Je manque le coche (et les cloches), décidant en ce weekend pascal de rester à la chandeleur et de faire sauter les crêpes. Originaires d'Australie, le groupe est conduit par son auteur-compositeur Tim Karmouche, au chant et à la guitare, accompagné par Nick Robbins à la batterie, Pat Robbins à la basse, Jackson Dahlenburg aux claviers, Maceo Wood et Sam Cooper aux guitares.
C'est au lycée que Tim rencontre Maceo dont le père est une légende locale dans leur petite ville de Ballarat, y tenant le seul magasin de disques. En 2009, Tim écoute une foule de groupes et inspiré, doué, se met à écrire des mélodies pop incroyablement belles et cintrées, dans la veine de Eels, The National, aux arrangements parfois psyché qui évoquent tantôt les MGMT tantôt Super Furry Animals. Après un premier groupe Hollow Everdaze, c'est la formation Crepes qui voit le jour en 2015 pour signer en avril le splendide EP Deaf Ambitions.
Cold Summers glisse sur la platine comme une crêpe sur le teflon déroulant des notes saupoudrées de sunshine pop et de garage pop subtilement fifties. Puis Ain't Horrible, mellow et groovy, offre le chant irrésistible et habité de Tim qui ondule et surfe sur les guitares scintillantes. Les choeurs poppeux de Stages of Fear donne des frissons et l'envie de sautiller, de danser, comme piquée par le dynamisme et l'engouement de la batterie, des rythmiques endiablées. Les harmonies sont brillantes, la mélodie grandiose, exécutée avec un style galbé, stylé sur l'harmonica dévergondé. Les amateurs du compatriote Lawrence of Arabia colleront leurs oreilles à Crepes qui enchaine, princier, sur le Moon Dancer, puissant de charme, envoûtant. Les claviers s'emballent langoureux sur la voix magnifique de Tim pour souligner le mouvement, sur le piano et la basse stellaires. L'EP ne désarme pas, époustouflant jusqu'au bout avec Size of your Town où j'entends la musicalité de John Lennon, Graham Nash, Jon Brion, avec ces particules aériennes lyriques jouées au piano, sur les guitares et un texte parfumé de nostalgie impériale, qui dessine les paysages boogie de Victoria et de Melbourne. Très réussi, j'ai hâte d'écouter la suite de Deaf Ambitions, un délice pop qui fait de Crepes la plus belle découverte australienne de l'année 2015.
Né à Cardiff en 1992, Jack est le projet musical du surdoué et charismatique Anthony Reynolds allié à son ami aux qualités de guitariste impressionnantes Matthew Scott. Les deux musiciens s'installent à Londres dès 1993. Jack compte en 1995 six musiciens pour signer en 1996 l'opus Pioneer Soundtracks, produit par Peter Walsh. Dès les premiers singles qui se retrouveront sur cet album, les références de Jack nous guident vers Lou Reed, Charles Bukowski, vers des influences littéraires, picturales, anglaises et européennes.
En 1997 Reynolds qui écrit et compose avec une inspiration fertile, forme le projet parallèle Jacques. Les musiciens qui accueillent la nouvelle violoniste Ruth Gottlieb jouent partout en Europe, égrènent les scènes du Royaume Uni et viennent souvent à Paris. Parait le génial How to Make Love aux allures lo-fi, suivi du second album en 1998 The Jazz Age avec aux manettes le producteur de Divine Comedy, l'excellent Darren Allison. De façon incompréhensible, à sa sortie, malgré les atouts mélodiques, les arrangements magnifiques, les compositions magiques, le succès reste timide. Dans le sillage des Cocteau Twins, Tindersticks, Belle and Sebastian, Pulp, je classe Jack au top de mes références pop ; depuis plus de quinze ans, des titres comme Wintercomessummer, Nico's Children, Pablo et Lolita Elle, un des plus beaux hymnes à l'amour, sont dorlotés et chéris par mes oreilles.
Anthony Reynolds alias Jack et/ou Jacques poursuit ses créations comme notamment deux Eps, signés avec la collaboration de l'écrivain, poète et musicien Kirk Lake puis le superbe album September sound avec son acolyte Matthew Scott bien sûr, et d'autres invités prestigieux, Will Foster et Bryan Mills, ainsi que l'ingénieur son de U2 Rob Kirwan. Pendant ce temps, l'autre projet Jack ne lâche pas la bride! De nouveaux musiciens montent à bord et le line-up un peu modifié, signe en 2002 The End Of The Way It's Always Been et son grandiose Disco-Cafe-Society qui était déjà paru sur l'Ep La Belle et la Discothèque (produit par le bassiste des Cocteau Twins et fan de Jack, Simon Raymonde).
