samedi 9 juin 2018

Jonathan Bree

Pour ses nombreux fans dont je fais partie, l'événement est de taille. Jonathan Bree fait paraitre ce 8 juin 2018 son troisième album nommé Sleepwalking. Les cordes que l'artiste néo-zélandais tend sur son arc sont en nylon, en fer et en or. Ses talents multi-facettes font de lui une pierre précieuse de la pop. Fondateur du label Lil'chief Records, le troubadour compose des mélodies pop qu'il arrange et produit avec dextérité. Sa signature réside dans son univers musical plein d'âme et d'identité, inquiétant, psychédélique et soyeux à frémir.



JonathanBreePiggledyPop2014

"J'écoute Jonathan Bree depuis des années. Ce que j'aime chez l'artiste c'est sa personnalité qui rayonne dans sa musique, ses paroles et sa voix. Peu pliable, son tempérament intègre me séduit. Originaire d'Auckland, il découvre jeune le milieu de la pop indépendante grâce à son cousin Mark Lyons membre du groupe The Nudie Suits. Il crée dès 1998 son premier groupe The Brunettes avec Heather Mansfield qui assure le chant. L'EP Mars loves Venus sort cette même année, puis en 2002 avec son ami musicien Scott Mannion, Jonathan Bree crée le désormais fameux label Lil'Chief Records que j'évoque souvent sur Piggledy Pop. (...) Jonathan continue de créer, de jouer en offrant l'EP Boyracer en 2003 et signe dans le même temps l'excellent album Songbook de The Nudie Suits. En 2004, le label enchaine les signatures dont les californiens de The Ruby Suns exilés à Auckland. Lil'Chief compte dès 2005 une communauté de musiciens notables (...) Edmund Cake, Lawrence Arabia, Little Pictures, The Eversons, Princess Chelsea (autre projet de Jonathan) etc.
Jonathan parallèlement à son label poursuit son écriture et la composition, attaché au style sixties des Beatles, des Beach Boys et surtout à celui de Jonathan Richman dont il est fan depuis qu'il a 10 ans via Modern Lovers. Avec The Brunettes qui accueille dès 2004 Ryan McPhun des Ruby Suns, il signera 9 albums en une décennie."



Avec ce nouveau rendez-vous Sleepwalking, Jonathan ne fait pas de quartier et dégaine des compositions fleuries de basse, son instrument de prédilection, de guitare et de claviers. Brûlants et intenses en sonorités, les arrangements de Jonathan Bree aux commandes sont purement excellents. Les cordes font flotter une tension, son chant profond, invincible perturbe et trouble dès l'ouverture de Sleepwalking. Outre l'utilisation souveraine de la basse, Jonathan manie si bien le thème de la sensualité qu'il crée un alliage musique-voix efficace. Les voix font des loopings troublants sur Boombox Serenade avec son orgue, son tempo langoureux qui de manière alternative nous mène dans un état latent. Cet effet ne dure pas, le titre stoppe brutalement et judicieusement pour enchainer sur la rythmique offensive de You're So Cool. Jonathan fait sa cour, et à ce stade, pose ses jalons en passant à la vitesse supérieure. La voix suprême déclame avec volupté et intimité un texte outrageusement séduisant où l'assaillant est pris dans les mailles du filet de la dame: "I play the devoted butler, Morning coffees by the bed, While all hard fought endeavours, Bring in diminished returns, You're so cool, it's true, You're my kind of girl, Keep you 'till the end". Tandis que la cour assidue fait ricochet sur la servitude et la dévotion, la belle vient répondre sur le charnel Say You Love Me Too avec la présence de Clara Viñals au chant.
Puis le fondant et impressionnant Characters vient accrocher et aspirer l'esprit. Sa construction d'abord pop orchestrale prend la forme de confession amoureuse émouvante, sur des écho de voix divins et la basse, toujours et encore, qui finit d'engloutir l'attention.



Roller Disco poursuit dans la subtilité et la furieuse force mélodique. Les harmonies dans les guitares électriques et les percussions sont véloces et voraces, continuant de perturber les sens sur Valentine et son violon taquin voire funky. En plongeant dans le contexte aussi spirituel que tangible, on passe du rêve au charnel avec la mélodie envoûtante de Static qui précède la tumultueuse Plucking Petals où  Princess Chelsea fait une apparition. Les voix lointaines fantasmagoriques, les guitares en reverb chevaleresques, nous ramènent au titre d'album Sleepwalking avec à son collier des perles mélodiques avant-gardistes singulières. Cette sensation se poursuit sur les cuivres délectables de Coke où là aussi le lexique de gentlemen et de perte de sens, orné de la voix de Jonathan qui croone et vibre, est en symbiose avec l'éloquence des arrangements. Le feu ne s'éteint pas avec le titre qui clôt l'album, Fuck It, aux allures synth-pop cold-wave surprenantes mais bien senties. Jonathan Bree a le don de balancer entre l'ancien et le moderne, mettant en valeur l'orchestration des cordes, des claviers, de batterie typée années 50 et de sa voix magique pour un ensemble qui sonne réel, une acoustique non hybride ni modulée. Le résultat stylé, plein d'âme pop, est une réussite, qui touche et me donne envie de défendre le bastion Jonathan Bree avec ardeur.
En 2014 son premier album solo The Primrose Path est 'album de l'année' sur Piggledy Pop ; Mon point de vue ne change pas et je classe Sleepwalking meilleur album 2018 tant la qualité de l'écriture et de l'exécution est précieuse et rare.
JonathanBree

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