dimanche 28 mai 2017

Courtney Barnett

Comme j'aime les 'pince-sans rire' et le tennis à la fois, la vidéo de Courtney Barnett illustre très bien mon humeur actuelle, celle qui déteste les faux joueurs de tennis qui vont défiler dans Paris pendant le temps du tournoi de Roland Garros qui ouvre ses portes aujourd'hui. Ces pseudo tap'balles qui font honte à ce noble sport aux gestes établis, qui tuent plus de mouches avec leur manche qu'ils ne touchent de balle, m'horripilent et j'ai le poil sensible.
RollandGarrosPiggledyPop2014


Derrière son air un peu débonnaire, l'australienne Courtney Barnett cache une sensibilité créatrice, un charisme à tous crins sur scène, un sens de la composition confondant de charme et de talent. Guitariste hors-paire, sa voix est totalement habitée par l'indiepop. Elle dépose son âme d'artiste dans les arpèges, les mots, depuis son premier EP de 2012 I've got a friend called Emily Ferris. C'est du rock, autant galbé de notes sixties et garage, plein de boogie, de swing dans les cordes. Le premier galop est époustouflant de qualité. Il est suivi du deuxième en 2013, How To Carve A Carrot Into A Rose. Tous les deux sont vite vendus. A ses côtés, il y a une brochette de musiciens aussi excellents, Brent DeBoer, Andrew "Bones" Sloane à la basse et Dave Mudie à la batterie.



Il est peu étonnant de constater que Jack White (White Stripes) passe par là en guise de producteur avec son label Third Man Records pour le single de 2015 Blue Series. La suave et révoltée Courtney revient aussi solide qu'un rock cette même année avec son Sometimes i sit and think, and sometimes i just sit à la pop psyché qui fait un bien fou . Je suis fan de cette manière de tromper son monde avec ses allures relax et calmes comme habit de camouflage. En réalité, il ne faut certainement pas chatouiller la demoiselle qui pourtant ne manque pas d'humour. Dès Elevator Operator et Pedestrian At Best, le spoken word alterné avec le chant explosif et les guitares énervées, sa rage et sa puissance, font effet. Les paroles qui évoquent les miettes ou le plafond sur An Illustration Of Loneliness (Sleepless In New York) dévoilent sous fond de réalisme pudique beaucoup de lyrisme et d'élégance. Les arrangements rock que la batterie fait resplendir, sont plus vaporeux sur Small Poppies où on pense inévitablement à Lou Reed grâce à la mélodie qui glisse sur le chant velouté de la musicienne.



Depreston est un titre splendide, ultra-pop dans son format ballade mais aussi dans le sens des mots lancés et tapés harmonieusement . Le reflex passionnel ressurgit avec classe et pudeur sur Aqua Profunda qui mitraille les notes musclées, des envolées de basse et un texte drôle, paisiblement interprété toujours avec cette manière calme et froide de dégainer les bons mots qui frappent. Dead Fox enchaine et il est difficile de retenir un mouvement circulaire des nattes. Le titre dansant, entêtant, est une bombe pop où brille le pragmatisme de Courtney "More people die on the road than they do in the ocean, Maybe we should mull over culling cars instead of sharks (...) If you can't see me, I can't see you." L'envie de bouger comme un sioux de quitte pas quand attaque Nobody Really Cares If You Don't Go To The Party, virevoltant d'énergie. On fini avec les plumes entre les dents à l'écoute de Debbie Downer et sa batterie grandiose, ses choeurs sixties. Miss Barnett dont le style border-line est troublant de génie mène sa troupe, sa barque et ne semble pas attendre quoique ce soit des autres "Don't stop listening, I'm not finished yet, I'm not fishing for your compliments".



Caractère et tempérament inondent l'album comme sur le fantastique Kim's Caravan sur fond de basse et guitares lointaines qui se rapprochent pour imager le thème de la conscience, de l'apparence, du bouclier qui cache la personnalité "Don't ask me what I really mean, I am just a reflection Of what you really wanna see, So take what you want from me". La pépite de 11 titres se termine sur la douceur de la version alternative de Boxing Day Blues où la voix d'ange de Courtney Barnett caresse la Fender nonchalante sur un texte resplendissant de sarcasme. Sometimes i sit and think, and sometimes i just sit est simplement superbe, classé dans le panthéon des disques Piggledy Pop.
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