Le jeune groupe de Londres Green Seagull apparu en 2016 signe le génial album Cloud Cover en juillet 2020 après une série de singles et EP. En imaginant une 'mouette verte dans son nuage' on comprend sans difficulté l'univers artistique des musiciens : psychédélique pop et sunshine pop. Les quatre compères offrent leur premier album Scarlet Fever le 31 janvier 2018. Agissant sur sillons avec l'âme des Kinks mêlée à celle des Ramones, rock, pop, et surtout psyché, leurs compositions sont un régal de notes griffées sixties et seventies. Paul Nelson et Paul Milne chantent, jouent de la guitare, écrivent et composent en compagnie de Sarah Gonputh aux claviers et d'Elian Dalmasso à la batterie.
De Aerosol avec ses arrangements fleuris de stratocaster à l'énergie pop aux choeurs aériens de Made to be loved, le thème amoureux glisse élégamment sur les harmonies. La chaleur des accords dansants, les mélodies gaillardes de In the Morning Time et de Little Lady nous propulsent joyeusement dans l'atmosphère des Byrds, Fleur de lys, The Count Five, Aphrodite's Child ou plus proche dans l'histoire de la pop, des gallois Gorky's Zygotic Mynci et de l'Écossais Stuart Kidd.
Live in lover et sa rythmique soutenue splendide fait place au moog voluptueux, au clavecin délicat et aux guitares électrisées de This Wheel. Dead and Gone fait opiner du chef et sautiller frénétiquement avant la mélodie groovy et jazzy, délicieux moment alternatif de Papier Cut. Suivent les fantastiques titres Dreams You're Living au piano souriant et au style planant réussi et It's too late, fabuleux bâton de dynamite pop baroque. Simeon Brown est un petit bijou mélodieux à la nostalgie intemporelle qui sublime la conclusion, Belladonna, saccadé et finement interpreté avec son clavier psyché, son tempo brésilien alternant avec le panache des guitares rock et des voix harmonieuses.
Cloud Cover est un cocktail pop psychédélique pur jus qui ouvre bien des horizons fastueux au quartet Green Seagull. CloudCover
La Mélodie du bonheur (The Sound of Music), film comédie musicale de Robert Wise sorti sur les écrans en 1965 avec la superbe Julie Andrews, a été simplement inspiré du livre autobiographique de Maria Van Trapp. D'abord adaptée par le cinéma allemand avec les deux films Die Trapp-Familie de 1956 et Die Trapp-Familie in Amerika en 1958, la comédie musicaleLa Mélodie du bonheur paraît sur la scène de Broadway en 1959 puis dans les salles de cinéma en 1965.
L'histoire est donc vraie. Issue de son autobiographie signée en 1949, La Famille des chanteurs Trapp (The Story of the Trapp Family Singers), l'aventure de l'extraordinaire Maria Augusta Kutschera, née à Vienne en 1905, et de sa rencontre avec la famille Van Trapp, est hors du commun.
Jeune fille et fervente catholique, Maria entre dans la congrégation des bénédictines à l'abbaye de Nonnberg, à Salzbourg. La jeune postulante s'avère être une novice très et trop enjouée, difficile à concentrer et pour changer d'atmosphère, la Mère supérieure lui propose un poste auprès d'un aristocrate, le baron Georg Ritter Van Trapp, ancien capitaine de corvette de la marine de guerre austro-hongroise, récemment devenu veuf et père de sept enfants, qui a besoin d'une institutrice pour sa dernière, Maria Franziska, à la santé fragile et dans l'incapacité d'aller à l'école. Maria dotée d'un beau tempérament et d'un caractère solide à vingt ans, intègre la grande famille qui a vu défiler vingt-six gouvernantes en quatre ans, toutes ayant rendu leurs tabliers.
