The Fisherman and his Soul est le magnifique projet de Sebastian Voß qui vient de faire paraitre ce 20 février 2019 l'album Lakatos. Une belle amitié nous lie avec Sebastian et avec ceux qui participent au disque. J'ai eu l'honneur d'assister au process avec confiance et coeur mais cela ne compte pas pour être capable de formuler un avis objectif dans cette chronique. Les proches le savent puisque je ne chronique pas systématiquement sous prétexte d'amitiés. C'est la politique claire de Piggledy Pop mes 'petits lapins' et elle offre l'avantage de ne pas avoir besoin d'envoyer l'armée.
J'évoque le travail de Sebastian l'an passé ici au sujet du groupe Nah... : "Nah... est un duo jangle-dream-pop constitué de Sebastian Voss, auteur-compositeur et guitariste allemand et de la chanteuse néerlandaise Estella Rosa, également chroniqueuse sur son blog d'indie-pop Fadeawayradiate. Sebastian est inspiré, fertile à souhait, sur la scène depuis 1992 avec son premier groupe Stars Play Music, suivi de The Grindcore Poppies en 2000 crée avec son ami et complice musicien André Bosse. Viendra le groupe The Delicious en 2002 où Sebastian assure de façon fantastique les instruments. A côté de tout cela, il est aussi bassiste et batteur pour Lancaster, dans le sillage des Wedding Present et Pastels. Il met en place son superbe projet synth-pop The Fisherman and his Soul et offre le dernier album en date A Certain Kind of Hug en 2017." Nah...PiggledyPop
Lakatos comporte tout ce qui me plait. La qualité, la singularité, un son net et propre qui signe l'univers artistique du multi-instrumentiste, une âme européenne avec la présence de l'italienne Maria Capozzi qui chante et écrit les paroles pour deux titres, la présence délicieuse d'Estella Rosa sur un titre, l'auteur-compositeur anglais Ed Ling et un autre du clan est présent pour la pochette, l'anglais Percy Stewart. Imre Lakatos qui apparait en photo sur le volet du très joli objet est un épistémologue hongrois, logicien, philosophe des mathématiques du début du XXème siècle, disciple de la mathématicienne russe Sofia Yanovskaya. Illustre chercheur physicien, sa vie tumultueuse, son courage inspirent le disque à Sebastian qui utilise des claviers, des samples, sirènes, bord de mer, clochers d'églises, dans une ambiance stylée sixties, psyché ou orchestrale ornée de sons de machines funky, soul et dance élégantissimes. La formidable vague easy-listening arrive aux oreilles dès l'ouverture de cinq minutes maritimes via And with the silence all over the place...Theme from Lakatos avec la voix excellente de Kev Robertson. Les mots y sont aussi sensuels que le son de la guitare acoustique sur des synthétiseurs cold wave, soufflant le chaud et le froid dès l'ouverture des rideaux. Le décor est planté et il n'est pas mielleux.
Arrive le tempo trottinant The Machines #1 (La Piazza) avec Maria qui chante en italien laissant percer le soleil. L'effet continue avec la mandoline, les cuivres et la basse de Ekki Mass qui font fondre les claviers atmosphériques. Le rythme évolue encore davantage avec Spark on boxing day où Ed Ling ajoute son groove dans la voix sur le beat disco seventies aux formes généreuses, dignes d'un Moroder, signé de Sebastian montrant de manière décisive son talent de compositeur. The Machines #2 (Crisis) et les 'papapa' sucrés d'Estella amorcent la superbe On the shore, dansante, gonflée de reliefs, du chant pop et élancé de The Fisherman and his soul. La synth-pop poursuit ses montagnes russes sur l'instrumentale Trainride et How to stop a machine, formidable titre à l'architecture groovy où Pelham Super Hero assure un chant loin d'être farouche. Dans le même esprit The Machines #3 (A Beach Beauty) suit avec Maria Capozzi pour la partie vocale et les harmonies de Sebastian Voß qui redonne ses titres de noblesse à l'easy-listening en faisant claquer les synthétiseurs, vibrer basse, guitares, cymbales, apportant par petites touches torrides une envie sévère de danser. Le savoir-faire de Tobias Mennemeyer au mixing, les arrangements et la production de Sebastian forment un bolide de haute qualité avec le dernier titre amphétaminé Holy Lights, Holy Lights! qui termine de séduire et d'envelopper l'attention. Clavier, batterie, basse, flûte et guitare s'harmonisent pour un cocktail splendide, une harmonie musicale à la logique mathématique brillante. L'agencement contemporain de The Fisherman and his soul distribue aussi des particules sixties, seventies, soul, groove, funk, pour un Lakatos electro-pop aux allures rétro minutieuses. Les éclats cristallins de Lakatos, imbibés de tendresse, taillés dans le brut, s'enchainent pour former une pierre précieuse pop qui se faufile donc dans le top 10 des disques Piggledy Pop 2019.
TheFishermanAndHisSoul