En 2008, j'écrivais toute ma gratitude à Benni Hemm Hemm : "Dans les années 90 été catapulté un truc islandais nommé Bjork dont le doux son me faisait penser à un porcinet qu'on égorge ou une poule qu'on plume. Enfin, il me faudra attendre le début des années 2000 pour me réconcilier avec la musique de l'île aux poneys et découvrir un groupe qui ne me donne pas l'impression d'être au salon de l'agriculture en l'écoutant." Effectivement, Benni Hemm Hemm apparait en 2003 avec son premier EP SummerPlate, un petit bijou, produit en 30 exemplaires par son propre auteur-compositeur, Benedikt H. Hermannsson. Le groupe que l'on peut définir comme 'big band' signe son premier album en 2005 nommé Klink & Bank 'Hermannsson apparait sur les scènes avec une dizaine de musiciens, formation instrumentale colorée de trompette, tuba, violon, guitares, batterie, glockenspiel et du cor ! La fanfare est jeune, joviale, se dandine en concert offrant une joyeuse humeur générale'.
Dès 2006, l'artiste prolifique, rapide, travaille sur Kajak qui sort en mai 2007 après seulement quelques jours d'enregistrement dans le studio de Sigur Rós et qui offre la participation de Jens Lekman sur le titre Aldrei. En décembre 2007 Benni Hemm Hemm signe l'EP Ein i Leyni sur lequel jouent et chantent Jens Lekman et Bill Wells, bassiste écossais qui joue avec The Pastels, Isobel Campbell, Kevin Ayers. Benedikt ne lève pas le pied. Il enchaine les enregistrements, écrivant ses mélopées pop par vingtaine, il offre le troisième album Murta St. Calunga en février 2008 et à peine essoufflé, fait la surprise du splendide Retaliate pour Noël 2009. Hermannsson est dans son élan, encore plus inspiré, offre Skot en 2011 ayant peaufiné l'album durant l'année 2010 avec l'ensemble islandais pop Retro Stefson. Dans une veine pop sixties, mélangée au genre orchestral, rock et ballade intime folk, l'auteur chante pour la première fois en islandais sur tous les titres. Benni Hemm Hemm fait rayonner des mélodies pop proches de celles de Beirut, Belle & Sebastian, Jim Ruiz Set, ou encore Gruff Rhys, Leonard Cohen et Jarvis Cocker par le timbre chaleureusement psychédélique de sa voix. Son univers artistique est coloré, griffant des arrangements avec une pléiade d'instruments, de rythmes et aussi de textes à connotation drôle, mordante ou mélancolique. Benedikt apporte à ses chansons son esprit critique, sa dérision et auto-dérision, un peu de son intimité toujours avec une classe infinie. Ses paroles sont comme des cartes postales envoyées d'Islande, pleines de vert, de soleil, de mer, de neige, et de pluie comme sur Sól á Heyhóla (The Sun on Yellow Grass Hills) , Ég á Bát (I Have a Boat), Snjórljóssnjór (Snow-light-snow), Regngalsinn (The Joy of Rain), mais aussi envoyées d'autres contrées comme sur Mónakó, ou Beethoven í Kaupmannahöfn (Beethoven in Copenhagen), Avían í Afganistan (Avían in Afganistan), Beethoven í Brasilíu (Beethoven in Brazil).
En janvier 2014, parait l'album Eliminate Evil, Revive Good Times enregistré à Glasgow avec des musiciens locaux. Cela fait quatre ans que Benni vit en Ecosse et travaille avec des artistes à Edimbourg et Glasgow comme Bill Wells, Dan Willson de Withered Hand et Alasdair Roberts. Benni revient souvent dans ses albums sur la religion et le premier morceau de l'album Take your Book évoque les livres et la bible, en devient lumineux et noir, magique et pragmatique, quoiqu'il en soit extrêmement marquant. La batterie se déhanche sur les guitares scintillantes et la trompette estivale pour donner envie de danser dans les blés dorés. Beat me Until you are Tired déroule un tapis de cordes, guitare et sitar, une mélodie duveteuse, des voix en canon délicates pour, en opposition au titre, offrir deux minutes de douceur. Les cuivres et bois se mélangent et galopent ensemble sur Rise, Rise, Rise qui nous emmènent sur un rythme enivrant dans les collines vertes bercées de soleil et de ciel bleu. L'intimité s'impose et s'expose joliment, sans trop d'instruments mais cette fois-ci un savant minimalisme dans les harmonies qui rend l'ensemble soyeux. L'état de grâce se poursuit sur I am free, qui s'élance dans un rythme endiablé de guitares, de cuivres, de peaux frappées et de voix angéliques qui entonnent 'i am free from my darkest tower'. Siam continue avec sa batterie débridée, sitar et cuivres, qui cavalcadent en harmonie quand le majestueux Lucano and Ramona, mélopée pleine de poésie pour parler d'amour et de mort, touche et émeut, comme The Mask of Anarchy où les voix s'élèvent, cristallines et lumineuses. You'll get lost, pop et guilleret, propose une mélodie ensoleillée ornée de clap-hands, melodica, batterie, de guitare et basse vitaminés. Build a wall, langoureuse, berce de lyrisme et de sonorités folk avant le grandiose Bright Air And magical Life qui me fait penser à la beauté des accords de Nick Drake. Don't forget The Northern Morning Light parle de la musique, de mélodie, d'harmonie qui s'évaporent comme si l'auteur dessinait un bilan personnel, troublant de mélancolie et peut-être de 'mal du pays'. Rempli d'âme, de miséricorde, de romantisme, les titres s'accordent et se suivent parfaitement avec Darknness, ses choeurs célestes, ses percussions aussi passionnées que ses trompettes, puis Birds Like Smoke Rise rempli de luminosité nordique, de poésie métaphorique pour décrire la ville qui s'éveille 'brightly'. Le titre Eliminate Evil, Revive Good Times clôt les 'treize' titres avec une belle puissance dans sa construction et son interprétation éminemment émouvante. Benni Hemm Hemm révèle une autre facette de ses talents à travers cet émouvant album, que je conseille bien sûr.
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Lucano & Ramona by Benni Hemm Hemm from Benni Hemm Hemm on Vimeo.