Très vite les enfants qui sont tous musiciens (clarinettes, flûtes, ukulele, guitares), apprenant le solfège et le chant avec leur père, adoptent Maria et s'attachent à la jeune femme. Cet engouement est partagé. Georg Van Trapp, contrairement au personnage au sang-froid du film, est un homme tendre et doux qui va aussi s'attacher à Maria, si bien qu' il offre à la jeune femme sa demande en mariage en 1927. Malgré des débuts tumultueux, les enfants refusant une remplaçante à leur mère et Maria redoublant d'autorité pour gagner sa place au sein de la tribu, ce sera, in fine, un beau mariage puisque trois autres enfants naîtront de cette union : Johannes, Rosmarie et Eleonore.
Dans les années trente, toute la famille se produit sur scène sous la tutelle de leur fidèle ami le Reverend Franz Wasner qui maîtrise un répertoire de chants liturgiques. Une tournée européenne suit en 1937 sous le nom d'artistes, Salzburg Trapp Choir. La chorale familiale gagne une grande renommée et chantera devant les Rois et le Pape à Rome. Mais l'Allemagne annexe l'Autriche et les Van Trapp quittent leur maison, quittent l'Europe. Le Baron n'ayant pas l'intention de réintégrer l'armée qui le demande, ayant perdu sa fortune suite à un mauvais placement, laisse tout derrière lui et s'embarque avec les siens en 1938 pour l'Amérique.
Arrivés comme des réfugiés et estimés illégaux, le gouvernement américain les enferme trois longs et inquiétants jours dans la terrible prison de Ellis Island. Ce sera grâce à la mission catholique de New-York que la famille pourra être libérée. A peine sortis, Maria met en place une série de concerts. Mal reçus, les Van Trapp ne tardent pas à assurer des tours de chant et continueront partout dans le monde, jusqu'en 1955. C'est à Stowe dans les montagnes du Vermont que l'équipée s'installera, d'abord comme fermiers puis agrandiront le Trapp Family Lodge en louant des chambres d'hôtes et en y ajoutant une chapelle. Quand le film sort, Maria Van Trapp ne recevra que quelques royalties d'Hollywood, perçues à la sortie du film mais rien des millions brassés par la suite.
Les Van Trapp continueront de chanter pendant des années, pour subvenir à leurs moyens et par passion. Toujours en vie, les petits-enfants Van Trapp témoignent que le film brode une certaine insouciance, dans les alpages autrichiens mais en réalité, même après la sortie du film au succès phénoménal, la famille a dû travailler ardemment pour s'intégrer à ce nouveau continent.
La famille Van Trapp gagnera un beau succès en chantant des compositions de Schubert, Brahms, des chants religieux et le nom Van Trapp restera gravé dans l'histoire. La baronne Maria Van Trapp, décédée en mars 1987, à la personnalité et au destin hors normes, tendra aussi un sceptre à l'acrice anglaise Julie Andrews qui avec ses rôles dans Mary Poppins, Princesse malgré elle, Victor Victoria ou Un mariage de princesse aura un destin tout aussi noble en chantant enfant, elle aussi, âgée de treize ans devant le Roi d'Angleterre Georges VI.
Henry Wolfe est un musicien auteur-compositeur new-yorkais qui apparaît en 2004 au sein du groupe d'indie-pop Bravo Silva. Celui-ci se dissout après un album et en 2009, Henry âgé de 25 ans et récemment déménagé à Los Angeles, commence une carrière solo avec les deux EPs The Blue House suivi de Wolfe Sings Field. Son premier album Linda Vista de 2011 qui offre à la production la présence de Aaron Older et Nico Aglietti des Edward Sharpe and the Magnetic Zeroes accroche illico les oreilles d'amateurs et de professionnels. Ce sera notamment les deux singles du disque Someone Else et Stop the train qui feront leur chemin en apparaissant sur la bande originale du film Julie & Julia, signée Alexandre Desplat, avec dans le rôle principal Meryl Streep, qui n'est autre que la mère d'Henry Wolfe.
Inspiré par des dieux de la pop comme Harry Nilsson dont il revisite le titre All I Think About Is You written sur Encino, album de quatre titres de 2014, Henry Wolfe est époustouflant à la création et à l'interprétation, chantant et jouant de la guitare, du piano, de l'harmonica et des percussions.