Aimant voyager, lire, admirer les grands peintres, Anthony et Matthew sont des enfants de mère Europe. De l'Espagne, la France, l'Allemagne, à l'Angleterre, les gallois brulent les planches et le fan club grandit. Anthony, grandiose, continue d'écrire des mélopées pop qui séduisent le label belge Les disques du crepuscule. Jacques sort un nouvel album, d'une musicalité et ingéniosité incroyable en 2001 To Stars, puis le single Blue Party. Comme on tient difficilement l'ami Anthony qui n'arrête plus d'écrire et d'enregistrer en studio, parait très vite le troisième volet, Happiness. Cette même année, Matthew peaufine des morceaux à Londres, Anthony part aux Etats-Unis où il retrouve son ami Dan Fante, le fils de l'écrivain John Fante et ils enregistrent ensemble le single The Emperor of new London. De retour sur ses terres, Jacques s'active de nouveau en studio et l'EP Romantic pointe le bout de son nez, signé chez le label espagnol Acuarela et les deux compères en visite à Paris où ils ont désormais leurs quartiers, signent le single Summercries avec le français Franck Roussel et le Moscow Philharmonic Orchestra qui sera suivi de l'album War of the heart.
En 2002, tandis que Jack signe The End Of The Way It's Always Been, Anthony fait paraître un livre de nouvelles, et sous son alias Jacques un dernier EP, These roses taste like ashes. Anthony Reynolds, fan de Syd Barrett et de Leonard Cohen, accompagné de Matthew Scott à la guitare, de Paul Cook à la batterie, Fiona Brice au violon, Julian Simmons aux claviers, Simon Phipps à la guitare et Joe Jardine à la basse annonce à Cardiff après une tournée monumentale, dont le festival de Benicassim, leur retrait des scènes et des studios.
Anthony Reynolds, musicien hors-normes, à l'aise dans ses souliers gallois, offre dans ses chansons son univers romantique, ses souvenirs d'enfance, sa culture, son âme et son esprit européen qui restent indéracinables et immuables.
Je remercie beaucoup Jérôme alias D'Arsy d'avoir répondu à mes questions alors que je sais qu'il travaille beaucoup en ce moment et a déjà une flopée d'autres interviews. Je tenais à évoquer l'artiste et son album sublime qui est pour moi la plus belle découverte française "coup de coeur" de l'année. D'Arsy sera en concert au Divan du Monde le 17 mai prochain et je suis certaine que la belle énergie poétique et mélodique sera au rendez-vous sur scène. Prenez votre ticket et si vous êtes trop loin, vous pouvez toujours vous régaler avec Boy Sentimental, sorti le 12 février 2016, au style singulier, surprenant et magique.
Dois-je t'appeler D'Arsy ou bien préfères-tu te faire appeler par ton vrai prénom et nom? D'Arsy est ton patronyme dans le civil?
D'arsy n'est pas mon nom mais je le porte volontiers pour en parler, ce n'est pas un double, c'est comme un surnom...
Je découvre ton album ces jours-ci.. une très belle nouveauté et surprise! Tu as une expérience passée avec un autre groupe? Ou en solo?
Merci pour l'album!! J'ai de multiples expériences de groupe ou en solo dans des styles aussi divers que le stoner, le lyrique, la chanson... Je fais de la musique depuis toujours en fait (j'ai commencé à 5 ans).
Ton profil familial et ton fief, ton terreau intervient dans tes paroles? Est-ce que Corcy est un endroit qui t'est cher?
Corcy est non seulement mon lieu de vie mais le cadre de l'inspiration de l'album, une grande forêt, très sauvage, avec les miens.
Je trouve tes textes très poétiques, plein de métaphores et d'images mettant en parallèle les sentiments amoureux et la matière, la terre, la mer, les arbres, les étoiles.. As-tu un rapport personnel intense à la 'Nature'?
Je suis au départ un enfant de la campagne mais la vie m'a conduit à vivre à Paris la grande majorité de ma vie. Et donc toujours dans une ambivalence. Depuis 5 ans, je vis exclusivement dans la nature et cela me va très bien. La nature oblige au silence déjà, pas de tumulte pour occuper l'esprit en permanence, je m'y sens plus à nu mais aussi plus en conscience. Néanmoins, on se déshabitue très vite de la foule, c'est le problème, je retourne très souvent à Paris malgré tout, pour ne pas devenir un chat sauvage.
Le titre Boy Sentimental, somptueux, m'évoque une question de femme naive : Après le grand 'Boys don't cry', est-ce que le temps depuis les eighties aurait fait une génération de 'Boy sentimental'? As tu les Cure dans tes références musicales? Sinon, quelles sont-elles?
