Comme il est dit sur leur site, E'spaniel est " Based in the North East of England (where spaniels don’t need sombreros) the band are releasing their debut single NO COMMON SENSE, mixed and produced by Steve Whitfield (known for his long standing work with The Cure) and recorded at Blank Studios by Sam Grant, on the 7th December."
Le groupe est jeune et récent. Ils signent leur premier single le 7 décembre prochain et je les suis depuis leurs débuts l'année dernière, impatiente que leurs mélopées sortent physiquement. E'spaniel ont dans un premier temps attiré mon attention grâce à leur photo représentant un épagneul breton avec un sombrero (je ne pouvais être qu'accrochée) puis par leur humour, leur second degré. Le graphisme qui les habille est dans la même veine que leurs mélodies, pas présomptueuses, ni prétentieuses. Et ça marche! Ils dégainent des harmonies qui captent l'attention et qui respirent la sympathie. Cet esprit bon enfant dans le groupe, Leon, Christianne et Karen, aère l'ensemble. Derrière cet élégant humour, se révèle leur talent, leur passion de la musique pop et l'excellence dans la pratique. Sans chercher à jouer dans des stadiums, ils suivent leur chemin, moderato, en jouant et offrant des concerts depuis un an. Ils accompagnent des groupes magnifiques comme les Tigercats ou les Wave Pictures, qui ont ce reflex anglo-saxon de patronage musical, aidant les jeunes groupes à mettre le pied à l'étrier.
Originaires de Newcastle-upon-tyne (comme The Animals, Prefab Sprout, Maximo Park, Dire-Straits etc), ces artistes nés en 1998 mettent dans leurs arrangements toute l'âme rock'n roll anglaise et leurs références modernes electro-pop parsemées de leur intérêt pour l'Espagne, le soleil, et les épagneuls.
Sur scène ils jouent notamment les deux morceaux qu'on peut écouter en ligne depuis cet été, The Ground et Just another Day. Les deux chansons sont formidablement réussies et le trio passe en studio début Août 2015 pour peaufiner le sublime single No Common Sens. Bondissantes et furieuses, les guitares sont brillantes, vitaminées et le chant de Leon tantôt cold-wave tantôt twee, diablement pop, captive. Les prometteurs E'spaniel réussissent à attiser ma curiosité et je me régale du single avant la suite...
En parcourant l'excellent blog La Musique à Papa, j'apprends que Pain-Noir sort ce mois d'octobre un album. Je l'écoute illico. Autrefois projet pop folk nommé St-Augustine sur Kutu Folk Records, que je connais depuis 2005 en l'ayant diffusé dans mon émission de radio, le nouvel alias de François-Régis Croisier est Pain-Noir. J'ai commencé le mois de novembre 2015 en écrivant sur la mine d'or musicale auvergnate et je termine avec un autre trésor de Clermont-Ferrand.
St-Augustine apparait en 2005. In a Field of Question Marks parait en 2008, l'album Changing Plans en 2009, le single Tothless en 2010, June, A Maze en 2011, les deux singles David et Fall Upon My Saint Augustine en 2012, suivi de l'album resplendissant Soldiers puis début 2013, un bel ensemble de démos, de lives et de reprises appelé Resolution (Old Thoughts).
St-Augustine transforme tout ce qu'il écrit et joue avec sa guitare en or. Dans le sillage de Nick Drake, Leonard Cohen, Mark Kozelek, la folk délicate et lyrique délivrée est touchante, presque magique. Après ces jours ensanglantés dans notre Paris, la douceur, la finesse et l'intelligence qui émanent de son univers artistique sont à consommer sans modération et aident à retrouver nos repères.
En octobre dernier, François-Régis présente ses nouvelles chansons sous le nom de Pain-Noir qu'il décrit ainsi :
"C’est deux mots tatoués sur des mains. Un village englouti. Une vie dans les bois. Un continent nouveau. Des pierres retournées. Le point du jour. Une île où se cacher. Le pas des chevaux. Des photos pâlies. Des animaux étranges. Des montagnes à franchir.
