Last Leaves est un groupe de Melbourne et pas des moindres. Il contient quatre musiciens que l'indie connait très bien et dont la scène pop australienne pourrait difficilement se passer. Last Leaves est l'ancienne formation des Lucksmiths, comptant Marty Donald au chant et à la guitare, Louis Richter à la guitare et Mark Monnone à la basse, accueillant Noah Symons à la batterie. En Octobre 2017, les amis signent un génial Other Towns Than Ours, écrit et composé par Marty, débordant de mélodies rehaussées par son chant soyeux et abondant d'élégance. Cette réunion des Last Leaves depuis la fin des Lucksmiths est une réussite. Other Towns Than Ours débute avec une rythmique propre aux musiciens, reconnaissable à la tension de la peau de la caisse tendue avec excellence par Noah. Pour les fans dont je suis, c'est une signature chaleureuse qui manquait depuis toutes ces années.
Love and the World Well Lost est d'ailleurs en introduction un titre flash-back qui se rapporte au passé du groupe. Ce clin d'oeil est puissamment construit sur la montée des lignes de guitares qui offrent un sacré frisson. La pop sautillante fait son entrée avec Other Rivers et la basse magnifique de Mark, la guitare électrique en zigzag délicieux, la voix enflammée de Marty déclinant les saisons, les mois, un départ pour un voyage. Puis le tempo devient langoureux sur le romantique The Nights You Drove Me Home, ses tourbillons de notes avec la guitare intense et acrobatique de Louis. Thin Air et son style narratif, s'adapte aux paysages que Marty a sous les yeux 'These were the first songs I wrote after moving to the hills just outside Melbourne a few years ago, in my studio overlooking the treetops and rooftops of the valley below, so I guess it’s not surprising that they largely forsake my familiar inner-suburban milieu for the open spaces beyond — for coastal hamlets, country highways and mountainside motels'. La mélodie entêtante et dansante accompagne un texte magnifique sur la nature et le ciel, rond de sérénité et de pureté. Third Thoughts donne de la matière avec son carrousel de cordes harmonieuses, son rythme optimiste résonnant qui devient rock'n roll sur The World We Had. Les mots amoureux sont aussi solides que les montagnes environnantes et la force vocale pop de Marty se marie à la perfection à la guitare pleine de vivacité quand la mélancolie devient saisissante sur les accords voluptueux de The Last of the Light.
Something Falls galope, joyeux, sur des paroles pourtant fortes en émotion, rappelant un drame cruel qui se passe plusieurs mois auparavant dans une ville très loin et auquel Marty rend hommage. La mémoire poursuit son exercice, la nostalgie sa trajectoire sur l'air jangle pop brillant de Hinterland. Le chant resplendit, touchant, et la guitare électrique sur la basse majestueuse s'allient à la batterie énergique pour accueillir le dernier titre Where I Lived and What I Lived For. Celui-ci, à l'image de l'esprit des Last Leaves, sentimental et guerrier à la fois, montre dans les arpèges, les mots et la voix beaucoup de sensibilité et d'intelligence. Le temps y est égrené, les jours, les mois, les années pour s'envoler avec les cordes de la guitare échauffée et grandiose qui gagne tout l'espace, se retournant sur le titre choisi de l'album Other Towns Than Ours. Je tire mon chapeau à Gareth Parton et son travail d'ingénieur, producteur de The Go! Team, Foals et des Breeders ainsi qu'aux deux labels que j'aime les australiens Lost And Lonesome conduit par Mark Monnone et les américains Matinée Recordings qui firent leur tout premier concert en 1999 sur un bateau, à Paris. Le monde de l'indie-pop, déployé aux quatre coins du monde, est petit mais magique.
LucksmithsPiggledyPop2008FredAstereoPiggledyPop2008
Math&PhysicsClubPiggledyPop2018
Lost&LonesomePiggledyPop2010