Pour ornementer l'âme indie d'Henry il y a avec lui en studio Keith Karman à la basse, Josh Adams à la batterie, Tyler Cash aux claviers et l'ingénieur son, multi-instrumentiste Malachi Delorenzo qui produit le second et magnifique album Asilomar en 2015.
Ce printemps 2020 Henry annonce qu'il peaufine son troisième album et offre pour patienter deux singles qui sont sacrément galbés et réussis : On a Corner paraît en juin et le fabuleux No Time ce 20 août dernier. Les deux titres sont remplis d'harmonies pop et d'arrangements élégants et si charmants qu'ils donnent instinctivement envie de suivre la piste d'Henry Wolfe.
Jill Barber est une artiste de Toronto qui créé des mélopées folk, pop et jazz en français depuis son album Chansons de 2013 qui fait suite à A Note to Follow So de 2002, Oh Heart de 2004, For All Time de 2006, Chances de 2008, Mischievous Moon de 2011. D'un univers artistique et clanique anglophone, Jill vient passer du temps dans le sud de la France en 2012. Elle reprend avec délicatesse et une élégance notables des standards de la culture musicale française, des classiques comme Adieu foulards, Sous le Ciel de Paris, Les feuilles mortes, N'oublie jamais, Petite fleur etc.
En 2014 suivra l'album jazzy Fool's Gold avant que la musicienne opére un virage rock et pop sur Metaphora en 2018. Son charmant intérêt pour la France tient une place essentielle dans son nouveau disque paru 16 juin 2020 : Entre Nous. Cette fois, l'artiste canadienne compose des inédits. Aidée d'un auteur pour les paroles, elle interprète avec un accent croustillant ses mélodies parées de notes cadencées bossa nova, acoustiques ou pop psychédélique .
La sucrerie commence sur le suave et romantique Entre Nous avant le souriant et fripon Chat domestique, arrangé avec un style panaché de bossa, jazz et pop. Jill apporte son grain de voix cristallin à des mélodies énergiques comme Joue avec le feu ou Le monde est beau, ornées de choeurs féminins typés fifties sur l'orgue boogie et le clap-hands enthousiaste. L'ambiance amoureuse et fleurie poursuit avec la sautillante Les étés de Montréal et la voluptueuse Comme les fleurs et ses guitares vintage efficaces.
La pluie avec son orchestration délicate de violons et piano distille un air mélancolique et Reflets, nostalgique, revient sur l'enfance de la musicienne sur une guitare et des voix angéliques rappelant Moon River. Puis Suzanne repris avec grâce apporte un bel hommage à Léonard Cohen avant Nos retrouvailles qui chemine vers la fin du disque avec la voix troublante de Jill Barber qui chante Adieu Adieu, quand Coeur de ma jeunesse termine ce beau voyage dans temps. Les arrangements d'une douceur subtile, les orchestrations de qualité, le style volontairement rétro, forment un cocktail de grande classe. Entre Nous fait voyager et rêver.
La musique et le style de Jill Barber respirent un caractère cabaret de Nouvelle-France, flattant et honorant la culture de cet autre côté de l'océan.
Row est une comédie musicale qui paraîtra le 2 octobre 2020 signée de Dawn Landes. Ce travail est incroyable, une comédie musicale comme il nous en manque depuis cinquante ans. Tout y est pour vibrer et voyager : l'histoire, épique, unique, et la mise en musique remuante, émouvante. Row c'est l'histoire vraie de la navigatrice Tori Murden McClure qui en 1999 construit son propre bateau 'rowboat' pour tenter la traversée de l'Atlantique en solo durant plusieurs mois, une première pour une femme. Elle réussira. Tori écrit son aventure dans son autobiographie A Pearl in the Storm publié en 2009, adapté pour le projet Row par Daniel Goldstein, et elle sera présente, généreuse, lors de la conception de la comédie musicale, offrant ses journaux de bord, ses écrits, ses vidéos personnelles. Tori Murden McClure, née en 1963, obtient à 25 ans à Harvard un master en théologie et un master des Beaux-Arts avant d'envisager son aventure incroyable. Elle est aujourd'hui présidente de la Spalding University, une Université privée catholique à Louisville, Kentucky.
