Je présente Eoin Dolan l'an passé sur Piggledy Pop : "Eoin apparait avec le majestueux EP PlacidOcean en 2014. Suivi de singles qui annoncent le second EP Something Good, solide et entêtant (...) En 2016, l'album Eoin Dolan arrive avec ses 9 titres somptueux, qui proposent aussi une ballade romantique iodée qui part des côtes irlandaises et largue les amarres en compagnie d'Ocean Girl pour aboutir à Spain. Les singles suivent avec Rockefeller Christmas Address et I can make you hurt atwill en 2016, One Girl et Good human being en 2017 (...) le 22 septembre 2017 est paru le sublime album Ubique. Eoin Dolan signe les 11 titres, chante, joue guitare et claviers, Conor Deasy est à la guitare et aux voix, James Casserly à la batterie et Adam Sheeran à la basse (...) Eoin Dolan est un perfectionniste dans ses orchestrations, excelle dans la production pop kaléidoscope gratifiée d'une écriture élaborée."
Ce 23 juillet 2018, il nous offre l'EP somptueux Superior Fiction. Une armée de claviers et de guitares conduits par Eoin également au chant, suivie par ses fidèles compagnons, Adam Sheeran à la basse, James Casserly aux percussions et à la batterie et Conor Deasy au chant et à la guitare. L'épopée psychédélique commence sur un Roman Voice et son orgue de bon ton qui rappelle l'ambiance romane mêlée à une ambiance pop sixties, sur les mots sublimement chantés qui titillent intensément sur deux minutes et deux références, la mémoire et la culture artistique. Ici comme sur ses autres albums, les thèmes du son, de la chanson et de la littérature sont récurrents dans l'univers de l'auteur-compositeur irlandais. Le tempo des guitares et de la basse groove sur Superior Fiction qui déroule une mélodie pop sautillante et souriante. Elle parle pourtant d'un sujet sérieux comme la façon dont on réceptionne une information, en faisant un tri soigneux, voire en s'aveuglant, se dédouanant de la réalité gênante qui entacherait notre petit confort, préférant dans la facile lâcheté.
L'instrumentation magnifique surf et psych-pop dans le sillage des Beach Boys, The Coral, et l'esprit critique dans les paroles toujours justes et blindées de panache façon Kinks s'allient au délicieux sarcasme. L'imagination et l'inspiration d'Eoin, nourries par ses lectures comme celles de PhilipK.Dick dessine une âme avant-gardiste et Brose poursuit dans l'anticipation, mariant les éléments naturels, terrestres, cosmiques, l'histoire et les découvertes, les expéditions. Il réussit à donner une fort belle ampleur à la musique, de l'élasticité dans les harmonies et dans le chant. Cette impression de perspective est accentuée par l'écho accolé à Lunar Drift, sensuel via ses lignes de basses en rondeur, ses deux guitares électriques en apesanteur, et fondant avec sa mélodie modelée dans le granit Syd Barrett, figure admirée par Eoin Dolan. Superior Fiction est à l'image de son créateur, précurseur, harmonieux, imaginatif, figuratif dans l'interprétation et on se régale de l'essence d'EoinDolan, musicien au talent inné et impressionnant.
Sacre bleu! J'aime Caper Clowns! Sous ce joli blason se cache une joyeuse troupe de musiciens d'Odense au Danemark qui travaille actuellement à son deuxième disque, A Salty Taste To The Lake. J'ai la chance de pouvoir l'écouter en amont et je m'en délecte. Il sortira le 5 octobre 2018. A ce jour, deux singles issus de l'album sont parus et le troisième, Paper Trail, est en chemin, prévu pour le 28 septembre. Le groupe signe son premier album The Buca Bus en 2016. Au Danemark c'est un succès, et depuis que les singles du prochain disque passent sur les ondes danoises et internationales leur renommée grandit de plus belle. Piggledy Pop est là pour en parler et suis honorée de le faire car les Caper Clowns sont d'enthousiasmants ambassadeurs de pop de bon aloi. Avec quelques 300 concerts à leur actif, ils sont invités à nombre de festivals depuis 2010. Autant dire qu'user leurs semelles sur les scènes ne modifie en rien leur motivation, leur dynamisme et inspiration. Rick Kingo, Peter Højgaard, Christian Højgaard, et Henrik Krogh rendent un bien bel hommage à la France qu'ils aiment et la dépeignent avec drôlerie et courtoisie sur le single Sacré Bleu. La rythmique dansante et intense suit des harmonies de guitares pop rafraichissantes et vivifiantes, sur le thème de l'emblématique France, avec ses clichés racés qui nous vont bien. La chanson ferait presque rougir de fierté et d'orgueil!