C’est aussi des chansons nées de tout cela. Et j’aimerais vraiment que vous puissiez les écouter…"
L'atmosphérique et planant Pain-Noir (à l'aube) est une introduction musicale soyeuse et poétique où sur les synthé et le piano, chantent des oiseaux. Puis Requin-Baleine dévoile le don d'écriture de François-Régis en français. Métaphores et lyrisme aquatiques enveloppent la mélodie argentée et irisée de guitare-piano sublime. Sterne, electro-pop nous cueille l'oreille, et accroche de suite. Les mots pudiques deviennent majestueux quand les images d'oiseaux surgissent pour dessiner une histoire d'amour. Les effets dans le chant de Pain-Noir sont très beaux, forment des choeurs parfaits pour accompagner la rythmique, quand la même voix gazouillante, royale sur Lever les sorts décrit le labeur, le courage, le temps qui court et les anciens, nos aïeux, bel hommage aux générations passées. Quelle tendresse dans les mélodies de Pain-Noir, quel swing dans les balades et quel charme dans les textes en français si réussis! Passer les chaînes fait résonner l'âme du massif central, ses terres nobles, son histoire, et l'attrait de la mer au-delà des monts. L'ambiance folk est magnifique et parvient à nous emmener, nous faire rêver, enroulés dans cette belle atmosphère maritime et montagnarde comme sur De l'île, aux arrangements si captivants et raffinés. L'inspiration et la création mariées font vibrer et voyager, du tempo langoureux de La Retenue que j'écoute en boucle, à Les sablières. Le son des guitares émet des sont bruts de la chaleur du bois, de la préciosité des cordes frottées au coffre, avec une basse et batterie qui se font caressantes.
Il y a de la pudeur et de la réserve dans la poésie des textes qui j'avoue, au milieu d'une actualité violente, font un bien fou.
Les productions de Pain-Noir allient mélodies et métaphores terriennes et maritimes, pour évoquer un équilibre sentimental, une sérénité magnifique comme sur la dansante Pareidolia, où on prend la mer avec Magellan. Le doux son des canards, des sauterelles, revient pour ouvrir le somptueux duo Jamais l'or ne dure, partagé avec l'excellente Mina Tindle, zigzagant dans les marais en compagnie de bêtes à plumes, mais sans prise de bec, pour une partie d'orpaillage musicale. La guitare puissante, le timbre touchant de la voix de Pain-Noir, font une haie d'honneur aux éléments naturels, les vignes, la terre, la lune, sur Le jour point pour décrire l'exil, la fuite, la survie de façon lumineuse. Toute en progression, les chansons s'élargissent dans la durée au fil de l'album et le livre musical se ferme avec six minutes formidables qui répondent au début, au thème de l'existence, de la peur qui peu à peu disparait, thème frissonnant, inévitablement émouvant ces temps-ci. La splendide pop-folk de Pain-Noir qui de manière exquise et sensée se termine sur des bruits d'eau, de source, est classée sur Piggledy Pop comme une des meilleures productions de 2015. Merci aux amis de Microcultures et de Tomboy Lab, pour leurs goûts, leurs passions, au service des artistes et des amateurs de pop.
Je faisais un billet il y a presque deux ans sur Kidd dont je suis très fan. Aujourd'hui, 27 novembre, sort son troisième album nommé Hotchpotch, ce qui signifie 'pêle-mêle ou méli-mélo', un peu comme 'piggledy' d'ailleurs...Alors je reprends ma plume. Pour présenter Stuart, c'est un garçon génial multi-instrumentiste qui assure la batterie pour Euros Childs, crée le groupe The Wellgreen aux côtés de son ami Marco Rea, avec qui il joue également dans le projet solo de Stevie Jackson (Belle and Sebastian). Toute la troupe de copains, avec Roy Moller, aussi talentueux les uns que les autres, ont monté le label Barne Society, basé à Glasgow, que je conseille.
"Stuart Kidd est à mes yeux un des meilleurs musiciens écossais de l'indie-pop et la compétition est de haut niveau. Originaire de Glasgow, le ménestrel est professeur de musique dans la vie, maestro pop sur la scène. Multi- instrumentiste, il commence à bruler les planches au sein des BMX Bandits en jouant de la guitare, mandoline, batterie, glockenspiel, percussion, flûte et en chantant aux côtés de Duglas T Stewart qui dit "Stuart Kidd seems to play with more Scottish groups today than possibly any other musician". Avec les BMX Bandits, Stuart est présent sur My Chain en 2006, Bee Stings en 2007, Rise and Fall of BMX Bandits en 2009 et le dernier BMX Bandits in Space en 2012. L'écossais joue aussi avec ses compatriotes, St-Deluxe et le groupe Jonny avant de joindre Snowgoose en 2012 pour l'album Harmony Springs, qui comprend les musiciens d'Isobel Campbell, Jim McCulloch, Dave McGown, la chanteuse Shirley Collins, Raymond McGinley des Teenage Fanclub et Stuart Kidd qui écrit, compose, chante et assure la batterie. Le prodige Kidd fait également partie de Cineplexx, Pearlfishers, et accompagne Nick Garrie, Stevie Jackson des Belle and Sebastian."