C'est très juste, Boys don't cry est une des premières chansons qui m'a profondément marqué. Je ne suis pas un grand fan des années 80 mais Cure est un de mes groupes préférés, Robert Smith un des plus grand songwriter vivant. Et moi je suis un boy sentimental oui, je suis rude et précieux, je n'ai aucune espèce de problème à accepter ma masculinité et ma féminité, tant que la vulgarité s'y refuse. Si j'ai un physique de rugby man et que j'aime la moto, c'est à cause de mon père, pas par choix viril, si j'aime rené char, si j'aime John Keats, ce n'est pas par snobisme, j'ai grandi principalement avec ma mère, point. Et pour revenir aux références, elle participe de la même logique, lyrisme et science harmonique (Beatles, Chopin,), rythme effréné et douceur du chant (Queens of the stone age), j'aime les contrastes, cela créé le "bizarre" si cher à Baudelaire.
L'instrument principal sur tes chansons est le synthétiseur. Est-ce un choix esthétique ou bien simplement parce que le piano est ton instrument de prédilection?
Le piano est simplement le dernier instrument que je me suis mis à pratiquer, j'ai donc naturellement écrit avec.
La coproduction de ton album est assurée par Tanguy Destable, alias TEPR. Est-ce que sa présence te rassure, te motive, ou bien il y a une réelle complicité dans la création entre vous? Quel est la nature de votre travail ensemble?
C'est une relation professionnelle qui s'est muée en amitié sincère. Je lui ai demandé de faire quelque chose que je ne savais pas faire au départ, la musique machine. C'est extrêmement difficile de rendre sensible un métronome.
Il y a aussi la présence de Morgane Imbaud sur le titre Lovely. Tu as invité Morgane parce que tu souhaitais une note féminine au chant, à l'album ou bien elle a artistiquement participé à l'élaboration de la chanson?
Ma rencontre avec Morgane est un hasard heureux, l'ingénieur du son avec qui nous travaillions la connaissait. Je voulais faire un duo car je trouvais que le texte s'y prêtait, et elle s'est posée parfaitement.
Je trouve un profil stellaire, cosmique dans les arrangements et les thèmes astraux comme sur Vision. Les orchestrations sont electro-pop, modernes et pourtant j'y retrouve du romantisme désuet, si élégant dans le style littéraire de tes paroles, et des connotations au passé plus riche en sentiments délicats. La notion de temps est très présente aussi. Te classes tu dans les romantiques ou les pragmatiques? Les nostalgiques ou les avant-gardistes? Tu es davantage 'Fleur bleue' ou 'cuisine moléculaire'?
Bonne question. Je suis un pot au feu moléculaire, simple et complexe. En ce qui concerne le style romantique, avant-gardiste ou autre, je serais déjà très heureux d'avoir un style, le mien. Pour l'étiquette, je laisse ça aux vendeurs.
Est-ce que tu aimes lire? Si oui, quels sont les auteurs te chevet? Si non, y a t-il une autre forme d'art qui peut t'inspirer quand tu composes et écris?
J'aime lire les stylistes. Je n'aime pas la lecture pour la lecture, les conteurs, les raconteurs. Je lis d'ailleurs souvent plusieurs choses en même temps. Et beaucoup de poésie, qui est le style par définition. J'aime Péguy, Char, Baudelaire, la Fontaine, liste trop longue...
J'aime l'utilisation du français dans la pop, trouvant la langue extrêmement poétique et musicale. Cela te semble évident pour tes chansons? Vision est en anglais, est-ce pour expérimenter? toucher un public au-delà des frontières? Ou bien trouves tu plus aisé d'écrire en anglais?
Vision est un hommage à David Lynch et le texte un emprunt partiel à un dialogue de Twin Peaks entre un père et son fils.
Le thème général qui effleure les titres de Boy Sentimental c'est l'amour. Est-ce que comme beaucoup d'artistes, tu as besoin de souffrir pour créer tes plus belles chansons ou bien l'équilibre sentimental personnel est plus productif?
Quelle est pour toi une des plus belles chansons d'amour? Celle qui te touche à chaque écoute...
Je crois que toute oeuvre est une preuve de soi, ontologique, à autrui, un amour, un ennemi, et plus le sentiment de cette relation est vivace, plus il sera justement exprimé. Donc la rupture amoureuse fait bien sûr partie de cette logique.
La plus belle chanson d'amour? Le requiem de Mozart, la preuve d'amour d'un fils à son père.
La foudre et le tonnerre m'a, à la première écoute, saisi et donné des frissons. C'est un titre tellement beau, par sa mélodie et son texte, lumineux. Tu aimes le mot 'larme'. Avoues-tu pleurer facilement, être sensible facilement, un 'vrai boy sentimental'? Est-ce que la tristesse dans la musique, dans l'art en général, te touche autant que le bonheur?
La tristesse semble toujours nous toucher plus intensément car elle est souvent simple. Mais dans l'art, elle me touche quand elle est complexe, je n'aime pas les grosses ficelles, j'aime quand elle me déstabilise par sa beauté. Et même s'il m'est arrivé de pleurer sur des gros violons, je n'ai jamais aimé ça, Je pleure d'abord parce que c'est beau, pas triste.