La promenade sur A Salty Taste To The Lake commence élégamment avec The Way I Dream. Blindée de poésie positive, elle gonfle les coeurs, souffle un air scandinave solide et une mélodie pop lumineuse ornée de la magie de Lone Kingo à la flûte. Avec ses harmonies splendides, la musicalité se trouve à la croisée des Beatles et de Crowded House, mariant la brit-pop à l'indie pop folk. Leur style reste joliment scandinave laissant filtrer sur les partitions l'âme lumineuse nordique d'Hans Christian Andersen mêlée à la tradition musicale étendard du couple royal, le prince Henrik et la reine Margrethe, passion chèrement cultivée par les danois. L'envie de taper du pied ne nous quitte pas quand l'odyssée poursuit avec Lifeline, si rock et conquérante qu'on imagine les hussards de la garde faire le tour du Groenland à cloche-pied, entrainés par le tempo effréné. L'énergique batteur Søren Daugaard Jensen fait voltiger ses baguettes et les guitares électriques forment gaillardes, une 'line' exaltante de notes. La guitare acoustique se fait duveteuse sur Kissing Daylight avec son chant amoureux, intime, où le narrateur amoureux, la nuit, raconte à sa dulcinée une histoire 'de dragons chassés par les rois'. La ballade langoureuse brille et s'éveille sur les couleurs matinales, menée par les guitares, la basse et le bodhrán délicat de David Needham, avant d'accélérer la cavalcade pop avec Second to None qui fait mouche évoquant la prétention de quelqu'un qui descend vite de son piédestal. Le fantastique Sacre Bleu arrive, frais et tellement rempli de fleurs, tellement pavé de bonnes intentions à l'égard des français qu'on ne peut qu'adouber les Caper Clowns.
L'aventure rythmée, furieusement dansante, continue d'enchanter avec Pretty & Underwear qui fait entrer un piano taquin et coquin sur la batterie virevoltante de Alexander Storm alias Skipper. L'atmosphère joviale se ressent aussi dans le travail des musiciens qui tour à tour, composent et chantent. Puis Loops, magistrale, magnifiquement écrite zigzague entre romantisme et philosophie avec une instrumentation en spirale qui avale l'attention. Paper Trail gambade sur une rythmique offerte par Soren où les guitares alliées aux voix en chorale déroule du bonheur pour enchainer sur l'irish bouzouki, la guitare acoustique, l'harmonium de What If, nostalgique et émouvant. La mémoire et la mélodie se donnent la main sur le titre sentimental qui en devient poignant. Puis le tempo revient ambitieux fortifié par le piano qui martèle l'air de Me For A Friend, coudoyant les guitares et le chant qui grimpent les côtes sans manquer d'oxygène en guise de règlement de compte amoureux. A tête ouverte, les mots aussi charnels que poétiques, voltigent sur As Long As She Is Around Me, chanson savoureuse pour terminer ce somptueux et onctueux album. Pour l'esprit sympathique qui émane des Caper Clowns, plein d'entrain, qui travaillent en famille à tous les étages du projet, doublé de leur qualité de musiciens et d'auteurs-compositeurs, A Salty Taste To The Lake rejoint les autres disques du panthéon Piggledy Pop.
Signés chez Lost Map, l'excellent label écossais basé sur l'Isle Of Eigg, tenu d'une main de maître par Johnny Lynch et qui concentre des artistes de haute qualité comme Randolph's Leap, Martha Ffion, Firestations, Alabaster Deplume, Savage Mansion, Monoganon, Seamus Fogarty, Kid Canaveral (King Creosote) etc, Grasscourt rejoint cette liste prestigieuse.
Grasscourt, duo composé de Tom Percival, également auteur et illustrateur de livres pour enfants, et de Matthew Lacey qui apparait au sein du groupe de Bristol, OLO Worms, signe l'EP Come Alive/ Stones Upon My Chest ce mois de juin 2018. Evidemment l'éminent Steve Lamacq les remarque et diffuse Come Alive dans son émission sur la BBC. Les deux musiciens ont enregistré deux titres magiques. Ils jouent eux-mêmes tous les instruments et pour les concerts, ils invitent Anneliesa, épouse de Matthew, pour assurer le synthétiseur. Car Grasscourt a une besace garnie de chansons à jouer comme Connect, Go Again et Begin to Change, à déguster sur leur soundcloud.
Ce qui attire mon oreille au prime abord c'est le style alternatif de l'instrumentation, doté d'un doigt de psychédélisme et d'une goutte d'humour. Ensuite, l'attention portée par le tempo dynamique plonge dans les mots. Leur sens, saupoudré d'un trait d'esprit, est mordant, musclé, déterminé. La dichotomie me séduit. Elle est maligne. Elle est clinquante entre les deux titres, l'un évoque la vie, l'autre la mort. La sensation de ramification se glisse aussi dans leurs personnalités qui rayonnent dans les notes, l'humour so british, sophistiqué qui tend parfois vers le sarcasme et la noirceur. Le chaud-froid souffle sur les deux morceaux où les mélodies merveilles indie pop se font écho et se relayent. Come Alive, rebondit et s'envole à la hauteur des mélopées de Of Montreal, Neutral Milk Hotel, XTC, et Gorky's Zygotic Mynci. Les instruments vibrent et vivent, tambourinent et craquent les amplis sous les tapes rythmées et offensives. Les deux Grasscourt montrent leur agilité pour jongler avec les harmonies, tout comme sur Stones Upon My Chest qui avance dans le sillon rock trip-hop des Beta Band. Le titre charme, par ses guitares, ses claviers, ses voix essentielles en mouvement qui donnent chair à l'orchestration synth-pop. J'ai hâte de découvrir la suite, surement pleine d'énergie, d'inspiration et d'ardeur musicale.
