dimanche 26 novembre 2017

Brighton

Brighton nait suite à l'invasion des saxons en 450 après Jésus Christ. Pendant le Vème siècle, ce peuple germanique fonde sur l'île trois royaumes, l'Essex, le Sussex et le Wessex. Pour le reste de l'île, habitée par les bretons dirigés par le roi Vortigern et des peuplades indigènes, ce sont les Angles, autre peuple germanique formé de mercenaires sanguinaires, qui arrivent au Vème siècle. Les anglo-saxons posent alors leurs valises, l'Angleterre prend forme... jusqu'à l'invasion normande (vikings ) au Xème siècle. Etant normande, notre Histoire est intimement mêlée, grâce à Guillaume-le-Conquérant et Richard 1er dit Sans-Peur.
Pour situer l'époque par rapport à notre Astérix, c'est un peu après les gaulois, dixit la page de garde de la BD : "Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non. Un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours et à l’envahisseur…".




Donc Brighton, connait quelques invasions, quelques dommages, d'abord naturels, avec l'érosion de ses falaises, puis collatéraux, avec les français qui brulent la ville au XVIème siècle. La magnifique bourgade se remet debout et des maisons à pans de bois fleurissent. La pêche ravive les âmes et le quartier des pêcheurs avec le Regency Terraces connait une belle notoriété. Le XVIIIème siècle sera donc pour la jolie Brighton une période de prospérité. Les bains s'y développent, le bâtiment le plus fameux, le Pavillon, est érigé par le prince Régent en 1783 (toujours selon le calendrier grégorien) et petit à petit, son profil se dessine. Brighton devenue station balnéaire prend le nom de la 'Fulgurante'.




Bien que certains la surnomment 'la Londres du bord de mer', au fil du temps, les artistes quittent la capitale et s'installent à Brighton. Pour bien connaitre les deux villes, j'avoue ne pas comprendre cette appellation. Les deux villes n'ont absolument rien à voir. L'une est clairement orientée sur le profit de manière sombre aux dépens du passé, l'autre fait rayonner ses valeurs, son histoire, son air iodé et ses blanches falaises. Le chemin de fer installé en 1841 aide beaucoup. Le siècle qui suit voit sa population passer de 7000 habitants en 1800 à 120 000 en 1900. En 1850, la ville comptabilise 250 000 touristes par an et la Sunshine Line prend son envol. La très connue West Pier est construite en 1866 et la Palace Pier en 1899. La première a été éprouvée pendant la tempête de 2002, puis incendiée (décidément!) en 2003 pour finir en morceaux dans la mer sous l'épreuve du climat, de l'apathie, voire du mépris. Il subsiste des ruines aujourd'hui et sa grande soeur, la Palace Pier, est la jetée la plus renommée d'Angleterre.



Le parc national des South Downs constitue un des charmes de la région avec ses falaises dont les plus attrayantes sont les Seven Sisters avec ses villages, ses cottages, ses boutiques vintage, ses antiquaires et son petit secret bien gardé et privilégié : sa dégustation de vin blanc pétillant au coeur des vignes qui jalonnent les falaises de Ridgeview. Ses collines recèlent d'autres secrets comme ses caves à fromage où les babines explosent de plaisir avec le Blue Brighton qui va comme un gant au blanc de blanc Ridgeview. Le Brighton & Hove Food & Drink Festival a lieu tous les ans début novembre. Un des villages pittoresques à visiter est celui de Rottingdean avec ses maisons à colombages du XVI et XVIIème siècle où Rudyard Kipling trouve du calme pour sa famille et l'écriture de 1897 à 1936 (Le livre de la jungle).



La Brighton de Lord Alfred Douglas est romantique, électrique, bourrée de charme et ses maisons offrent un cadre de vie de qualité. Le climat est aussi doux que passionnant. Les écrivains, peintres et musiciens aiment y vivre. La ville les inspire. On y trouve des galeries d'art, des lieus pour résidences, des ateliers de céramiques, de bijouterie, de peinture, de sculpture, de couture. La création y bat son plein. En ce qui concerne la pop musique, des figures du style y ont leurs dépendances comme Nick Cave, Paul McCartney, British Sea Power, Primal Scream, David Gilmour des Pink Floyd, The Go! Team, The Maccabees, My Federation, The Electric Soft Parade, Emiliana Torrini, Noel Gallagher, l'excellent Gaz Coombes de Supergrass. En 2001 le festival Big Beach Boutique point et on invite l'enfant du pays Fatboy Slim pour inaugurer cette fête sur la plage. La nuit tombée sur la station balnéaire, Fatboy en 2002 réunit sur la plage de galets 250 000 personnes. Comme pour Copenhague, je trouve un air pop à Brighton et les villes qui m'inspirent d'aussi bonnes sensations seront sur Piggledy Pop. Copenhague



