La joyeuse clique italienne de C+C=Maxigross n'a pas un profil commun. La troupe de troubadours tire sa particularité de la route qu'elle sillonne sans cesse dans son van blanc, alignant des dates de concerts spontanés ou préparés, dans des salles ou autour d'un feu, de Rome à New-York. Sous leurs tignasses de hippies, aussi fournies et impressionnantes qu'on peut se demander ce qu'ils mettent comme assaisonnement dans la polenta, les membres du groupe, tous musiciens et chanteurs, sans leader, composent et jouent une pop psychédélique riche. Mêlant des guitares, acoustiques, folk à l'harmonica, aux violons, cuivres, tambourins, leurs compositions sont magiques. C +C=Maxigross ont cet amour de l'aventure qui passe les frontières et les barrières du temps, explorant dans leurs titres la langue italienne biensûr, mais aussi française, espagnole, anglaise et cimbre, dialecte ancien (100 avant JC) qui tient ses racines de l'allemand et parlé dans les montagnes au nord de l'Italie.
C'est dans leur maison à la montagne que commence le travail de composition et d'enregistrement du premier EP Singar en 2009. Ils sont surpris du succès de leurs chansons qui passent de radio en radio, de blog en blog et décident de partir jouer dans tout le pays tout en concoctant de nouveaux titres. En 2012, alors qu'ils gagnent une récompense au festival Arezzo Wave, ils s'envolent pour les Etats-Unis assurant une tournée avec comme étape le CMJ Music Marathon de New-York. En avril 2013, l'opus Ruvain avec ses 14 morceaux sort et les C+C=Maxigross dévoilent leur univers fleuri de notes pop psychédélique et folk jouée avec des instruments très variés dans la veine musicale américaine et anglaise traditionnelle, où s'entendent Neil Young ou Nick Drake. Le fabuleux collectif joue tous les instruments et chante en choeur, s'amuse et ne se prend pas au sérieux, bien que leurs chansons soient soigneusement travaillées et ficelées. Les excellents musiciens de C+C=Maxigross, Francesco Ambrosini, Filippo Brugnoli, Carlotta Favretto, Tobia Poltronieri, Mattia Tramonti, véhiculent la bonne humeur et divertissent avec une apparence légère qui cache un grand talent de composition et de technique. Inspirés par la nature, les montagnes, les voyages, les rêves, la mer, l'histoire, leurs chansons ressemblent à des cartes postales, un keepsake pop, boisé, oxygéné et mélodieux. La balade Pamukkale in E ouvre le pas de manière délicate quand la batterie et l'accordéon se mettent en marche pour le poppeux et dansant Charleroi Poulet et sa guitare électrique facétieuse. Le chant aussi frais et pétillant qu'une pastille des Alpes aligne les harmonies savoureuses sur Uno Tempo, avec sa flûte qui ondule sur des paroles débordantes d'humour comme sur les choeurs de Hills, Hills, Hills arrangé au clavier et avec l'esprit des Beach Boys. Parés pour l'escapade ayant des données météorologiques et géographiques, nous continuons à flâner avec C+C=Maxigross en écoutant les tambourins aussi diablotins que les cordes des guitares et les tam-tam rugissants qui aurait fait se déhancher frénétiquement Moïse sur les tables.
L'harmonie magique de Lesha!Keyoo!See-Ya! chanté en cimbre semble venir des temps anciens avec des notes sucrées et dansantes. Puis le très italien L'attesa di Maicol fait une virée dans un univers typique transalpin grâce à la mandoline, les guitares, délicieusement proches du folklore croate ou du klezmer. Ten Dark Wednesday est une balade au tempérament ménestrel, pastoral, alternatif et surprenant, à l'image du groupe qui enchaine avec No One Calls Me (The Time of The Time of The Season), sussuré, chuchoté de façon polichonne et sixties. Najhladnija Luka Pule rend hommage à la famille du chanteur sur une basse et un harmonica mélancolique et magnifique. Puis le old- fashioned et très stylé Josè entraine à la danse sur son tempo puissant, sa flûte dynamique et un chant qui rameuterait tous les troupeaux des Dolomites. Le langoureux Holynaut suit, offrant un moment de grâce et de douceur, dont les arrangements brillent comme un vol élégant de lucioles musiciennes. Aux manettes de l'album, il y a le producteur Marco Fasolo, ami des C+C=Maxigross et qui sait bien ce qu'il fait en studio puisqu'il est aussi auteur-compositeur du fameux groupe Jennifer Gentle, référence dans le milieu indie-pop. Ruvain se termine avec ses deux titres psychélédiques, superbes, Testi's Baker-Jung Neil et Wait Me to Arrive, à la mélodie solide, aux textes majestueux et ingénieux, à l'instrumentation simplement belle d'histoire et d'âme. A se procurer chez Vaggimal Records qui signe aussi les excellents Klein Blue.
C+C=MaxigrossBandcampVaggimaleRecords