"En 2010, Stuart Kidd crée The Wellgreen avec son compagnon de route, de studio et meilleur ami Chris Rea. Leur univers musical powerpop et psychédélique rappelle les Beatles, Alex Chilton, Brian Wilson avec un groove sixties orné de guitares, de claviers et de batterie que maitrise le binôme avec densité et classe. Tous les deux jouent de la guitare, écrivent et chantent. Le tandem superbement accordé balance des mélopées vintage efficaces et captivantes. Les harmonies sont remplies, le son est rond, abouti et les titres alternent avec des choeurs surfpop impeccables."
"Généreux, inspiré, prolifique, Stuart accompagne les groupes sur scène et en studio, les produit, telle une abeille, il travaille sans relâche, mémorise, évolue, fait des vols majestueux de groupe à groupe et en prend de la graine. Depuis 2011, Stuart Kidd compose et écrit en solo des mélopées d'une veine pop acoustique, psychédélique, folk incroyablement belle. Cette année 2011, l'artiste signe deux albums grandioses, où l'on peut distinguer ses influences et surtout son propre style. Les amateurs de Nick Drake, Paul Simon, Beatles, Elliott Smith, des Gorkys y trouveront leur compte."
Hotchpotch est un superbe album qui reprend pour l'essentiel des morceaux présents sur les 2 albums et 3 EPs dont je parlais en janvier 2014. Il présente un panorama complet de l'univers sucré de pépites pop psychédéliques de Stuart Kidd et en devient un objet précieux. S'ajoutent à Alfie, Breathe In The Country ( sur Notes), Little Lucy, 4 Leaf Clover, Win Or Lose, Ring the Belle (sur Junk Museum), Please Say you'll Stay, Royal Jelly, Leave Me Here I'm Sleeping ( sur Last Chance Balloon), Turquoise (sur Dipsy Doodle), Rooftop Cityscape (sur Gone Awry), les deux fabuleux inédits Waiting For Springtime et What Do You Think. Stu qui orne ses chansons de sa voix adorable et intense, ultra-mélodique et précise, écrit des trésors comme Little Lucy, dédiée à sa fille, et qui rappelle par sa grande qualité, la puissance dans la création et l'inspiration de Paul Mc Cartney dans Hey Jude. En écoutant Kidd on pense aussi aux Kinks. Sa force pop est sans limites, comme intégrée, quoi qu'il écrive et joue. Les arrangements sont si réussis, les textes si bons, qu'il donne l'impression d'une évidence comme savaient si bien faire les Beatles.
Waiting for the Springtime est une exploration, une expérimentation electro-pop qui fait swinguer les synthétiseurs. Pastoral, Kidd parvient a donner un joli rythme sur sa basse avec un chant lo-fi qui oscille et se dandine. Stu fait comme une conversion à l'électricité, ce qui sera notable sur le prochain album. What do you Think est d'une élégance infinie, dessinée avec les traits de Bob Dylan, où l'âme écossaise de l'harmonica et de la guitare font une signature subtile chez Stuart Kidd, stupéfiant de talent. Hotchpotch est absolument à glisser dans les huttes des pères nöel sensibles à la powerpop blindée de tambourins.
Musicien new-yorkais, Darwin véhicule l'âme de Brooklyn avec sa singularité, son humeur et son groove. Ayant tâté le hip-hop quand il était jeune étudiant dans la fameuse Wesleyan University où sont passés les MGMT, l'artiste explore tous les styles musicaux et s'axe essentiellement sur l'electro-pop au beat endiablé. L'univers musical 'dance' de monsieur Deez se rapproche de celui de Phoenix. Son groove dynamite la scène indie-pop en 2010 offrant le single Constellations qui emballe tous les amateurs du genre à l'échelle planétaire. Le succès est fulgurant et le label Lucky Number peaufine le projet en magnifiques vinyles.
