samedi 19 mars 2016

D'Arsy

Je remercie beaucoup Jérôme alias D'Arsy d'avoir répondu à mes questions alors que je sais qu'il travaille beaucoup en ce moment et a déjà une flopée d'autres interviews. Je tenais à évoquer l'artiste et son album sublime qui est pour moi la plus belle découverte française "coup de coeur" de l'année. D'Arsy sera en concert au Divan du Monde le 17 mai prochain et je suis certaine que la belle énergie poétique et mélodique sera au rendez-vous sur scène. Prenez votre ticket et si vous êtes trop loin, vous pouvez toujours vous régaler avec Boy Sentimental, sorti le 12 février 2016, au style singulier, surprenant et magique.

Dois-je t'appeler D'Arsy ou bien préfères-tu te faire appeler par ton vrai prénom et nom? D'Arsy est ton patronyme dans le civil?
D'arsy n'est pas mon nom mais je le porte volontiers pour en parler, ce n'est pas un double, c'est comme un surnom...

Je découvre ton album ces jours-ci.. une très belle nouveauté et surprise! Tu as une expérience passée avec un autre groupe? Ou en solo?
Merci pour l'album!! J'ai de multiples expériences de groupe ou en solo dans des styles aussi divers que le stoner, le lyrique, la chanson... Je fais de la musique depuis toujours en fait (j'ai commencé à 5 ans).

Ton profil familial et ton fief, ton terreau intervient dans tes paroles? Est-ce que Corcy est un endroit qui t'est cher?
Corcy est non seulement mon lieu de vie mais le cadre de l'inspiration de l'album, une grande forêt, très sauvage, avec les miens.

Je trouve tes textes très poétiques, plein de métaphores et d'images mettant en parallèle les sentiments amoureux et la matière, la terre, la mer, les arbres, les étoiles.. As-tu un rapport personnel intense à la 'Nature'?
Je suis au départ un enfant de la campagne mais la vie m'a conduit à vivre à Paris la grande majorité de ma vie. Et donc toujours dans une ambivalence. Depuis 5 ans, je vis exclusivement dans la nature et cela me va très bien. La nature oblige au silence déjà, pas de tumulte pour occuper l'esprit en permanence, je m'y sens plus à nu mais aussi plus en conscience. Néanmoins, on se déshabitue très vite de la foule, c'est le problème, je retourne très souvent à Paris malgré tout, pour ne pas devenir un chat sauvage.


Le titre Boy Sentimental, somptueux, m'évoque une question de femme naive : Après le grand 'Boys don't cry', est-ce que le temps depuis les eighties aurait fait une génération de 'Boy sentimental'? As tu les Cure dans tes références musicales? Sinon, quelles sont-elles?
C'est très juste, Boys don't cry est une des premières chansons qui m'a profondément marqué. Je ne suis pas un grand fan des années 80 mais Cure est un de mes groupes préférés, Robert Smith un des plus grand songwriter vivant. Et moi je suis un boy sentimental oui, je suis rude et précieux, je n'ai aucune espèce de problème à accepter ma masculinité et ma féminité, tant que la vulgarité s'y refuse. Si j'ai un physique de rugby man et que j'aime la moto, c'est à cause de mon père, pas par choix viril, si j'aime rené char, si j'aime John Keats, ce n'est pas par snobisme, j'ai grandi principalement avec ma mère, point. Et pour revenir aux références, elle participe de la même logique, lyrisme et science harmonique (Beatles, Chopin,), rythme effréné et douceur du chant (Queens of the stone age), j'aime les contrastes, cela créé le "bizarre" si cher à Baudelaire.

L'instrument principal sur tes chansons est le synthétiseur. Est-ce un choix esthétique ou bien simplement parce que le piano est ton instrument de prédilection?
Le piano est simplement le dernier instrument que je me suis mis à pratiquer, j'ai donc naturellement écrit avec.

La coproduction de ton album est assurée par Tanguy Destable, alias TEPR. Est-ce que sa présence te rassure, te motive, ou bien il y a une réelle complicité dans la création entre vous? Quel est la nature de votre travail ensemble?
C'est une relation professionnelle qui s'est muée en amitié sincère. Je lui ai demandé de faire quelque chose que je ne savais pas faire au départ, la musique machine. C'est extrêmement difficile de rendre sensible un métronome.

