vendredi 30 octobre 2020

Sainte Jeanne d'arc

En cette année Johannique 2020, la création musicale inspirée par Jeanne d'Arc semble dessiquée. Qu'à cela ne tienne, nos oreilles sensibles restent ouvertes aux mélodies passées, qu'elles soient intemporelles ou ancrées dans leur époque. 

Le registre propose François Couperin avec son émouvant La Pucelle de 1692, la Giovanna D'arco des italien Verdi, Pacini, Rossini, l'oratorio Jeanne d'Arc au bûcher du suisse-normand Arthur Honegger, les opéras Jeanne d'Arc du russe Piotr Ilitch Tchaïkovski, des français Auguste Mermet ou Charles François Gounod qui dirige la Messe de Jeanne D'Arc à la cathédrale de Reims le 24 juillet 1887.



Les compositeurs de musique classique ne manquent pas à l'appel et ceux de la contemporaine viennent y ajouter leur grain de sel. La Passion de Jeanne d'Arc influence nombre de compositeurs de musiques de films qui se penchent sur la version muette de 1928 filmée par Dreyer. Pour celle-ci, un concert au Shakespeare’s Globe de Londres en 2016 est joué en direct lors de la projection du film, dirigé par le chef d'orchestre Charles Hazlewood en collaboration avec Adrian Utley (Portishead), Will Gregory (Goldfrapp) et Jónsi (Sigur Rós).



Jeanne subit et essuie des horreurs sonores autant qu'elle reçoit de très beaux hommages comme celui des Orchestral Manoeuvre in the Dark qui offrent le coffret mémoire Souvenir paru en août 2019. Il comprend cinq cds fournis de titres dont les savoureux Joan Of Arc et Maid Of Orleans mais aussi d'inédits dont Don't Go, qui se fond au même leitmotiv. 



Jeanne est également honorée par les artistes français Georges Brassens, Christophe et Gérard Manset, par les Américains Husky, Grant Nicholas, Joan of Arc, Paul Warren, Owen, par les Canadiens Arcade Fire, Léonard Cohen et Heather Dale, les anglais OMD donc, The Smiths, The Monochrome Set, Jane Allison, Doran Edwards, par le suédois Bromander, les japonais Janne Da Arc ou encore par le néo-zélandais Graeme Allwright.



Dans ce panorama il est impossible d'ignorer le seigneur du rock allemand, Eloy, avec son opéra-rock monumental Vision, Sword and The Pyre, classé dans la veine rock alternatif des Pink Floyd. Passionné et proche des membres du Centre Jeanne d’Arc à Orléans, Eloy lui dédie des chansons depuis 1992 et persiste avec Vision, Sword and The Pyre, Acte II, disque paru en 2017. Les titres tantôt 'metal noir' avec des riffs et solos de guitares sur Orléans, Patay et Paris, tantôt mélodiques sur Reims...The Coronation of Charles VII, ou fériques sur The Bells of Notre-Dame, glanent une large audience .



Ce 8 mai dernier, à l'initiative de l'association Orléans-Jeanne-d'Arc devait se dérouler dans le cadre des fêtes johanniques un concert, à la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, du choeur La musique de Léonie. L'événement annulé en plein confinement, le choeur enfermé à la maison dirigé à distance par Julien Joubert, s'est remonté les manches pour interpréter sur vidéo le quatrain Puis vint cette voix, reprenant les mots de Jeanne D'Arc : "Puis vint cette voix Environ l'heure de midi Au temps de l'été Dans le jardin de mon père." À la surprise des organisateurs, plus de 200 participants anonymes et amateurs de la France entière ont formé ce coeur chantant volontaire à domicile. De l'enfermement sont sorties des voix en canon de 7 à 77 ans faisant resplendir la voix de Jeanne à travers tout le pays. 

Sam Roberts Band

Comme on dit à Montréal, sa ville, le nouveau et septième disque de Sam Roberts est sur le marché. Paru le 16 octobre 2020, All of Us est enregistré au printemps dernier grâce à la complicité de Secret Weapon-Known Accomplice, en compagnie de sa bande, Dave Nugent à la guitare, James Hall à la basse, Eric Fares aux claviers et guitares et Josh Trager à la batterie. L'auteur-compositeur canadien se fait connaître dès 2000 et reconnaître sous son nom Sam Roberts dès 2003 avec son premier disque We Were Born In a Flame, suivi de Chemical City en 2005 et Love at the End of the World en 2008. L'artiste continue avec ses musiciens, formant le Sam Roberts Band et signant trois nouveaux albums, Collider en 2011, Lo-Fantasy en 2014 et TerraForm en 2017.