samedi 25 novembre 2017

Talma

Talma est un jeune groupe qui vient d'éclore avec un premier EP en 2016 All Roads Lead Home et depuis hier, le nouveau single Lifeline. Originaire de Londres, les cinq garçons, James Creed à la guitare, chant et clavier, Henry Adams au chant, Jack Louis Rennie à la guitare et chant, Pete Warren à la basse et Jonny Harrison à la batterie font revivre et vibrer ce rock anglais qui avait rangé les guitares au placard. Ils sillonnent les scènes et subjuguent en live. Amateurs des Smiths et de Bowie, il y a dans leur style des réminiscences de ces artistes, comme un témoin lyrique et rebelle passé de main en main. Surtout, ils remettent au goût du jour le genre britpop chargé de guitares, gavé d'énergie, du pur rock'n roll. Depuis une semaine, Talma est de retour en studio pour offrir de nouvelles mélopées décapantes dans les jours prochains.



Les thèmes évoqués oscillent entre la mémoire, les temps passés et l'actualité parfois agressive comme souligné sur Lifeline ; Adam: "Lifeline explores the juxtaposition of being surrounded by millions of people – for us, in London – but still feeling a sense of loneliness every day. There are moments where it seems no-one can see you, yet everyone is watching you. This paranoia can drive people away from the city, and so we look for lifelines to tether us to the places we try to call home". En juin 2017 sort Heads Down, court, incisif, efficace sur à peine deux minutes. Les anglais dégagent une énergie fracassante sur un temps restreint. Un coup de 'masters' qui suit Semaphore, Figures, Standing Around, Cave, All Roads qui constituent All Roads Lead Home et préfigure, augure une suite bien brillante que je suivrai, évidemment.
Talma





dimanche 19 novembre 2017

Le parapluie

Le parapluie n'est pas un groupe de pop mais un objet portable qui comporte une canne et un dispositif à baleines. Son existence remonte à la Grèce antique. 
Les ombrelles fleurissent plus tard à Rome pour se protéger du soleil. Objet précieux, n'a pas une ombrelle (ombrello en italien est une petite ombre) qui veut. Le mot grec "para" signifie "se protéger contre" et le nom "pluie" vient du mot latin "pluvia".



Le parapluie est surtout utilisé en France dès le début des années 1620. Contrairement à la légende, nos cousins gentlemen anglo-saxons, l'adoptent un siècle plus tard. Jusqu'à la fin du 18ème siècle, c'est en France que l'ombrelle qui sert autant pour le soleil que pour la pluie, connait un grand essor. C'est encore un français, Jean Marius, qui invente le parapluie pliable en 1705. Toujours côté français, la fabrication des parapluies est à son apogée en 1850 en Auvergne, à Aurillac et outre-Manche, c'est à Sheffield que Samuel Fox confectionne le premier l'instrument, vers la fin du 19ème avec peine car le dédain des anglais pour le parapluie est tenace très longtemps.



Des ébauches de parapluie existent en Auvergne dès le moyen-âge où les dinandiers travaillent des morceaux de cuir pour les poser sur du bois des forêts cantaliennes. Au fil du temps, des passages des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, qui rapportent ce cuir aux auvergnats, ceux-ci iront même jusqu'en Espagne vendre des chevaux pour rapporter des toiles de coton. L'ombrelle se transforme en parapluie. Anne de Bavière le démocratise en 1712 et lance la mode dite des «parisiennes». Le parapluie est chéri en France, à Paris, où éclosent les premiers ateliers. On lui porte une bien belle attention quant à sa manipulation et à son entretien. Différents matériaux l'habillent au travers du temps, taffetas huilé, alpaga, dentelle, coton, soie et pour les cannes, du hêtre, du chêne, du charme, châtaignier et acier trempé pour le U de Paragon en guise de fanon de baleine.

Dans la capitale les parapluitiers s'activent dans leur travail artisanal, du fait main appuyé par celui des raccommodeurs. Légers ou résistants, les ombrelles, les parapluies, les parasols sont en demande pour plus d'élégance, de luxe, de fantaisie et bénéficient d'une grande popularité au sein de notre pays du 18ème à la fin de la seconde guerre mondiale. La parasolerie depuis perd de son panache en adoptant le polyester et des matières plastiques. Les pépins perdent de leur peps.



