J'aime l'irlandais Paddy Hanna, j'en parle en 2015 et l'an passé pour sa participation "au magnifique projet associatif My Lovely Horse Rescue aux côtés de Duke Special, Neil Hannon, We Cut Corners, The Late David Turpin, No Monster Club, Sissy et Gar Cox, toute la joyeuse équipe du collectif de musiciens dublinois, le label Popical Island. Pour apporter leur aide, les artistes signent l'EP de sept chansons, My Lovely, dont le fruit de la vente est totalement reversé à l'association irlandaise qui protège et soigne les chevaux, poneys, ânes, abandonnés ou négligés."
J'admire tellement son travail que quand Paddy Hanna lève le petit doigt, le téléphone rouge PiggledyPop sonne. Il y a eu "les sublimes disques Join the Army de 2013, Leafy Stiletto de 2014, les singles Austria et Underprotected de mars et décembre 2015." "Paddy Hanna fait partie de ces artistes prolifiques et complets, auteur-compositeur et interprète au coeur de quatre projets, il joue de la guitare, du clavier, de la batterie et aime la scène où il est comme un poisson dans l'eau. Basé à Dublin, l'irlandais est actif au sein des groupes Grand Pocket Orchestra, Skelocrats, Ginnels et No Monster Club. Il n'arrête jamais"
PaddyHannaPiggledypop2015PaddyHannaPiggledypop2017
Ce mois de mars 2018, l'artiste offre l'album Frankly, I Mutate qui ne fait pas pousser la table du salon pour danser mais fait sauter dessus pour des déhanchés fous de sioux. L'univers du musicien compte tout pour me plaire : l'humour, la qualité mélodique et technique, son inspiration colorée infinie, les références littéraires, musicales, cinématographiques ou picturales. Paddy Hanna fournit des mélopées pleines d'harmonies, d'originalité dans l'interprétation, formidable, de fantaisie et de sensibilité. Cette année, l'inspiration est tropicale au point de dégainer les castagnettes. Le disque s'ouvre de manière surprenante, et au royaume des surprises, Hanna est sur le trône. I Saw The Man Part 2 est un instrumental qui semble être idéal en conclusion, un morceau que nombre d'artistes auraient mis en final et que l'irlandais insondable, imperturbable, décide de placer en introduction. J'ai déjà le sourire quand arrive le fantastique Bad Boys avec ses balais de batterie qui cristallisent l'art de la pop. Le tempo galope, basse et piano se répondent fructueux sur le chant de Paddy merveilleusement vif pour incarner le thème à la perfection. L'envie de bouger est immédiate et on ne déroge pas à ce toc quand bataille la grosse caisse de Ida, alliée aux castagnettes irrévérencieuses tenant les zygomatiques en alerte ; Le titre est dédié à sa grand-mère. Les mélodies sont splendides, habillées de surréalisme, de psychédélisme, garnies de son brut des bois, du timbre de voix spontané, empreintes mêmes de l'artiste qui sort la cavalerie de cordes et d'archets pour le valsant et swinguant All I Can Say Is I Love You. Derechef, le moulin de notes pop tournoie. La palette de paroles rayonne de vivacité et d'émotion sur Mario Lanza qui évoque la maladie de son papa sur une rythmique fulgurante et des guitares optimistes. L'élégance des sentiments continue sur Reverends Grave qui est un titre ancien que Paddy ressort des fagots, arrangé superbement avec la harpe et les voix du duo féminin irlandais culte, les Saint Sister.
Avec sa pudeur galante, il compose un Toulouse The Kisser virevoltant de piano, de guitares et cette voix incroyable, impulsive et excellente. Puis arrive un morceau de presque cinq minutes, rareté de format, avec un titre qui finalement met la puce à l'oreille : Spanish Smoke et son solo de guitare amende la déclaration d'amour insinuée dans les harmonies soul, le chant sensuel et les cordes autant hypnotiques que percutantes, qui enchaine, logique, sur Sunday Milkshake. Paddy Hanna saupoudre d'esprit des thèmes sérieux, impose des airs qui gambadent et trottinent dissimulant l'émotif et le tragique avec dextérité et inventivité. Son territoire artistique est une citadelle de laquelle il lance des flèches pop pénétrantes comme Local Strangers, psyché, sculpté avec sa folie créatrice, son interprétation efficace, idéal pour le retour à la chorégraphie indienne sur la table. Low Voices porte son parfum de fragilité sur des arrangements de cordes dirigés par Ena Brennan, créant une splendide atmosphère proche de Syd Barrett ou de Kevin Ayers. Illico, la vulnérabilité fait place à la combativité avec Frankly, I Mutate et son orchestration pop lumineuse où Paddy Hanna termine le disque en absolue beauté, 'i've learned to laugh in the face of death...and light a candle' avec la batterie grandiose et la voix de Paddy Hanna, puissante et unique. Tout en rangeant les plumes, flèches et tipi, je classe Frankly, I Mutate dans le top 10 des albums 2018 Piggledy Pop.
PaddyHanna