C'est aussi dans cette ville, que la musicienne et chanteuse Dawn Landes décide d'entreprendre le travail impressionnant de Row en racontant ce destin fabuleux et hors norme, composant la musique et écrivant les paroles de la comédie.
La compositrice Dawn Landes est à sa façon aussi une athlète de studios et de la scène. Excellente guitariste, elle assure l'accompagnement pour les enregistrements de disques ou les tournées de Sufjan Stevens, Will Oldham ou Josh Ritter, tout en écrivant des musiques de film et son propre travail en solo, avec la signature de cinq albums et Ep dont celui en français de 2012 au panache french-pop, Mal Habillée. Ses albums fantastiques fourmillent de mélodies sublimes et de son chant lumineux avec parfois des collaborations comme celles de Nada Surf, Nora Jones et Jim James de My Morning Jacket.
Les deux femmes sont, chacune dans son domaine, des astres et leur rencontre forme une comédie musicale grandiose. Les titres accueillent en plus de l'interprétation de Dawn un choeur de neuf voix qui chantent parfois en solo selon les titres. L'instrumentation est ornée d'une guitare, basse, batterie, piano et violon. L'exploit de Tori y est narré avec élégance. La traversée presque inhumaine et pleine de dangers insurmontables comme l'ouragan Danielle que Tori a dû affronter en plein coeur de l'océan et qui a mis son bateau en pièces est portée par l'orchestration toujours impeccablement émouvante.
La batterie ouvre la comédie musicale avec le tempo chevaleresque de Independent Spirit. Son boogie dans le synthétiseur et le profil gospel entraîne d'emblée une impression de communion avec la musique jusqu'à la délicatesse folk acoustique de Mount Everest. Avec poésie, Dawn pose des paroles élégantes qui montrent que l'aventure hors-normes n'est pas simplement d'aller d'un point A à un point B mais demande de la foi, une volonté en fer dans la solitude et de l'humilité face à la mer, force supérieure à l'homme. Strong as a Sister revient sur l'enfance de l'héroïne qui ne comprend pas le monde adulte et promet à sa soeur de toujours prendre soin d'elle sur une ballade dansante et entraînante. Puis Row offre un moment de soul groovy efficace pour montrer l'envie d'aventure maritime du personnage qui ne tient pas à une petite vie caustique, confortable et trop élémentaire.
La jeune fille qui se transforme en jeune femme a des désirs et devoirs éclatants tout en ayant un coup de coeur pour le 'king of her school' , que l'on découvre dans Ode to Eric Fee. La musicalité tendre et cristalline de First Storm, Moby Dick absorbe l'attention qui illico se retrouve à bord dans les remous tumultueux des flots à la portée de la spiritualité. Dieu est omniprésent dans la vie de Tori et dans les chansons Second Time Around, The Theology of Adventure et Oh Amelia. Il lui a permis d'aller aux risques avec ses anges protecteurs, ayant toujours gardé conscience des chances qui étaient les siennes lors de la première traversée qui a failli lui coûter la vie. Oh Amelia est une ode à la mémoire d'Amelia Mary Earhart, première femme aviatrice connue pour sa traversée de l'océan Atlantique en 1932 et qui y disparaît lors de son exploit entrepris en 1937, le tour du monde en solitaire. Comme Amelia, Tori Murden McClure choisit ses risques mais ne les subit pas. Elle repartira pour un deuxième essai, plein de courage et de noblesse.
Avinu Malkeinu, Star of the sea, est un chant superbe accompagné du piano gracieux pour saluer Marie, Sainte de la mer, protectrice des marins, qui accompagnera Tori dans ses défis et ses dangers dans le Second Storm, Hamlet, dont elle reviendra l'armure iodée renforcée d'âme.
