dimanche 29 novembre 2020

Days of the Bagnold Summer

Adaptation du roman graphique signé de Joff Winterhart, illustrateur et musicien britannique qui se fait remarquer en 2018 avec le roman BD Courtes distances, grandement salué par les critiques, le film Days of the Bagnold Summer sorti en salle en 2019 est dans la même veine. Le réalisateur Simon Bird qui se révèle excellent avec ce long-métrage stylé, à l'humour 'so british' émouvant, respecte avec talent l'esprit de l'auteur, ses personnages réalistes, ordinaires, si poignants, toujours accompagnés d'un chien, et offre au film des atours de dessin animé par les techniques, les couleurs, les caractères ancrés.



L'esthétique pop-art mêlant douceur et énergie, montre une Angleterre contemporaine encore nostalgique de romantisme, de sentiments et d'humilité. Le film est une ode à la complexité de l'adolescence entre mélancolie, tristesse et révolte et du quotidien d'une mère célibataire livrée à elle-même, ordinaire et dévalorisée qui reste malgré tout avec son instinct maternelle, protectrice et tendre.



Le synopsis : Daniel et sa mère Sue vivent tous les deux avec leur chien dans une petite ville anglaise pavillonnaire. Les parents de Daniel sont divorcés et son père que l'on devine matérialiste est parti pour une seconde vie aux USA où il est remarié. Daniel se sent effacé et dénigré par celui-ci quand son projet de vacances d'été est annulé à la dernière minute par le père dont la nouvelle femme est sur le point d'accoucher. La déception est grande, accentuée par la perspective ennuyeuse de passer ces six prochaines semaines estivales à la maison avec sa mère.



Tous les éléments s'opposent, les vêtements roses pour Sue, noirs pour Daniel fan de Metallica, le style rangé, naïf et introverti versus le style débonnaire, blasé, en colère, ou encore la musique, la cuisine...mais pas leur chien qui est celui qui désamorce la froide distance entre mère et fils, qui les réunit et permet la communication voire, la complicité qui se noue au fil du film.

Les acteurs, la magnifique Monica Dolan (Call the Midwife, Pride, Eye in the Sky etc) et Earl Cave (fils de Nick Cave) sont fabuleux. Le réalisateur Simon Bird (The Inbetweeners) décide de demander à Stuart Murdoch de bien vouloir écrire la bande son qui sera donc pour couronner le tout signée Belle and Sebastian. Le musicien écossais offre pour l'occasion une chanson inédite écrite en 1994 qui entre délicieusement en symbiose avec le thème de l'adolescence. La musique de Days of the Bagnold Summer épouse avec génie les images, le rythme et l'âme du film que je conseille parce que c'est un petit chef d'oeuvre pop qui vous fera sourire du début à la fin. 

mercredi 25 novembre 2020

Marvellous Bastards

Marvellous Bastards
est un groupe grec de pop-rock funky psyché merveilleux. Originaire de Thessalonique, région de Grèce qui abrite une ruche d'excellents musiciens comme Naxatras ou Ta Ta Boy dont je parle ici, le trio vient de faire paraître ce 12 novembre 2020 un premier disque ébouriffant de qualité : Bad Toys

Avec Panos Doucas au chant, Dimitris Papastergianos à la guitare et Ilias Garilas à la basse, Marvellous Bastards offre huit titres blindés d'énergie et d'impulsion. 



Hell accroche illico avec l'électricité dans les cordes, la caisse gaillarde et la voix de Panos qui dégage une force herculéenne pour évoquer ses sentiments. 

A la manière de Gorillaz pour les notes funk et de Louis XIV pour les lignes de guitares rock en canon, Mesmerized solidement écrit et addictif est suivi du fabuleux Ask qui ne perd pas en ardeur dans les accords et le chant vainqueur. Le mythique Sister est aussi armé d'harmonies hip-hop trempées de caractère.



Les guitares fantastiques se font groovy et percutantes sur la batterie impressionnante de Bad Toys. La charge continue avec le royal Permanent distraction, décomplexé dans les paroles qui réveillent et son funk déterminé splendide. La myriade de beats intelligents et perspicaces de Fortified fait rayonner la ligne mélodique comme sur l'entêtant final instrumental Those bastards. Bad Toys est travaillé, le chant en permanente fusion sur les instruments au tempo groovy est ravageur et les Marvellous Bastards électrisants de charisme sont classés dans le top des nouveautés 2020 Piggledypop.
MarvellousBastards

lundi 23 novembre 2020

Odessey & Oracle

Apparus en 2015 avec ... and The Casiotone Orchestra, puis en 2017 s'illustrant avec le sophistiqué et garni de sonorités sunshine pop Speculatio, les amateurs de Robert Wyatt, Brian Wilson et de Jean-Sebastien Bach, Odessey & Oracle, viennent ce 16 octobre 2020 de signer l'excellent album Crocorama. Le groupe empreinte son nom à une chanson des Zombies et la référence artistique y bat son plein.