Il reste en France cinq ateliers de confection de parapluies. Ces métiers font partie intégrante de l'identité, de la culture française et ne doivent pas disparaitre. Du parapluie 'Paris sous la pluie' de Gustave Caillebotte, du 'Femme à l'ombrelle' de Claude Monet à celle qui flotte dans votre verre à cocktail, tout bon foyer français qui se respecte a son parapluie. ParapluieParis est une marque française qui résiste faisant encore à la main des objets magnifiques, la parasolerie Heurtault dans le XIIème, les deux fabricants aurillacois Maison Piganiol et Sauvagnat, Guy de Jean à Versailles, sans oublier feu Le Verel de Lyon, la marque 'parapluie de berger en France' de Pau et bien sûr, les ateliers de Cherbourg qui brillent d'excellence. Avant le film de Jacques Demy de 1963, Les Parapluies de Cherbourg, il n'y avait aucun parapluie à Cherbourg. Le succès du film a fait naître l'idée à Jean-Pierre Yvon d'installer des ateliers de fabrication en 1983 pour in fine déposer en 1986 la marque 'Le Véritable Cherbourg'. Y naissent des parapluies 'made in Cotentin' de matières nobles, de tissus luxueux, de manches en bois portant les armoiries de la marque.







samedi 18 novembre 2017

Morrissey

Morrissey grandit de jour en jour et devient un des seigneurs d'Angleterre en musique pop. Son nouvel album Low In High School sort hier le 17 novembre 2017. En citant une des répliques du film 500-Days-In-Summer, je dirais 'I love The Smiths'.
Morrissey dit 'Moz' nait en 1959 à Manchester et fonde le groupe The Smiths en 1982. Du haut de ses 23 ans, l'auteur-compositeur impose sa griffe. Avec Johnny Marr, immense autre seigneur de la pop avec qui il mène The Smiths jusqu'en 1988, ils ne cessent depuis presque 40 ans de chatouiller l'excellence. Amoureux de Jack Kerouac, Byron, Oscar Wilde, Moz est un des derniers artistes à écrire des chansons intelligentes, brillantes et touchantes. Rebelle élégant et sensuel, le romantique rock'n roll, le hooligan de la pop, écrit sa biographie en 2013 pour laquelle les fans feront la queue pendant 30 heures le jour de sa parution . Le film biopic England is Mine vient de sortir avec un prix au Edinburgh International Film Festival.



Avec sa renommée internationale, sa carrière magnifique, Morrissey ne désarme pas et poursuit parce qu'il aime la scène, ils aiment ses fans, il ne peut pas vivre sans écrire des chansons. Peu me chaut si certains clament que Morrissey sans Johnny Marr n'atteind pas le niveau exemplaire de la discographie des Smiths, je deviens de plus en plus fan de Morrissey. Je le découvre tardivement, le vois toucher les cimes en matière de composition et de chant. Enigme, légende, guide, référence, leader, tous les adjectifs sont dégainés et quand j'écoute Low In High School, onzième album en solo, j'entends une analyse philosophico-politique, un point de vue sur l'actualité auquel j'adhère. Moz déroule sa clair-voyance et son caractère avant-gardiste sur 12 titres. Ils commencent par le grandiose My Love, I'd Do Anything For You qui pose le décor 'Teach your kids to recognize and to despise all the propaganda, Filtered down by the dead echelons mainstream media'. Les guitares électriques, les trompettes et trombone sonnent pour alerter sur ce qui nous pend au nez. L'album est enregistré à cheval entre Paris et Rome avec à la production, le remarquable Joe Chiccarelli. I Wish You Lonely est aussi combattante et rythmée. Les synthétiseurs sont éclatants sur Jacky's Only Happy When She's Up On The Stage. La mélodie y est révoltée, alimentée par des samples et une batterie haletante. Trompette et guitares sont de la partie pour accompagner le chant plein et solide. La fermeté et la fragilité se rencontrent sur Home Is A Question Mark, où Moz cherche toujours son endroit, son 'home' après des années passées loin de Manchester vivant entre Los Angeles et Rome.



Les claviers rivalisent sur Spent The Day In Bed où l'anglais préconise d'arrêter de regarder les news à la télé. Morrissey ne lâche donc rien. Il n'aime pas la bêtise, les idiots, qui nourrissent les médias et les gouvernants, une entité qui cherche le chaos. Son bel entêtement glissé dans des métaphores resplendit aussi dans le tempo. Les arrangements ficelés rock continuent sur le sarcastique I Bury The Living où les cordent électrisent la basse sur le grain de voix puissant et offensif. Ce titre est magnifiquement soutenu, alternatif, interprété avec un talent inoui. Ca balance et donne du mordant sur le piano et les échos inquiétants de In Your Lap où le sens critique de Moz apparait fort lucide, courageux. "The Arab Spring called us all, The people win when the dictators fall, I heard a bang and an almighty crack, And I just want my face in your lap, The people sing when the warlords all burn, Do not feel sad, it's simply their turn, They tried to wipe us clean off the map, And I just want my face in your lap". De manière logique, le titre The Girl From Tel-Aviv Who Wouldn't Kneel suit, typé tango où la danse évoque l'étrange insouciance et légèreté d'un pays qui vit entouré de pays amis qui distribuent du pétrole. Puis la pop fleurit sur la rythmique virevoltante, les guitares monumentales de All The Young People Must Fall In Love, splendide titre incisif et musclé d'ironie 'à la Moz'.