Tu as prévu des lives? Dans quelle disposition les as-tu prévus? Tu joueras seul? Tu t'apprêtes à beaucoup de te produire en public? L'exercice te plait-il?
Nous serons deux en live, exactement comme dans le clip de boy sentimental et de la foudre et le tonnerre. J'aime beaucoup les concerts, sentiment paradoxal, trac et soulagement...
Merci beaucoup D'Arsy pour ton disque magnifique, et tes réponses à mes questions !
Merci beaucoup pour ces questions, je suis très heureux que l'album te touche.
Je trouve l'histoire du groupe britannique Kula Shaker croustillante et leur musique somptueuse. Les deux fondateurs Crispian Mills, fils de l'actrice Hayley Mills et du metteur en scène Roy Boulting, également petit-fils du producteur et réalisateur de films Sir John Mills, lance l'aventure musicale en 1990 avec son copain de lycée Alonza Bevan qui joue du piano et de la basse. Leur premier groupe Objects Of Desire sera suivi de The Kays.
Entre temps Mills part en Inde découvrir l'enseignement d'un indien mystique. Revenu au royaume-uni 'krishannisé' en 1995 il étoffe le groupe en invitant le batteur Paul Winter-Hart à se joindre à eux, ainsi que le cousin de Mills, Saul Dismont, pour le chant. Il initie un peu tout le monde au mysticisme indien, à s'étourdir autour de la mystérieuse énigme du K, du symbolisme en général et même de la magie par l'intermédiaire de Aleister Crowley, initiateur de Jimmy Page (Led Zeppelin, Yardbirds). La troupe vivote, ils logent tous ensemble à Londres dans une ambiance hyppie, passionnés par le pschédélisme, devenus végétariens mais en ne consommant pas exclusivement du quinoa ou du lait bio (on s'en doute). Ils jouent dans les pubs, ayant l'impression dira Mills plus tard qu'ils vivaient "une réalité folle. On croyait qu’on était des chevaliers dans des écuries, se tenant prêts pour la bataille finale".
Dismont quitte le groupe qui se fait alors appelé The Lovely Lads (avec un passage à Glastonbury en 1993), et sera remplacé par le clavieriste mods Jay Darlington. Après une poignée de singles, Columbia les repère en 1996 lors d'un concert à Manchester, grâce aussi au passage radio explosif du single Tattva qui atterrit dans les mains du fameux animateur de la BBC, Mark Radcliffe.
Mills et Bevan toujours imprégnés du mystère symbolique du K, décident d'appeler le groupe Kula Shaker en précisant lors d'une interview "Nous savons que les gens vont penser que nous sommes fous, mais ce serait vraiment regrettable qu’il n’y ait pas de résistance. Ça fait partie du jeu. On adore ça. Nous sommes les chevaliers à la recherche du Graal et tout cela correspond à une joute. Les chevaliers aiment jouter".
En 1996, l'Angleterre s'empare d'eux, les Kula sont au top des charts avec Tattva, le succès éclate avec le deuxième single Grateful When You’re Dead/Jerry Was There, puis un troisième Hey Dude. Leurs mélodies rock, pop, accueillent aussi des partitions classiques et parfois du sanskri.
Paul Winter-Hart dont le père est musicien professionnel, Alonza Bevan, Crispian Mills et Jay Darlington sont tous les quatre des virtuoses, des musiciens innés, surdoués qui épatent le public d'amateurs d'indie-pop rock et éblouissent les médias.
Ils sont fans des Beatles, de Love et accompagnés du producteur John Leckie ( XTC, Pink Floyd etc), le groupe se prépare à enregistrer la flopée de compositions qu'ils jouent en concert déjà. Avec l'album K de 1997, le groupe est nominé quatre fois aux Brit Awards. Un polémique ternit les musiciens suite à une bévue de Mills dans une interview, où ses propos sont remodelés par les tabloids pour salir le groupe, créer le scandale et bien sûr, vendre du papier. Mills doit se retirer des studios d'enregistrement et des scènes. En 1999 les Kula reviennent avec Peasants, Pigs & Astronauts mais leur réputation est trop salie, le groupe ne récolte pas le succès tant mérité et en 2001, se sépare, Jay intègre le groupe Oasis sur scène, assurant le clavier et Alonza Bevan forme un projet avec Johnny Marr (The Smiths), sous le nom The Healers signant en 2004 l'album Boomslang.
En 2005, le trio d'amis se reforme (sans Darlington greffé désormais aux Oasis) anonymement, avec beaucoup d'humour, pour une soirée dans un pub de Londres sous le nom The Garçons puis Kula Shaker reprend sérieusement vie en 2007 avec l'album Strange Folk et son single Revenge of the King, suivi en 2010 du somptueux Pilgrim's Progress.
