Leur son marqué et typé, leur style rétro eighties moqueur des Daft Punk et consorts forment un cocktail de délices. Depuis 2016 et l'album opus Living Alone, Video Age offre des chansons électro-pop addictives qui surfent légères et dansantes sur de véritables mélodies. Les deux compères américains Ross Farbe et Ray Micarelli expérimentent leurs synthétiseurs avec magie pour offrir un résultat vintage qui rappelle le doux son du vinyle, feutré et velours, bien que les instruments soient synthétiques. Les titres au tempo diablement prononcé s'enchainent avec un panache notable, une vivacité estivale grâce à l'instrumentation, au chant magnifique qui donne du cachet et aux textes, fripons, malins et efficaces. Avec les deux Video Age, maestro de retrosynthpop qui assurent toute l'instrumentation et la composition, il y a sur certains titres la présence de Duncan Troast aux synthétiseurs, Nick Corson à la basse et Jordan Odom à la guitare. Les harmonies funky, disco, sont cultivées, intelligemment dosées. Les paroles sont savoureuses d'esprit drôle et mordant dans lesquelles on se réfugie avec joie.
Cette âme artistique finement proposée sur l'album Pop Therapy sorti le 15 juin 2018 chez InflatedRecords s'étend et s'entend sur chaque morceau. On se laisse porter dès les premières notes de Lover Surreal, souriantes et anachroniques. Le plongeon dans les eighties est immédiat avec les claviers lounge et si on tend l'oreille, on entend même une flûte soprano. Les dès de l'humour sont jetés sur ce single fulgurant qui est suivi de l'autre bijou pop du même gabarit, Pop Therapy. L'ombre des Daft Punk vient planer pour une élégante moquerie qui tend le sourire jusqu'aux oreilles. Les claviers sont délicatement imprégnés d'une voix robotisée, de funk parodique et paradisiaque. La taquinerie qui se mélange à l'hommage se poursuit sur Days to Remember avec sa basse et ses guitares fantastiques. Le style vintage est exploité dans les paroles, et l'effet est accentué par le génial wah compressé des synthétiseurs. La soul entre en piste, voltigeante, fustigeant un downtempo sensuel sur le sentimental Hold On (I Was Wrong). Car de l'amour, il en est fort question dans ces superbes mélopées de Video Age, mettant du boogie suranné sur l'instrumental User Patterns qui ouvre un chemin romantique et old-school au magnifique Paris to the Moon.
Tandis que la synth-pop funky est à son avènement, la virée rythmée et sucrée continue, insufflant un No Tomorrow à l'esthétique époustouflante. Les claviers et la guitare gambadent joyeusement. Les douces vibrations et sensations poursuivent sur Echo Chamber grâce au tempo percutant et aux effets de voix absorbants. La saveur et l'originalité des Video Age est dans l'utilisation modérée et harmonieuse des claviers, soutenus par la basse et la guitare. Cette fine instrumentation rehausse l'écrin synth-pop de soul sur Scenic Highway. Puis le romantique, terriblement séduisant Is It Her? nous rappelle la naissance de la basse Fender, du Moog Clavinet, et surtout de la funkadelic dérivée du jazz-funk, née à la Nouvelle-Orléans, berceau des Video Age.
Cette rythmique extensible et modulable à volonté se retrouve sur le dernier titre Dare to Dream, clin d'oeil rieur avec la voix façonnée robot pour un ultime et subtil moment de groove. La recherche de style dans le son, le chic dans la composition nostalgique donnent un ensemble de titres raffinés, follement attirants. Pop Therapy de Video Age en guise de thérapie soigne bel et bien mes petites oreilles et me plait tant qu'il se hisse facilement dans le panthéon de Piggledy Pop. A suivre...
VideoAge