Pale Lights est un groupe d'indie-pop américain conduit par Phil Sutton, un anglais exilé à New-York, un favori dans ma collection avec son univers en point de repère qui correspond à ma recherche d'émotions. Je les adore parce qu'ils ont des références artistiques, littéraires, cinématographiques, bien sûr musicales et qu'elles apparaissent furtivement, comme pour un jeu pisté sur partitions. Le leader Philip Sutton, amoureux des livres, travaille au quotidien pour The New York Public Library, passionné d'histoire et d'histoires. Il compose des mélodies pop lumineuses pour refléter ses paroles qu'il puise délicatement dans ces diverses influences culturelles. J'évoque les productions de Pale Lights en 2014 sur Piggledy Pop : "Musicien, chanteur, compositeur et arrangeur, il fait ses armes au sein de multiples groupes Kicker, The Projects, Velocette, The Soft City et récemment son nouveau projet, Pale Lights.
Avec Kicker, Phil Sutton signe deux albums chez Track & Field entre 1999 et 2002. Puis l'anglais s'exile à New-York où il met en place The Soft City avec des membres de Kicker, de Comet Gain et des Ladybug Transistor, un premier EP en 2007 sur Cloudberry Records, puis un autre en 2008 qui aboutissent à un album éponyme en 2010 signé chez Plastilina Records, enfin un autre EP en 2012 Four Stories. Entièrement composés, écrits par Phil Sutton, ils sont tous enregistrés dans le fameux studio à Brooklyn de Gary Olson. Les poppeux de The Soft City offrent des mélopées rythmées, joyeuses et dansantes à l'âme sixties que je conseille chaleureusement." "En 2011 Phil Sutton s'allie à Lisa Goldstein, pour peaufiner un sublime EP sous le nom de Pale Lights qui ravira le club des fans de Lloyd Cole et qui comprend Andy Adler, bassiste dans Crystal Stilts."
PaleLightsPiggledyPop2014En 2014 Pale Lights offre l'album Before There Were Pictures, sublime et épuisé, il s'est vendu formidablement comme un petit pain et le groupe persiste en novembre de la même année avec l'EP Fourteen Stories Tall suivi au printemps 2016 de l'EP Seance for Something. Le magique titre Jean, Bring the Flowers apparait en novembre dernier pour annoncer le tout nouvel album de décembre 2017 The Stars Seemed Brighter ; j'ai de la veine d'avoir mon exemplaire vinyle issu des 300 parus signés chez le précieux et esthète label allemand Kleine Untergrund Schallplatten, enregistré et mixé chez et par Gary Olson, producteur et leader du groupe Ladybug Transistor dans son studio Marlborough Farms Brooklyn.
La féerie commence avec 100 years qui ouvre l'album dans sa valse de cordes de guitares jouées par Phil et Andy Adler, de basse avec Maria Pace, dotées du synthétiseur avec Kyle Forester ornées de la batterie romanesque de Lisa Goldstein. Le texte romantique, presque old-school fait danser sur ses sujets qui effleurent la mémoire et l'amour. Son auteur la décrit ainsi : "The title is a reference to a line in a biography I read about the poet and artist William Blake, whom I love. The biographer was writing about London at the time of Blake’s birth. He said something like '-250 years ago the stars over London would have been more visible, the night sky would have seemed much brighter-' "
L'envie de danser nous prend quand le tumultueux et irrésistible Mother Cries arrive aux oreilles avec ses arrangements rock garage, solidement tendus pour se marier au tambourin d'Hamish Kilgour. Phil nous invite à son bras pour swinguer le beau moment de I Will Not Pray où il entonne magnifiquement les notes fleuries d'âme pop avec le solo de guitare d'Andy pour offrir sa main à une mystérieuse muse prénommée 'Mary'.
Les guitares poursuivent leur scintillement avec la fantastique mélodie You Were My Sweetheart et toujours la voix de Phil Sutton, somptueuse sur le saxophone assuré par Gary Olson. Suit le métaphorique Jean, Bring The Flowers qui représente un temps passé quand l'art représentait la beauté mais aussi une sorte de critique politique, adaptable selon le côté où l'on se trouve "Jean bring the flowers into the room, Jean bring the flowers into the room, We’ll be lifted by those blooms, Bring the sunlight into our darks lives". Le côté de Phil est celui du pacifiste comme décrit dans The Army Game, titre cristallin avec un soupçon vintage sur fond néo-romantique où Phil évoque sa longue lignée de militaires de la british army et des vétérans en général qui n'ont pas toujours la reconnaissance méritée à leur retour de combat. La gracieuse qualité de la composition et la myriade de notes virevoltantes sont percutantes dans Poor Old Ruby Ellen ; La guitare électrique de douze cordes qu'Andy accompagne parfaitement les harmonies vocales alliées de Phil et de Suzanne Nienaber. Le thème leitmotiv qui revient flotter sur les paroles de Pale Lights est le rêve qui gagne toute sa splendeur sur The Sounds via son clin d'oeil à la Jean-Luc Godard. La saisonnale Coming Up For Air est pour moi le petit bijou de l'album. Comme un voyage initial, un retour aux valeurs, décrivant les sensations, les paysages, comme dans un des romans d'Orwell où le protagoniste revient dans son village natal du Oxfordshire, le même que Phil, faisant vibrer le morceau de vérité et de vécu. Goodnight ferme le pas, d'une allure vive et poétique, avec des attaques claires et franches de guitares et une rythmique, des arrangements à la finesse pop pertinente. Pale Lights offre du rêve comme d'habitude, de la lumière et de la romance avec le chant de Philip tantôt chaleureux tantôt fiévreux qui fait son effet sur The Stars Seemed Brighter, à se procurer.
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