Pour mémoire, j'écrivais en 2010 : "Avec sa voix de crooner, pleine de charme, Darwin Deez débarque comme un extraterrestre. Musicien accompli, jouant de la guitare et composant depuis l'adolescence, il est de manière claire une valeur sûre de l'electro-pop. Il compose et enregistre les 13 titres de son album Darwin Deez chez lui sur ordinateur et micro. Il y a de quoi donner la chair de poule aux groupes qui pensent que le passage en studio d'enregistrement leur garantit une qualité supérieure et un disque de pro à la clé. Entouré de ses amis sur scène, Darwin Deez est excellent, efficace et méningé.
Ultra dansants, les titres se succèdent sans fautes, homogènes et ébarbés. Ce jeune new-yorkais est un phénomène cinglant d'humour, une sorte de comète qui balance des beats ignés comme sur par exemple Constellations et Radar Detector. Sa personnalité atypique et drôle m'a semblé évidente en flashant sur la pochette du disque. En l'écoutant, le lascar lumineux surprend, séduit, et cette dimension exceptionnelle se confirme. Il y a du Chemical Brothers, Phoenix, Adam Green, Ben Kweller et un peu même de Radiohead qui vient à l'esprit bien que son charisme munificent apporte une nouvelle (anti)matière au genre pop lo-fi."
Après Constellations, Darwin sort un deuxième single, tout aussi efficace, une petite bombe pop dansante qui lui offre l'opportunité de faire une tournée en Angleterre où sa renommée s'envole. Radar Detector ouvre la marche au troisième single Up In The Clouds qui annonce l'album Darwin Deez. L'artiste part assurer une tournée en Australie en 2011, suivie d'une américaine et une européenne. De retour à New-York, il compose en 2013 Songs For Imaginative People et annonce en septembre 2015 la sortie de son troisième album Double Down que je trouve excellent.
Difficile de rebondir après le soudain et immense succès de 2010. Il y a eu une période de flottement, de questionnement et ce que l'on attendait est enfin arrivé ; Darwin Smith alias Darwin Deez est inspiré, fertile, à nouveau spontané en proposant ce nouvel objet furieusement brillant. S'y retrouve son profil d'ado geek de jeux, de clopes, de skate. Son âme de gamin resplendit dans le tempo et les riffs de guitares parsemés de tendresse et de maturité amoureuse Son style est toujours solide, sa personnalité illumine les thèmes et les mélodies comme sur Last cigarette où la légèreté flotte tel un nuage de fumée. La métaphore de la cigarette pour évoquer la dépendance amoureuse est énergique, vitaminée. L'auteur est à l'origine de tous les instruments, guitare, rythmiques, synthétiseurs, mixant et arrangeant ses mélopées. Son chant voltige, sensuel, donnant du beat en spirales lyriques. The Mess she Made en forme d'aveu de faiblesse est swinguant, sautillant, finalement plein de force et d'enthousiaste. Le style Deez, instantané et pétillant donne envie de monter aux arbres, de claquer des doigts comme sur la guitare rock savamment dévergondée de Lover où le musicien dégaine les mots, offensif et impatient. L'univers citadin et moderne, empreint de manies adulescentes, profilé bande-dessinée et jeux vidéo, revient fringant sur Time Machine dédié aux amis, orné d'un chouette rythme à la Beastie Boys.
Puis Bag of Tricks déroule des notes boogie, percutantes et suaves à la fois, superbement réalisées. Dans la foulée, Darwin enchaine avec Rated R, aux guitares électriques affûtées, au texte tranchant évoquant le cinéma violent 'I'm 15, I'm 15, You are Rated R, You're bad for me, but I'm happy, Holding hands, While the killer climbs a fence, With a gun between his teeth'. La chaleur revient illico avec la basse et les guitares polissonnes sur Melange Mining Co. Suit l'étincelant Kill your Attitude dansant, conjuguant énergie pop et arrangements sophistiqués des synthés. The Other Side garde le rythme de croisière au beat virevoltant, dans une ambiance sentimentale langoureuse, envoûtante comme sur Right when it Rains, réjouissante et fraiche. The Missing i wanna Do, romantique, stellaire et printaniere, termine l'écoute avec une basse sublime, mélodique, et la voix de Darwin pleine de grâce harmonique. L'album est rodé, fruit d'un travail fin de compositeur et d'arrangeur, d'inspiration touchante. Même si la pop y paraît synthétique, Double Down reste un album humain, vivant et vibrant. Darwin, égal à lui-même, apporte ses réconfortantes et habituelles pommes et étoiles, pour le plaisir des fans que nous sommes. Les mélomanes qui vivent à San Francisco peuvent aller se faire chouchouter les oreilles avec Darwin Deez ce soir, qui poursuit la tournée aux USA quotidiennement jusqu'au 13 décembre... Veinards!
