La Mélodie du bonheur (The Sound of Music), film comédie musicale de Robert Wise sorti sur les écrans en 1965 avec la superbe Julie Andrews, a été simplement inspiré du livre autobiographique de Maria Van Trapp. D'abord adaptée par le cinéma allemand avec les deux films Die Trapp-Familie de 1956 et Die Trapp-Familie in Amerika en 1958, la comédie musicale La Mélodie du bonheur paraît sur la scène de Broadway en 1959 puis dans les salles de cinéma en 1965.
L'histoire est donc vraie. Issue de son autobiographie signée en 1949, La Famille des chanteurs Trapp (The Story of the Trapp Family Singers), l'aventure de l'extraordinaire Maria Augusta Kutschera, née à Vienne en 1905, et de sa rencontre avec la famille Van Trapp, est hors du commun.
Jeune fille et fervente catholique, Maria entre dans la congrégation des bénédictines à l'abbaye de Nonnberg, à Salzbourg. La jeune postulante s'avère être une novice très et trop enjouée, difficile à concentrer et pour changer d'atmosphère, la Mère supérieure lui propose un poste auprès d'un aristocrate, le baron Georg Ritter Van Trapp, ancien capitaine de corvette de la marine de guerre austro-hongroise, récemment devenu veuf et père de sept enfants, qui a besoin d'une institutrice pour sa dernière, Maria Franziska, à la santé fragile et dans l'incapacité d'aller à l'école. Maria dotée d'un beau tempérament et d'un caractère solide à vingt ans, intègre la grande famille qui a vu défiler vingt-six gouvernantes en quatre ans, toutes ayant rendu leurs tabliers.
Très vite les enfants qui sont tous musiciens (clarinettes, flûtes, ukulele, guitares), apprenant le solfège et le chant avec leur père, adoptent Maria et s'attachent à la jeune femme. Cet engouement est partagé. Georg Van Trapp, contrairement au personnage au sang-froid du film, est un homme tendre et doux qui va aussi s'attacher à Maria, si bien qu' il offre à la jeune femme sa demande en mariage en 1927. Malgré des débuts tumultueux, les enfants refusant une remplaçante à leur mère et Maria redoublant d'autorité pour gagner sa place au sein de la tribu, ce sera, in fine, un beau mariage puisque trois autres enfants naîtront de cette union : Johannes, Rosmarie et Eleonore.
Dans les années trente, toute la famille se produit sur scène sous la tutelle de leur fidèle ami le Reverend Franz Wasner qui maîtrise un répertoire de chants liturgiques. Une tournée européenne suit en 1937 sous le nom d'artistes, Salzburg Trapp Choir. La chorale familiale gagne une grande renommée et chantera devant les Rois et le Pape à Rome. Mais l'Allemagne annexe l'Autriche et les Van Trapp quittent leur maison, quittent l'Europe. Le Baron n'ayant pas l'intention de réintégrer l'armée qui le demande, ayant perdu sa fortune suite à un mauvais placement, laisse tout derrière lui et s'embarque avec les siens en 1938 pour l'Amérique.
Arrivés comme des réfugiés et estimés illégaux, le gouvernement américain les enferme trois longs et inquiétants jours dans la terrible prison de Ellis Island. Ce sera grâce à la mission catholique de New-York que la famille pourra être libérée. A peine sortis, Maria met en place une série de concerts. Mal reçus, les Van Trapp ne tardent pas à assurer des tours de chant et continueront partout dans le monde, jusqu'en 1955. C'est à Stowe dans les montagnes du Vermont que l'équipée s'installera, d'abord comme fermiers puis agrandiront le Trapp Family Lodge en louant des chambres d'hôtes et en y ajoutant une chapelle. Quand le film sort, Maria Van Trapp ne recevra que quelques royalties d'Hollywood, perçues à la sortie du film mais rien des millions brassés par la suite.
Les Van Trapp continueront de chanter pendant des années, pour subvenir à leurs moyens et par passion. Toujours en vie, les petits-enfants Van Trapp témoignent que le film brode une certaine insouciance, dans les alpages autrichiens mais en réalité, même après la sortie du film au succès phénoménal, la famille a dû travailler ardemment pour s'intégrer à ce nouveau continent.
La famille Van Trapp gagnera un beau succès en chantant des compositions de Schubert, Brahms, des chants religieux et le nom Van Trapp restera gravé dans l'histoire. La baronne Maria Van Trapp, décédée en mars 1987, à la personnalité et au destin hors normes, tendra aussi un sceptre à l'acrice anglaise Julie Andrews qui avec ses rôles dans Mary Poppins, Princesse malgré elle, Victor Victoria ou Un mariage de princesse aura un destin tout aussi noble en chantant enfant, elle aussi, âgée de treize ans devant le Roi d'Angleterre Georges VI.