dimanche 8 juillet 2018

Essex Green

Je suis fan des Essex Green : Jeff Baron, Sasha Bell et Chris Ziter. Depuis les débuts, j'en ai parlé moult fois sur d'autres sites de musique où je prêtais ma plume et les ai diffusé aussi à foison dans mon émission de radio. J'en parle ici naturellement en 2011. Les Essex Green m'animent. Cela ne s'explique pas, c'est l'effet magique que produit la musique. EssexGreenPiggledyPop2011


Le groupe de New-York était sorti des radars depuis de longues années, depuis Cannibal Sea de 2006. Il avait fait paraitre trois albums auparavant, Everything Is Green et The Essex Green en 1999, à tomber par terre, et The Long Goodbye en 2003, à se rouler par terre, tant qu'on y est mais avec la crainte secrète que le titre soit significatif. Les aficionados connaissent les excellents projets antérieurs à Essex Green comme Guppy Boy de Jeff Baron et Saturnine monté avec sa soeur Jennifer Baron. Jennifer a eu la gentillesse de répondre à mes questions sur Piggledy Pop il y a cinq ans au sujet de son projet Garment District : JenniferBaronInterviewPiggledyPop2013



Les Essex Green ont leur style, leur âme et sont des créateurs de chansons pop mélodieuses, alternatives, tout en liant des accords soit psyché sixties soit folk. Leur panache tient du feu contemporain qui les habite, des références musicales, classiques, sixties et seventies qu'ils tiennent parfaitement du bout des doigts pour les remodeler en mélopées délicates ou effrontées, très actuelles.
Comme nous l'avions deviné, The Long Goodbye et Cannibal Sea annonçaient effectivement un long Au revoir qui s'étirera sur douze années. Ce 29 juin 2018, Essex Green revient avec un Hardly Electronic pour nous combler de joie. Son titre, toutefois, nous guide sur une piste comme le groupe le fait toujours. Matures, sereins, dans la même veine musicale énergique et dansante, les thèmes creusent les sillons du bilan, du constat avec la fibre élégante et poétique qui les personnifie.



Dès les premières notes de Sloane Ranger les oreilles frétillent auréolées des guitares de Chris Ziter et de Jeff Baron alliées à l'orgue de Sacha Bell, le mélange essentiel, si particulier aux Essex Green. Le tambourin et la télécaster brillent de mille feux et les voix en chorale qui accompagnent le chant somptueux et vitaminé de Chris, galopent joyeusement pour imager un départ vers une belle aventure. Puis Sacha prend les rênes sur 710 à l'instrumentation fleurie de son grain de voix singulier, du claphands et de sunshine-pop. Les amateurs de pop ne s'y tromperont pas et reconnaitront les premières notes de basse sur Don't Leave It in Our Hands, dont l'oeil flirte avec un certain Cannonball des Breeders. Plus offensif, le titre au tempo rock et énervé tranche dans son instrumentation et dans son texte. Le merveilleux alternatif In the Key of Me offre une section de cuivres, une orchestration profilée rétro sixties superbe, façon Harry Nilsson et Burt Bacharach. Modern Rain vient mettre sur la table des arrangements électriques qui nous ramènent au nom de l'album, idem pour Slanted by Six en plage 11. Délicieusement typée Beatles, la mélodie conduite par les violons seventies et les distorsions de guitares est mariée à un texte métaphorique merveilleusement incisif. Catatonic avec la fraicheur féminine de Sacha offre de jolies paroles quotidiennes avant d'enchainer sur le sublime Patsy Desmond qui laisse filtrer un message touchant et avec lequel on prend de la hauteur. Les cieux y sont déchirés, l'air d'acier est allégé par l'alchimie mélancolique des mots, le jeu de guitare divin de Jeff et le chant de Chris, duo irrésistible.



L'âme de cowboys des Essex Green revient au galop sur la country Bye Bye Crow. Le titre ponctue l'écoute avec une virée dans la verte et mystique dame nature, tout comme Waikiki qui nous berce de son atmosphère maritime ensoleillée. Banjo et basse se mêlent sur le génial January Says pour dessiner une ballade toute en nuances, composée d'harmonies vocales volcaniques tout en destituant la fameuse 'January' de ses fonctions d'enjôleuse. Derechef, on repart au rythme de la batterie qui canonne vivace sur l'orgue et la trompette et sur les deux voix de Sacha et Chris pour mener la troupe sur les rails pop. Another Story semble guider vers la fin de l'album lentement, avec un texte âpre et une histoire privée mais qui laisse vite la place à un magnifique Bristol Sky, avec pour finir, une mélodie, une véritable douceur dans la voix qui mérite et enveloppe l'attention. Avec son univers musical énigmatique, Hardly Electronic des Essex Green nous ramène avec ses envolées de voix vaporeuses, elfiques et ses arrangements de guitares poignants, à une tendre fusion entre le passé et le futur, à l'union des pôles du mysticisme et de la poésie .
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