J'aime leur décalage, leur manière de provoquer, mais surtout, j'aime Kula Shaker parce que Mills écrit des chansons incroyables, intemporelles, dévoilant son talent infini, et qui selon mon avis, devraient être classées au top des références du rock anglais, au même titre que les Smiths, James, Blur, Housemartins etc...
Quelle joie de voir revenir en février 2016 ces mystiques et mythiques Kula Shaker qui nous offrent leur cinquième album K 2.0 et une tournée estivale qui commencera en Espagne, passera au Japon pour un retour en Angleterre. Le groupe célèbre ses 20 ans d'existence et n'a guère besoin de botox pour gonfler ses mélodies d'épique et de rock'n roll ! La fan que je suis vous invite chaleureusement à retrouver Crispian Mills, Alonza Bevan, Paul Winterhart, Henry Bowers-Broadbent en les écoutant et les savourant !
Duo de Portland, Timothy Heller au chant et piano, Jared Ryan Maldonado au chant et à la guitare, signe son premier album resplendissant Sun Shy le 3 septembre 2013. Les airs sont dansants, délivrant un tempo aérien et vitaminé, sur des arrangement electro-pop dans la veine des mélopées de Feist ou Savoir Adore.
Un an plus tard, Dresses sort l'EP Lonely One, qui sonne différemment des premières productions, les deux musiciens ayant vieilli et expérimenté depuis leur opus d'autres pistes musicales, d'autres instruments. Toujours aussi inspirés et doués, Timothy et Jared qui se partagent la composition et le chant, nous concoctent des mélodies solides, dynamiques, très rythmées et finement pensées.
En octobre 2015 le nouvel EP The Let Down arrive comme un bonbon pétillant pour halloween, une barbe à papa de la Foire du Trône ou une énorme pomme d'amour de la fête à Neuneu.
Catch in annonce dès les premières notes une ambiance bubblegum-pop où les arrangements alternatifs ensoleillés déroulent un univers mélodique frais et printanier. Drift Away et ses rythmiques modernes electro, ses guitares groovy, accroche et jongle entre le style clubber et indie des eighties. Après les cuivres boogie, I don't believe them tient la dragée haute aux formations ou autres produits electro-pop actuels. Le duo active les claviers, chante juste, propose un Let Down au swing acidulé plein d'amour, de notes de guitares rondes de bonne humeur. Le chant en chorale de Frozen, réussite musicale annonce le fulgurant Feels où les sifflements entrainants font clairement monter la température. Il y a du bonheur enchanté typé sixties mélangé aux harmonies cadrées, un mixage tenu et limpide du 21ème siècle. Les deux voix spontanées et cristallines de Timothy et Jared contribuent largement à la qualité de TheLet Down, musclé de tempo à la Vampire Weekend ou Foster the People agrémenté de mélodies dignes de celles de Paul Simon. Avec l'arrivée du printemps, j'avoue que Let Down de Dresses se glisse aisément dans les oreilles avec sa floraison de rythmes stimulants et ses notes ravigotantes.
Musicien confirmé, auteur-compositeur affirmé, Paul est aussi professeur de guitare à l'académie Musicworks de Glasgow où il vit depuis dix ans. L'artiste écossais évolue dès 2005 dans le groupe Doghouse Roses, duo pop folk formé avec la chanteuse Iona Macdonald, signant plusieurs EP et deux albums géniaux. L'aventure commence en 2006 avec deux EPs et un single, Doghouse Roses, Folk & Blues Part 1 et Greener The Grass / Years avant la parution de l'album How’ve You Been (all this time?) en 2009. La complicité du producteur de renom Malcolm Lindsay et du multi-instrumentiste Alan Scobie, ainsi que la présence de multiples musiciens comme le violoncelliste du Scottish Opera, Robert Irvine, alliés à la composition de Paul et à la voix de Iona forment 10 titres d'une beauté absolue. Le duo assure une tournée européenne et récolte une presse internationale dithyrambique. Pastoral, lumineux, le thème de la nature est omniprésent dans les mélopées qui respirent les landes écossaises dans les arrangements et les harmonies.
Suivra l'EP Folk & Blues Part 2 qui annonce en 2009 le second album This Broken Key, plein de douze chansons flanquées de country-folk magnifique. Entre-temps Paul collabore à une flopée d'autres projets ; il joue sur Tree Tumble Wake Mother de Davie Lawson, participe à l'album 49 Arlington Gardens de Nick Garrie, joue de la mandoline sur Ride The Tide de Neil Sturgeon, joue du banjo sur Whats Going on sur l'album My Kind of Paradise de Brian Hughes et joue aussi sur Pilgrim Road des américains The Willard Grant Conspiracy qu'il accompagne entre 2007 et 2009. Paul Tasker est ami avec un autre artiste écossais dont je parle souvent ici, que j'adore, Stuart Kidd alias Kidd, ou Doctor Cosmo's Tape Lab et The Wellgreen. Peu étonnant d'apprendre que les deux musiciens talentueux s'entendent et jouent ensemble sur scène lors des concerts de Doghouse Roses.