Le Transportation Plan est mis en lumière par l'historien Jean-Charles Foucrier dans son livre La stratégie de la déstruction - Bombardements alliés en France, 1944. Il est paru chez l'éditeur Vendémiaire en décembre 2016 à la suite de la soutenance de thèse de doctorat de son auteur en novembre 2015. Comme décrit au dos de l'ouvrage, "ses recherches portent sur la stratégie militaire, la propagande, l'opinion publique et l'historiographie des bombardements aériens sur la France durant la Seconde Guerre mondiale."
"Le scientifique britannique Solly Zuckerman a en effet, depuis 1940, conçu un vaste plan d'attaques aériennes dont le système ferroviaire français est la cible privilégiée : gare de triage, centres de maintenance, centres de stockage du matériel roulant...Il s'agit de paralyser les mouvements de l'ennemi en prévision du Débarquement."
Ce 'vaste plan' se nomme Transportation Plan. Il est mis en place par Solly Zuckerman, éminent biologiste, expert ès-endocrinologie et physiologie de la reproduction chez les primates. Reconnu et admiré, respecté, il publie en 1932 son premier livre La vie sexuelle et sociale des singes, puis un autre en 1933 sur le même domaine avant de partir un an à Yale poursuivre ses recherches. Cela ne laisse pas présager au prime abord de le retrouver dès 1939 au sommet de la hiérarchie du commandement allié. Il rentre donc à Oxford en 1934 pour enseigner et sera professeur d'université jusqu'en 1939. Avant son séjour aux Etats-Unis il avait crée un club qu'il renouvelle à son retour sur l'île. Ce club de gentlemen 'politisés' s'appelle The Tots and Quots et compte dans ses membres des scientifiques, économistes et autres universitaires. Parmi eux, une figure notable dans la genèse du Transportation Plan : Frederick Lindemann surnommé 'prof', futur Lord, vicomte Cherwell qui deviendra un proche conseiller de Churchill.
1938, suite aux accords de Munich, Zuckerman et Bernal, un ami scientifique, rédigent un memorandum qui souligne le rôle de la recherche scientifique vers la production de guerre, la défense contre les attaques aériennes et l'aide aux victimes des bombardements. Ces pages sont publiées et le livre Science in War parait en 1940. D'abord anonyme et confidentiel, ce petit livre édité chez Penguin, amorce l'idée du Transportation Plan.
Zuckerman veut s'impliquer. Bernal travaille alors au Ministry of Home Security. Ensemble ils étudient les effets des bombardements sur primates et tandis que l'Angleterre subit les attaques de la Luftwaffe cette année 1940, le rapport de Zuckerman et de Bernal intéresse les grandes instances de l'armée britannique. Leur ami du club, Lord Cherwell, plaide auprès de Churchill pour poursuivre l'étude de Zuckerman en lui communiquant une minute du rapport sur les impacts des bombardements sur les civils et les constructions.
Alors que Molotov scelle avec Churchill l'alliance anglo-russe, en 1942, un accord suit avec les Etats-Unis. Roosevelt veut attaquer au plus vite. En Angleterre, le Bomber Command avec Harris aux commandes et des milliers d'avions bombardiers sont prêts. Cette même année, Eisenhower est élu commandant en chef des forces américaines en Europe (SHAEF) qui devra préparer l'Overlord. Eisenhower à la tête du SHAEF doit compter sur le répondant d'autres 'fortes' têtes comme celle du général de Gaulle, celle de Montgomery et celle de l'adjoint d'Eisenhower, Tedder, qui deviendra un solide ami du baron Solly Zuckerman. Celui-ci soutiendra contre vents et marées le Transportation Plan auquel il s'attèle dès 1942 en étudiant les bombardements sur la Sicile en 43 et de ses observations, trace les grandes lignes du Plan dressé afin d'augmenter les chances de réussite du Débarquement sur les plages de Normandie le 6 juin 1944. Pour assurer le bon déroulement d'Overlord, Zuckerman établit qu'il faut paralyser le système ferroviaire français, affaiblir la mobilité de l'armée allemande par opérations aériennes de bombardements.
Le Transportation Plan ne rencontrera pas que des transports de joie. Zuckerman doit s'armer de patience, essuiera quelques revers de ses détracteurs et ils sont nombreux, maréchaux et généraux, certains sont au SHAEF, à la direction des opérations du Bomber Command, au Committee of Four, au MEW, à l'EOU, au Joint Technical Warfare Committee ou au Joint Intelligence Committee. Zuckerman doit redoubler d'efforts pour convaincre après des nuits de délibérations et de polémiques, souvent stériles, organisées par Churchill réunissant ce 'monde' susceptible et ambitieux qui se repose sur des analyses et expertises inexactes ou trafiquées. Des missions de bombardement autres, en parallèle , comme les road-blocks sont menées, par l'AEAF et son commandant Leigh-Mallory. Les pour-parlers s'éternisent autour de la précaution officielle : la limitation du nombre de victimes. Mais officieusement, il est bien question de politique. Car depuis 1942, le Bomber Command de la RAF (royal air force) et l'US Air Force ne travaillent pas de concert mais sont en compétition. Dans cet esprit, ils procèdent à l'Area Bombing, un bombardement peu délicat souvent à l'aveuglette, sans précision. Celui sur Hambourg fera 40 000 victimes civiles. Le Transportation Plan doit effectuer des prédictions du total de victimes et Zuckerman sera celui aussi que l'on désignera pour vérifier et recenser le nombre de victimes l'été 44.
