Apparue l'an passé avec le single Dynamite, titre qui lui va comme un gant, la clique de Melbourne est composée de Jack Foy, d'Erik Scerba et de son auteur-compositeur chanteur Harry Hayes. Ces garçons qui ont de l'or au bout des doigts jouent dans d'autres groupes, avant de réunir et concentrer leurs talents respectifs en l'association Barry Bays. La légende raconte que Harry écrit et compose au fond du jardin, entre pioches, râteaux et brouettes. A l'écoute du deuxième single Water Your Plant, je ne me sèvre pas à y croire. Les artistes ajoutent ces deux titres au génial album Sheds qui sort en septembre 2018.
Spanakopita, morceau de 53 secondes ouvre l'album en désignant délicatement le leitmotiv des textes, la rupture sentimentale. C'est sur des accords de guitare doux et subtils, que la dulcinée concernée va en prendre pour son grade. Ce qui ne tarde pas à arriver avec Dynamite qui suit. Harry Hayes, multi-instrumentiste et producteur remplit les mélopées de sa veine psych-pop, en jonglant facilement avec les styles, montrant sa dextérité technique et son brio inné pour composer. Dedhed, fleuri d'une instrumentation riche et de voix en chorale entêtante, offre une pépite pop sculptée de cordes et de claviers, d'une rythmique sublime exécutée par Jack. La construction alternative se mue en air psychédélique hypnotique façon Syd Barrett, où le clavecin seventies repart en croisade rock sur White Shoez N' Tattooz. C'est alors que s'immiscent des harmonies géniales sixties, un groove explosif juste fait pour danser. Dans le sillage de ce tempo puissant, Barry Bays poursuit l'enchantement avec Water Your Plant.
Ironie et sarcasmes se retrouvent dans les métaphores du jardinage ou de la mer mais aussi dans l'instrumentation rythmée à la douce saveur groove. Les arrangements font des loopings délicieux sur les cordes de la basse, des guitares et sur la batterie souriante. Quand Active Apparition se glisse dans les oreilles, le même ton incisif prend la forme du marteau, sur une mélodie ascensionnelle, parsemée d'accords grandioses groovy et pop. La mélodie langoureuse bombarde des paroles aiguisées qui me donne envie de chanter à tue-tête : 'i’m still here, i’ll keep my distance, a sentence on myself since the judge hit the hammer, im ima ima ima ima...i’m fine where i stand cause i know my ground well, i’m fine in my hand cause i ain't bound to your spell'. Il arrose le tout avec un dernier morceau magistral de 11 minutes, Turn. Le titre avec ses notes mellow, sensuelles gagne un éclat psychédélique au fil des notes pour offrir un dernier chapitre monumental instrumental agrémenté de bruits d'océan, d'oiseaux. La production raffinée est époustouflante. L'ambiance galvanise, la symbiose des titres est parfaite, Sheds des Barry Bays est un chef d'oeuvre pop flamboyant qui me cueille et se place sur les étagères de Piggledy Pop, naturellement.
BarryBays