Depuis quelques jours, je me nourris de son nouveau projet solo, excellent. Paul signe le 30 mars prochain un instrumental de 9 morceaux nommé Cold Weather Music, qui me touche et que je trouve monumental. Dores et déjà, je sais que son album me suivra longtemps.
J'y entends du folk traditionnel gaélique, j'y décèle des histoires, des images, des atmosphères féeriques comme une aube écossaise parfumée de fougères, de mousse et d'iode. Les mélodies qui s'enchainent sont une explosion de couleurs, de notes, comme un bouquet de cartes postales racontant une histoire que l'auditeur peut modeler à l'envie. Paul l'a composé en ayant un film en tête ; On le devine au fur et à mesure des écoutes. Le banjo qui ouvre le bal sur Husker's Theme, accompagné de la guitare montre le talent de musicien inouï, l'aisance pour le jeu, léger, ensoleillé et la délicatesse dans la composition. D'emblée on plonge dans l'univers de la nature, des fruits, des graines, quand Gorlitzer offre une balade jouée à la guitare acoustique qui invite au voyage comme sur Skytrain.
La flute de Jo Shaw se promène céleste quand Corran Macarthur distribue des particules aériennes dans son violoncelle, donnant une impression de promenade à travers les vertes plaines, les blanches montagnes, à l'image de la pochette de l'album. Les guitaristes Thomas Marsden et Dejan Lapanja, le percussionniste Luigi Pasquini sont présents à l'enregistrement avec Paul et les harmonies, les arrangements sont parfaitement réussis, sensationnels. Le parcours musical poursuit avec Valve Oil où banjo et guitares taquinent aussi ardemment les cordes qu'un cow-boy assoiffé enfile les whiskeys dans un western de bruts et 'bads' recouverts de poussière. Paul Tasker dessine ses mélopées comme pour faire voguer l'esprit et l'imagination, dans l'espace ou dans le temps avec par exemple la sublime Blooms in the Autumn qui étonne par ses arpèges au profil à la fois hispanique et médiéval.
Puis le spectacle sonore déborde d'images grâce au banjo de Tundra Plane qui offre la sensation de légèreté planante, de survol paisible et solide. Le même sentiment est saisissant sur Ne'er Day où entre chaque notes jouées, le silence se glisse, donnant du relief à la mélodie. Puis InE arrive comme une explosion printanière, une saison naissante, un doux climat pour porter le kilt et une envie de galoper à dos de shetland dans les Highlands. Enfin Rising dévoile le don de guitariste impressionnant de Paul Tasker. Avec des variations infinies, un son exquis qui sort des cordes, Paul joue comme un poète lyrique de la guitare et du banjo, offrant de l'oxygène, de l'immensité et de la liberté dans les airs. Véritable aimant, étonnant et fort enveloppant, Cold Weather Music, est un objet magnifique également en vinyle que je classe dans le top 10 des albums 2016 chez Piggledy Pop.
Parce que j'espère avec ferveur et fougue que Chelsea gagne ce soir face au PSG que je déteste, je reviens sur ce superbe groupe qui s'écoute encore si bien 25 ans plus tard.
Né au début des années 90 à Tours, Chelsea compte Emmanuel Tellier à la guitare et chant, Étienne Dutin à la guitare, Pierre Palmieri à la basse et Olivier Descroix à la batterie. Après le split de Chelsea en 1998, Emmanuel, avec les mêmes compères (sauf pour Olivier Descroix, remplacé par l'excellent batteur Luc Durand) monte les groupes Melville, puis La Guardia et enfin la formation récente 49 Swimming Pools. Parallèlement l'auteur-compositeur est aussi journaliste, travaillant 11 ans au sein des Inrockuptibles, il devient chef du service culture et rédacteur en chef de Télérama.
Avant de créer Chelsea en 1989, Emmanuel part en Angleterre peaufiner ses études d'anglais attaquées à Tours. Il se produit avec sa guitare dans les bars de Londres, Liverpool et Manchester. Ayant joué dans six groupes différents, l'artiste a six albums à son actif dont trois avec Chelsea ; Ils sont tous splendides.