Chercher maman ouvre le bal baroque pop avec un tempo sensuel sixties délicieux et des paroles chantées par Fanny L'Héritier, panachées d'images rétro idéales aux harmonies de flûte traversière de Mathilde Bouillot et de clavecins jouées par Alice Baudoin. La fine et bien pensée ironie inonde les mélopées ainsi que les termes médiévaux digne d'une invitation élégante dans un passé lumineux, à des voyages mirifiques, comme sur Les poupées mécaniques ou Le Manège



Je suis l'Endormie accueille le brio à la basse et à la guitare de Guillaume Médioni avant la rythmique ensoleillée et samba magnifique de Roméo Monteiro sur Mascara. Guillaume, qui est aussi joueur de viole de gambe accompagne au chant Fanny, pianiste et violoncelliste, sur le fabuleux Crocorama qui croustille et découpe en morceaux la dite 'élite' actuelle qui de par ses valeurs inexistantes et sa morale guère plus apparente, perd son titre d''élite' et finira mal. La même idée de dictature apparaît joliment sur Les Enfants, aux allures délicatement vintage réussies . L'alternative et psychédélique Antoine Rouge relate les tensions dans les banlieues et le silence de ceux qui y vivent et qui subissent.



Le brillant instrumental Mélodie #1 redore l'atmosphère et agrée en majesté les notes de clavecin de Ferdinand L'Albigeois 'qui composait pour le Roi rondeaux et canons à six voix', et sa mélodie pop revigorante et électrique qui est suivi du merveilleux et chaleureux Mélodie #2. La présence à la trompette de Gilles Poizat et à la batterie de Josselin Varengo, les flûtes, les rythmiques brésiliennes et la voix radieuse de Fanny, le talent de Guillaume et d'Alice, forment un Crocorama fort délectable. Odessey & Oracle qui aime mêler la musique baroque, médiévale et de la Renaissance à la contemporaine, est classé dans les meilleurs groupes français sur Piggledypop.
Odessey&Oracle

Bon Enfant

Bon Enfant
est un groupe de musiciens québécois amis qui compose des mélopées pop 'bon enfant' et joue à l'unisson avec humour et fantaisie comme l'est la description bandcampienne : " un florilège de pop québ aux grooves bien-allants (...) Des chansons en français certain, mais en français poilu - comme Molière avec une barbe (...) marquées par des intérêts croisés pour le médiéval fantastique et le vin. Un véritable buffet pour les sens dans vos oreilles."
Daphné Brissette au chant et Guillaume Chiasson à la guitare, tous les deux à la composition et écriture, accompagnés de Mélissa Fortin aux claviers, Étienne Côté à la batterie et Alex Beauregard à la basse, offre en novembre 2019 le disque Bon Enfant



Ding Dong ouvre l'album de bon aloi et Aujourd'hui qui suit, semble toujours d'actualité en 2020 quand Daphné entonne " y'a rien qui change, tout est pareil ". Faux pas et son clavier psychédélique nous entraîne sur un pas de danse dans le questionnement. Le tempo engageant de Petites batailles a beau évoquer une mésalliance indissoluble, il reste ensoleillé de notes affriolantes. Après l'instrumental souriant Ode aux pissenlits, la langoureuse L'hiver à l'année est teintée d'une belle ambiance canadienne folk neigeuse, romantique et métaphorique. Les saisons parsèment les notes scintillantes jouées par les guitares, la batterie gaillardes et les voix en chorale de Ménage du printemps et de Magie pleine de swing estival.

Liste Noire établit de façon plus claire et rock la mésentente d'un couple quand Insomnie au boogie chavirant propose six minutes psychédéliques bienveillantes. A l'abri termine le disque fort gracieusement, reprenant la notion du temps qui passe avec légèreté et adiaphorie : 'il y a des missiles qui passent au dessus de nos têtes, mais on s'en fout, on a mieux à faire. Même si les horloges comptent à rebours, on ne compte plus trop les jours.' Bon Enfant est un régal musical à consommer sans compter cet hiver prochain. 
BonEnfant

Queen of Jeans

Queen of Jeans
est un trio de Philadelphie qui décrit lui-même avec humour sa pop comme 'denimcore'. Elle est de fait constituée de power, coiffée d'indie, de notes jungle avec des accents psychédéliques des années soixante ou rock alternatif des nineties. La fibre coton denim de l'album If you're not afraid, I'm not afraid paru en août 2019 peut y être soyeuse comme rugueuse. Les compositions de l'auteur compositeur Miriam Devora sont inspirées pour partie du décès de sa mère survenu dans l'année de l'enregistrement. Miri apprend à jouer de la guitare a 12 ans et s'intéresse à la pop sixties à 16 ans tout en intégrant une chorale au lycée et commençant à écrire des poèmes puis des chansons. Dès que ses amis Matheson Glass, également guitariste et Patrick Wall batteur la rejoignent, les premières mélopées panachées et dansantes de Queen of Jeans paraissent en 2016 sur un Ep du même nom, puis l'album Dig Yourself en 2018.



