The Jazz Age de Jack parait en 1998 enregistré entre le Pays de Galles et l'Angleterre. Comme il est toujours doux et bon de se souvenir, j'ouvre donc le tiroir 'disques du siècle dernier'. Je connais Jack depuis 2002 et je ne pense pas passer une seule année depuis sans les écouter au moins une fois.
C'est en 1992 que Jack voit le jour à Cardiff sous l'impulsion de Anthony Reynolds et de Matthew Scott. En 1993, les deux amis posent leurs valises à Londres. Anthony, auteur-compositeur, est féru de littérature, de la Beat Generation, de peinture, de cinéma, des Velvet Underground, fournissant ses chansons de références exquises.
Le premier galop des gallois parait en 1996, nommé justement Pioneer Soundtracks avec son single Kid Stardust dédié à Charles Bukowski. Puis parait le fameux The Jazz Age, peaufiné par l'ingénieur Darren Allison, producteur de Divine Comedy de 1990 à 2000.
Parallèlement, en 1997, Reynolds et Scott travailleront à un autre projet appelé Jacques dont l'opus How to make Love sera produit par Momus. Le titre Morning Light avec son profil Romeo et Juliet est mon préféré. Le deuxième September sound parait en 2000 produit par Rob Kirwan (U2), Bryan Mills (Divine Comedy) et dans l'équipe, Matthew Scott est là. En 2001 l'EP Romantic est enregistré l'hiver 2000 à Paris avec le Moscow Philharmonic Orchestra.
Anthony passe l'année 2001 à New-York pour travailler un nouvel album de Jack, offre la complicité de Dan Fante, le fils de John Fante, qui signe le titre The Emperor of new London sur ce troisième et dernier album, The End of the Way It's Always Been de 2002 sur le label Français, Les disques du crepuscule.
The Jazz Age est pour moi un album supérieur, qui passe les années avec une élégance désarmante. Arrangé de cordes, vêtu de mélodies incroyables, il envoûte par son atmosphère sensuelle voire érotique sous la couverture de métaphores poétiques et de références toutes plantureuses. Cet ôde au rock underground, à l'amour et aux artistes du XXème siècle commence sur un 3 o'clock in the morning dont les six minutes d'emblée subjuguent. L'ensemble de cordes, violons, violoncelle et le saxophone s'unissent sur les guitares de Matthew Scott, de Richard Adderley et le chant saisissant d'Anthony Reynolds. Pablo, dansant, rock garage, déroule sa rythmique musclée de clap-hands sur une histoire de tromperie et de double vie "your clothes are pronounced 'Versace' and not 'Verse-Ace'" quand suit le voltigeant My World Versus Your World, ses guitares tendues, son tempo explosif et son texte passionné, déclamé avec une énergie qui fait tourner la tête. Il y est question d'un peau à peau enflammé un samedi et le titre Saturday's Plan qui enchaine ne calme guère les sens. Nico's Children et le clavier vibrant de George Wright, ses accords langoureux et sombres qui correspondent à l'univers de l'artiste allemande, est plein d'émotions et de mots référents au duo Lou Reed/Nico "so sunny and dirty, together we'd never make it, straight out of here'.
Lolita Elle, surement un des titres qui me marque le plus en 2002 à la première écoute, arrive somptueux, follement enivrant d'amour, de jeunesse, de vitesse, d'érotisme, sur des mots inébriés de Vladimir Nabokov, des arrangements alternant entre douceur acoustique et étreinte symphonique. Dans la même veine romantique, on retrouve Cocteau, Picasso, Warhol, Nico, Fellini, Allen à Manhattan, sur le rock voltigeant de Cinematic qui parle autant de poésie, de cieux étoilés, que de plaisirs de chère, d'infinis plaisirs de chair. La gourmandise est relancée sur le rythme rock de Steamin', enivré de vin, de sensations, d'élans positionnés dans la mélodie toujours aussi génialement galbée par Scott, l'interprétation et les mots de Reynolds. L'effet redouble sur Love And Death In The Afternoon, image d'ébats amoureux brulants avec des harmonies de cordes, vigoureuses et montantes. Half Cut, Wholly Yours clôt l'album, rappelant son contenu, l'amour, le désir, le vin, les robes pas chères vite ôtées, les nuits blanches, les films, la spiritualité sur cinq minutes de notes enlevées, perçantes, qui terminent The Jazz Age monumental, déconseillé à ceux dont la libido est à sec. Anthony Reynolds est un artiste phare, dont la carrière est éblouissante, fleurie d'oeuvres majeures à fouiller absolument et à aller voir sur scène en ce moment avec Anthony Reynolds & the Understudies.
AnthonyReynoldsPour les fans, ma chronique de 2016 : JackPiggledyPop2016