Harley Young originaire de Brisbane apparait en 2011 avec le single Brother. Ce troubadour ne reste ni les deux pieds dans le même sabot, ni les mains dans les poches. Il part en 2012 au Canada où il reste un bon moment, travaillant à de nouvelles chansons et rencontrant les Haymakers avec qui il forme le Harley Young & Haymakers. A Montréal, il fait paraître une série de cassettes, une belle collection de mélopées aussi dorées musicalement que du sirop d'érable pop. Ensemble ils sillonnent les routes canadiennes et américaines jusqu'en 2014 quand ils repartent pour une grande tournée australienne. Ils entrent en studio à Brisbane pour enregistrer le fantastique album Flinders Parade, sorti en février 2015.
Depuis le mois d'août 2015, le groupe est à Paris, se produisant dans tous les bars-concert du 11ème, du Marais, faisant une boucle par Clermont-Ferrand, Rennes, Saint-Lô, Caen etc...pour revenir dans notre capitale, le dernier concert ayant été le 6 novembre dernier. Harley Young & The Haymakers partageront ce sublime album avec nous le 9 décembre prochain à la Java.
Margate GF, tourbillonnant et engageant, ouvre le disque Flinders Parade avec des guitares subtiles et un texte sentimental pour lancer l'atmosphère indie-pop. Le percutant Balls Deep In Boondall continue à nous conter les aventures amoureuses d'Harley, orné d'un chant puissant et de choeurs enveloppants. Le violon taquin accompagne les guitares alliées, quand la balade Spring Hill To The Gate, plus folk, soyeuse et tempérée, offre un duo guitare-voix émouvant. Puis on repart en selle sur le dansant Calling in the Dogs, qui honore la pop alternative avec succès. Les guitares, la grandiose batterie, la basse, nous invitent à dodeliner du chef, pensant à The Smiths et à Ride. Le line-up des guitares s'accorde magnifiquement à l'interprétation d'Harley Young sur Chook Raffle Lady, langoureux et groovy aux accents croonant. Puis batterie et guitares s'élancent, rock, dynamiques et batailleuses, avec Harley qui martèle le rythme de son chant brut et sincère. We Never Really Had Much Luck convie à un moment intime, majestueux, qui me rappelle l'univers des compatriotes The Lucksmiths.
Les guitares gaillardes reprennent du services sur Sticks and Bricks, arrangé à la manière de Ben Gibbard, avec un orgue et des arrangements parfaitement réussis avec Simon Paradis. Ce morceau génial est suivi du titre folk Honey We Were Born Here, orchestré avec des violons mariés à des choeurs somptueux, enrichi de la production de Cameron Smith. La subtilité et la magie continuent sur l'interlude This IS Stolen Property (A Song For The Turrbal) précèdant le touchant et personnel Flinders Parade où Harley termine l'album en nous contant sa jeunesse dans la banlieue de Brisbane. Harley a grandi depuis et l'artiste talentueux, inspiré, passionné, est à Paris depuis plusieurs mois pour nous offrir le savoureux Flinders Parade sur scène. Merci messieurs !
Sans Châteaux est le projet magnifique d'Austin PatrickMoore, un artiste irlandais qui me confie aujourd'hui son sublime single A wilting lilt, A Comma Hangs dont c'est la sortie officielle ce jour, jeudi 19 novembre.
Je n'aime en général pas le style gonzo de certains sites de musique où les chroniqueurs parlent d'eux-mêmes (ce dont on se fout royalement) et où in fine, l'on n'apprend rien sur les albums et les artistes. Je fais une exception en gonzotant pour un court instant et par avance, je m'en excuse auprès des lecteurs.