Voici que All of Us débarque, rock, power-pop, dans la veine des Beatles, avec des titres tous aussi excellents les uns que les autres. Les harmonies enflammées se découvrent sur Wolf Tracks, son synthétiseur rafraîchissant et entraînant. L'explorateur nous emmène sur les cimes de montagnes venteuses et déjà les métaphores saisissent. Les voix en chorale et le rythme alternatif ouvre le disque somptueusement. War Chest poursuit habillé de touches de piano, de guitares pop, de mémoire vive et de courage gardé en dépit des attaques. D'ailleurs la vaillante et rock'n Roll Ascension dégaine la batterie incisive et les cordes de guitares affûtées sur un tempo offensif délicieux "We're going to steal victory, From the jaws of defeat, They say we're playing with fire I say we don't mind the heat." La superbe Spellbound propose un moment mélodieux émouvant, un au-revoir automnal, avant la dansante Take me Away où le chant fulgurant va tambour battant sur l'instrumentation fleurie. 



L'ambiance pop avance sur l'électro flamboyante de I Like the Way You Talk About the Future, tout en mouvement sur des mots qui roulent, avalent des kilomètres et du paysage. Ghost Town et sa nostalgie vivante mêle les éléments, maison d'enfance, pluie, nuit, sur les instruments plein d'un panache enthousiaste. All of Us et son image de bateau sur la mer, où nous sommes tous embarqués et concernés, nos enfants, nos soeurs, nos amis, face à l'agresseur, à l'ennemi, est mené par le chant grandiose de Sam Roberts, ses guitares en ligne et un tempo fédérateur. Le magnifique Youth et sa rythmique enivrante, ses arrangements aériens, rappelle la douceur de l'enfance et son enchantement, et donne de l'entrain et du courage aux enfants d'aujourd'hui pour boucler ce superbe album All of Us.
SamRobertsBand

mercredi 28 octobre 2020

Stephen Malkmus

Stephen Malkmus
né en 1966 en Californie est à ce jour parmi les grands auteur-compositeurs d'indie-rock. Guitariste et interprète au talent charismatique il attaque une magnifique carrière dans les années 90 avec le groupe Pavement et en jouant avec Silver Jews. Le musicien déménage alors à Portland où il se marie, devient père de deux enfants et installe sa petite famille. Pavement prend l'eau et Stephen Malkmus travaille à la composition de son projet solo en formant un nouveau groupe The Jicks. Pig Lib paraît en 2003 et dès lors, la sacrée influence de Lou Reed se révèle, belle et efficace. Face the Truth suit en 2005, Real Emotional Trash en 2008 garni d'airs sixties et seventies savoureux. Avec Beck à la production, le somptueux Mirror Traffic aux sonorités rappelant Pavement paraît en 2011, juste après que Malkmus et sa famille partent vivre à Berlin.



Can's ege Bamyasi sort en 2013, Wig-out at Jagbags en 2014 et après un hiatus de quatre ans, Stephen Malkmus and The Jicks remontent en selle en 2018 pour signer Sparkle Hard, enchaînant avec l'électro Groove Denied en 2019 pour revenir plus acoustique et boisé ce 6 mars 2020 avec Traditional Techniques

Comme son titre l'indique, les dix titres de l'album explorent une pop folk avec différents instruments accordés à diverses musiques traditionnelles européennes, indiennes et latines. Les dix nouveaux titres offrent une pléiade de sons dont celui de la guitare à 12 cordes sur laquelle Stephen compose. L'ingénierie est assurée par Chris Funk de The Decemberists et de Matt Sweeney qui travaille avec Bonnie “Prince” Billy, participant également à la guitare sur Shadowbanned, titre pour lequel la vidéo compte une belle brochette d'amis comme Kim Gordon, Mac DeMarco, Sharon Van Etten, Jason Schwartzman etc.



