mardi 14 août 2018

Dent May

Je parle de l'artiste en 2009 : "je me délecte du titre de Dent May, God loves you Michael Chang. Il est issu du délicieux album The good feeling music of dent may & his magnificent ukulélé sorti en Février 2009. L’ambiance qui règne dans cette chanson est prompt au style du tennisman et démontre que Dent May est un artiste ovni craboté d’un extra-terrestre de la pop, apparu un jour de 2008 sur les berges du Mississippi". "L’artiste a surement du sang de Tom Sawyer dans les veines. Sa personnalité pousserait volontiers les premiers de classe à faire l’école buissonnière (...) Subtilement comique, charismatique, il se distingue par le ukulélé, comme cité dans le titre d’album. Un peu crooner, roi de l’auto-dérision, il chante comme un équilibriste sur son vibrato et ses cordes vocales des années 50, un collier de fleur hawaien autour du cou. Il y a chez lui le swing et la sensibilité de Serge Gainsbourg et de Lee Hazelwood, ses deux références.



Peu étonnant de lire dans sa biographie qu’il a étudié à la NYU Film School. Chacun de ses titres forme une sorte de court-métrage avec des paroles très imagées qui se lient à la musique habillées de cordes et de cor (...) Dent May est un romantique loufoque et charmant doté d’un talent phénoménal de composition et d’interprétation."

DentMayPiggledyPop2009

Le gentleman pop, dandy sous tous rapports, déménage en 2011 d'oxford dans le Mississippi pour poser ses bagages en Californie. C'est à Los Angeles que Dent May signe le single Fun la même année, puis l'album amoureux Do Things en 2012, sunshine, disco, saccharine pop, toujours blindé d'humour et d'harmonies sixties ciselées. Suit en 2013 l'autre pièce majeure Warm Blanket, composée et interprétée par le multi-instrumentiste américain. En 2016, le missile pop Face Down In The Gutter Of Your Love parait et montre un Dent May haut en couleurs, se donnant dans la composition, l'instrumentation et le chant.



Il y a un an, le sublime Across the Multiverse parait comprenant tout le talent rayonnant de l'artiste. La veine de Harry Nilsson et de Brian Wilson, ajoutée à l'esprit drôle, aux paroles imagées et aux harmonies de cordes et de cuivres est un pur moment de grâce pop. Avec ses titres dignes de coups de projecteur sur ce que l'inconscient du bipède à tendance à enfouir par manque de lucidité et surtout de courage, je savoure cette franchise et spontanéité davantage. L'entrée de l'antique grand piano sur Hello Cruel World comme introduction me semble brillamment choisi. Le tempo funky accompagne des paroles sarcastiques évoquant les écrans de télévision, de cinéma et le reflet surnaturel qui caresse l'égo. Puis la basse et la guitare alliées aux violons et aux trompettes jouent une Across the multiverse sensuelle et vitaminée ornée de la voix de Frankie Cosmos, chanteuse dont le nom inspire manifestement l'auteur-compositeur qui joue de la métaphore 'Light years away from your planet Out here alone I was stranded, Beyond space and time, Your cosmic devotion materialized'. Le mouvement et la rythmique de Dream 4 Me sautille gaiment sur le thème de l'amour irradiant la guitare d'un funky détonnant ; Idem pour le groove de Take Me To Heaven aux gammes chaleureuses et croustillantes.




90210 et son tempo croonant évoque l'adaptation de Dent May fraichement arrivé en Californie, qui se rend à une soirée 'caviar, champagne, piscine, palmiers et chirurgie esthétique' avec ses vêtements bon-marché et son bon esprit. La rythmique vitaminée, l'instrumentation de cuivres et de claviers electro-pop de Face Down In The Gutter Of Your Love pousse, avec son enthousiaste thème de l'adultère, à danser. Puis le boogie mélodieux de A Little Bit Goes A Long Way offre une mélopée superbement construite pour parler de l'amour à distance, porté par des images d'espace et de temps. Les guitares et basse scintillent majestueuses sur le titre plein du chant somptueux de Dent May qui enchaine sur un Don't let Them grandiose, arrangé de piano, violons et guitares et les thèmes leitmotiv de la galaxie, des étoiles et de la lumière, qui siéent à merveille aux instrumentations. L'esprit piquant et excentrique reprend du service sur I'm Gonna Live Forever Until I'm Dead, ou l'humour et humilité intraséques au personnage swinguent et virevoltent via les claviers, donnant une fibre joliment distinguée et charismatique à contrario des soirées chloroformées et plastifiées "I'm doing all that I can, Just me and my guitar and a little piano, I've got a new song, Won't you sing along?"

Cette différence, cette distance semble préservée par le musicien authentique qui termine sur le poétique et cadencé Distance To The Moon, en écho au premier titre de l'album Hello Cruel World. "The atmosphere can be an awful place I spread my wings until they make me burn and break, This hopeless planet don't got much for me no more", "And so I'll build a great big ladder up to you, my love, And I will climb and climb and climb until I hold you in my arms, Yet I keep on falling back to Earth"

Dent May signe un album qui balance entre l'amour éperdu et le désarroi, le chaud et le froid, sur une trame cosmique comme pour échapper à la réalité qui à son sens est délétère. L'esprit taquin et réjouissant qui cache des angoisses habille ses harmonies avec brio. La finesse resplendit dans les accords travaillés, les mots imagés et l'interprétation émouvante. Le constant et brillant Dent May offre un Across the Multiverse affirmé et solide ; Une pure merveille.
DentMay



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