Quand When You Open Your Legs joue son air oriental c'est pour repartir à Tel-Aviv avec des violons qui ornent une instrumentation formidable. Le titre fulgurant Who Will Protect Us From The Police? poursuit dans l'orchestration animée de synthétiseurs, de cuivres, de guitares pour former une chanson incroyablement énergique grâce à un Morrissey plus passionné que jamais. Israel termine l'album d'une façon troublante et belle. Le texte beau, blindé de symboliques, est à comprendre absolument. Une fois le sens saisi, on ne peut que dire merci à Monsieur Morrissey pour sa finesse d'esprit, sa mélodie jouée au piano pour plus de solennité, de responsabilité et pour sa voix. Les dernières notes offrent en arrière plan, très lointain, un chant liturgique chrétien pour conclure Low in High School ; Un retour aux racines. Le grand Morrissey émeut, par sa force, son charisme, sa musicalité et sa résistance flamboyantes.
Morrissey



dimanche 12 novembre 2017

Satellite Jockey

Satellite Jockey est un groupe français basé à Lyon né sous l'impulsion et l'écriture de Rémi Richarme en 2010 (chant, basse, guitares, sitar, banjo) . Il crée le groupe à Brest où il fait ses études d'ingénieur du son et c'est là qu'il rencontre les musiciens Thibaut Le Hénaff (guitare, trompette), Clément Sbaffe (guitare, violon) et Antoine Nouel (guitare). En ajoutant le batteur et la chanteuse, le groupe signe l'opus Trembling in the night en 2011. Les influences, multiples et belles, sautent aux oreilles. Le rock et la pop des années 60 et 70 se glissent joyeusement dans les chansons qui sont malgré tout singulières et véhiculent un style propre alternatif et peu commun. La particularité première de Rémi est de créer la surprise dans ses compositions faisant montre d'une richesse de références musicales, garage, baroque, new wave, psyché. Le nom du groupe vient du groupe anglais des années 60 Nirvana et de leur chanson Satellite Jockey.
Suit l'EP Looking for a shelter en 2012 avec le somptueux Sometimes qui ouvre le disque et Stars qui parait en 2013. Le troisième album Falling parait en 2015 avec la nouvelle chanteuse Pauline Le Caignec (piano, clavecin, orgue) et le nouveau batteur Florian Adrien, le groupe ayant quitté Brest pour revenir s'établir à Lyon.



Au printemps 2017, Satellite Jockey offre l'album Modern Life vol​.​1 avec comme pochette une très belle estampe colorée. Le décalage avec la vie moderne démarre sur les chapeaux de roue dans le premier titre ingénieux Copernicus. Dès l'attaque des accords de guitares, c'est un plongeon pop sur des harmonies de voix sixties avec des loopings délicieux dans les gammes de la basse grandiose. On songe aux Beatles, Kinks, The Incredible String Band, Syd Barrett ou Small Faces, Animals et Yardbirds quand Misery arrive sur la platine. Tambourin et orgue psychédéliques s'allient aux guitares pour envahir les oreilles d'un tempo vitaminé. La rythmique virevolte légère et ornée des cordes sautillantes sur She Came Out of Nowhere où la voix de Rémi croone savamment, portant le titre. La minute suivante est un titre ensoleillé de bossa pour un break saupoudré d'orgue et de 'lalala' avant un très beau Long is the Road aux arrangements seventies. Opacity et sa mélodie planante, sur basse et clavecin hypnotiques, fait une escapade moderne et cosmique rappelant le titre d'album. Quand Inside à la silhouette Pink Floydienne de nouveau envoûtante par le grain de voix et les accords ascensionnels et alternatifs, offre du psyché, du groove, du rock dans le jeu des guitares.