Cette aventure unique est difficile à raconter aux autres à terre, ce devoir de discipline et de contraintes physiques et morales, évoquées dans le folk délicat de Dear Heart, glissent comme un rêve d'enfant, de découvertes et de voyages au long cours. Home of the Brave hymne chaleureux ouvre la marche à What Would Odysseus Do, rock'n roll et jazzy, avant le majestueux Third Storm, King Lear. Dawn Landes signe un titre superbe, y apportant une instrumentation et des arrangements intelligents sur sa voix majestueuse qui accompagne l'héroïne, perdue au milieu de l'océan formant des vagues de trois mètres de haut. Tori est seule face à l'immensité. Elle s'accroche, à sa foi, à sa survie énoncée une ultime fois sur Dear Heart reprise suivi du somptueux instrumentale Calm Seas qui termine l'odyssée Row.
La mer est un coeur, le coeur du monde, on ne peut pas le prendre, le chevaucher sans risquer de périr. Row de Dawn Landes est une aventure musicale réussie qui honore Tori Murden McClure et son refus de la peur. Un exemple. Un hommage aérien, dense et extraordinaire à découvrir ce 2 octobre 2020. Des cds sont disponibles dans le fourni magasin de disques parisien, Balades Sonores, 1-3 Avenue Trudaine, 75009 Paris.
Theatre Royal est de retour le 9 octobre 2020 avec son nouvel cinquième album Portraits à paraître. Les réserves de fioul du groupe ne sont pas prêtes à diminuer et à son chevalet, il produit 13 nouveaux titres accrocheurs, dansants et significatifs. "Originaire du Kent, différentes villes, différents châteaux, fait briller sa pop depuis 2009 avec à son actif quatre splendides albums From Rubble Rises en 2010, At The End Of A River, The Sea en 2012, We Don't Know Where We Are en 2014 et le dernier en date ...and then It fell out of my head de 2017, agrémentés de plusieurs EP et singles. Les quatre musiciens Oliver Burgess et Robbie Wilkinson qui se partagent la composition, le chant et les guitares, Brendan Esmonde à la basse et Jon Gibbs à la batterie jouent une pop vive et dévorante dans la manière de l'interpréter au chant et dans l'instrumentation fièrement nourrie de britpop."
Dans la droite lignée du rock réactionnaire britannique, A Marvellous Death ouvre Portraits, cinglant, électrique avec son tempo offensif et ses guitares énervées pour clamer ' i won't let the outside kick me inside'. La rythmique de Callow continue bondissante sur le chant entraînant d'Oliver et l'orgue pop ragaillardi par l'excellente batterie. Kasher, conte narrant l'histoire de l'oiseau enfant appelé Kasher est une allégorie émouvante sur une mélodie joviale suivie de la grandiose TV Blind, ritournelle pleine de notes dansantes et efficaces. Le bonbon pop sixties Together We're Alone poursuit l'enchantement comme sur le somptueux et mordant Upside Down qui resplendit l'éloquence de Theatre Royal fort inspiré par les évènements.
La chronique musicale magnifique sur les jeux de guitares et la voix puissante maintient l'attention avec Count Your Blessings et la conquit totalement quand Lift Our Heads délivre une instrumentation sardanapalesque. Tomorrow Now ne lâche pas les superbes sarcasmes ornés de cordes de guitares enthousiastes et princières. Le regard mélodique et lucide sur l'actualité est une joie infinie à écouter, solide et inspiré. Cet effet constant se sublime sur Splinter, harmonieux et caressant, au texte extrêmement touchant.
Entrent les cuivres messagers de My Dear qui est un bilan, un état des lieux sur le changement de mentalité des gens avant le titre Portraits dans son sillage, bijou pop addictif qui alerte sur un 'damage on your mind'. Incidental Friend termine le disque avec grâce et paru en single au mois de novembre 2019 il restera surement dans l'anthologie des titres pop du XXIeme siècle.
