Le monde musical de Yellowbirds, originaires de Boston et désormais installés à Brooklyn, est totalement aspirant. Dominées par les guitares, guidées par les synthétiseurs, agrémentées de rythmiques dynamiques, de harpe, flûte, trompette, tambourins, clarinette et d'orgue, les chansons écrites par le leader Sam Cohen sont dotées d'un psychédélisme fabuleux. Peu étonnant d'apprendre que l'auteur-compositeur est aussi musicien fondateur des Apollo Sunshine mais aussi guitariste pour Joseph Arthur, Norah Jones, producteur des The Bandana Splits ou encore musicien arrangeur de l'album hommage à Bob Dylan, Paupers, Peasants, Princes & Kings: The Songs of Bob Dylan. Dans la lignée des Olivia Tremor Control avec un style proche de The Clientele, les singles de 2010, The Rest Of My Life et The Honest Ocean ouvrent la marche pour Yellowbirds qui prend son envol en 2011 avec l'album de 11 titres, The Color. Sam Cohen, charismatique à la composition, chant, guitare, batterie, basse, cithare et claviers enveloppe ses titres de sa voix majestueuse et maitrisée à la façon Hazelwood ou Morrissey. A ses côtés, les quatre acolytes musiciens forment en choeur élégant, George Lewis Jr à la basse, Wynne Bennett à l'orgue, Max Koepke à la guitare classique et cithare, Brian Geltner à la batterie et un ensemble efficace.
Sam Cohen nous conte des histoires, nous transporte dans le temps et l'espace avec ses métaphores et ses harmonies variées, ses arrangements alternatifs. L'effet kaléidoscope est garanti avec Honest Ocean ou Pulaski Bridge et le style sixties comme sur The Color, les ballades pop, rock, garage parfois, sont fort réussies. Le jeu puissant des guitares de Yellowbirds est impressionnant de qualité. The Reason qui boucle l'écoute de The Color nous offre l'agréable sensation que les Beatles viennent hanter le titre. L'influence quatre de Liverpool se confirme sur le deuxième album sorti en mai 2013, Songs From The Vanished Frontier où Sam Cohen dévoile un sacré talent de compositeur. Si Yellowbirds se pose en héritier de Lennon, McCartney, Harrison, il y a aussi des arrangements qui explorent le genre sunshine et pop orchestrale proches de Van Dyke Parks ou de Phil Spector. Les instruments, la batterie de Brian Kantor, la guitare et clavier de Josh Kaufman et la basse, guitare, orgue et synthétiseur de Sam Cohen, se mêlent avec harmonie. Les mélodies gardent un aspect spontané et underground qui m'évoque la musicalité du Velvet ou de Cardinal. Les textes sensuels ont un beau cachet et un raffinement qui émeuvent. La poésie des mots est un bain d'émotions et la personnalité de Sam Cohen, renversante de sincérité. Cette fraicheur se retrouve sur le dernier album Across The Whipplewash dont le schéma est un soundtracks avec des notes encore plus sixties et rétro dans les guitares, galopantes et emballantes.