Les titres chantés en anglais sont honorés par un accent irréprochable. Le fabuleux Hide from Love avec sa mélodie pop, sa batterie scintillante et son texte en mouvement s'allient pour donner du relief et de l'allure au titre dansant. Satellite Jockey enchaine sur un somptueux The One Who Dares, chaleureux et sensuel avec la présence du sitar, le swing élégant de la flûte, agrémenté du mariage des voix au psychédélisme panaché efficace. Pour conclure le formidable album les titres United Nations, qui offre une orchestration fournie de violons, guitare acoustique, comme un plaisir millésimé qui ferme l'écoute est suivi du sémillant Modern Life. Tel un carton d'invitation à la nostalgie, les arrangements pop sixties de clavecin, violons, trompette et basse reprennent La Marche des Turcs de Lully sont un régal sur cette fin de disque rappelant le décalage du début. Rémi Richarme aime autant le classique que le rock et son bon goût, ses gages d'auteur-compositeur de qualité s'imposent, explosent sur Modern Life Vol.1. si bien que dans mes oreilles, Satellite Jockey devient sacrément addictif.
SatelliteJockey





samedi 11 novembre 2017

Sans Chateaux

Je gardais secrètement Aspendale sous mon parapet depuis deux ans mais Sans Chateaux n'est pas destiné à rester cloîtrer à l'abri de toutes les oreilles. Au contraire, l'artiste irlandais au talent exponentiel mérite toutes les attentions et est d'un naturel très sociable. Austin Moore vient du comté de Cork, de Midleton, il reste pour ses études en Australie en 2013 où il écrit ses chansons et rentre en 2015 pour les enregistrer en Irlande avant de repartir finir son doctorat en France.
J'ai chroniqué Sans Châteaux sur Piggledy Pop il y a 3 ans, enthousiasmée par le projet nourri de clarinette, violon, de trompette, guitare et instruments celtes comme le banjo et le fiddle. Je le rencontre le 14 novembre 2015, veille d'une journée noire. On prend une terrasse parisienne et nous discutons de son parcours, romanesque, jonché d'expériences culturelles hors-normes pour son jeune âge qui lui donne un profil fort noble. Il me confie alors Aspendale, fabuleux album qui paraitra un an plus tard, le 11 novembre 2016.
SansChâteauxPiggledyPop2015



Ses titres sont enregistrés avec guitare, piano, rythmiques qu'il assure lui-même avec son ami Patch qui vient orner le tout de violoncelle. La personnalité d'Austin habille les morceaux arrangés avec délicatesse et brio comme le montre Aspendale. Les harmonies riches se mélangent subtilement au chant qui s'extrait sur A Science / Metaphor, épais en musicalité. Les arrangement d'une douceur exaltante apportent des sensations souriantes et les mélodies bouillonnent d'excellence. A l'écoute de Fiction Can Be Heavy, Austin dévoile un don évident pour la composition et sait en bonus, orchestrer avec intelligence ses partitions de voix qui fleurent bon l'Irlande avec ses mots qui font des roulades sur les pentes moutonneuses de bruyères pour se languir enlisé de mousse verte, brin d'herbe coincé entre les dents. Puis la guitare folklorique embellit A Wilting Lilt, A Comma Hangs, sur le grain de voix cristallin doublé d'une orchestration proche de la veine Nick Drake. L'élégance est de mise, la spontanéité resplendit autant que le travail et la réflexion sur l'avancée des notes dreamy et sunshine pop de l'amoureuse What Are We But Compounds ? Puis Søren nous emmène dans la poésie du piano qui accompagne voix et guitare classique.



On pense au folklore nordique, au tempo ensoleillé des Beach Boys, au sentimental de Scott Matthews, à la jovialité des Belle and Sebastian en sautillant sur Stuff Unknown. La balade Post-Columbus rythmée par le génial violoncelle et le chant aiguisé d'Austin délivre un message sensuel limpide avant de semer des particules de regret sur Peak, Descent. Le piano revient mélodique sur The Happiest Age, The Most Disengaged et la rythmique émanant du bois, des cymbales et des cordes tendues nous accroche, nous envoûte. Le mixage des instruments est impressionnant, la production un travail de joaillerie. Sans Chateaux continue de m'époustoufler avec On Distance, alternatif, simplement beau et brillant avec un texte somptueux qui si on se penche dessus peut faire perdre pied. L'alternance construite n'est pas seulement dans l'instrumentation mais aussi dans les oscillations de voix. Le mouvement créé du remous et des sensations fortes dans le titre qui suit, Where These Feelings Missing, qui happe et impose des émotions. Aspendale se termine sur un morceau que j'ai aimé il y a des années déjà, Peregrination, dont le mélange de mots, les sonorités magnifiques et intemporelles révèlent un Sans Chateaux intense et un musicien au domaine étendu. SansChâteaux