L'an passé, le second volet If you're not afraid, I'm not afraid n'est pas passé sous les radars tant il est abouti, élégant, cristallisé par la voix de Miriam. Le disque s'ouvre sur le splendide Get Lost qui accroche et séduit. Cette belle sensation continue avec le bondissant All the Same et Tell me, dentelle pop fleurie de rythmes virvoltants et de voix en cascade suivi du fabuleux Centuries progressif et ascensionnel. L'intimité de Only Obvious to You est lumineuse sur les harmonies vocales et l'accompagnement guitares-batterie oscillant et zigzaguant entre le chaud-froid quand Rum Cheeks suit avec son air brodé de douceur touchante. 



La pop chatoyante de Bloomed vient offrir un tempo entêtant avec des lignes de guitares entreprenantes, un chant habité, des cymbales brillantes avant le joyau alternatif Not a Minute Too Soon, qui prend une belle allure voluptueuse par son interprétation gracieuse. L'évolution pop sixties dans les cordes de I Am in Love With Your Mind s'allie au chant toujours charismatique avant l'émouvant On Your Shoulder et le dernier titre Take it All Away, vibrant et émouvant. If you're not afraid, I'm not afraid est un album qui marque et demeure un objet classé dans les disques plein d'avenir Piggledypop.
Queenofjeans

vendredi 20 novembre 2020

Daniel Romano

Daniel Romano
est un auteur-compositeur canadien de Welland. Le maestro est aussi un grand poète. Prolifique, hautement doué, Romano se distingue par sa manière de créer des perles harmoniques pop à tour de bras. Il apprend à jouer de la guitare à 6 ans. Il nous dévoile son histoire familiale émouvante sur son site, adopté par des parents musiciens qui lui font rencontrer ses parents biologiques plus tard, également tous musiciens et avec qui il renoue des liens forts, l'artiste de 35 ans comprend sa veine musicale, l'assume avec brio et ne cesse de remplir sa 'wood box' (guitare à six cordes) de sons panachés, d'idées et de charisme.



Daniel Romano signe en 2010 son premier essai en solo Workin' for the Music Man, magnifique qui suit l'EP qui parle de la mésaventure de ses premières compositions perdues dans la destruction de la maison de son enfance Sings A Losing Song.

Depuis, le musicien fertile enchaîne les productions de pop psychédélique d'une qualité étourdissante : Sleep Beneath the Willow en 2011, Come Cry with Me en 2013, If I've Only One Time Askin' en 2015, Mosey en 2016, Modern Pressure en 2017, Finally Free en 2018, Okay Wow et Dandelion en mai 2020 et ce troisième album de l'année paru le 6 novembre 2020, White Flag.



La particularité de Daniel Romano est cette manière d'explorer les styles, folk, blues, rock ou pop en gardant sa fibre narrative poétique qu'il exprime dans un livre paru en mai 2020, comprenant 100 de ses poèmes At Last There Is No End. L'artiste sera au printemps en Angleterre et en Norvège pour une série de concerts et en attendant, son travail est à retrouver sur son propre label qu'il fonde en 2009, You've changed Records.
DanielRomano

lundi 16 novembre 2020

The bascinets

The Bascinets
étaient passés par Piggledy Pop en 2019 grâce à leur pièce incroyablement musclée de jangle Always Want to Be Your Friend. Les américains de Chicago sont de retour ce mois d'août 2020 avec derechef un album solide et fleuri de notes pop dansantes : Social Music.