Finalement, Roosevelt tranche après des semaines de querelles, justement nommée par Jean-Charles Foucrier 'La guerre des Lords'. Le Transportation Plan commence bel et bien au printemps 1944, le 6 mars, trois mois jour pour jour avant le Jour J. L'opération est de désintégrer le système ferroviaire français, et pendant un mois et demie, le plan cible les hangars de locomotives, les gares de triage (reléguées au second plan, seule erreur évidente de Zuckerman), les voies de communication et ateliers de réparations, 80 centres ferroviaires soit 71 000 tonnes de bombes larguées. Il y a 20 000 morts normands en un mois et demie, 156 000 soldats alliés victimes des combats en Normandie, 4560 pertes de l'aviation alliée, 60 000 victimes françaises, Nantes, Rouen, Boulogne, le Havre, Saint-Etienne, Caen, Lisieux, allonge la triste liste de 12 000 à 15 000 tués ajoutés aux normands. Le terrible chiffre de morts chez les aviateurs, sur 125 000 membres d’équipage du Bomber Command on dénombre 55 000 morts côté anglais et 30 000 tués côté américain.
La lecture de la Stratégie de la destruction est passionnante. Jean-Charles Foucrier avec son travail fouillé et impressionnant permet aux non-initiés comme je le suis de comprendre en plongeant dans la logique militaire d'une part et d'autre part, l'ambiance de l'époque, particulière. De son état de gestation à sa structure et sa mise en oeuvre, son enjeu et ses résultats, le Transportation Plan fait froid dans le dos parce qu'il noue l'humanité et la psychopathie. Décortiqué et expliqué par l'historien qui compose ses écrits de références, d'annexes, de photographies, de graphiques, ce plan nous cueille par ces deux facettes, l'absence absolue d'empathie et l'enjeu de la Libération. Ce balancement de sentiments ou pas nous absorbe. Les attaques aériennes anglo-américaines aux objectifs stratégiques ou économiques ne laissent pas de marbre.
L'analyse et l'étude de Jean-Charles Foucrier apporte au récit une logique et un raisonnement applicable à toute époque. Le Transportation Plan destiné à bombarder la France dévoile l'impunité d'Eisenhower qui fait face à l'intransigeance et l'opiniâtreté du général de Gaulle qui démonte l'AMGOT sous l'oeil cruel et rieur de Churchill. Le Transportation Plan, dans les mois qui suivent la Libération de la France, sera appliqué à Allemagne, avec un nombre de morts civils inhumain et in fine, deviendra une zone d'occupation américaine. Du 13 au 15 Février 1945, les alliés bombardent Dresde en Allemagne, 3900 tonnes de bombes larguées, bilan humain 25 000 morts.
L'utilité et la nécessité du Transportation Plan sont décrits avec une grande qualité et ingéniosité par Jean-Charles Foucrier qui invite à la réflexion. Selon le suédois Niklas Zetterling, les alliés avaient 'surestimé la capacité de renforcement adverse' au moment où commence le Transportation Plan et d'après son étude minutieuse, démontre que les chiffres étaient 'extrêmement éloignés de la réalité'. Le polonais Mierzejewski quant à lui conforte l'efficacité du plan. Zuckerman lui-même un demi-siècle plus tard, cherchera 'une preuve nette de l'efficacité du Transportation Plan'.
L'étude du plan, de la stratégie des anglo-américains laisse entrevoir en toile de fond l'action de l'Ultra et ses révélations sur la faiblesse des armées allemandes avant et après l'Overlord, jamais prises en compte par les alliés, qui feront fi de la Résistance française et l'action du général de Gaulle, méticuleusement et systématiquement tenus à l'écart. Avec ses nuances fines coupées de délicieux secrets, de la délivrance de vérités, de témoignages surprenants et émouvants, Jean-Charles Foucrier mentionne sans concession ce qu'était le dessein du plan. La lecture de La stratégie de la déstruction - Bombardements alliés en France, 1944 est absorbante, captivante et éclatante.