Le disque magnifique est un antidote contre la morosité et l'anxiété. Ses titres narratifs sont contemplatifs, pleins de méditation et de décors, de parties de pêche avec des amis et d'harmonies rappelant le Velvet Underground, Gordon Lightfoot ou Guided by Voices. La poésie et la moquerie se mêlent finement, brillamment pour continuer de nous combler ce mois de septembre avec le single pop alternatif et fortement addictif Juliefuckingette

Il est prévu au printemps prochain pour Pavement de se reformer comme c'était le cas en 2010 déjà, puis d'assurer le festival Primavera. Sur le plan sanitaire et salutaire en ce qui concerne la santé du rock à l'avenir, de la musique en général, ce projet grandiose est fermement attendu.
StephenMalkmus



mercredi 21 octobre 2020

Samuel Baubry

Samuel Baubry
est mon coup de coeur français de 2020. Auteur-compositeur multi-instrumentiste de Nantes, il vient de signer ce mois de mars le magnifique album Les âmes fougères. Le disque irrigué de notes et de mots en décalage absolu avec ce qui paraît actuellement en France, est non seulement notable par la forme mais également par la qualité instrumentale, son chant cristallin et charismatique, ses textes poétiques et inspirés. L'ensemble somptueux est un délice double parce qu'il fait partie de ces trésors qui offrent une saveur accentuée à chaque écoute supplémentaire.



Samuel, batteur, guitariste, compose les dix titres en partie lors d'un voyage à Taiwan en 2015. Son escapade apporte quelques instrumentations asiatiques sur l'ouverture émouvante La côte. Tel un navigateur à long cours, le musicien nourrit ses harmonies d'arrangements folk et pop tout en ornant les ambiances de sons traditionnels bretons. La route et ses guitares somptueuses, son accordéon, son violon, son tambour, ses métaphores terriennes pleines de lierre, de racines, de chênes centenaires, de sensations d'hérédité délectables, nous invite au voyage sans quitter le lien traditionnel d'avec nos pères, rappelé sur la touchante Les âmes fougères. La mélodie au riche tempo de Chante fait galoper les sioux dans la plaine et donne envie de danser sur la rythmique entêtante, virevoltante. L'âme de troubadour et d'aventurier caresse l'oreille sur l'herbier et le carnet de navigation Le nid qui rappelle le premier EP Les Oiseaux de 2018. 



Les voix et la trompette accompagnent avec élégance et panache les mots voltigeants au lyrisme dynamique avant One day à la guitare acoustique et au texte vibrant grâce à l'interprétation de Samuel stimulée d'harmonies. Les images et les histoires foisonnent comme sur Cavale, où les cascades se mêlent à l'horizon, le printemps aux chemins fleuris sur un air folk fourni. Le mouvement poursuit dans les notes délicates de Je pars, avec son sifflement, son vent, ses balais frottés sur la peau des caisses, où l'impression de légèreté réussie est poursuivie de la veloutée et lumineuse Le coeur fou. Du thème du départ à la route tracée et au dépaysement, le retour est de mise, fendant l'air et battant le fer. Les filantes termine le disque avec une classe infinie, un texte sublime, une instrumentation équilibrée et la voix enveloppante de Samuel Baubry qui clame 'nos coeurs chantent' pour résumer à la perfection l'émotion ressentie à l'écoute de Les âmes fougères, classé dans les pépites françaises intemporelles Piggledy Pop.
SamuelBaubry



mercredi 14 octobre 2020

Love, burns

Le musicien Phil Sutton, auteur-compositeur, apparaît de 1993 à 1997 sous l'alias Hofner Burns. Batteur, il brille d'abord aux tambours de sa batterie avec diverses formations avant de fonder le groupe Comet Gain, puis son autre projet Pale Lights avec qui il signera deux albums chez Track & Field entre 1999 et 2002. L'anglais s'exile à New-York où il met en place The Soft City avec des membres de Comet Gain et des Ladybug Transistor. Après une jolie série d'EP sort un album éponyme en 2010 enregistré dans le fameux studio à Brooklyn de Gary Olson des Ladybug Transistor, Marlborough Farm Studios.



Phil, naturellement issu de la vague brit-pop, s'inspire du néo-réalisme dans le cinéma, la littérature et les interprètes féminines des années 60 comme Françoise Hardy qu'il admire. Pale lights depuis ne cesse de combler de ravissement le monde indie-pop avec en 2014 l'album Before There Were Pictures suivi en 2017 de The Stars Seemed Brighter.
Main dans la main avec Ronny Pinkau, à la tête de l'excellent label allemand Kleine Untergrund Schallplatten, Phil nous offrira un deux titres le 23 octobre 2020 qui d'emblée me séduit fort. Parallèlement je me réjouis d'apprendre qu'un nouvel album Pale Lights est à venir, commencé juste avant d'être bouclés à la maison au printemps dernier et fin prêt à nous être délivré.