dimanche 5 novembre 2017

Peter Perrett

J'écoute Peter Perrett & The Only Ones en permanence, parce que chaque mot chanté m'électrise, chaque note jouée me trouve. Le poète signe l'album How the West Was Won l'été dernier, produit par Chris Kimsey (Rolling Stones) entouré de ses deux fils Jamie à la guitare et Peter Jr à la basse, tous les deux ex-membres des Babyshambles et leaders de Love Minus Zero. Essentiel et époustouflant, ils comptent sur Jake Woodward à la batterie.
L'élégance débonnaire, la poésie rock'n roll, sa voix qui claque, son esprit sarcastique, tout me séduit dans l'univers artistique de l'anglais. Il apparait avec The Only Ones en 1976, ses chansons power-pop punk connaissent un succès fulgurant puis suit un hiatus de plusieurs années. Il crée The One dans les années 90, fait des apparitions sur scène avec les Libertines en 2004 et relance The Only Ones en 2007.



Finalement, c'est sous son nom qu'on retrouve le grand auteur-compositeur à son meilleur avec le fantastique 10 titres How The West Was Won paru en juin 2017. Alors que certains médias le surnomme l'Homme Fatal, il y a effectivement, sur ce point je suis d'accord, l'âme du Velvet Underground qui vient visiter vibrante chacun des morceaux. Cela ne peut que me réjouir. Cette évidence apparait dès les premières notes de How The West Was Won. Mélodiquement, c'est sublime et fort. Sur le plan de l'écriture, c'est grandiose. On retrouve les métaphores du génial Perrett, chantées avec panache et classe. Son sentiment balaie l'Ouest jusqu'à l'Est, culture et politique sont chiffonnées, en casant l'amour et l'humour au beau milieu. An Epic Story entre en scène pour un régal pop alternatif de trois minutes où Peter subjugue sur les guitares, basse et batterie somptueuses. Le bijou pop est une déclaration d'amour touchante qui donne envie de danser frénétiquement. Ses mots impétueux, au toupet rieur portés par sa voix rock'n roll et sensuelle à la fois, toujours vive, apportent une allure puissante supplémentaire. La littérature, les livres sont présents, alliés à la musique comme sur Hard To Say No, belle balade temporisée par les guitares et les choeurs pour dénoncer les indécis, les petits courageux planqués. Puis la magnifique Troika évoque un amour unique et ultime manqué, sur des accords en guise de boulet de canon indie-pop. La mélodie endiablée par la guitare électrique impressionnante devient sérieuse sur Living In My Head pour évoquer les délires et leur dangerosité frontale, idée poursuivie sur Man Of Extremes. Ce titre fabuleux fait bouger la tête, les bras et les jambes, si vous êtes assez sensibles, avec sa basse fulgurante et un texte tranché, beau, plein de vérité et de réalisme "If we could be reborn, And start it all again in unrelated times, Far from the raging storm, With no need to depend on a life of crime, Though it's justified, it's a sick society, There's no place left to hide, There's no place left to be free. "



Les notes majestueusement velvetiennes de Sweet Endeavour arrivent aux oreilles et cela devient difficile de maitriser ses mouvements. La mélodie galope et bondit sur les neurones en faisant valser les cordes et les caisses de batterie sur le chant absorbant, lucide, brillamment ajusté. Le romantisme vient habiller un texte fort émouvant, sur C Voyeurger qui emmène en voyage dans son intimité. Son auteur avoue ses sentiments les plus sincères et qu'il n'aurait jamais dû monter dans ce train...
La rythmique remet le pied à l'étrier sur Something In My Brain, à l'instrumentation rock psychédélique fière, solide de métaphores pour évoquer drogues & co comme Lou Reed employait le même talent pour parler du sujet. Take me Home ferme le rideau rock et pop underground avec ses arrangements de claviers sublimes, ses échos dans les guitares et les mots de Peter qui offrent des frissons garantis saignant d'encre pour écrire sur la guerre. Peter Perrett ne change pas, il rajeunit parfois, à croire que son don pour composer est une cure de jouvence. L'artiste nous lance un How The West Was Won énorme de qualité et frappe fort. Même si je le vénère déjà, Peter Perrett gagne définitivement mon admiration.
PeterPerrett