Portraits, album qui prouve derechef l'immense talent de Theatre Royal, aurait pu porter le titre Inside/Outside tant il porte un regard extraordinairement adroit sur l'actualité, mené avec une aisance artistique rock et pop, non pas à couper le souffle mais à souffler la coupe. Portraits est à vous procurer dès le 9 octobre prochain tant il est beau, plein d'âme indie-pop. On pense aux Talking Heads ou Lloyd Cole qui on le devine, auraient sûrement été inspirés par la supercherie et la bouffonnerie actuelle. Theatre Royal porte le relai avec une énergie intarissable et du charisme.
Palehound offre un mélange de fragilité et de rébellion, aucune place à la tiédeur, incarnant un cocktail artistique qui mixerait Mazzy Star et Elliott Smith.
Ellen Kempner alias Palehound basée à Brooklyn est une auteur-compositeur inspirée depuis 2015, griffant ses titres de sa personnalité et de son travail en or. Ellen apprend la guitare quand elle est enfant et plus tard, avec son diplôme en musicologie la jeune musicienne symbolise sa voix, apporte une touche de féminité et de douceur à ses accords et à ses mélodies en acier rock et pop. Son premier disque Audiotree Live apparaît en 2015 comptant Larz Brogan à la basse et Jesse Weiss à la batterie, suivi des EP Kitchen et Bent Bail, puis de l'album Dry Food. Le disque est porté en tournée européenne où l'américaine ne cesse d'écrire et prépare déjà le second album à paraître en 2017 Place I'll Always Go.
Ce bijou pop est une source d'énergie et d'harmonies rock qui attrape l'attention et devient addictif jusqu'à ce que Palehound signe en 2019 une troisième perle totalement absorbante et d'une qualité époustouflante : Black Friday.
Intime, Black Friday parle d'amour, sur Company, Black Friday et Aaron, particulièrement d'un sentiment naissant et de l'inconnu, de questionnements imagés sur des harmonies languissantes. Suit Worthy et Killer aux arrangements musclés évoquant le meurtre de sang froid par vengeance d'un abus sexuel. Where We Live est une pause parlée émouvante et déchirante avant Bullshit, titre atmosphérique orné de mélancolie. Les rythmiques stylées et panachées de Sneakers et Urban Drip soulignent la vie scénique d'un ou d'une musicienne avec ses déceptions et ses facettes superficielles ou mensongères.
Stick n poke parle du manque et de l'absence d'une personne, du mal être physique qui en résulte sur un tempo fourni et entêtant offert par les superbes batterie et basse. Le caractère urbain présent en pointillé le long du disque prend des formes plus évidentes sur The City et In Town, environnement stressant qui conduit à un état de nostalgie et de doutes. L'interprétation brillante d'Ellen Kempner contient tant de charme et de personnalité qu'on se laisse surprendre et absorber par l'album tout entier.
Black Friday est bouleversant parce qu'Ellen y abat les masques, délivre une part de son intimité avec courage. La New-Yorkaise réussit superbement à mener composition et chant de façon chavirante. Les notes qui émanent du grain de voix et des instruments de Palehound sont captivantes et pleines d'une aura rock'n Roll qui resplendit dans le single Southern Belle paru ce 6 août 2020.
J'écris sur le travail de composition fantastique de Marshall Holland en 2014. "Ce jeune auteur-compositeur californien apparaît en 2010 avec le génial opus Don't Jettison The Memories, où les notes ensoleillées et colorées pop alternent avec brio, arrangées et orchestrées aux petits oignons. Les références qui viennent à l'esprit en écoutant Marshall Holland ne sont rien d'autres que les Zombies, Kinks, Beatles, Bob Dylan ou encore Paul Weller, Ben Folds Five, Jon Brion. L'artiste Marshall écoute The Cowsills pour s'inspirer et durant des années écrit au milieu des champs de son grand-père, enregistrant ses mélopées sur un magnétophone couché dans les blés, en retravaillant à la maison ses harmonies et arrangements. De Sacramento à San Francisco, le musicien a dû beaucoup déménagé et après être passé par l'exercice de la recherche de musiciens dans chaque ville pour constituer un groupe, il a opté in fine pour l'apprentissage de chaque instrument. Les racines de ses inspirations viennent essentiellement de son père, Mike Holland, guitariste leader du groupe californien The Agents, actif pendant les années 80, qui a bercé le bébé Marshall et accompagné ses premiers pas ."