Musicien de qualité, ayant fréquenté les bancs du Conservatoire de musique, tâté le piano dès ses 5 ans, puis adolescent, la guitare et la basse, l'amoureux des Smiths et des House of Love est aussi très inspiré et prolifique. C'est chez Rosebud, petit label indépendant de Rennes que Chelsea signe son premier bijou en 1991, Réservé aux clients de l’établissement suivi en 1992 de Tramway, dont le titre Sur les traces de Pat Hobby est produit par Ian Broudie (du groupe Big in Japan et producteur des Echo & the Bunnymen, Shack, The Fall, The Coral, The Pale Fountains, The Lightning Seeds ) et enfin en 1994, Nouvelles du Paradis. Le groupe gagne une belle renommée, joue sur scène avec les La's, ou encore James dont Chelsea reprendra Strip-mining. Les tourangeaux aiment l'exercice de la reprise qu'ils honorent avec The devil's eye des Go-Betweens, Shine on des House of Love , mon adorée These are the things des Pale Fountains et l'Amérique de Joe Dassin.
J'aime Chelsea qui figure dans mes groupes favoris, mes références. Follement imaginatif, génialement écrit, finement interprété, l'univers mélodique pop du groupe est en 1990 précurseur et visionnaire. Pour une fois, le groupe ambassadeur, sait non seulement chanter en français et en anglais avec un accent irréprochable mais surtout écrire des paroles dans la langue de Shakespeare sans fautes de syntaxe ni d'orthographe. A ma connaissance, je ne vois aucun groupe de pop actuel capable d'aller jouer à Manchester, chanter en anglais devant les indigènes connaisseurs, sans se sentir condamnés à porter une fausse barbe, un chapeau et des lunettes noires.
Cet orfèvre de la pop, bien plus actif qu'un yaourt au fididus, nous comble en partageant des nouveautés musicales, dans le cadre de son activité journalistique mais en bonus, généreusement, en organisant des tournées et soirées-concerts comme celle de The Apartments aux Bouffes du Nord. C'est en grande partie grâce à Emmanuel Tellier si l'australien Peter Milton Walsh de The Apartments remet le pied à l'étrier en 2012 après un break de 18 ans en signant le nouvel album No Song, No Spell, No Madrigal.
Je conseille de réécouter Chelsea et ses pépites dont je suis fan, comme Les Dimanches De Mr Wilson, Le mauvais perdant, Sweet Sixteen, Sur les traces de Pat Hobby et le somptueux Jonathan. Dans la lignée de Echo and the Bunnymen, James, Blueboy, Ride, The Smiths, les projets d'Emmanuel Chelsea et 49 Swimming Pools, entre les autres, sont le fer de lance de la french-pop qui pour une fois nous évite de frôler les murs et de ramper de honte. Pour toutes ces mélodies qui nous charment, nous émeuvent, tout en évitant d'élimer les pulls aux coudes et le velours aux genoux : une grande reconnaissance et un grand merci à Emmanuel Tellier, Samuel Léger, Fabien Tessier, Etienne Dutin des 49 Swimming Pools et à feu Chelsea!
Groupe d'indie-pop originaire de Bristol, Why We Love, en plus d'avoir un nom supra jovial, enchaine depuis 2014 des pépites pop dansantes et accrocheuses. Sur leur lancée, ils viennent de signer le vrombissant single Staying Awake qui indéniablement réveille!
En mai 2014, les quatre musiciens anglais signent le single Patina, comportant une mélodie, des arrangements alternatifs superbement ficelés et des voix dynamisantes. Les harmonies vitaminées et les guitares janglepop reviennent en novembre de la même année avec l'EP de quatre titres Fake a Death.
Le magnifique All Good Things Must Drown ouvre l'EP avec ses paroles douces amères qui décrivent une rupture sur un air dansant et entrainant dans le sillage des féroces rythmiques et guitares aiguisées. On pense aux Strokes et aux 1990's, mais aussi aux Smiths et aux Beatles à l'écoute de Engine, virevoltant de sonorités ensoleillées en guise de règlement de compte joliment offensif. Le tempo ne lâche pas la bride sur Fake a Death, stimulante et percutante.
Rachel Wellfair, Matthew Thomas, Anthony Dodwell et Joe Wellfair sont toujours aussi pertinents et épatants sur Gold Mine. Les voix sont brillantes, les instrumentations bondissantes. L'envie de danser sur les mélodies galopantes est bien là, comme l'envie de chanter et de dodeliner du chef. Why We Love réussissent un EP plein de vibrations rock, pop ornées d'un délicieux groove.
La rythmique sautillante, les voix scintillantes reviennent sur le single Lucky One en janvier cette année 2016. Tandis que les paroles mordantes font office de boulets de canon, les voix sont incrustées d'énergie, les guitares et la batterie sont ravissantes de pétulance.
Entouré et stimulé par le très bon label My Little Empire Records, la clique efficace et sympathique Why We Love nous concocte un futur EP nommé Surrender tout aussi fourni de peps, de notes et de rythmes diablement bien orchestrés. J'ai pu l'écouter en avant-première, (une bombe pop!), je reviendrai en dire un mot à sa sortie, prévue dans quelques semaines. En attendant que nos amis viennent bruler les planches des scènes françaises, leurs mélopées peuvent déjà faire chauffer les enceintes.
