Cuverville est un groupe de Toulon, conduit par le maestro de french-pop, Alex Telliez-Moreni, également responsable du label Toolong (jeu de mot là...vu?). Déjà actif au sein de El Botcho depuis 2012, l'auteur-compositeur interprète décide de galoper en solo pour la composition sous le pseudo Cuverville et d'écrire en français. Le résultat est si beau et bon que son album Dans le vent, paru ce 31 mai, est à mes oreilles le meilleur album de pop française 2019.
Ce qui percute au prime abord ce sont les guitares rock'n roll, le tempo pop sixties, l'écriture ensoleillée et maritime, amoureuse, offensive, quoi qu'il en soit percutante. Les mots glissent joliment comme ils attrapent l'attention, tout en sonnant parfaitement pop en osmose avec les mélodies. Ce disque grandiose de huit titres contient du XTC, Smiths, Teenage Fanclub, Beta Band ; Il me plait davantage parce qu'Alex nous emmène dans ses mélopées magiques aux histoires variées avec un bel humour et un français plein de charme.
Low, shiny, noisy, power, l'indie-pop y est saupoudrée de ces différentes mouvances pop avec un dosage malicieux. Les mots souriants, francs du collier, sont aussi pop par leur sens que par la voix du musicien, juste et belle quand elle sautille et surfe sur les lignes de guitares. D'emblée Dans le vent fait danser et vriller comme une toupie nirvanesque sur le tempo dynamique et gaillard, ses choeurs power-pop, ses métaphores dynamiques. Le ton est donné et surtout le mouvement. La vie, l'enfance, la nostalgie est frontale, magistrale, dans Le passé. La mélodie vibrante et virevoltante est menée par la basse, guitares, batterie dans une osmose musclée qui alterne avec le chant royal. Le petit chef d'oeuvre frenchy poursuit avec Le silence que je bois comme du petit lait. Comme je suis gourmande, je le passe en boucle. Rock énervé justement exécuté avec une basse splendide, le message est bien vu, tape dans le mille et forme un régal pop qui exige de monter les décibels. Une page suit sautillante et, avec une classe infinie, évoque le passé pour mieux avancer dans un paysage maritime rafraichissant quand Le combat vient à l'abordage, pour vivement séduire.
Les cordes électriques tournoient éclatantes sur un texte solidement offensif, formant un titre homogène qui sans faille marque et envoûte. Le titre Nuit blanche me séduit illico avec ses guitares saturées pour un grunge sensuel à l'image d'un marin au long cours accroc à sa belle inconnue. Logiquement, Jeux ingrats fait suite sur un tempo enflammé pour une prise de conscience sentimentale fort joliment écrite via un thème de cartes à jouer. Les arrangements comptent une pléiade de guitares rutilantes qui se marient absolument à la voix lumineuse et énergique d'Alex. Je souris à l'écoute du mordant et amusant Les mexicains, où batterie et guitares font rayonner les harmonies pour offrir 5 minutes de bonheur pop. Les dernières notes s'envolent majestueuses et le dernier mot de Dans le vent 'heureux' sied à merveille à l'esprit engageant, convaincant et irrésistible du disque. Au panthéon Piggledy Pop et en ligne droite.
ToolongRecords