The Only Ones 1979 - Another Girl Another Planet


samedi 4 novembre 2017

The Blow Monkeys

Sorti le 6 octobre 2017, l'album The Wild River est le dixième des anglais The Blow Monkeys qui signent des mélopées pop groovy et engageantes depuis 1984. C'est Animal Magic de 1986 qui après Limping For A Generation offre une renommée au Blow Monkeys grâce au pouvoirs surnaturels d'auteur-compositeur du leader Bruce Robert Howard alias Dr Robert, accompagné de Tony Kiley à la batterie, Mick Anker à la basse et Neville Henry au saxophone. Que serait la pop des années 80 sans le fameux saxophone et les vestes flashy avec des escalopes de veaux en guise d'épaulettes? Je ferme la parenthèse carnivore pour revenir aux albums signés comme She Was Only A Grocer's Daughter en 1987 suivi en 1989 de Whoops! There Goes The neighbourhood et en 1990 Springtime For The World. The Blow Monkeys font une pause de presque vingt ans avant de revenir rutilants comme des sous neufs en 2008 avec Devil's Tavern, suivi de Staring At The Sea en 2011, Feels Like A New Morning en 2013 et If Not Now, When? de 2015 que j'adore. Bizarrement, ce dernier album est quasiment passé inaperçu alors qu'il est génial. Les arrangements ciselés de cuivres et d'ensemble de cordes sont tantôt rock, ou pop avec des shalala et des papapa très galbés. De plus les textes sont touchants, londoniens jusqu'aux bouts des doigts, déclinant les sentiments et les sensations de musiciens qui ont touché les étoiles.



Avec The Wild River dans les écouteurs, The Blow Monkeys réussissent à faire voltiger des particules stellaires et les maintiennent en suspension tout le long des titres savamment pop, soul et funky qui commencent par le magnifique Crying for the Moon. What in the World distribue entre les violons sensuels et le saxophone suave une mélodie chaude et rythmée. L'orchestration soul rayonne sur la voix splendide et cotonneuse de Robert Howard, majestueux. Les cordes pincées sillonnent le titre pour donner du mouvement et de l'allant. La flûte savoureuse bossa et boogie de On the Wings of the Morning habille les mots amoureux et le tempo caressant en crescendo. L'intensité de l'ambiance pop soul orchestrale persiste avec le somptueux Wild River et son orgue hammond qui rend ses titres de noblesses au style. Sur Landslide Comin' la rythmique vigoureuse de Crispin Taylor alias The Pump est magique. Il remplace Tony Kiley derrière la batterie qui n'a pas pu venir se joindre à la troupe en Espagne où elle enregistre l'album.




Quand Fortune's Wheel propose le doux son de la guitare acoustique, le chant de Robert nous cueille par ses ondulations chaleureuses. Les instrumentations absolument délicates, finement dosées, sont époustouflantes. Gods Gift et sa flûte incroyable propulse dans un moment de foi, joyeusement spirituel, continué par An Act of Faith qui confirme la luminosité et force de l'esprit insufflé dans le titre 'when she plants, she says: i don't do this for myself, i plant for future generations...". Le tempo langoureux blindé de cuivres voluptueux sur I Keep Getting In The Way est plantureux de notes évidentes et parfaites jusqu'au Nothing To Write Home About, dernier titre à la texture persévérante qui montre un Dr Robert au don de la composition inné. Tous les titres de The Wild River sont si généreux que je ne peux que partager mon avis sur ces sacrés bons Blow Monkeys. TheBlowMonkeys



Stag

Les Stag ou Mighty Stag sont cinq musiciens de Seattle qui se réunissent après plusieurs années d'amitié pour offrir de la powerpop décoiffante, enrubannée de rock et de groove. Fans de T-Rex, des Who, Guided by Voices et Big Star, les américains font swinguer et scintiller les guitares sur un tempo seventies fort dansant. Seattle devient depuis la veille du XXIème siècle un temple du rock'n roll, nous amenant depuis un lustre des signatures comme Kurt Cobain, Fleet Foxes, Pearl Jam, Walkabouts, Postal Service, Pedro the Lion, Death Cab For Cutie, Modest Mouse etc. Outre le petit lait qui les a nourri, les disques et références qu'ont en commun les cinq amis de Stag, ils savent tenir une guitare, une baguette de batterie et s'en servir de bon aloi.

Sunny, by Stag

Les camarades de Stag, actifs depuis 2010, Ben London auteur-compositeur (Alcohol Funnycar, Sanford Arms) à la guitare, Steve Mack (That Petrol Emotion) au chant, John Randolph (The Cops) à la guitare, Rob Dent (Jackie On Acid, Sanford Arms) à la batterie et Pete Everett (Tuffy, The Mellors) à la basse, se retrouvent en studio pour signer Midtown Sizzler en août 2017. Enregistré à New-york avec John Agnello (Dinosaur Jr., Hold Steady, Kurt Vile) aux manettes, l'album est une bombe pop-boogie aux format glam 70's tendu et efficace. Dès les premières secondes, les fières guitares de Pharaoh font mettre genoux à terre de cabrioles déjantées. La batterie offensive et intuitive transmet illico une dose d'énergie. Les lignes de guitares électriques dégainent une mélodie de caractère sur Come On où la vitalité dans le chant de Steve, à la force joviale, est très belle. Après des notes de claviers ensoleillées arrivent les cuivres du solide The Bedazzler. L'enthousiasme dans la mélodie, le jeu, les voix entrent de plein fouet dans les oreilles.



