jeudi 8 août 2019

Juliana Hatfield

Juliana Hatfield, née en 1967 est une véritable artiste avec une personnalité entière non modelable. Les modes, elles s'assoie dessus et vogue dans la musique indépendante au gré de ses envies, de ses inspirations. Auteur-compositeur, elle est excellente guitariste et signe des textes aiguisés qui vont comme un gant à son grain de voix. Formée en musicologie au Berklee College of Music, elle intègre ses premiers groupes à 20 ans, les Blake Babies et Some Girls. Elle ne tarde pas à s'assumer en solo avec un court détour en duo pour former le groupe Minor Alps avec Matthew Caws, leader des Nada Surf.
C'est en 1992 que Juliana signe son premier album en solo Hey Babe qui sera suivi de 13 formidables autres album en 15 ans, dont Juliana Hatfield Sings Olivia Newton-John, le seul disque de reprises, qui parait en 2018, fichtrement succulent. La musicienne a donc 52 ans cette année et elle nous offre en janvier 2019 un tout nouveau chef d'oeuvre pop rock alternatif, révolté, garni de 11 titres fringants : Weird



Staying In ouvre le disque, plantant le décor interspatial, un profil androide de la héroine et un enjeu, le tout sur des cordes de guitares aussi mélodieuses qu'électrisées. D'emblée on comprend que le mouvement et l'immobilité froide, distante, seront les leitmotivs, sorte de pôles contraires aimantés pour décrire le sentiment d'être hors du temps et de l'espace. Le tempo de la batterie bondit et donne une belle allure grâce aux baguettes dynamiques de Freda Love Smith, batteuse du premier groupe Blake Babies qui depuis est aussi connue comme journaliste et écrivain. Suit It’s So Weird, entêtant, qui évoque la volonté d'indépendance "My brother asked me where do you go for love, If you're all alone, Don't you need romance, And I told him, "No I don't" et dispatche un superbe rythme assuré cette fois ci par Juliana Hatfield à la batterie comme sur le sémillant Sugar. Les harmonies de claviers sont vibrantes, les guitares affûtées, pour souligner l'addiction au 'sugar' sur un tempo endiablé qui donne l'impression qu' Hatfield se soulage de coups de pieds dans les amplis. Cette sensation de nerfs à vif est perceptible sur Everything’s For Sale où elle énumère la saleté morale de façon mordante avec des arrangements jangly-pop efficaces. Tandis que le ton monte sur All Right, Yeah, alliée à son fidèle ami Todd Philipp à la batterie, elle cloue le sujet ; Qui s'y frotte, s'y pique, risquant de se prendre une volée de bois vert.



Broken Doll ne désarme pas en électricité et la cavalcade enthousiaste de cordes accompagne un texte critique comme sur Receiver qui dénonce la bêtise, l'état végétatif d'un cerveau au QI parti en vrille et devenu aussi sensible qu'un foi gras de canard sur la table de Noel. Le filant Lost Ship poursuit sa route dans le monde parallèle interlope "No love, no money, no hate, no jealousy, And now one has any power over me, I get back on solitary plane". La mélodie regorge de notes qui marquent les étapes, censées interpeller sur le besoin de transcendance des ahuris radicalisés. Paid To Lie poursuit dans la dénonciation et le chant galbé caustique, incisif, puissamment posé, alternant parfois avec une tonalité intime et douce. Les arrangements pop, grunge, rock, donnent une belle ampleur, les va et vient rythmiques réussis accrochent l'oreille. L'effet est maintenu sur No Meaning qui dégaine des notes musclées au son brut et saturé. La formidable et rayonnante Do it to the Music ferme l'album avec plus de légèreté, d'entrain. L'instrumentation guitare, basse, batterie forme une mélodie pop joyeuse liée à un texte dédié aux émotions qu'apporte la musique. Weird séduira les amateurs de Fountains of Wayne, Weezer, Wilco, Mary-Lou Lord, Teenage Fanclub, Breeders etc. Juliana Hatfield offre un disque offensif, mélodiquement robuste et charismatique. A déguster!
JulianaHatfield





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