Il y a aussi la présence de Morgane Imbaud sur le titre Lovely. Tu as invité Morgane parce que tu souhaitais une note féminine au chant, à l'album ou bien elle a artistiquement participé à l'élaboration de la chanson?
Ma rencontre avec Morgane est un hasard heureux, l'ingénieur du son avec qui nous travaillions la connaissait. Je voulais faire un duo car je trouvais que le texte s'y prêtait, et elle s'est posée parfaitement.




Je trouve un profil stellaire, cosmique dans les arrangements et les thèmes astraux comme sur Vision. Les orchestrations sont electro-pop, modernes et pourtant j'y retrouve du romantisme désuet, si élégant dans le style littéraire de tes paroles, et des connotations au passé plus riche en sentiments délicats. La notion de temps est très présente aussi. Te classes tu dans les romantiques ou les pragmatiques? Les nostalgiques ou les avant-gardistes? Tu es davantage 'Fleur bleue' ou 'cuisine moléculaire'?
Bonne question. Je suis un pot au feu moléculaire, simple et complexe. En ce qui concerne le style romantique, avant-gardiste ou autre, je serais déjà très heureux d'avoir un style, le mien. Pour l'étiquette, je laisse ça aux vendeurs.

Est-ce que tu aimes lire? Si oui, quels sont les auteurs te chevet? Si non, y a t-il une autre forme d'art qui peut t'inspirer quand tu composes et écris?
J'aime lire les stylistes. Je n'aime pas la lecture pour la lecture, les conteurs, les raconteurs. Je lis d'ailleurs souvent plusieurs choses en même temps. Et beaucoup de poésie, qui est le style par définition. J'aime Péguy, Char, Baudelaire, la Fontaine, liste trop longue...

J'aime l'utilisation du français dans la pop, trouvant la langue extrêmement poétique et musicale. Cela te semble évident pour tes chansons? Vision est en anglais, est-ce pour expérimenter? toucher un public au-delà des frontières? Ou bien trouves tu plus aisé d'écrire en anglais?
Vision est un hommage à David Lynch et le texte un emprunt partiel à un dialogue de Twin Peaks entre un père et son fils.

Le thème général qui effleure les titres de Boy Sentimental c'est l'amour. Est-ce que comme beaucoup d'artistes, tu as besoin de souffrir pour créer tes plus belles chansons ou bien l'équilibre sentimental personnel est plus productif?
Quelle est pour toi une des plus belles chansons d'amour? Celle qui te touche à chaque écoute...
Je crois que toute oeuvre est une preuve de soi, ontologique, à autrui, un amour, un ennemi, et plus le sentiment de cette relation est vivace, plus il sera justement exprimé. Donc la rupture amoureuse fait bien sûr partie de cette logique.
La plus belle chanson d'amour? Le requiem de Mozart, la preuve d'amour d'un fils à son père.

La foudre et le tonnerre m'a, à la première écoute, saisi et donné des frissons. C'est un titre tellement beau, par sa mélodie et son texte, lumineux. Tu aimes le mot 'larme'. Avoues-tu pleurer facilement, être sensible facilement, un 'vrai boy sentimental'? Est-ce que la tristesse dans la musique, dans l'art en général, te touche autant que le bonheur?
La tristesse semble toujours nous toucher plus intensément car elle est souvent simple. Mais dans l'art, elle me touche quand elle est complexe, je n'aime pas les grosses ficelles, j'aime quand elle me déstabilise par sa beauté. Et même s'il m'est arrivé de pleurer sur des gros violons, je n'ai jamais aimé ça, Je pleure d'abord parce que c'est beau, pas triste.

Tu as prévu des lives? Dans quelle disposition les as-tu prévus? Tu joueras seul? Tu t'apprêtes à beaucoup de te produire en public? L'exercice te plait-il?
Nous serons deux en live, exactement comme dans le clip de boy sentimental et de la foudre et le tonnerre. J'aime beaucoup les concerts, sentiment paradoxal, trac et soulagement...

Merci beaucoup D'Arsy pour ton disque magnifique, et tes réponses à mes questions !
Merci beaucoup pour ces questions, je suis très heureux que l'album te touche.



Lou de la falaise

Lou de la falaise est un groupe français créé en 2020 par les frères Maxime et Antoine Azzopardi, comptant Théo Eimery à la batterie, Adrie...