Il se trouve que j'écoute Sans Châteaux depuis plusieurs mois, scotchée au bandcamp à mettre en boucle les quatre titres signés en avril 2013. Par un heureux concours de circonstances, Austin qui vit pour quelques mois en France, passait à Paris la semaine dernière. Nous nous sommes retrouvés à la terrasse d'un café dans le 10ème, ce jeudi 12, pour papoter sur la musique et évoquer rapidement la bonne humeur du parisien un peu ébranlée depuis les attentats du 11 janvier sans savoir que le lendemain...
J'ai la gorge serrée parce que ce jeudi nous sommes passés non loin du Carillon et du petit Cambodge. J'ai la gorge serrée parce qu'en marchant et papotant de concerts... J'ai la gorge serrée à écrire cette première chronique.
Je reviens donc aux chansons d'Austin Patrick qui méritent une attention particulière. Elles sont belles. Ce genre de beauté à laquelle nous sommes 'sensibles' reste, pour le moment, notre seule arme.
A l'écoute du titre, Wayfarers, les frissons courent et galopent sur la peau comme un shetland fougueux sur une plaine du comté de Cork, le fief de Sans Chateaux. Pour édifier ses compositions, Austin apporte son écriture et sa voix à la construction orchestrale pop fort réussie. C'est fin et élégant, les mélodies sont portées par une instrumentation efficace. Chris à la guitare, James à la trompette et batterie, Faoileann à la clarinette et violons, Caitlin au violon et Brian au violoncelle, entourent Austin qui maitrise toute l'instrumentation autant que son chant majestueux.
Holy Venus arrive dans les oreilles comme un panorama musical où resplendit la culture irlandaise. L'utilisation d'instruments traditionnels ajoute un air typique aux mélopées princières. En plongeant dans Lee Inland on part en balade le long de la rivière, bercés par la guitare, les violons et toujours ce grain de voix impressionnant d'Austin qui fluctue et circule, aérien, cristallin.
L'artiste irlandais qui appréhende une thèse de doctorat, brillant, aime les voyages et rencontrer les autres. Il nourrit ses compositions de ses expériences qu'il nous livre sur Scholarship, avec son tempo virevoltant et dansant, sa trompette, sa harpe et orgue grandioses. L'Ep est fleuri de notes chatoyantes, d'un chant aussi coloré que les façades des maisons de Cork, de mélodies solides comme des forteresses, de rythmes aussi envoûtants que le whiskey, d'une orchestration aussi romantique que les collines recouvertes de rhododendrons, de troncs recouverts de mousse et de bruyère. Sans Châteaux nous offre un A wilting lilt, A Comma Hangs au jeu de guitare magique, au violoncelle élancé et libre... J'ai l'honneur et la chance d'avoir l'album Aspendale entre les mains avant sa parution et ce sera, croyez-moi, avec ce talent éblouissant dans le sillage de Sufjan Stevens et de Magnetic Fields, un des meilleurs disques de l'année 2016.
Groupe de Liverpool, The Swpasies composent et chantent de l'indie-pop avec un vif élan. Ils évoquent des sujets enfantins, le sport et l'amour sur des mélodies sautillantes. Le groupe comporte quatre larrons accompagnés gracieusement d'Elaine à la batterie et écriture, Matt qui est guitariste et bassiste, l'auteur et guitariste Andy Donovan, les deux autres guitaristes Huw et Sean. Le quintet est fan des Beatles, Belle & Sebastian, Burt Bacharach, en étant amateur de vélo et de foot.
A l'image des pochettes choisies pour les EP, You're My Maillot Jaune / Hey There You en 2011, Another Game On Saturday b/w A Fleeting Summer en 2013, Sparrows la même année, I Won't Stand Idly By en 2014 et Piglet and Pooh / The Trouble With Lee sur vinyle pendant l'été 2015, l'univers des Swapsies est hautement coloré. Les anglais sont invités sur une flopée de compilations comme celle de leur excellent label February Records ou encore celle de Eardrums avec les titres Who Needs The Bureau De Change et Oh me!.
