dimanche 30 septembre 2018

Michael Head

Je l'ai reçu au moment de sa sortie il y a un an, en octobre 2017 et le savoure depuis, toujours avec son doux parfum de pain chaud sans pouvoir m'en détacher. Adiós Señor Pussycat signé de Michael Head & The Red Elastic Band n'avait pas vraiment besoin de chronique ici, ayant déjà tous les médias spécialistes à ses genoux. Mais les disques irrésistibles comme celui-là, ces coups de triomphe d'arrogance mélodique sont intemporels et passent les mois, les années, demeurant majeurs.

Je reviens sur Michael Head pour ceux qui ne le connaissent pas. L'artiste au charisme et au talent grandioses fait partie des meilleurs auteurs-compositeurs anglais du XXème et du XXIème siècle. C'est en 1980 que Michael avec son frère John Head forme le groupe mythique The Pale Fountains qui sort Pacific Street en 1984 et From Across the Kitchen Table en 1985.



Ces deux albums sont sacrés pour les amateurs de pop. Les deux frères Head changent de nom de formation en 1987. Shack nait et comptera dans ses rangs divers musiciens. Originaires de Liverpool, les deux frères guitaristes se complètent parfaitement et nous offrent Zilch en 1988, Waterpistol en 1995. Les Shack assurent une tournée internationale avec leur héros, le groupe Love et les frères Head repartent en studio en 1997 pour un nouveau projet, Michael Head introducing The Strands pour le nouvel album The Magical World of the Strands. Shack revient en 1999 avec le fantastique H.M.S. Fable, suivi en 2003 de ... Here's Tom With the Weather et On the Corner of Miles and Gil en 2006.



Puis il y aura ce hiatus, long, long, très long pour les mordus dont je suis. Il nous faudra attendre 2013 pour que Michael qui crée son propre label au joli nom de Violette refasse surface dans le monde de la pop avec son nouveau groupe Michael Head & The Red Elastic Band pour concocter un EP qui promet un retour scintillant. Le double titre Velvets In The Dark / Koala Bears apparait en 2015 et enfin en 2017, l'album tant désiré, Adiós Señor Pussycat. Recueillant tous les éloges de la presse, le disque est véritablement, objectivement somptueux. C'est l'album le plus amoureux orné de maturité, de sincérité, d'espièglerie mêlée à la poésie écrit de la plume Michael Head. Le romantisme y est chaud, chaleureux, porté par des mélodies considérablement belles. La variété des instrumentations est fine, parsemées de l'âme indie du Nord anglais, si particulière, mais aussi de notes sixties, de préciosité pop qui rappelle Shack et le pouvoir entêté de Head dans l'art de la composition.



Le charme s'ennoblit au fur et à mesure que les notes de Pablo Picasso se déploient. Le texte évoque un second foyer à Paris, où par amour il suit sa muse. Le titre est magique, avec cette mélancolie qui camoufle un désir ardent d'un homme passionné qui ne lâche rien. La ballade est menée par la guitare féconde, frétillante, avec le violon et le saxophone qui ajoutent du rétro savoureux et de l'élégance. Dores-et-déjà en proie au charme de la voix de Michael Head, de ses mots, de son interprétation, Overjoyed réitère la séduction. Le titre touche car il parle du groupe qui revient dans sa ville, avec comme orchestration judicieuse le choix puriste 'indie' qui offre le mariage guitares, basse et batterie. L'enregistrement se concrétise dans le studio de Steve Powell, qui joue de la guitare aux côtés de Michael et brille aux arrangements, avec également son fils Tom Powell à la basse, Simon James au saxophone, et pour la trompette, Martin Smith, et Andy Diagram des Pales Fountains.

Rod Skipp, Helen Tonge et Dewi Tudor Jones appuient avec leur ensemble de cordes le fabuleux Picklock, perle de l'album, qui marque par son impétuosité dans le mouvement électrique des guitares et sa détermination dans la voix. Michael Head compose avec Winter turns to Spring un monument, une pépite lumineuse qui contient des influences comme Burt Bacharach, Velvet Underground et Scott Walker en guise d'invitation dans son intimité, son émouvante et joyeuse renaissance. Cette effet de lueur règne aussi sur Workin' Family qui date de vingt-cinq ans et n'avait jamais été enregistré. Tom Powell excelle à la basse et transporte par son tempo diablement habile tandis que l'interprétation de Michael forme un volcan pop en or. 4 & 4 Still Makes 8 montre le caractère enflammé de l'auteur, armé de son tambourin et fait sensation, partant en croisade amoureuse qui se poursuit sur Queen of All Saints. Si Michael Head aime lire Coleridge, Burroughs ou Huxley, inspiré depuis des années pour écrire et faire danser sur ses harmonies, il sait aussi fendre l'armure avec honnêteté et troubler par ses mots abondants de franchise.



La mélodie de Josephine, flambeau pop, offre des envolées élégantes de fiddle, de guitares, de choeurs qui comptent Joanne Head sa soeur, Phil Murphy et Steve Powell avant le Lavender Way qui avance comme un songe tiède sur la guitare hispanique, venant peindre des adieux comme le souligne le nom d'album. Adiós Señor Pussycat vient d'un épisode de Tom & Jerry, qu'affectionne Michael, partageant cette passion pour les vieux dessins animés hollywoodiens avec son fils. La famille et son entourage sont fruits d'inspiration pour Michael qui signe un album hanté de départs mais dans Rumer ses proches sont à ses côtés, aux instruments et aux voix, créant un titre fourni de 'pa pa pa', de guitares à foison et d'harmonies pop brillantes. La reprise, divine, de Wild Mountain Thyme, chanson traditionnelle écossaise ne fait que renforcer l'aura de Michael Head accompagné de Joanne au chant. Puis le sublime What's the Difference, avec sa mélodie qui balance majestueuse entre ses cuivres et ses guitares dans le sillage de Love, donne un conseil affectueux avant la confession follement indiepop Adios Amigo qui est fleuri de la batterie ingénieuse de Phil Murphy, basse, guitares, de cordes à l'envi et une chorale qui accueille la fidèle amie Mary McCombs. Comme pour respecter l'éthique indépendante, le disque est façonné avec un petit budget mais beaucoup de grâce et de talents. Il y a dans Adiós Señor Pussycat - grasse place dans le panthéon PiggledyPop - du son de guitare des Byrds marié à la poésie de John Keats avec cette griffe personnelle de Michael Head qui marque et crée une réelle émotion...comme avant et comme toujours.

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