J'écoute Peter Perrett & The Only Ones en permanence, parce que chaque mot chanté m'électrise, chaque note jouée me trouve. Le poète signe l'album How the West Was Won l'été dernier, produit par Chris Kimsey (Rolling Stones) entouré de ses deux fils Jamie à la guitare et Peter Jr à la basse, tous les deux ex-membres des Babyshambles et leaders de Love Minus Zero. Essentiel et époustouflant, ils comptent sur Jake Woodward à la batterie.
L'élégance débonnaire, la poésie rock'n roll, sa voix qui claque, son esprit sarcastique, tout me séduit dans l'univers artistique de l'anglais. Il apparait avec The Only Ones en 1976, ses chansons power-pop punk connaissent un succès fulgurant puis suit un hiatus de plusieurs années. Il crée The One dans les années 90, fait des apparitions sur scène avec les Libertines en 2004 et relance The Only Ones en 2007.
Finalement, c'est sous son nom qu'on retrouve le grand auteur-compositeur à son meilleur avec le fantastique 10 titres How The West Was Won paru en juin 2017. Alors que certains médias le surnomme l'Homme Fatal, il y a effectivement, sur ce point je suis d'accord, l'âme du Velvet Underground qui vient visiter vibrante chacun des morceaux. Cela ne peut que me réjouir. Cette évidence apparait dès les premières notes de How The West Was Won. Mélodiquement, c'est sublime et fort. Sur le plan de l'écriture, c'est grandiose. On retrouve les métaphores du génial Perrett, chantées avec panache et classe. Son sentiment balaie l'Ouest jusqu'à l'Est, culture et politique sont chiffonnées, en casant l'amour et l'humour au beau milieu. An Epic Story entre en scène pour un régal pop alternatif de trois minutes où Peter subjugue sur les guitares, basse et batterie somptueuses. Le bijou pop est une déclaration d'amour touchante qui donne envie de danser frénétiquement. Ses mots impétueux, au toupet rieur portés par sa voix rock'n roll et sensuelle à la fois, toujours vive, apportent une allure puissante supplémentaire. La littérature, les livres sont présents, alliés à la musique comme sur Hard To Say No, belle balade temporisée par les guitares et les choeurs pour dénoncer les indécis, les petits courageux planqués. Puis la magnifique Troika évoque un amour unique et ultime manqué, sur des accords en guise de boulet de canon indie-pop. La mélodie endiablée par la guitare électrique impressionnante devient sérieuse sur Living In My Head pour évoquer les délires et leur dangerosité frontale, idée poursuivie sur Man Of Extremes. Ce titre fabuleux fait bouger la tête, les bras et les jambes, si vous êtes assez sensibles, avec sa basse fulgurante et un texte tranché, beau, plein de vérité et de réalisme "If we could be reborn, And start it all again in unrelated times, Far from the raging storm, With no need to depend on a life of crime, Though it's justified, it's a sick society, There's no place left to hide, There's no place left to be free. "
Les notes majestueusement velvetiennes de Sweet Endeavour arrivent aux oreilles et cela devient difficile de maitriser ses mouvements. La mélodie galope et bondit sur les neurones en faisant valser les cordes et les caisses de batterie sur le chant absorbant, lucide, brillamment ajusté. Le romantisme vient habiller un texte fort émouvant, sur C Voyeurger qui emmène en voyage dans son intimité. Son auteur avoue ses sentiments les plus sincères et qu'il n'aurait jamais dû monter dans ce train...
La rythmique remet le pied à l'étrier sur Something In My Brain, à l'instrumentation rock psychédélique fière, solide de métaphores pour évoquer drogues & co comme Lou Reed employait le même talent pour parler du sujet. Take me Home ferme le rideau rock et pop underground avec ses arrangements de claviers sublimes, ses échos dans les guitares et les mots de Peter qui offrent des frissons garantis saignant d'encre pour écrire sur la guerre. Peter Perrett ne change pas, il rajeunit parfois, à croire que son don pour composer est une cure de jouvence. L'artiste nous lance un How The West Was Won énorme de qualité et frappe fort. Même si je le vénère déjà, Peter Perrett gagne définitivement mon admiration.
PeterPerrettThe Only Ones 1979 - Another Girl Another Planet