Supportant les équipes de football de Liverpool et de Manchester United pour trois d'entre eux, Huw est lui ému par l'équipe galloise de rugby. Ce qu'ils ont en commun c'est leur passion pour l'indie-pop, les Muppets et les jouets. Cette belle naiveté anime leurs mélopées avec beaucoup de musicalité. Le dernier bijou Piglet and Pooh est une très belle réussite dans la veine des Lucksmiths, où la basse brille sur le chant sublimement amoureux. Piggledy Pop accroche à chacun des singles et conseille chaleureusement l'écoute des Swapsies. Pour ajouter à la belle humeur qui règne dans leurs disques et sur scène, le groupe a aussi créé un jeu qui se nomme Spoonball. Pour ceux qui ont gardé une âme d'enfant, les règles sont expliquées là (il vous faut un ballon, bien sûr!) : TheSwapsies
Certes sculptée pour le clubing ou galbée pour des BO de films, je consomme l'étincelante pop de Minimatic en privé à la maison. Ce groove particulièrement 'french', ce joli brin de pop sixties, plein de boogie sucré et de bossa, est signé sur Tour Eiffel Records, label qu'il crée en 2008. La griffe de l'artiste parisien, dj et producteur, est le mélange élégant de vintage et de tempo futuriste. Les mixages sont très classes et parsemés d'humour. Sa première production apparait dès 2002, sous le nom de Sans Souci qui ne sera jamais paru en disque et porte le nom de The Forgotten EP (unreleased). Chez moi, il n'est pas oublié! Au contraire, cet EP de reprises de titres des années 80 passe très souvent dans mes oreilles, qui s'en portent fort bien
Les quatre morceaux sont liftés, arrangés avec finesse pour transformer un A-Ha et son Take On Me en douce bossa, le Final Countdown du groupe Europe qui du statut de chevelus américains typé hardrock passent en gentlemen de l'easy-listening. C'est le même topo pour Modern Talking, les deux allemands des eighties qui eux aussi, plutôt chevelus, semblent être passés à la tondeuse ou à la brillantine. Minimatic est accompagné de Nico à la guitare qui aromatise les titres de sirop de fraise avec son jeu sensuel. A la voix, il y a Juliette qui apporte son grain de voix ensoleillé et cristallin, comme sur Number 1 du kitschouille mais néanmoins chouette Chaz Jankel, superbement revisité.
Il y a le EP Chez les yeye, où Minimatic ravive l'âme de Gainsbourg avec beaucoup de talent, des balades incroyables à écouter parmi plus de 30 EP, singles, tous aussi ravissants. On passe du funk, à la bossa, à la pop psyché en passant par du groove, disco etc. Pascal Houpert, monsieur Minimatic, ou encore Brother Moulinex, avec ses alias aussi bien dessinés que ses costumes, nous embarque et nous pousse à danser comme des sioux.
En piochant au hasard dans la discographie Minimatic, la surprise agit, le charme opère et on sourit à l'écoute de la cover de Yes, Owner Of A Boogaloo Heart parue en février 2015, celle de Michael Jackson Billie Juan, ou simplement les morceaux décoiffants lounge et punchy à la fois, comme La raie o milieu. (oui, je sais celle là est tirée par les cheveux...). Après les EP yé-yé et Le Hipe Hope, Minimatic rend hommage à France Gall à travers l'EP Jazz a Go-go, puis à James Brown, au Velvet Underground où les arrangements funky brillent de cuivres, d'orgues et de guitares fantastiques pour offrir à Lou et Nico un profil cubain, bouffeurs de bananes, fumeurs de havanes, rebaptisés El Velveto Undergrundo. De Cuba, on saute du coq à l'âne comme un mouton anglais avec l'ambiance british délicieuse de l'EP Le Tunnel sous la Manche, puis à la soul des Jackson Five. Bref, il y en a pour tous les goûts chez Minimatic qui fait de la musique depuis qu'il a 13 ans et dit être tombé dedans "comme Obélix". Piggledy Pop admire et conseille la fantaisie musicale et l'univers hautement fleuri et coloré d'excellentes influences de Minimatic, un musicien frenchy hors des sentiers, Cocorico!
Parce que j'aime l'Auvergne, mon billet sera consacré à la scène pop-folk-rock du pays auvergnat. La région a pris un sacré virage musical il y a une quinzaine d'années. Au début des années 2000, plusieurs groupes ont émergé, de manière simultanée avec la salle de concert locale, la Coopérative de Mai et son programmateur Ludovic Lefrançois qui concocte avec dynamisme des soirées mémorables offrant une renommée internationale à la Coopé. Parallèlement, une structure maligne, Le Transfo, dont les rênes sont tenues par Simon Pourret, fait un travail de coordination entre les acteurs de la musique, du cinéma, du spectacle, de l'édition et les entreprises, les investisseurs.