Sous ce nouvel alias Love, Burns, Phil reprend ses guitares et ses baguettes sur le poppeux Gate And The Ghost / It's A Shame, toujours entouré de ses talentueux amis Gary Olson au mixage et aux manettes du studio d'enregistrement Marlborough Farms, de Kyle Forester artiste dont je parle récemment pour son superbe album solo et qui joue au sein des Ladybug Transistor et Crystal Stilts, Hampus Öhman-Frölund batteur des Alpaca Sports, le formidable artiste Nick Garrie et Hewson Chen de Lake Ruth et The New Lines.

Comme de coutumes, les guitares et la rythmique qui ornent Gate And The Ghost, galopent et chevauchent sur la mélodie qui fuse et donne furieusement envie de danser. It's a shame continue d'enfiévrer les oreilles avec son tempo groovy, sa guitare magique sur le clavier psychédélique entêtant et persuasif. Pour couronner le tout harmonieux et somptueusement pop, la voix de Phil Sutton resplendit de classe et de personnalité.
PaleLightsPiggledyPop2014
PaleLightsPiggledyPop2018
KyleForesterPiggledyPop2020
GaryOlsonPiggledyPop2020

lundi 12 octobre 2020

Strfkr

Strfkr
c'est le nom sans voyelles et la version plus correcte peut-être du groupe de Portland 'Starfucker'. L'auteur-compositeur Joshua Hodges concoctera d'abord les albums solo Sexton Blake et Plays the Hits! sous l'alias Sexton Blake avant de créer le groupe en 2007 qui compte Shawn Glassford et Keil Corcoran et fait paraître Starfucker en 2008, Jupiter en 2009, Reptilians en 2011, Miracle Mile en 2013 et le remarquable Being No One, Going Nowhere en 2016



Joshua qui compose, chante, joue de la guitare, des claviers et de la batterie vient de peaufiner au printemps 2020 l'album Future Past Life écrit et composé par ses soins, enregistré sur son home-studio, auquel se sont joints Shawn et Keil, pour participer tour à tour à la batterie, chant, basse et clavier.

La ravissante électro-pop des Strfkr arrive illico aux oreilles dès le titre Dear Stranger, cintré, fuselé, avec les notes de claviers nettes et fracassantes qui présentent sans préambule l'ambiance synthétique et dansante du tout nouveau bijou. Never the same et sa mélodie pop harmonieuse, ornée de tambourins, de synthés tendus offre des effets de voix fort cosmiques. 



Les arrangements de Deep Dream et de Second Hand nourris de rythmiques boisées sont finement mixés. Les sons alternatifs font corps avec la construction inspirée et les mots qui narrent une relation changeante, instable et malade.
Better together le souligne doucement dans une apesanteur réussie avant que le tempo relance les machines sur le délicieux poppeux Budapest, titre qui accueille le fabuleux groupe de pop-indépendante du Missouri Shy Boys. Palm Reader poursuit langoureusement sur le thème de l'indécision avant Sea Foam, optimiste et cadencé qui sonne comme le phare au milieu de l'excellent album. 



Pink Noise déroule une mélodie pleine d'allure et de panache dans les choeurs et les harmonies de guitares, claviers, batterie avant la merveilleuse fin de Cold Comfort où l'esprit parfois blasé rebondit, devenant philosophe et apaisé. Le solide disque Future Past Life, produit à la maison grâce au travail brillant d'ingénieur son de Joshua Hodges, composant dans les circonstances inhumaines d'enfermement du printemps 2020 pour les artistes, resplendit une grande adversité et belle énergie. 
Strfkr



vendredi 2 octobre 2020

Gregor

L'australien Gregor Kompar alias Gregor fera paraître le 13 novembre 2020 son nouvel album Destiny. Fort accrocheur et parfumé d'une belle âme pop ramenant aux narines les effluves Jonathan Richman, Love, Talking Heads et The Auteurs, certains critiques osant le mélange Franck Ocean et Björk, le registre excentrique du multi-instrumentiste auteur-compositeur tient de sa voix charismatique. Apparu en 2014 avec le mini-album Aneurysms, suivi en novembre 2015 de l'instrumental UW, son chant vient habiller ses compositions expérimentales sur Thoughts & Faults de 2016, puis sur l'album encore plus abouti et impressionnant Silver Drop de 2018.



