, funky, toujours efficace et superbement ficelée. Ce mois d'avril 2015 arrive le génial Réaction C qui mérite un zoom sur la trilogie". DavenKellerPiggledyPop2015
L'artiste, arrangeur pour Anna Karina qui vient de nous quitter, ajoute à ses productions de bandes originales celle de 2011, No Man's Land, film de Thierry Jousse. 2019, il dévoue son amour au 7ème art en signant le magnifique Kino Music. Dédié au cinéma par son titre, le disque entier est une ode à la musique cinématographique. La France a perdu Michel Legrand, mais avec Gondry et Tiersen, elle hérite d'une nouvelle 'nouvelle vague' de compositeurs de bandes originales de films. Pourvu qu'elle sache en reconnaitre la dimension.
L'album s'ouvre sur Champ Magnétique au piano champêtre sur la basse sensuelle et addictive. D'emblée, l'ambiance suave plante un décor de cinéma des années soixante à soixante-dix. Corniche Kennedy fait entrer le clavecin, l'ensemble à cordes magistral du Bulgarian Symphonie Orchestra et les cuivres caressants pour orner la mélodie galvanisante. Melancholia offre un tempo bossa magnifique, savamment arrangé par un maitre du rythme puisque Daven-Keller est le prince de la baguette et des caissons. Helena Noguerra vient donner de son grain de voix sur La fiancée de l'atome avant la flute guillerette et la guitare raffinée du musicien français Poppincourt sur Intermezzo Retro qui donne sacrément envie de danser.
Suit Dakota Jim qui avance son groove solide, habillé d'un tempo stylé, griffé du panache de son auteur qui continue de briller avec Jerk où les arrangements sixties et la présence de Claire Tillier au choeurs sont fort réussis. Daiquiri nous invite à siroter un air dans la veine Bacharach, au glockenspiel dandy, à la trompette et aux cymbales romantiques. Arielle Dombasles fait swinguer Salvaje Corazon comme une balade solaire aux amériques latines quand revient la pop juteuse avec Farfisa et sirupeuse avec Sirocco. Les évidentes influences de Morricone se glissent à l'oreille quand la voix cristalline saupoudre Tatoo Totem sur des arrangements rayonnants d'élégance.
La patte éminente Daven-Keller reprend la main sur Easy Tempo, morceau sublime éclairé de clavecin, de cornet et de la batterie pour conduire efficacement vers Cuore Selvaggio, chantée par Mareva Galanter et son sourire gracieux dans la voix. Kino Music, signé sur Kwaidan Records, label tenu par Marc Collin de Nouvelle Vague, montre derechef le talent coloré et réel du maestro nantais. Pierre Daven-Keller, alias DK, est exact et impressionnant, nécessaire dans le paysage musical français et à mes oreilles. Je classe Kino Music dans les meilleures productions de la décennie.
DavenKellerKinoMusic