Summer Salt est comme son nom le susurre plein de soleil et de sel. Le groupe du Texas joue une sunshine pop stylée sixties et bossa iodée, enrobée d'humour et fort prometteuse. Ce groupe est grandiose, talentueux et je pense que nous entendrons parler de Matt Terry, l'auteur-compositeur guitariste et chanteur, dans les années à venir. Le trio d'Austin, Phil Baier, Matt Terry, Eugene Chung, la vingtaine, propose un éventail de chansons depuis 2014 et signe ce mois de septembre 2018 l'album solide et impressionnant, Happy Camper. Complétement désarmée face au choix d'une chanson, ce qui ne m'arrive que rarement à l'écoute des disques, trouvant souvent la cerise sur la galette, cet album contient du début à la fin des pépites sublimes. Chacun des titres a son atout, son charme et mérite une attention particulière.
Mon écoute est je l'avoue sabrée et perturbée par l'envie de danser sur les mélopées. Les chansons sont galbées, offrent du relief dessiné par l'instrumentation fine et distinguée. Le tempo agit subtilement pour enchanter et machinalement faire bouger de la tête aux pieds. L'évasion, principalement ce que les amateurs de musique recherchent, est assurée sur cette tuerie pop Happy Camper des Summer Salt, sorte de grosse cerise qui est à mes oreilles le meilleur album de l'année 2018. Cette magnifique pièce séduira les amateurs de pop de tous poils, de tout âge, en toutes saisons et par anticipation, plaira longtemps.
Heart and My Car, amoureux et drôle, ouvre le bal. D'emblée, le décor est planté, les palmiers dansent, le sable chaud voltige et les chapeaux de paille valsent. La dulcinée a quitté le protagoniste de l'histoire qui par la même occasion a perdu sa voiture dans laquelle certains voyages sensuels ont fait grimpé le kilométrage. Matt Perry use de métaphores qui feraient rougir n'importe quel garagiste polyglotte. Le boogie langoureux dans les guitares et les 'hoohoo' des choeurs façon Beach Boys sont truculents. La volupté dans le grain de voix de Perry ajoute du sel aux arrangements réussis et panachés de Revvin' My CJ-7 qui parle de musique (vous l'aurez compris) et d'un musicien qui y trouve du réconfort quand il en a besoin, stressé dans son quotidien à la 'american pie'. Tandis que le style bossa et surf pop subjugue et envoûte sur la rythmique exotique blindée d'ultra violets, Speaking Sonar devient brulant et érotique sur les thèmes de l'océan où deux dauphins dansent dans les fonds marins en goûtant au plaisir du 'sonar'. L'épiderme vibre et frissonne sur l'épicé Rockin' my Paw, souriant, sautillant et ficelé avec une écriture imagée qui classe Matt Perry au rang des auteurs compositeurs du bois de Paul Simon et Jonathan Richman.
On continue de gigoter sur le flux vif des lignes de guitares, épaulé par la batterie et les voix énergiquement élégantes de Candy Wrappers. Discrètement, au hasard des titres, glisse le lexique de la musique 'electric guitar', 'Dancing as the records spin round' 'harmony rebel', comme celui des bonbons, 'candy', 'bubblegum', du mouvement 'run' 'swim' 'drive' 'dance' 'ride' 'climb up' et du soleil comme sur le lumineux Oh Dear. Le chant des cigales commence le délicieux Seventeen, au mellow sucré de guitares surf fifties qui forment des vagues mélodiques vintage époustouflantes. L'âge symbolique de dix-sept ans est un sujet classique dans l'indie-pop et ce titre se hisse facilement dans la liste marquant une maturité présente sur le titre Life Ain't The Same qui suit. L'instrumentation tropicale enchante et la séduction opère sans relâche jusqu'au formidable Swingin' For the Fences où Perry brille au chant sur les caisses de batterie rutilantes. Happy Camper et son profil effectivement heureux s'avance vers la fin du disque avec le fertile Lovesick et ses guitares rétro modelées california dreamin', et le chapelet familial 'My uncle tells me, To join a rock-n-roll band And write a little song' sur un tempo bee-bop et des voix en chorale au groovy rockabilly extrêmement bien menés. Enfin le langoureux et touchant Fast Furious and Wonderful qui réunit tous les éléments, mélodie, brio de l'interprétation, thème du temps, du mouvement, de la maturité déclinés de manière fort jolie. L'album ballade, en mouvement perpétuel, se termine sur Happy Camper, au romantisme fondu au tourbillon des moteurs, du soleil, du camping dans la nature et de la musique. A savourer absolument.
SummerSalt