Les points forts de Gregor ne manquent pas. Excellent guitariste et auteur, son interprétation et manière de chanter franches, son humour, ornent ses mélodies inspirées. Heat pleine de rythmiques ensoleillées fait place à l'electro-pop décalée, savamment sculptée eighties par les claviers de Fishing Net.I Look Devastated qui fait groover le bontempi de 1977, bien que destiné à être romantique fait sourire. Revise me et ses cordes de guitare et flûtes tropicales se savoure sur huit minutes, marquant la aussi l'excentricité de l'artiste qui n'a cure des formats classiques, couplets-refrains.



Silver Drop qui suit, métallique et électrique, délivre un texte amoureux chanté avec ce brin d'élégance charmante, drôle et dandy. Wish You Saw déroule un air harmonieux sur des mots chaleureux presque susurrés à la manière de Magnetic Fields avant le grandiose et énigmatique A Song About Holding Hands. Revenant à des arrangements moins rétro, sur un schéma cold-wave, l'intime et décidé I'll Prove It To You est suivi du magnifique Something Irrelevant, armé d'accords stylés vintage garnis de voix superbement acerbes. Bugs ferme le volet Silver Drop de manière touchante et lyrique, dévoilant une personnalité artistique riche et prometteuse. 
Avec les deux singles The Rock (and the Stars) et Senseless, issus de Destiny à venir, Gregor révèle un univers singulier et brillant, à suivre fermement. 
Gregor



jeudi 1 octobre 2020

Thibault

Originaire de Melbourne, Nicole Thibault est une artiste accomplie et expérimentée. C'est depuis 1994 et son premier groupe Minimum Chips que la musicienne australienne s'atele sur scène et en studio. Après une pause volontaire en 2007 pour se consacrer à fonder une famille, elle revient treize ans plus tard avec son propre répertoire sous le nom Thibault.

Or Not Thibault est l'album qu'elle offre le pied à l'étrier ce 4 septembre 2020. Pièce magnifique, presque incomparable en style, le disque tient une originalité rare et appréciable. Manifestement pas victime des modes musicales, Thibault décline son univers singulier, aux atmosphériques différentes et surprenantes. 

Entourée d'amis de longue date pour l'enregistrement, le groupe compte la présence de Zak Olsen (Orb, Traffik Island), Rebecca Liston et Stella Rennex (toutes deux de Parsnip) ainsi que la participation de Lachlan Denton (The Ocean Party, Pop Filter), de son acolyte de Minimum Chips, Julian Patterson et du producteur James Cecil (The Goon Sax, Architecture In Helsinki).



Le splendide voyage dream-pop commence sur See The World qui pose son regard lucide sur la jet-set qui sillonne le globe, le survole, et ceux qui sont coincés et hypnotisés devant leur poste de télé au point de ne plus pouvoir s'exprimer où se révolter de la masse d'infos qu'ils gobent comme des mouches. Galbé, harmonieux, le titre délivre des harmonies de basse et de claviers féeriques sur le chant cristallin. L'orgue inspiré et lumineux de Centrelink charme et séduit par son tempo sucré orné de cuivres apportant une dose d'espoir. L'idée d'un réveil des masses espéré continue sur la rythmique dynamique et dansante de Drama.

Wanting To Be Alone pleine de notes boisées, est arrangée avec subtilité et variété pour évoquer le délice de l'autonomie et de l'indépendance. Énergie et force émanent des compositions aussi colorées qu'édifiantes d'inspiration. Continuer est un mémento hommage à Ennio Morricone, suivi de la psychédélique Chatty Cathy instrumental qui évoque avec sarcasme les fameuses poupées des années soixantes, nom devenu péjoratif pour désigner des femmes pantins. 



Le tempérament trempé et solide de l'auteur-compositeur se dévoile en douceur et volupté sur la pop minimaliste de Late Expectations. Foncièrement drôle et positive, l'ambiance cinématographique et mélodique de Spanakopita et de Treasure Trove, inspiré par Michel Legrand et L'affaire Thomas Crown glisse naturellement. La limpidité absolue dans les claviers et les folles rythmiques sont un régal sur Moody Ghost, ample d'humour décalé pour décrire le profil fantomatique de certains, devenus mous et inertes. Too Much Time termine l'écoute en rappelant ce long laps de temps avant de se remettre à écrire des chansons. Les échos de voix, leurs envolées lyriques, les touches d'orgue et de cuivres élégants ferment Or Not Thibault excellent et marquant, classé sur Piggledy Pop comme le plus original des disques 2020.
Thibault



French Cassettes

French Cassettes est un groupe américain de qui apparaît en 2011 sous forme de trio et sous l’impulsion de Scott Huerta qui écrit et compose...