"Les tubes se succèdent constituant un ensemble de qualité qui titille du menton jusqu'aux chevilles. ( … ) Avec sa voix cristalline troublante, ses compositions inspirées, ficelées, Marshall Holland signe le superbe And the Etceteras qui en plus de faire vibrer l'hélix fait swinguer les cervicales. Une très belle réussite de 11 titres qui entre d'ores-et-déjà au top des albums 2014 de Piggledy Pop."
Marshall est de retour avec son nouvel album Paper Plane, époustouflant de beauté qui paraîtra le 4 septembre 2020. Son disque est un coffre aux trésors pop baroque, garage et rock. Il contient absolument tout le nécessaire pour s'extasier et danser : des mélodies, des arrangements surprenants et alternatifs, une voix rebondie, enthousiaste et un volcan d'instruments parfaitement maîtrisés. Le don naturel du multi-instrumentiste pour la composition empourpre les oreilles et fait diablement bouger les hanches. A l'emblée, Our Fate délivre une orchestration fleurie, entêtante, qui frappe fort. Composé pendant le mois de mars 2020, quand le musicien est contraint à l'enfermement, sa réaction a été une fièvre créatrice. La batterie flamboyante plante le décor : celui de l'instinct combatif et d'un système immunitaire réactif à la coquecigrue.
Marshall :With the heartaches of the world tragically suffering, and the power of current affairs, some overwhelming energy came to me, to write new songs and put out an album. It wasn’t by choice, but more of a creative impulse, to add something to the world.
L'artiste fait plus qu'offrir un disque, c'est une pierre précieuse qui ravive l'esprit, une bouée de sauvetage power pop qui ramène les esprits hypnotisés et psychotiques sur un rivage lucide et vivifiant. A l'écoute de l'orgue de The Rain Comes, on rejette la propagande grippale internationale négative au placard et on se trémousse spontanément. Après le titre cristallin, plein de cordes délicates A Hand Holds a Bird, la voix se gonfle de vibrations positives sur la flûte, la grosse caisse et le clap-hands providentiel de Waiting For That Peace & Love qui voit des changements heureux dans sa boule de cristal. Don't do It continue de brimbaler les émotions par son tempo revigorant dans le piano qui gambade joyeusement. L'envie de danser est exaltée sur She Buys a Dress (To Match With Her Pink Belt) et son allure sixties dans l'orgue Hammond enflammé et ses rockets de notes sixties dans les guitares comme sur I'm Checkin' Out, ritournelle magnifique galvanisée de pop.
Paper Airplane bombée de poésie voltige aussi légère et aérienne qu'une bulle de savon sur des effets de voix réussis et efficaces. Puis le somptueux clavecin de Look into My Eyes nous emmène chevaucher dans les contrées vertigineuses des Kinks mêlant assurance et romantisme dans les partitions. Quand Whatcha Gonna Do sort ses cordes électriques énervées et offensives, Marshall brille de mille feux. Ses mots marquent le tempo avec classe pour transmettre son irritation aux injonctions stériles qui ne changent rien, sinon de tenter de retourner les petits cerveaux par la peur. La splendide A Dream Away conseille avec élégance de conserver les rêves intimes, ceux décrits sur la mélodie captivante qui termine ce volet majestueux. Je classe Paper Plane de Marshall Holland dans le top 10 des disques 2020 sur Piggledy Pop. A consommer sans peur ni culpabilité, disponible sur cd, vinyle et cassette dans trois jours !