Je parle de l'artiste en 2009 : "je me délecte du titre de Dent May, God loves you Michael Chang. Il est issu du délicieux album The good feeling music of dent may & his magnificent ukulélé sorti en Février 2009. L’ambiance qui règne dans cette chanson est prompt au style du tennisman et démontre que Dent May est un artiste ovni craboté d’un extra-terrestre de la pop, apparu un jour de 2008 sur les berges du Mississippi". "L’artiste a surement du sang de Tom Sawyer dans les veines. Sa personnalité pousserait volontiers les premiers de classe à faire l’école buissonnière (...) Subtilement comique, charismatique, il se distingue par le ukulélé, comme cité dans le titre d’album. Un peu crooner, roi de l’auto-dérision, il chante comme un équilibriste sur son vibrato et ses cordes vocales des années 50, un collier de fleur hawaien autour du cou. Il y a chez lui le swing et la sensibilité de Serge Gainsbourg et de Lee Hazelwood, ses deux références.
Peu étonnant de lire dans sa biographie qu’il a étudié à la NYU Film School. Chacun de ses titres forme une sorte de court-métrage avec des paroles très imagées qui se lient à la musique habillées de cordes et de cor (...) Dent May est un romantique loufoque et charmant doté d’un talent phénoménal de composition et d’interprétation."
Le gentleman pop, dandy sous tous rapports, déménage en 2011 d'oxford dans le Mississippi pour poser ses bagages en Californie. C'est à Los Angeles que Dent May signe le single Fun la même année, puis l'album amoureux Do Things en 2012, sunshine, disco, saccharine pop, toujours blindé d'humour et d'harmonies sixties ciselées. Suit en 2013 l'autre pièce majeure Warm Blanket, composée et interprétée par le multi-instrumentiste américain. En 2016, le missile pop Face Down In The Gutter Of Your Love parait et montre un Dent May haut en couleurs, se donnant dans la composition, l'instrumentation et le chant.
Il y a un an, le sublime Across the Multiverse parait comprenant tout le talent rayonnant de l'artiste. La veine de Harry Nilsson et de Brian Wilson, ajoutée à l'esprit drôle, aux paroles imagées et aux harmonies de cordes et de cuivres est un pur moment de grâce pop. Avec ses titres dignes de coups de projecteur sur ce que l'inconscient du bipède à tendance à enfouir par manque de lucidité et surtout de courage, je savoure cette franchise et spontanéité davantage. L'entrée de l'antique grand piano sur Hello Cruel World comme introduction me semble brillamment choisi. Le tempo funky accompagne des paroles sarcastiques évoquant les écrans de télévision, de cinéma et le reflet surnaturel qui caresse l'égo. Puis la basse et la guitare alliées aux violons et aux trompettes jouent une Across the multiverse sensuelle et vitaminée ornée de la voix de Frankie Cosmos, chanteuse dont le nom inspire manifestement l'auteur-compositeur qui joue de la métaphore 'Light years away from your planet Out here alone I was stranded, Beyond space and time, Your cosmic devotion materialized'. Le mouvement et la rythmique de Dream 4 Me sautille gaiment sur le thème de l'amour irradiant la guitare d'un funky détonnant ; Idem pour le groove de Take Me To Heaven aux gammes chaleureuses et croustillantes.
90210 et son tempo croonant évoque l'adaptation de Dent May fraichement arrivé en Californie, qui se rend à une soirée 'caviar, champagne, piscine, palmiers et chirurgie esthétique' avec ses vêtements bon-marché et son bon esprit. La rythmique vitaminée, l'instrumentation de cuivres et de claviers electro-pop de Face Down In The Gutter Of Your Love pousse, avec son enthousiaste thème de l'adultère, à danser. Puis le boogie mélodieux de A Little Bit Goes A Long Way offre une mélopée superbement construite pour parler de l'amour à distance, porté par des images d'espace et de temps. Les guitares et basse scintillent majestueuses sur le titre plein du chant somptueux de Dent May qui enchaine sur un Don't let Them grandiose, arrangé de piano, violons et guitares et les thèmes leitmotiv de la galaxie, des étoiles et de la lumière, qui siéent à merveille aux instrumentations. L'esprit piquant et excentrique reprend du service sur I'm Gonna Live Forever Until I'm Dead, ou l'humour et humilité intraséques au personnage swinguent et virevoltent via les claviers, donnant une fibre joliment distinguée et charismatique à contrario des soirées chloroformées et plastifiées "I'm doing all that I can, Just me and my guitar and a little piano, I've got a new song, Won't you sing along?"
Cette différence, cette distance semble préservée par le musicien authentique qui termine sur le poétique et cadencé Distance To The Moon, en écho au premier titre de l'album Hello Cruel World. "The atmosphere can be an awful place I spread my wings until they make me burn and break, This hopeless planet don't got much for me no more", "And so I'll build a great big ladder up to you, my love, And I will climb and climb and climb until I hold you in my arms, Yet I keep on falling back to Earth"
Dent May signe un album qui balance entre l'amour éperdu et le désarroi, le chaud et le froid, sur une trame cosmique comme pour échapper à la réalité qui à son sens est délétère. L'esprit taquin et réjouissant qui cache des angoisses habille ses harmonies avec brio. La finesse resplendit dans les accords travaillés, les mots imagés et l'interprétation émouvante. Le constant et brillant Dent May offre un Across the Multiverse affirmé et solide ; Une pure merveille.