J'ai découvert Noiserv jeudi soir dernier en live lors d'un showcase privé (moment magique) dans une galerie d'art à Montmartre (endroit idyllique). Je dois avouer ne pas avoir volontairement écouté le disque avant de le voir jouer ses chansons en direct, seul, assurant clavier, guitare, basse, rythmiques. Je reste en pâmoison et époustouflée par l'artiste qui jongle avec une dextérité monumentale au milieu de ses instruments, chante en même temps et transmet son art avec l'oreille absolue du musicien qui a 'le don'. En rentrant du concert, j'ai savouré les chansons sur album. Rien ne manque, la magie et l'inspiration sont là, la sensibilité et la poésie dans le chant aussi, avec en bonus, cette ambiance sculptée et brodée sur mesure, présente aussi en live.
Non seulement sa prestation m'a enchantée mais en plus, elle est indéniablement la meilleure de celles vues ces derniers mois, voire années.
De son grain de voix charismatique et voluptueux qui se classe au rang de celui de Mark Kozelek et de Stuart Staples, le musicien portugais David Santos alias Noiserv, nous embarque dans ses mélopées aussi gaillardement qu'on partirait au long cours avec Vasco Da Gama. Ses textes narrent des aventures, des histoires et sont mis en musique avec des bruitages, des samples qui arrivent toujours à point nommé. Le maestro apparait en 2005, d'abord avec des covers puis avec ses compositions sur des EPs, comme 56010-92, en 2008 One Hundred Miles from Thoughtlessness, suit en 2009 Bullets on Parade, en 2010 A day in the day of the days, puis Noiserv compose les 13 titres de la bande originale du filmJosé&Pilar, en 2011 le délicieux single Mr Carousel qui précède le double album de 19 titres, One Hundred Miles from Thoughtlessness + A Day in the Day of the Days (Special Edition) jusqu'au splendide Almost Visible Orchestra [A.V.O.] paru en 2013 et réedité par le label Naive en octobre 2015.
Ce A.V.O, d'une splendeur poétique et narrative incroyable, enveloppe dès les premières notes de This is maybe the place where trains are going to sleep at night. Avec cette drôle manie de donner des titres longs comme mon bras à ses chansons, on comprend vite que Noiserv a son propre univers et que les schémas conventionnels sont le cadet de ses soucis. La surprise opère quand la guitare acoustique et électrique au rythme d'un train sur rails nous emmène via les paroles pleines de courage et de combativité avant la frissonnante Today is the same as yesterday, but yesterday is not today, qui ,en live, m'a fort émue. L'instrumentation délicate et fine met magnifiquement en avant les mélodies et la voix de David, comme sur It's easy to be a marathoner even if you are a carpenter où les thèmes de la musique, de la danse accompagnent ceux de la pugnacité et de l'adversité. Claviers cristallins, rythmiques élégantes s'entremêlent sans se déganter sur I'm not afraid of what i can't do qui offre une ribambelle de notes majestueuses. Noiserv joue plus de 15 instruments dans ses titres qui fourmillent tout autant d'arrangements que de métaphores épatantes.
47 seconds are enough if you only have one thing to do et sa guitare hypnotisante nous mène vers le bontempi de Life is like a fried egg, once perfect everyone wants to destroy it qui évoque joliment l'ascension du musicien, en groupe puis en solo. Le folk doux de I will try to stop thinking about a way to stop thinking grignote l'esprit de sa mélodie précieusement entêtante. Les arpèges de guitare continuent tout en retenue et duveteux sur It’s useless to think about something bad without something good to compare, où la musique et le texte balancent entre le bien et le mal avant le virevoltant I was trying to sleep when everyone woke up qui accueille une rythmique enthousiaste et des choeurs d'amis avec Afonso Cabral, Esperi, Francisca Cortesão, Luís Nunes, Luísa Sobral, Rita Redshoes et Salvador Menezes.
Almost visible Orchestra [A.V.O.] est tout compte fait, le tour de main d'un homme orchestre visiblement talentueux. A l'écoute du dernier morceau Don't say hi if you don't have time for a nice goodbye qui offre la collaboration de l'artiste français Cascadeur, la fin du disque est déjà là, sans avoir vu passer les 10 titres, merveilleux. [A.V.O.] de Noiserv est rond de musicalité, riche en émotions, un petit chef d'oeuvre intemporel pop, folk, electronica, au caractère immensément authentique. Avis aux parisiens : Jouant du 7 au 12 mars en Allemagne, Noiserv revient bientôt dans la capitale et sera le 18 mars Au pavillon de l'Arsenal et le 19 mars à la Gaîté Lyrique. A vos tablettes!