Extrait de mon billet l'an passé : "The Loch Ness Mouse est un groupe mené par un maestro de la pop norvégien Ole Johannes Åleskjær. Loin d'être débutant, Ole est un actif sur la scène indie depuis plus de 18 ans et cette année, il signe son cinquième album éponyme The Loch Ness Mouse, véritable keepsake musical qui marque notre époque, dessinant l'actualité avec poésie et des mélodies galbées, sculptées pour danser. Ole compose des airs alternatifs, pop, rock d'abord dans un premier groupe formé en 1992 avec son frère Jørn Åleskjær et dès 1999 sous le nom The Loch Ness Mouse avec Christina Høgetveit qui l'accompagne magnifiquement au chant, ils signent l'album Flair for Darjeeling, suivi en 2002 de Key West, en 2004 Cargo-An Introduction To The Loch Ness Mouse puis New Graffiti en 2009. Jørn signe en 2014 un bien bel album vinyle à découvrir, I´m So Glad I Spent This Day With You, produit par Ole, sur lequel il invite des amis en duo comme Gary Olson des Ladybug Transistor et les musiciens de I Was A King. Jørn offre ce mois de juin 2017 la très belle reprise du titre Shouldn't Have To Be Like That de Fra Lippo Lippi qui plaira inévitablement aux amateurs des années 80."
LochNessMousePiggledyPop2018Ce que j'aime particulièrement chez The Loch Ness Mouse, c'est que quelque soit le disque, son profil, les personnalités qui gravitent autour de Ole Johannes Åleskjær, l'écoute de ses chansons me fait systématiquement l'effet d'ouvrir un roman. J'apprécie ce côté charmant littéraire qui émane des mots, le tempo pop chaloupé et dansant des arrangements et la limpidité de la production comme des voix. Le travail de création de Ole est toujours plein de l'âme scandinave, de chaleur simple et harmonieuse dans les mélodies stylées eighties, d'instruments panachés, d'un immuable résultat fort élancé. Le 15 mars 2019, l'artiste norvégien signe The Loch Ness Mouse II un album reprenant d'anciens titres remodelés, revisités et des nouveautés formidables. Le chapitre s'ouvre sur The Tea House (Teehaus Im Englishen Garten), onctueux, foisonnant de cordes duveteuses et soul, offrant un tempo futé et alternant avec des loopings de voix qui accrochent l'oreille. La nouveauté sucrée Dee C.Lee avec la voix magique de Christina Høgetveit et la basse somptueuse, taquine nos sensibilités nostalgiques des années 80 : Clin d'oeil à l'année 87 et au groupe Style Council formé et conduit par Paul Weller avec son épouse, la chanteuse Dee C.Lee.
Dirty Realism continue de nous faire tomber amoureux sur la voix mélodique de Ole, le clavier et la batterie alliés à la guitare délicate. L'envie de danser ne prévient pas quand le saxophone joue sa mélodie soyeuse. Puis Hayland paru en 2000 est ici revu sur un orgue, piano et basse glorieux pour muer en un petit canon esthétique et sophistiqué. La chanson fait voyager dans le petit écrin boisé et préservé de Skulerud où les Loch Ness Mouse ont grandi. Simple Song for a Suzuki est une courte embardée avant qu'attaque la rythmique pétillante de Unwarranted, originalement plus down tempo sur l'album New Graffiti, resculptée ici avec une fougue persistante pour ce retour charmant dans le passé et l'évocation de souvenirs. Puis on revient dans le présent avec le nouveau titre Evelyn et ses notes de guitares fulgurantes, ses références à James Joyce, l'ambiance fleur-bleue d'une rencontre lors d'un voyage entre Liverpool et Manchester. Les arrangements pop blindés me séduisent et plairont aux amateurs du grand Loyd Cole. La promenade se poursuit avec By Piccadilly Station I Sat Down And Wept, magnifique reprise du titre de Tracey Thorn de Everything But The Girl qui maintient l'idée du voyage en train et offre la présence du guitariste Rhodri Marsden membre du groupe anglais post-punk des eighties Scritti Politti.
La balade pop trottine vers sa fin avec A Name For 2002 (komorebi) où la chanteuse japonaise Miori qui prête sa voix rappelle que l'album The Loch Ness Mouse II est signé sur le label norvégien Voices Music & Entertainment mais aussi sur le japonais P-Vine. Pour terminer en osmose avec les années 80, le dernier coup d'oeil dans le rétroviseur est Curt & Roland, titre qui fait référence aux deux musiciens des Tears for Fears. Les cordes, les cuivres et les flûtes mariés au grain de voix de Christina qui accompagne l'harmonica brillant et les guitares grandioses bouclent l'odyssée pop The Loch Ness Mouse II. L'ensemble gracieux et précieux est dû au travail de Gary Olson des Ladybug Transistor, de Nick Terry (Primal Scream, Bernard Butler, Epic Soundtracks) et de Paul Savage des The Delgados au mixing. Tout le talent de Ole Johannes Åleskjær sans cesse renouvelé depuis vingt ans resplendit dans les pépites pop de Loch Ness Mouse II dont la couverture d'album est une peinture faite en 1954 par l'artiste suédois Olle Zetterquist, aujourd'hui âgé de 91 printemps.
2 Conseils de Piggledy Pop soufflés à vos petites oreilles affûtées : l'écoute de l'EP de 2003 Friends & Fenders que j'adore, produit par Gary Olson et derechef, l'album I'm So Glad I Spent This Day With You du frère de Ole, Jørn Åleskjær, blindé de groove et de soul et dont je suis fan! LochNessMouse