J'ai découvert il y a peu le bijou Fondness sculpté cette année par No Middle Name. Sorti en janvier 2017, l'album encore tout chaud fait suite au single Television Soul de novembre 2016 et à l'album No Middle Name de 2013, dont je parle à l'époque de sa parution : "C'est sieur David Bailey qui confectionne et signe de sacrées mélopées pop sous le nom de No Middle Name. L'auteur-compositeur anglais non seulement façonne ses chansons comme un grand couturier en les fleurissant de loops, de bruitages, de passages parlés, en rapport avec l'ambiance et le texte, mais il chante aussi comme un doux rossignol. D'ailleurs son univers est printanier, bucolique et pastoral quand les titres parlent d'animaux, de paysages et de saisons avec romantisme et sentiments amoureux. Les guitares et les synthétiseurs mènent la danse soit folk, soit disco-pop, ou pop orchestrale. L'atmosphère y est par ses samples très cinématique, imagée avec des références variées et inspirées du 7ème art, de la littérature et de la musique."
NoMiddleNamePiggledyPop2014A l'écoute de Fondness, je suis derechef séduite. Ce que j'aime dans l'univers artistique de David Bailey, c'est sa dictature de l'humilité et de la simplicité, avec en trame de fond, des références culturelles riches et ancrées auxquelles il revient avec soin, un grain de folie, avec humour et charisme.
Obsédé par la pop, David la valorise dès les premières notes de Love in Stereo Sound qui fait sautiller et chanter avec lui des lalalala de pauvres lobotomisés d'indie pop que nous sommes. Les détails scintillants sont là, de la pochette avec son yellow bird sur fond bleu cyan, à la promenade en bord de mer où les mouettes font des vocalises. La basse et les guitares continuent d'empourprer les oreilles sur la rythmique galopante de Reject Club jusqu'au pimpant duo Saturday Girl Sunday Boy avec Samantha Whates. Il est ensoleillé et éclaboussant de clap hands poppeux. L'excellent son saturé des guitares et claviers de Television Soul accompagne comme une seconde peau le thème électrique envoûtant avant l'ambiance plus acoustique et cristalline de Topshop Shelf où la voix de David contient une sacrée musicalité et personnalité. La batterie s'envole et mitraille du tempo efficace sur Sister, accompagnant la guitare électrique endiablée sur un instrumental habité par la grâce britpop.
The boy before dégage un son puissant, une mélodie grandiose, créant une addiction avec un style frisant le rock, la jangle pop habillée de guitares à la Johnny Marr. Fading Photo dont la nostalgie est joliment amenée et menée par des cuivres lointains, dégaine un rythme dansant assuré par la basse et la batterie. Ce joyau pop alternatif étourdit définitivement notre canal auditif perverti à la pop underground. L'effet ne désarme pas quand la guitare électrique de David sur Forget What You Know déchainée, psychédélique, rock, est assez déjantée pour enrôler.
Puis Brother vient répondre au Sister sur une mélodie electro-pop qui attrape illico l'attention. No Middle Name a cette agilité dantesque pour propulser immédiatement dans une ambiance, qui ne nécessite pas de mots. Fondness clôt sur des métaphores magnifiques comme une fenêtre, une petite robe rouge, le vent, les étoiles, et l'été, saison pendant laquelle David a écrit et enregistré à St Leonards-On-Sea ce sublime album.
J'aime cette impression d'incapacité quant à choisir un titre plus qu'un autre. Fondness est entier, brut, instantané. Il contient de l'esprit, de l'humour et de l'intelligence dans la création et dans l'interprétation. No Middle Name nous offre un deuxième album remarquable qui entérine sa précieuse et désormais indispensable présence dans le monde indie-pop.
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