Curry Cuts est un label américain de Portlands qui produit des cds et vinyls ingénieux comme Drink A Toast To Innocence: A Tribute To Lite Rock en 2013 et le tout dernier bébé de septembre 2014, Here Comes The Reign Again: The Second British Invasion. Ces deux compilations offrent la participation d'artistes variés comme Mike Viola, Bleu, The Davenports, Kelly Jones, Linus of Hollywood et d'autres groupes qui viennent s'ajouter comme The Corner Laughers, Ken Stringfellow, The Wellingtons ou encore Chris Collingwood des Foutain of Wayne. La première compilation est consacrée au thème de l'amour, reprenant essentiellement des standards des années 70 avec des versions croustillantes comme celle de Michael Carpenter qui brode à sa manière la délicieuse We Don't Talk Anymore de Cliff Richard. La seconde rend hommage à la brit-pop, aux groupes qui ont forgé le mouvement indie-pop dans les années 80. Après la création et l'invasion de l'âme anglaise dans la musique pop par les Beatles, puis les Rolling Stones, il y a eu dans les eighties une seconde invasion passionnante avec à la proue du mouvement Cure, Pulp, Joy Division, Duran Duran, Tears For Fears, Eurythmics, Culture Club, Frankie goes to Hollywood, Soft Cell etc.
Sur Here Comes The Reign Again: The Second British Invasion, les reprises sont succulentes, concoctées aux petits oignons par le producteur Andrew Curry. Dans le détail, la génial compilation commence avec Chris Collingwood et sa Life In A Northern Town à l'origine chantée par Dream Academy avec David Gilmour à la production, groupe crée en 1984 qui souvent a lui-même rendu hommage à Nick Drake. La reprise de Collingwood ici est fleurie des voix de Philip Price et Flora Reed du groupe Winterpills. Suit la superbe Goody Two Shoes de Jim Boggia & Pete Donnelly, deux américains qui s'amusent aussi à reprendre Paul McCartney quand ils se produisent en live. Everybody Wants To Rule The World titre de Tears for fears en 1985, repris ici excellemment par Mike Viola qui y joue tous les instruments. Kim Wild est présente évidemment via le groupe Big-Box Store qui cuisine un Kids In America comme des chefs quand West End Girls de Pet Shop Boys joue sur la platine grâce à Secret Friend, groupe monté par le thailandais Steven Fox comptant des musiciens qui séparément participent à Here Comes The Reign Again : Kelly Jones qui reprend Something About You de Level 42 et Linus of Hollywood qui reprend Everytime You Go Away de Paul Young.
L'écoute se poursuit avec le savoureux True de Spandau Ballet repris par Minky Starshine, musiciens de la côte ouest américaine qui travaillent avec le producteur Ken Stringfellow (Posies, R.E.M., Big Star), présent également ici en reprenant Digging Your Scene des The Blow Monkey's. La chanson est arrangée avec Andrew Curry, qui touche aussi aux manettes de la cover Our House de Madness faite par The Corner Laughers. Le plongeon dans les années 80 se prolonge avec joie quand Cruel Summer de Bananarama arrive joué par People On Vacation, duo indie-pop conduit par Ryan Hamilton et Jaret Reddick, amis dans la vie et sur scène avec le multi-instrumentiste Linus of Hollywood, qui suit sur la platine avec Kelly Jones dans son sillage. On conserve l'esprit old-school avec The Wellingtons et Only You de Yazoo, suivi de TeamMate avec Tenderness interprétée à l'origine par General Public. Celui qui vient après avec le magistral Don't You Want Me de Human League c'est Chris Price, avec son énergie et sa personnalité qui est suivi du ténébreux Sweet Dreams d'Annie Lennox chantée là par Tracy Bonham. Enchaine le nostalgique et très beau Wouldn't It Be Good de Nick Kershaw repris avec finesse par Cliff Hillis.
On danse diablement sur la suite ornée d'Eric Barao qui nous offre un Tainted Love de Soft Cell pas piqué des hannetons, le new-yorkais Freedy Johnston qui joue à la façon bossa Promises, Promises de Naked Eyes, la jeune artiste et sa voix alto puissante Rachael Yamagata ravive Do You Really Want To Hurt Me de Boy George. La rythmique colorée vient planer sur Save A Prayer de Duran Duran que David Mead reprend avec goût et inspiration. Puis le Relax marqué et griffé par Mike Doughty est original, efficace pour danser comme le Dancing With Myself de Taylor Locke, chantée à l'origine par Billy Idol. On poursuit avec un régal en compagnie de Ken Stringfellow qui brode un Digging Your Scene en respectant l'esprit des Blow Monkey's. Les poppeux The Davenports enchainent avec Freedom de Wham dans les règles de l'art, fourni de clap-hands rafraichissants et suivi du langoureux They Don't Know de Tracy Ullman remis à jour par Graham Alexander et du No One Is To Blame d'Howard Jones qui à l'époque, en 1985 avait été produit par Phil Collins, façonné ici à la sauce ska par Eytan Mirsky & Alyson Greenfield. The Nines en reprenant Life's What You Make It des monumentaux Talk Talk font persister le plaisir et collent du miel aux oreilles tout comme Bleu, auteur-compositeur américain qui conclut la compilation avec Don't you titre de Simple Minds. La boucle est bouclée! Magnifique et excellente compilation qui fait un véritable tour d'horizon des standards des eighties, Here Comes The Reign Again: The Second British Invasion est à avoir absolument dans sa discographie. CurryCuts