En cette année Johannique 2020, la création musicale inspirée par Jeanne d'Arc semble dessiquée. Qu'à cela ne tienne, nos oreilles sensibles restent ouvertes aux mélodies passées, qu'elles soient intemporelles ou ancrées dans leur époque.
Le registre propose François Couperin avec son émouvant La Pucelle de 1692, la Giovanna D'arco des italien Verdi, Pacini, Rossini, l'oratorio Jeanne d'Arc au bûcher du suisse-normand Arthur Honegger, les opéras Jeanne d'Arc du russe Piotr Ilitch Tchaïkovski, des français Auguste Mermet ou Charles François Gounod qui dirige la Messe de Jeanne D'Arc à la cathédrale de Reims le 24 juillet 1887.
Les compositeurs de musique classique ne manquent pas à l'appel et ceux de la contemporaine viennent y ajouter leur grain de sel. La Passion de Jeanne d'Arc influence nombre de compositeurs de musiques de films qui se penchent sur la version muette de 1928 filmée par Dreyer. Pour celle-ci, un concert au Shakespeare’s Globe de Londres en 2016 est joué en direct lors de la projection du film, dirigé par le chef d'orchestre Charles Hazlewood en collaboration avec Adrian Utley (Portishead), Will Gregory (Goldfrapp) et Jónsi (Sigur Rós).
Jeanne subit et essuie des horreurs sonores autant qu'elle reçoit de très beaux hommages comme celui des Orchestral Manoeuvre in the Dark qui offrent le coffret mémoire Souvenir paru en août 2019. Il comprend cinq cds fournis de titres dont les savoureux Joan Of Arc et Maid Of Orleans mais aussi d'inédits dont Don't Go, qui se fond au même leitmotiv.
Jeanne est également honorée par les artistes français Georges Brassens, Christophe et Gérard Manset, par les Américains Husky, Grant Nicholas, Joan of Arc, Paul Warren, Owen, par les Canadiens Arcade Fire, Léonard Cohen et Heather Dale, les anglais OMD donc, The Smiths, The Monochrome Set, Jane Allison, Doran Edwards, par le suédois Bromander, les japonais Janne Da Arc ou encore par le néo-zélandais Graeme Allwright.
Dans ce panorama il est impossible d'ignorer le seigneur du rock allemand, Eloy, avec son opéra-rock monumental Vision, Sword and The Pyre, classé dans la veine rock alternatif des Pink Floyd. Passionné et proche des membres du Centre Jeanne d’Arc à Orléans, Eloy lui dédie des chansons depuis 1992 et persiste avec Vision, Sword and The Pyre, Acte II, disque paru en 2017. Les titres tantôt 'metal noir' avec des riffs et solos de guitares sur Orléans, Patay et Paris, tantôt mélodiques sur Reims...The Coronation of Charles VII, ou fériques sur The Bells of Notre-Dame, glanent une large audience .
Ce 8 mai dernier, à l'initiative de l'association Orléans-Jeanne-d'Arc devait se dérouler dans le cadre des fêtes johanniques un concert, à la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, du choeur La musique de Léonie. L'événement annulé en plein confinement, le choeur enfermé à la maison dirigé à distance par Julien Joubert, s'est remonté les manches pour interpréter sur vidéo le quatrain Puis vint cette voix, reprenant les mots de Jeanne D'Arc : "Puis vint cette voix Environ l'heure de midi Au temps de l'été Dans le jardin de mon père." À la surprise des organisateurs, plus de 200 participants anonymes et amateurs de la France entière ont formé ce coeur chantant volontaire à domicile. De l'enfermement sont sorties des voix en canon de 7 à 77 ans faisant resplendir la voix de Jeanne à travers tout le pays.