Puis, il y a eu dans cette renaissance l'arrivée spontanée de petits labels, de haute qualité, comme Kutu Folk Records et Freemount Records, par exemple.
Depuis 2000, l'Auvergne indie-pop est comme un épi de blé au printemps qui grossit, grandit, plein d'or et de vigeur. Je vais tenter de dresser une liste de ces groupes qui viennent d'Aurillac, de Beaumont, de Clermont-Ferrand, Saint-Ours, de peindre un tableau de l'Auvergne culturelle, résolument moderne. Ce trésor, rempart naturel depuis des siècles est imprenable. Seul, l'auvergnat connait ses mystères et ses dangers qui font aussi sa force, celle qui rayonne dans les chansons des ses artistes.
L'Auvergne est énergique, sportive, touristique et ce qui compte pour maintenir la jeune génération au pays sont les initiatives culturelles comme le festival du court-métrage de Clermont et le lancement de la Coopérative de Mai en 2000 où le public auvergnat s'est régalé avec des artistes plus chevelus que leur président de région : Elliot Smith, The National, Patti Smith, Morrissey, Belle and Sebastian, Tindersticks, Muse, The Hives, Divine Comedy, The White Stripes, Franz Ferdinand..etc
Le fer de lance de la région est évidemment jean-louis-Murat. Il écrit son amour pour son Sancy natal dans Col de la Croix-Morand sur Le Manteau de Pluie.
"Pour ce monde oublié, Ce royaume enneigé, J’éprouve un sentiment profond"
Sa plume voue une admiration sans borne à ce pays dans Le Mont Sans-Souci de l'album Mustango, Le Vercingétorix du pop-rock, le poète des volcans, offre l'album Toboggan avec Le chat Noir ou encore Il Neige, soulignant son attachement viscéral à ses terres puis Babel en 2014, une ode amoureuse à l'Auvergne. A ses côtés pour Babel, il y a le groupe de Clermont-Ferrand pour les arrangements et l'accompagnement, The Delano Orchestra actif depuis 2005, ayant signé trois albums et conduit par le guitariste Alexandre Rochon, qui est aussi le manager de Kutu Folk Records. Je conseille son tout récent album Eau de juin 2015 signé sous le nom Alexandre Delano, d'une splendeur inouie, sur lequel je reviendrai plus en détails dans un autre billet.
A l'aube du deuxième millénaire il y a eu pour verdir le paysage musical du Massif Central les Kaolin (Montluçon), Cocoon (Clermont-Ferrand), le magnifique St-Augustine, un voisin de Saint-Etienne, Mickey 3D, les Marshmallow sur qui j'écris en 2009 : "L’Auvergne et ses secrets, ses trésors.. Du pounty aux salers, en passant par l’aligot et ses gentianes, de Volvic à ses châteaux, de Besse à la Croix de Murat, on peut découvrir la région le nez dans les myrtilles et les oreilles garnies de Marshmallow. Car il y a ce groupe, un quator de Clermont-ferrand qui donne un profil mod’s au désuet et aride crâne de Giscard. Avec les Marshmallow dans le ouies on a envie de grimper au sommet du Puy de Dôme à 100 à l’heure, d’imaginer Vercingétorix danser le jerk avec des nattes psychédéliques sous son casque à cornes." En 2012, aussi (les normands sont têtus) : Marshmallow
Depuis cette dernière décennie, la relève est assurée avec Cracbooms , La Position Du Tireur Couché, le fabuleux Yannick Demaison, l'ancienne voix de Cocoon, Morgane Imbeaud qui après avoir travaillé avec Murat, Delano ou encore Demaison (Peaks), se dévoile en solo avec son nouveau bébé, Les songes de Léo, superbe conte musical pour les enfants et les plus grands. Il y a aussi dans les récentes formations auvergnates, belles et émouvantes Adam Wood, Alma Forrer, le talentueux Zak laughed dont j'espère le retour, Aberdeeners, By the Fall, Leopoldine et Wendy Darlings. Tous ont un univers fourni, inspiré, à l'âme verdoyante et riante. Cette nouvelle génération promet encore de beaux moments de concerts aux amateurs de musique pop, rock et folk de bon goût.
Mille pensées pour vous là-bas.. François, Ruth, Patricia, Agnès, Emilie, Isabelle, Albert...