Stag joue ses tripes et sa passion dans ce titre débridé et fougueux, avant d'enchainer avec Rosemarie aux arrangements aussi musclés et fibrés que fleur bleue. Les pirates de Seattle évoquent souvent le thème de l'amour et des filles. La flatterie courtoise rock'n roll fait plaisir comme sur Sunny le titre phare du EP Saturday Morning de 2015 que je chéris. Runner qui suit est un titre sportif et amoureux, croustillant et mélodieux, galopant comme l'excellent Figure You Out, morceau dynamite. La nostalgie soulignée sur Pictures est tonique, à l'image des albums et EP précédents, These Times Are for All of Us de 2010, Paper Crown, Stag de 2012 avec son fabuleux I Love Her Records et le grandiose Temporary Machines de 2014. Already Know revêt sa cape de rock mods alternatif pour boucler la pépite. Les 'papapa' psychédéliques et joyeux enveloppent l'album Midtown Sizzler d'un papier cadeau pop ; Une des plus sûres sorties de 2017, à déposer au pied du pinède le mois prochain. Stag





vendredi 3 novembre 2017

Lomond Campbell

Lomond Campbell est par résonance un nom qui me plait beaucoup. L'artiste, auteur-compositeur est écossais. Son identité resplendit dans ses chansons, éclatante dans les mélodies, dans les thèmes et dans l'interprétation. Comme il est dit dans sa biographie, il vit près d'un loch dans les highlands, dans une école désaffectée qu'il retape en studio. Il y travaille, s'inspirant du ciel indigo limpide qui plonge dans le lac où saumons et truites s'amusent et tournoient : the sound of deepest, darkest Scotland . Son premier disque Only A City Apart parait en 2013 uniquement sur vinyle et en 250 copies. Voilà un profil aussi humble qu'exigent qui me séduit. Les six titres variés en sonorités surprennent et montrent sa capacité étendue dans le domaine de la composition ainsi que la palette de références qui nourrissent son inspiration.

Aujourd'hui, 3 Novembre 2017, sort son deuxième formidable album Black River Promise. Le musicien une nouvelle fois surprendra ses auditeurs. Pour ce petit chef d'oeuvre plein d'oxygène écossais, Lomond Campbell écrit des partitions pop pour orchestre symphonique. C'est Pete Harvey qui est aux commandes des arrangements de cordes. "We then recorded the 10 piece string ensemble (called the Pumpkinseeds) in a 500 year old castle in rural Perthshire. It was a totally new recording experience for me and was very challenging but I learned loads from working with Pete."



L'exercice est splendide, le résultat époustouflant. Au même titre que Beta Band, Lloyd Cole, Belle and Sebastian, Franz Ferdinand, Pastels, The Jesus And Mary Chain, King Creosote, son camarade, qui baptise Ziggy Campbell, Lomond Campbell, il entre avec cet album dans la cour des grands. Black River Promise commence avec le gracieux Fallen Stag dont je me régale sans relâche. La poésie y gambade légère et aérienne, l'orchestration et la guitare acoustique se suivent, sautillantes et magistrales. Digne d'une escapade dans les highlands, le titre Black River Promise qui suit est jonché de notes élégantes, brutes et lumineuses. Les mots serpentent, lyriques, ondulant entre les notions de temps et les paysages, sur une mélodie qui glisse entre les phalanges comme l'eau argentée de la rivière.



Le génial Every Florist In Ever Town nous prend par la main pour une promenade romantique évoquant une relation calamiteuse, rosie de violoncelles, de cordes de guitare et du chant de Ziggy, mélodique et cristallin. Misery Bell continue dans le voyage au parfum chlorophylle, au son des cloches avant la pop décapante de Brutes in Life. Suit le somptueux The Lenghts avec son harmonica dansant, qu'on déguste le casque sur les oreilles en dévalant les collines des 'hautes terres'. La magie tourbillonne dans l'ambiance médiévale de Archaracle quand Coal Daughter, reprise de la chanteuse Nuala Kennedy dessine un paysage émouvant. Le touchant et tragique Hurl Them Further ferme l'album. Black River Promise, comme une peinture impressionniste, titille par ses images, ses sonorités grandioses les âmes sensibles aux beautés naturelles. LomondCampbell



French Cassettes

French Cassettes est un groupe américain de qui apparaît en 2011 sous forme de trio et sous l’impulsion de Scott Huerta qui écrit et compose...