Leur son marqué et typé, leur style rétro eighties moqueur des Daft Punk et consorts forment un cocktail de délices. Depuis 2016 et l'album opus Living Alone, Video Age offre des chansons électro-pop addictives qui surfent légères et dansantes sur de véritables mélodies. Les deux compères américains Ross Farbe et Ray Micarelli expérimentent leurs synthétiseurs avec magie pour offrir un résultat vintage qui rappelle le doux son du vinyle, feutré et velours, bien que les instruments soient synthétiques. Les titres au tempo diablement prononcé s'enchainent avec un panache notable, une vivacité estivale grâce à l'instrumentation, au chant magnifique qui donne du cachet et aux textes, fripons, malins et efficaces. Avec les deux Video Age, maestro de retrosynthpop qui assurent toute l'instrumentation et la composition, il y a sur certains titres la présence de Duncan Troast aux synthétiseurs, Nick Corson à la basse et Jordan Odom à la guitare. Les harmonies funky, disco, sont cultivées, intelligemment dosées. Les paroles sont savoureuses d'esprit drôle et mordant dans lesquelles on se réfugie avec joie.
Cette âme artistique finement proposée sur l'album Pop Therapy sorti le 15 juin 2018 chez InflatedRecords s'étend et s'entend sur chaque morceau. On se laisse porter dès les premières notes de Lover Surreal, souriantes et anachroniques. Le plongeon dans les eighties est immédiat avec les claviers lounge et si on tend l'oreille, on entend même une flûte soprano. Les dès de l'humour sont jetés sur ce single fulgurant qui est suivi de l'autre bijou pop du même gabarit, Pop Therapy. L'ombre des Daft Punk vient planer pour une élégante moquerie qui tend le sourire jusqu'aux oreilles. Les claviers sont délicatement imprégnés d'une voix robotisée, de funk parodique et paradisiaque. La taquinerie qui se mélange à l'hommage se poursuit sur Days to Remember avec sa basse et ses guitares fantastiques. Le style vintage est exploité dans les paroles, et l'effet est accentué par le génial wah compressé des synthétiseurs. La soul entre en piste, voltigeante, fustigeant un downtempo sensuel sur le sentimental Hold On (I Was Wrong). Car de l'amour, il en est fort question dans ces superbes mélopées de Video Age, mettant du boogie suranné sur l'instrumental User Patterns qui ouvre un chemin romantique et old-school au magnifique Paris to the Moon.
Tandis que la synth-pop funky est à son avènement, la virée rythmée et sucrée continue, insufflant un No Tomorrow à l'esthétique époustouflante. Les claviers et la guitare gambadent joyeusement. Les douces vibrations et sensations poursuivent sur Echo Chamber grâce au tempo percutant et aux effets de voix absorbants. La saveur et l'originalité des Video Age est dans l'utilisation modérée et harmonieuse des claviers, soutenus par la basse et la guitare. Cette fine instrumentation rehausse l'écrin synth-pop de soul sur Scenic Highway. Puis le romantique, terriblement séduisant Is It Her? nous rappelle la naissance de la basse Fender, du Moog Clavinet, et surtout de la funkadelic dérivée du jazz-funk, née à la Nouvelle-Orléans, berceau des Video Age.
Cette rythmique extensible et modulable à volonté se retrouve sur le dernier titre Dare to Dream, clin d'oeil rieur avec la voix façonnée robot pour un ultime et subtil moment de groove. La recherche de style dans le son, le chic dans la composition nostalgique donnent un ensemble de titres raffinés, follement attirants. Pop Therapy de Video Age en guise de thérapie soigne bel et bien mes petites oreilles et me plait tant qu'il se hisse facilement dans le panthéon de Piggledy Pop. A suivre...
Songs. Bond Songs : The music of 007 revisite les piliers musicaux qui comptent pour beaucoup dans le succès des James Bond au cinéma. L'album et ses 26 titres propose un éventail de titres phares comme Goldfinger, From Russia With Love, We Have All The Time In The World, Die Another Day, Skyfall, Diamonds Are Forever, You Only Live Twice, Tomorrow Never Dies etc. Les groupes américains y reprennent ces classiques avec style et pilotent les airs avec dextérité. Variées et alternatives, les ambiances dégainent de la fibre, de la veine qui rappellent parfaitement la grande classe de l'espion 007. Ian Fleming, auteur, journaliste et officier de Naval Intelligence (division de la British Admiralty) lui donne forme (le dessine) et le rend mouvant dès la parution en 1952 du roman Casino Royale.
dessin-concept de Ian Fleming
De 1962 à aujourd'hui, de James Bond 007 contre Dr No à Bond 25 qui sortira en novembre 2019, les bandes originales sont cruciales et en communion avec la saga. Le sculpté et solide Songs. Bond Songs fait resplendir cet esprit bondien grâce à l'humour, le talent, une touche de dandisme. L'interprétation qui croone peut y être aussi romantique que drôle, les arrangements sont rock, bossa, pop aussi facétieux qu'audacieux.