"Les Bassinets sont au XIVeme et XVeme siècle des casques en fer à visière, dérivés du grand heaume et protègent toute la tête. Les Bascinets, Nick Wellman, Nick Shew, Tristan Huygen, Trevor Joellenbeck, sont des troubadours pop qui font tourner la tête. Originaires de Columbus, ils se rencontrent au lycée en 2014, forment un groupe et signent un premier EP en 2016. Dans la foulée, ils enregistrent leur album Always Want to Be Your Friend en 2017 et depuis, continuent l'aventure avec 3 EPs parus en 2018 dont 378 Vol. 2 garni de cinq titres en septembre dernier. Leurs influences sont The Smiths, The Cure, The Fall, The Beatles, The Velvet Underground, Television et ils définissent leur musique comme de la pop jangly, post-punky guitar power et indie rock en s'appropriant par exemple Yo La Tengo, via la reprise Cherry Chapstick. Elliott Smith et John Lennon sont nommés dans la chanson La La La, au même titre que Jean-Paul Sartre, Kierkegaard et Nietzsche."
TheBascinetsPiggledyPop2019



Diorama ouvre le bijou Social Music avec son tempo et ses harmonies de basse de Nick Shew au plumage nineties des Field Mice ou Boo Radleys. Le son clair ou saturé enveloppe le fabuleux Script où la voix de Nick Wellman dégage une énergie notable comme sur la tempétueuse Learned ou la melodieuse et salée Torture avec le brio de Trevor Joellenbeck à la batterie et de Nick à la guitare, aux doigts dotés d'or. L'ambiance noisy progresse sublime sur Asparagus et ses puissantes guitares, les mêmes qui conjuguent des notes power pop sautillantes sur le subtil Monk Training et sa définition cintrée de l'enfermement. 



La majestueuse Focus évoque la création de chansons et de la détermination pour ce faire quelques soient les conditions inconfortables et incertaines. La rythmique part au galop sur le funk de Swimming Pool, puis sur Gymnasium où le ton ironique rappelle le titre du disque, se greffant à la perfection aux deux as guitaristes, Tristan Huygen et Nick Wellman. Drag conclue avec délicatesse et finesse sur un timbre de voix de Nick, plein d'élégance et d'une touchante humilité.
Chapeau aux Bascinets qui de nouveau montrent une force d'inspiration et de création musicale. Social Music est rangé sur le chevet Piggledy Pop. 
TheBascinets

dimanche 15 novembre 2020

Penny Shears

Penny Shears
est un coup de coeur. L'artiste américain vogue entre Genève, Los Angeles et Brooklyn où il se produit l'an passé. Originaire de Boise, élevé dans la communauté mormon, ses chansons sont une éternelle quête de vérité et d'authenticité. Son style pop rock dans le sillage des Beatles est couronné par le savoir-faire à la production de l'ingénieur new-yorkais Sam Owens alias Sam Evian ainsi que par l'accompagnement de l'équipe au studio genevois : les musiciens Robin Girod, Nelson Schaer et l'ingénieur son Yvan Bing.

Penny Shears consacre toute son énergie à l'écriture de Tracy Ruth cette année d'enfermement 2020 sans pour autant en parler ni en tenir compte pour l'avenir, gardant dans son champ de tir qu'il présentera son album au public dans un futur proche. Son enthousiasme transperce ses mélodies entraînantes et son solide, séduisant chant.



L'album Tracy Ruth qui paraît ce mois de Novembre 2020 s'ouvre sur Guilty et ses notes pop fulgurantes. Dès lors, l'allure panachée des lignes de guitares annonce des harmonies fournies de psychédélisme élégant, de mots réfléchis sur des rythmes décidés qui montrent que le musicien est bien aux commandes.

L'âme des Beatles plane brillamment sur Mirror et tout le disque, avec sa construction stéréo alternative qui fulmine, zigzague entre les clés et les accords. Puis Tracy Ruth et sa rythmique presque charnelle, ses claviers habillant le bois de la basse et de la guitare électro-acoustique galvanisent la voix de Penny astucieuse, lumineuse. Face in the Wind continue le délice sonore, maintenant l'harmonie entre les paroles, philosophiques et la forme entêtante. 



White Teeth poursuit dans le style incisif et direct, des voix en chorale, des lignes de guitares puissantes, rock, et une batterie aiguisée avant que Strawberry Generation vienne offrir un hommage musical savoureux. Le tempo groovy de Self Destruction rappelle la force nécessaire pour s'extraire de l'inertie, la résistance face à certains qui voudraient mettre fin au plaisir de la musique. Puis Trapped like The Sun sort les caisses offensives, les guitares électriques, les échos de voix qui invitent à sortir des écrans, à se réveiller, à se dépouiller de l'hypnotisme ambiant pour retourner à une certaine commensalité. Milk magnifique dans sa progression pop rock psyché termine le disque avec force, comme un relais à ne pas lâcher. 
L'auteur-compositeur Penny Shears opère un Tracy Ruth combattant, non assisté ni frileux, qui percute et charme par son style pertinent, classé dans le haut du chapeau Piggledy Pop 2020. 
Chez les amis suisses du label Cheptel Records.
PennyShears
SamEvianPiggledyPop

French Cassettes

French Cassettes est un groupe américain de qui apparaît en 2011 sous forme de trio et sous l’impulsion de Scott Huerta qui écrit et compose...