Nick Batterham originaire de Melbourne est un auteur-compositeur qui est actif dans son domaine depuis plus de 20 ans. Et ce domaine artistique est large et étendu, va des studios à la scène, à l'accompagnement et arrangement pour d'autres groupes à la création de musique de films et de sons pour la télévision qui lui valent d'être nominé en 2009 au AFI award. Guitariste et pianiste, il est dès 1991 leader du groupe Blindside qui part en tournée avec les Smashing Pumpkins. Puis il intègre des formations sur scène comme INX, Teenage Fanclub ou les Lemonheads, puis forme les Earthmen en 1993. Après avoir concocté avec ces derniers deux albums, il participe au chant de l'EP From the Wrestling Chair to the Sea des Steinbecks, en 1996 conduit le groupe Cordrazine qui se sépare en 1998 et se reforme en 2009, joue de la guitare sur l'album One Eyed Man de Mark Seymour, enregistre, mixe et joue de l'harmonica sur l'album des Summer Cats Songs for Tuesdays en 2009 et assure le violoncelle, les claviers, la production de l'album éponyme des Blackchords la même année. Fort de son expérience, il se plonge corps et âme dans son projet solo 20 ans après les Earthmen avec un opus magnifique signé en 2010, Second Lovers.
Il écrit, il compose, il chante et joue tous les instruments avec une dextérité époustouflante. Son univers romantique est touchant. Enregistrées chez lui en gardant très souvent la première version ses mélopées en sortent plus captivantes, avec un effet naturel et direct émouvant. Son travail personnel et intime dont les textes dessinent un bilan de son expérience passée est un aboutissement superbe après tant d'années et continue tout en splendeur avec le second disque de 2013, Closing Time At Yah Yah’s. La poésie, la fraicheur du côté brut et franc se marie dès le premier titre Who can Keep Their Word joué au piano, guitare et rythmique par Nick accompagné de Jethro Woodward à la basse. Le chant limpide et intime qui entonne "I take my hat off To anyone who can keep their word" est tout aussi beau sur la seconde, Your Own Head (The River Is Wide) qui évoque la mémoire sur le rythme éfficace du batteur Craig Mitchell, le Rhodes de Darcy McFall, la basse d'Ida Duelund Hansen et le chant en choeur de Nicholas Murray qui passe à la guitare acoustique sur le suivant, Own Worst Enemy, duo génial avec la jolie chanteuse et musicienne australienne Amaya Laucirica.
A l'oreille c'est un savoureux mélange de Mark Kozelek avec Beck et Hawksley Workman. Le multi-instrumentaliste a aussi une voix frissonnante et ses textes sont mijotés pour être tantôt clinquants et mordants comme sur Sucking On The Tap et tantôt doux, passionnés comme sur le mélodieux Love Is A Dream. La guitare acoustique et le piano du langoureux Help Me Do Right This Time et Out Of Control ornent des textes qui dévoilent une fragilité à fleur de peau. Quant Nick sort derechef les armes sur Nice Things (Do My Head In), les sarcasmes sont tout aussi charmants et éfficaces, dévoilant sa sensibilité, forte et faillible à la fois. Les réglements de compte savoureux dans une veine dylannesque se poursuivent sur Tall And Pretty jusqu'au fervent et ardent All The Things I Do, "I threw the planets ‘round the sun, I drew the stars by hand, With wings on their heels and hearts, All the things I do, To make me worthy of you". Le chant et le piano dominants de Last Point sont légers comme une plume avant l'arrivée de l'harmonica aérien du titre phare Closing Time At Yah Yah's où les guitares électriques de Nicholas Murray et de Jethro Woodward, également à la basse et au glockenspiel, habillent la rythmique de Matt Vance et bouclent l'écoute avec élégance et subtilité. Second Lovers et Closing Time At Yah Yah's sont un savant dosage de balades à l'univers acoustique ravissant saupoudrés d'arrangements fins et de textes succulents composés et écrits par un Nick Batterham qui a une aisance et une créativité désarmante.
NickBatterhamThe Earthmen