La mission musicale commence avec Lannie Flowers, guitariste américain qui compose de la power pop depuis des décennies et reprend ici avec fougue le James Bond Theme (John Barry et Monty Norman) avant qu'arrive aux oreilles le fantastique From Russia With Love (Lionel Bart) de The Stereo Twins, projet des deux frères Huseman, Brandt et Matt, connu pour leur inventivité dans les arrangements. Jason Berk continue de ruser sur Goldfinger (Barry, Shirley Bassey), avec claviers et guitares qui apportent une touche garage-pop discrète, élégante et éclatante vue la difficulté de l'exercice. Puis le compositeur, acteur punchy Jaret Reddick et son Thunderball (Barry, Tom Jones) électrique intervient très rock avant le minimaliste et magnifiquement typé eighties The Look Of Love (Hal David, Burt Bacharach) revu par Wyatt Funderburk qui brille par ses compositions depuis les années 90. Les notes de You Only Live Twice (Barry, Nancy Sinatra) jouées et chantées par le rocker new-yorkais Jeff Litman et Andi Rae Healy accrochent inévitablement l'attention. L'excellent Ryan Hamilton adapte We Have All The Time In The World (Barry, Louis Armstrong) avec un don de persuasion et une inspiration riche d'humour avant le délicieux et dansant Diamonds Are Forever (Barry, Shirley Bassey) des The Corner Laughers.
Les Popdudes sèment des graines seventies sur le titre Live And Let Die (Paul et Linda McCartney) et communiquent avec brio leur motivation pour le thème. Les californiens sont talentueux, Michael Simmons chante, joue tous les instruments accompagné de son camarade John Borack à la batterie. L'ambiance fait volte-face avec la pop psyché et rock de Lisa Mychols sur The Man With The Golden Gun (John Barry, Don Black) quand l'intelligence du compositeur Mike Viola ( Fountains of Wayne, Semisonic, They Might Be Giants) alliée aux Red Bank Catholic concocte un Nobody Does It Better (Marvin Hamlisch, Carly Simon) au tempo soul somptueux et séduisant. Les cuivres langoureux et chatoyants de Moonraker (John Barry, Hal David) vont de concert avec le chant de Gary Frenay qui assure lui-même le trombone, le cor, les guitares, la basse et clavier. Freedy Johnston, un des meilleurs auteurs-compositeurs américains vient orner de sa patte folk le superbe For Your Eyes Only (Sheena Easton), suivi d'une autre pointure sunshine-pop Zach Jones qui remet à son tempo groovy All Time High (Rita Coolidge). Never Say Never Again ( Michel Legrand, Alan Bergman) est adapté par Minky Starshine qui crée une ambiance funky fort réussie et résistante avant la persévérante A View To A Kill (Duran-Duran) dont Jay Gonzalez envisage une version bossa fabuleuse. L'électro-pop entre avec les Cirrone qui signent un profil musclé de The Living Daylights (a-ha), véritable petit exploit pop accompli jusqu'à l'affûté profil soul de License To Kill (Gladys Knight) grâce au coffre puissant de Durga McBroom (chanteuse des Pink Floyd), et de Fernando Perdomo, musicien et arrangeur de haut vol. Identical Suns mitraille un Goldeneye (Bono U2, Tina Turner) rock et électrique pour enchainer sur un Tomorrow Never Dies (David Arnold) approchée par Brandon Schott et Jake Gideon avec des sonorités aussi exotiques que british, conquérantes et périlleuses, à l'image de l'espion fictionnel.
Ian Fleming
L'univers bondien reprend une forme galante avec le suave The World Is Not Enough (David Arnold, Garbage) amené avec charme et talent par Look Park pour introduire les brillants Big-Box Store, les frères Joe et Dan Seiders que l'on connait sous le nom de The New Pornographers et qui révisent magnifiquement Die Another Day (Madonna). Les guitares voltigent ensoleillées sur You Know My Name (Chris Cornell) reinterprété par Phil Ajjarapu au don power-pop garage splendide pour dériver sur une atmosphère plus punk rock des californiens Ballzy Tomorrow, de fort bon aloi et légitime pour donner une allure téméraire à Another Way To Die (Jack White). Le récent Skyfall (Adele) est ici revu par Gretchen's Wheel autrement dit, Lindsay Murray avec Ken Stringfellow et le solide Donny Brown à la batterie. Le challenge semble vraiment réussi quand l'album se ferme avec Cliff Hillis qui redonne des ailes au magique Writing's On The Wall (Sam Smith).
Sous l'impulsion toujours aussi passionnée d'Andrew Curry qui est le producteur et exécuteur de Songs, Bond Songs, j'avais évoqué en 2015 ce travail, partie apparente de l'iceberg Curry Cuts son label, dans mon billet sur la compilation Here Comes the Reign Again. Les artistes et groupes présents pour rendre hommage à James Bond étaient aussi volontaires pour rendre hommage au rock anglais des années 80, "invasion passionnante avec à la proue du mouvement Cure, Pulp, Joy Division, Duran Duran, Tears For Fears, Eurythmics, Culture Club, Frankie goes to Hollywood, Soft Cell etc". Songs. Bond Songs: The Music Of 007 est si beau, si complet qu'il ranime l'envie de visionner la série entière des James Bond. Tout comme la précédente compilation, Songs. Bond Songs: The music of 007 est à avoir absolument dans sa discographie!
