Fujiya & Miyagi ne sont ni des pokemons, ni des centrales nucléaires posées sur des zones hautement sismiques. C’est un groupe de Brighton crée en 2000 par Steve Lewis (chant et clavier) et David Best (chant et guitare), rejoints par Matt Hainsby ( basse) et Lee Adams (batterie). Leur style bien griffé et reconnaissable est composé d’électronique sur fond de Krautrock, leurs influences étant Can et Neu. Depuis leur premier album Electro Karaoke, le quatuor ne cesse de se produire en concert, dans les festivals, de passer sur les radios et gagne en renommée.
Le titre Collarbone, apparaissant dans une série de MTV et pour des publicités, sort en vinyle en 2005 et fait décoller la notoriété de Fujiya & Miyagi qui présente le deuxième album Transparent Things un an plus tard. Suit Lightbulbs en 2008 et le fabuleux Ventriloquizzing en janvier 2011.
Les Fujiya & Miyagi dont le nom vient d'un personnage de Karaté Kid signent des morceaux electro-pop efficaces, entêtants, qui siéent aux pubs et aux séries (pub pour Jaguar, bande-son de Breaking Bad), leur notoriété dans les médias grandit depuis et s'amplifie depuis l'album de 2014 Artificial Sweeteners. Comme de coutume, Steve Lewis signe un album dansant en pulvérisant le son de synthétiseur. Son panache électro rappelle la vague de Manchester dans les années 85 faisant de son univers musical un laboratoire expérimental digne de Factory Records. Avec humour et un sacré tempo, des mots enfiévrés, répétitifs, qui est désormais leur signature, ils mettent en scène cet effet labo dans la vidéo d'Artificial Sweeteners.
Les anglais reviennent en 2017 avec le somptueux sixième album Fujiya & Miyagi qui attaque dès les premières notes de Serotonin Rushes sur un rythme envahissant, hypnotisant et fort énergique. Il comprend des EP sortis depuis 2016 qui sont disposés ici en album et de manière hétérogène. Les frissons saisissent avec To The Last Beat Of My Heart. Suit Freudian Slips qui dégaine une ambiance cold et kraut animée de l'âme des Joy Division usant d'une basse démoniaque, de guitares, de synthétiseurs mis en exergue par une production léchée et intelligente. Magnesium Flares confirme l'atmosphère de recherche médicale évoquée sur Serotonin en jouant de la rythmique séquentielle persévérante. La pop ne quitte pas les arrangements sur Outstripping (The Speed Of Light). Le titre se rapproche du son synthétique excellent des New-Order et on succombe à l'écoute de l'obstiné R.S.I. suivi de Swoon, palette de couleur sur une mélodie captivante et stylée Warehouse.
Extended Dance Mix parle des consommateurs de musique qui insufflent via internet l'effet du couperet à la création artistique, usant du lexique du corps humain qui tranche et fait mouche avant que la pop de Solitaire fasse souffler un air amoureux, plein de beats ajustés et galbés. Puis Synthetic Symphonies fait sonner les guitares et la basse, les claviers cordiaux 'indus' proches de l'univers de Cure pour finir en puissante production avec le romantique et sensuel Impossible Objects of Desire et ses machines métalliques rutilantes new-wave qui pulsent à rendre dingue le métronome.
Les talentueux Fujiya & Miyagi réitèrent ce mois de mars 2018 avec SUBLIMINAL CUTS, titre single qui présage un album à venir aussi délicieux en illuminant le genre électronique cold-pop de modernité technologique mêlé à un renouveau romantique. Ils ont toujours un coup d'avance sur les autres comme l'ont fait leurs pairs Bauhaus, Cure, Joy Division, Depeche Mode etc. J'étais fan des Fujiya & Miyagi dès 2010 et au fil du temps, je reste aussi friande de leur son addictif, aux contours sucrés et acides, si solidement pop.
Fujiya&MiyagiFujiya&MiyagiPiggledyPop2011