vendredi 4 octobre 2019

Arborist

Alors que nous apprenons la disparition de Kim Shattuck, qui a remplacé un temps la bassiste Kim Deal au sein de Pixies, cette dernière participe avec sympathie au premier single d'Arborist en mai 2015. Le duo signe un titre magnifique qui saisit et fait frissonner tant il est mélodieux et gracieux. Kim Deal n'a surement pas hésité une seule seconde à l'écoute de ce bijou pour accepter l'invitation du musicien irlandais. Arborist est le pseudonyme de Mark McCambridge, originaire de Belfast, auteur-compositeur impressionnant de talent. Les critiques rock de la plus grande presse en la matière manque de termes élogieux : "magnificent", "stunningly beautiful debut", "sonic equivalent of a painter’s brush", "impressive", "wonderfully realised on debut". Les compliments pleuvent et comme j'imagine que la pluie ne fait pas peur à Arborist, je me joins à la clique pour y ajouter mes épithètes.



Arborist fleurit son aventure en janvier 2016 avec le sublime A Man of My Age. La chanson trace un bilan sur l'existence encore courte d'un jeune homme mais qui déjà se sent confronté au danger et à la mort. Le sujet est amené sur une ritournelle enlevée et rythmée ornée d'un beau panache dans l'instrumentation, guitares, piano, cuivres, batterie et le violon superbe de Luke Bannon. Ce titre apparait sur le fabuleux premier album Home Burial en novembre 2016.
Mark McCambridge signe un disque grandiose, montrant son goût pour la littérature, la poésie, nous contant des scenari émouvants sur chacun des titres. Il fourmille de mélodies inspirées et attirantes, arrangées avec finesse et un don inoui pour l'écriture de textes qui embarquent et garnissent généreusement l'imagination.



A Crow ouvre l'objet, vibrant. Il émane de la mélodie et du chant une lumière aveuglante au coeur de la nuit, le décor est planté, l'attention absorbée. On suit donc l'éclaireur Arborist dans son Dark Stream, au tempo pop chaloupé et lumineux. La voix et la guitare de Mark se marient à merveille au thème mirifique et aux arpèges bondissantes de guitares, aux notes joyeuses du piano de Richard Hill, de la basse de James Heaney, de l'autre guitare rutilante de Jonny Ashe, de la trompette de Richard Crawford et du cor de Tom Kane.
La batterie est judicieuse, dosée de manière élégante, hautement maitrisée par Ben McAuley qui est aussi le producteur et ami d'enfance, accueillant Arborist dans son studio d'enregistrement Start Together. Suit A Man Of My Age avant le somptueux I Heard Him Leaving qui nous cueille dès les premières notes de guitare et la tonalité puissante du grain de voix qui dessine l'histoire d'une séparation sentimentale qui finit très mal. Malgré le profil dramatique, l'instrumentation sautillante est agrémentée du violon de Bernadette Morris comme pour Rules of the Burial, portée par la guitare de Colly McClean. Dans ce titre clin d'oeil à l'auteur Cormac McCarthy, les harmonies du piano voguent sur les envolées de cordes et le tempo des balais frottés sur les caisses accordés à l'émouvante trompette de Linley Hamilton, musicienne de Van Morrison, maintiennent l'effet de mouvement.



Dans cette avancée, le duo chaleureux de Arborist avec Ellen Turley resplendit à la lueur duveteuse de la lune sur le langoureux The Force Of Her WillRichard Hill quitte son piano pour ennoblir sa clarinette. Après Twisted Arrow qui ne manque pourtant pas sa cible, l'enchantement continue avec Incalculable Things, sa grosse caisse gaillarde, le gazouillant du glockenspiel, le violoncelle de Zarah Fleming, la guitare de Jonny et le chant conquérant. 
Paris, une carte postale, une histoire d'amour, une guitare enflammée et The Broken Light fait trembler, si émouvant quand Mark chante 'it's not the city that leads me to you'. Le roulement de tambour sur le piano romantique de Master, son solo de guitare électrique écorché vif dessine une intimité couronnée d'un nom, un nom secret et impénétrable. Le dernier morceau est un poème de Pablo Neruda, A Fisherman, qui se glisse au bout du microsillon à la perfection pour boucler Home Burial, un joyau mélodique avec sa pochette dessinée par Peter Strain, que je classe au top des disques chroniqués sur Piggledy Pop.
Depuis, Arborist qui parle très bien français pour avoir vécu quelques temps dans le sud de la France, continue son chemin et son chef d'oeuvre en signant à Noël dernier trois chansons bonus qui complètent Home Burial et qui font, à l'image de l'arborist, vraiment monter aux branches.
Arborist



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