En 1817, le Baron allemand Karl von Drais von Sauerbronn invente un engin, cadre en bois qui relie deux roues, enfourché comme un cheval que l'on fait avancer en frappant le sol avec les pieds pour donner de l'élan. L'objet est souvent doté d'une tête de cheval à l'avant, sculptée dans le bois, d'où le nom anglais Hobby-horse. Drais vient présenter son appareil à Paris au jardin du Luxembourg en 1818. Le véhicule n'a pas un franc succès, ceux qui s'y essaient tombent comme des mouches, et malgré la moquerie ambiante, obtient un brevet en France et est appelé Vélocipède ou Draisienne. Même si c'est un écossais en 1839, Kirkpatrick Mac Millan qui est le premier à perfectionner la Draisienne en entraînant la roue arrière à l'aide de leviers pour équilibrer le vélocipède, c'est de nouveau à Paris, en 1865, qu'un grand pas est franchi avec le français Pierre Lallemand (drôlement nommé), améliorant la draisienne à l'aide d’une pédivelle fixée à la roue, qui deviendra la pédale. Il déposera son brevet adopté au états-unis en 1867, fait fortune et rentre en France où, à Paris, une première usine de fabrication ouvre et la mode part en flèche quand Napoléon III offre l'engin à son fils qui se fait appelé ironiquement Prince impérial Vélocipède IV.
La guerre de 1870 en France met un frein au développement de la draisienne utilisée essentiellement, donc, par la bourgeoisie. Par contre, en Angleterre, elle est très populaire! Arrive le Grand-Bi doté d'une roue avant haute de 1,30 m et d'une roue arrière de 0,30 m de diamètre seulement. D’abord en bois, il mute et devient un géant d’acier en augmentant la taille de la roue avant, où se trouvent les pédales, permettant une meilleure vitesse de déplacement et surtout une plus grande distance parcourue sur un coup de pédale. On arrivera à des roues de 3 mètres de diamètre ! Autant dire que les Grands-Bis, équipés de freins à patin à l'avant mais aucun frein à l'arrière, ultra instables, offraient des chutes spectaculaires.
En 1885, John Kemp Starley met sur le marché la Bicyclette de sûreté, beaucoup moins dangereuse que le Grand-Bi, avec un cadre en croix où les pédales sont installées et les deux roues de la même taille sont reliées par une chaine. Starley fait entrer le cyclisme dans 'l'age d'or'. Le Grand-Bi est détrôné par la bicyclette. 1988, John Boyd Dunlop, vétérinaire, améliore la roue en caoutchouc rempli d'air, suivi en 1891 par les Français André et Edouard Michelin qui séparent la chambre à air du pneu. Quant au côté 'savety', il était relatif. Le frein à rétropédalage, que l'on actionne en pédalant en arrière, très populaire au XXe siècle, pouvait vite faire oublier le caractère ludique de la machine mutante.
Au début, l'éclairage des cycles était constitué d'une bougie puis d’une lampe à huile montée à l'avant. Certains ont dû avoir chaud à la barbe. Dans le domaine 'pas rigolo' arrivera en 1893 une loi instaurant une taxe sur les vélos, de 10 francs par an. Une plaque métallique indique le nom du propriétaire et s'il s'est acquitté de l'impôt. L’impôt sur les vélocipèdes sera définitivement supprimé en 1959 par un arrêté de décembre 1958. En 1897, un chroniqueur de l'Auto-vélo, Edouard de Perrodil, émet l'idée d'un 'orchestre avertisseur' en guise d'avertisseur sonore. La question qui tarabuste le monde alors est, faut-il entendre l'avertisseur de manière constante ou intermittente. Une cloche? Un grelot? Une trompette? La question est l'objet d'un arrêté ministériel pour apaiser le mécontentement public.
Le loisir du vélo devient un sport et en France, c'est en Normandie qu'eût lieu la première course cycliste officielle avec la Paris-Rouen dès 1869 puis Bordeaux-Paris et Paris-Brest-Paris en 1891, Liège-Bastogne-Liège en 1892, Paris-Roubaix en 1896 et le Tour de France en 1903. La bicyclette est devenue pour les hommes et pour les femmes un symbole de liberté et cet engouement, notamment celui des femmes pour le cyclisme est raconté par Émile Zola dans Paris en 1898. L'époque est à la large, longue et lourde robe à crinoline ne permettant la conduite qu'en amazone.
Voici donc un autre objet de mécontentement et surtout d'accidents ébouriffants. Une nouvelle toilette de promenade s'impose et après avoir testé le retrousse-jupe, c'est la jupe-culotte ou pantalon bouffant, qui seront appréciés. En 1896, on peut lire dans l'Echo de Paris " les jupe-culottes, demi-divisées pour bicyclettes de dames, impossibles à distinguer d'une jupe de ville...' ou encore en 1899 dans Le Sport universel illustré, 'La culotte est admise, ou plutôt elle est tolérée mais, c'est à la jupe ou à la jupe-culotte, costume lourd et peu propice aux grandes pédalées, que vont les faveurs de la masse'. En 1901, la jupe demi-cloche, s'arrêtant à la cheville fait son apparition dans La Mode illustrée ou encore la jupe-parapluie se découvre en 1908 dans Les Vrilles de la vigne de Colette.
En 1936, des milliers de cyclistes fleurissent sur les routes de France en tandem ou en triplette, traînant des remorques remplies de bagages. Cette année là, 8 millions de bicyclettes sont en circulation arborant sacoches en cuir ravissantes et gourdes multicolores, des pompes qui font pschiiiiit à devenir dingue, des porte-bagages délicieusement tape-culs mais qui offriront toujours les meilleurs honneurs à notre Petite-Reine tant aimée.
NB: Petite Reine vient de Wilhemine, reine à 10 ans, fille de Guillaume III des Pays-Bas quand elle prend ses fonctions en 1890 à la tête de l’Etat néerlandais. Elle a la particularité de ne se déplacer dans tout le royaume qu'à bicyclette, adorée par son peuple qui la surnomme 'la petite reine à bicyclette'.
Bourvil - A Bicyclette
Elvis Costello & Anne Sofie von Otter (cover Tom Waits) - Broken Bicycle
Engelbert Humperdinck - Les Bicyclettes de Belsize
BMX Bandits - Wheatus
Pink Floyd - Bike
Chemical Brothers - Velodrome