Véritable sucrerie pop addictive, je fais volontiers exploser mon taux de glycémie à l'écoute de Modern Life Vol.2 signé Satellite Jockey, paru ce 19 avril 2018. Je parle des musiciens lyonnais l'an passé : "Satellite Jockey est un groupe français basé à Lyon né sous l'impulsion et l'écriture de Rémi Richarme en 2010 (chant, basse, guitares, sitar, banjo) . Il crée le groupe à Brest où il fait ses études d'ingénieur du son et c'est là qu'il rencontre les musiciens Thibaut Le Hénaff (guitare, trompette), Clément Sbaffe (guitare, violon) et Antoine Nouel (guitare). En ajoutant le batteur et la chanteuse, le groupe signe l'opus Trembling in the night en 2011. Les influences, multiples et belles, sautent aux oreilles. Le rock et la pop des années 60 et 70 se glissent joyeusement dans les chansons qui sont malgré tout singulières et véhiculent un style propre alternatif et peu commun. La particularité première de Rémi est de créer la surprise dans ses compositions faisant montre d'une richesse de références musicales, garage, baroque, new wave, psyché. Le nom du groupe vient du groupe anglais des années 60 Nirvana et de leur chanson Satellite Jockey. (...)
Après l'album Falling de 2015, au printemps 2017, Satellite Jockey offre l'album Modern Life vol.1 avec comme pochette une très belle estampe colorée. Le décalage avec la vie moderne démarre sur les chapeaux de roue dans le premier titre ingénieux Copernicus. Dès l'attaque des accords de guitares, c'est un plongeon pop sur des harmonies de voix sixties avec des loopings délicieux dans les gammes de la basse grandiose. On songe aux Beatles, Kinks, The Incredible String Band, Syd Barrett, Small Faces, Animals et Yardbirds."
Ce deuxième volet est ficelé, peaufiné, musicalement si pop et ardent qu'il provoque une réelle dilection. Dans le sillage du premier volet, la pop psyché est ornée de soul, de rock, de garage et comme un cavalier pousse sa monture, Rémi Richarme y ajoute du panache dans les arrangements. Les mélodies riches et dansantes sont nourries d'instrumentations à la cadence magnifique. Le disque génial accompagné par le label de Saint-Etienne et Saint-Just-En-Chevalet, ABrecords, commence avec Comfort. Les instruments, le chant, le tempo arrivent joyeusement aux oreilles comme on ouvre une vieille malle qui recèle d'objets précieux, surprenants et touchants . L'équipe autour de Rémi Richarme qui compose, chante, joue de la basse, guitares, sitar et banjo, fait un travail plein d'entrain et de talent; Florian Adrien à la batterie, Antoine Nouel à la guitare électrique, Pauline Le Caignec à l'orgue, piano, clavecin, chant, Thibaut Le Hénaff à la guitare électrique, trompette, Clément Sbaffe à la guitare acoustique, violon, sont accompagnés du Satellite Orchestra pour le clavecin, flûte à bec, Marimba, ehru, trombone et contrebasse.
You Home, rythmé et virevoltant, manoeuvre une sorte de règlement de compte agrémenté d'un doux braiment d'âne avant d'enchainer sur les cuivres et cordes psychédéliques de Particle. Dans un esprit filial, la délicieuse A Peculiar Feeling et ses fins sarcasmes poursuit le régal musical sixties sur un clavecin majestueux. Puis, les guitares électriques de Good Side déroulent des harmonies et des arrangements habiles habillés de flûtes, de clavecin, de violons et d'un texte aussi rigoureux que poétique. La cavalcade de notes continue sur l'instrumental V^V^V^ qui annonce le tumultueux et impérieux Reloaded, cravachant un air sixties fougueux avant le somptueux The Suggestion que j'écoute en boucle. Son audace pop me séduit implacablement. L'alternance d'ambiances et d'accords apporte un aspect fantaisiste et sensuel, tout comme sur Golden Tears typé Love avec son tempo maintenu par l'écho des cuivres, la basse, l'orgue, la guitare, l'orchestration de cordes et les effets de voix. Le mystère se mêle au dynamisme sur la surprenante Waves qui martèle une mélodie langoureuse façon Pink Floyd avec ses tensions et distensions associées à la basse magique. L'ambiance ésotérique portée par la sitar conclut le morceau pour se remettre en selle pop sur Novembre et sa batterie sixties aérienne, ses cloches dorées et admirables qui ferment le volet Modern Life Vol.2.
Les français Satellite Jockey signent un cocktail de mélodies, intimistes, expansives, balayant des générations de références musicales, d'explorations instrumentales, un régal. Modern Life Vol.2 est digne d'une saga qui se grignote, se déguste et finit par piéger et envelopper l'attention. Bien que les textes soient uniquement en anglais, j'aime leur style, le charisme de Rémi Richarme qui orne ses mélopées de sa personnalité, d'un tourbillon d'instruments, pour un résultat fin et brillant.