Adaptation du roman graphique signé de Joff Winterhart, illustrateur et musicien britannique qui se fait remarquer en 2018 avec le roman BD Courtes distances, grandement salué par les critiques, le film Days of the Bagnold Summer sorti en salle en 2019 est dans la même veine. Le réalisateur Simon Bird qui se révèle excellent avec ce long-métrage stylé, à l'humour 'so british' émouvant, respecte avec talent l'esprit de l'auteur, ses personnages réalistes, ordinaires, si poignants, toujours accompagnés d'un chien, et offre au film des atours de dessin animé par les techniques, les couleurs, les caractères ancrés.
L'esthétique pop-art mêlant douceur et énergie, montre une Angleterre contemporaine encore nostalgique de romantisme, de sentiments et d'humilité. Le film est une ode à la complexité de l'adolescence entre mélancolie, tristesse et révolte et du quotidien d'une mère célibataire livrée à elle-même, ordinaire et dévalorisée qui reste malgré tout avec son instinct maternelle, protectrice et tendre.
Le synopsis : Daniel et sa mère Sue vivent tous les deux avec leur chien dans une petite ville anglaise pavillonnaire. Les parents de Daniel sont divorcés et son père que l'on devine matérialiste est parti pour une seconde vie aux USA où il est remarié. Daniel se sent effacé et dénigré par celui-ci quand son projet de vacances d'été est annulé à la dernière minute par le père dont la nouvelle femme est sur le point d'accoucher. La déception est grande, accentuée par la perspective ennuyeuse de passer ces six prochaines semaines estivales à la maison avec sa mère.
Tous les éléments s'opposent, les vêtements roses pour Sue, noirs pour Daniel fan de Metallica, le style rangé, naïf et introverti versus le style débonnaire, blasé, en colère, ou encore la musique, la cuisine...mais pas leur chien qui est celui qui désamorce la froide distance entre mère et fils, qui les réunit et permet la communication voire, la complicité qui se noue au fil du film.
Les acteurs, la magnifique Monica Dolan (Call the Midwife, Pride, Eye in the Sky etc) et Earl Cave (fils de Nick Cave) sont fabuleux. Le réalisateur Simon Bird (The Inbetweeners) décide de demander à Stuart Murdoch de bien vouloir écrire la bande son qui sera donc pour couronner le tout signée Belle and Sebastian. Le musicien écossais offre pour l'occasion une chanson inédite écrite en 1994 qui entre délicieusement en symbiose avec le thème de l'adolescence. La musique de Days of the Bagnold Summer épouse avec génie les images, le rythme et l'âme du film que je conseille parce que c'est un petit chef d'oeuvre pop qui vous fera sourire du début à la fin.