jeudi 30 mai 2013

Benoit Carré

Benoit Carré est enfin de retour avec son univers servi par sa plume, ses influences cinématographiques, sa voix et sa manière unique d’arranger ses chansons avec Celibatorium sorti en avril 2013. Ce qui me plait avant tout chez l'artiste parisien, c’est sa régularité, son style inébranlable à travers les années et les modes, sa courageuse et tenace écriture en français. Ne s’épanchant pas sur des sujets comme le mal-être ou la politique, des thèmes récurrents chez les autres artistes français, Benoit compose des mélodies pop rafraichissantes et amusantes de manière constante. Il partage sa fantaisie, son humeur élégante, joviale et romantique dans ses orchestrations, dans ses mots et son interprétation. Même les titres qui parlent de ses amours déçus, ceux qui ramènent au titre de l’album, A quoi ça m’a servi, En train, Fermé pour la saison, sont gracieux et pas du tout déprimants. Les titres de Célibatorium s’enchainent comme des films, ornés de paroles fleuries, métaphores, de couleurs, d’ambiances, similaires à des mini comédies musicales. Ce talent de composition, ce don pour l’écriture digne d’un réalisateur de film reproduits sur Celibatorium de façon fidèle et égale est un art que maitrise Benoit Carré, qui est notre Woody Allen de la pop française . Admiratrice de Lilicub depuis l’opus Voyage en Italie, je me régale de tous les albums où je retrouve l’empreinte unique de Benoit Carré, cette atmosphère cinématographique que j’aime sur  Zoom, dotée de sons jazzy qui rappellent Michel Legrand sur Villégiatures, sur Super 8, puis les albums La grande Vacance avec son excellent bossa J’ai vu à Bahia, ou encore Sous un Parapluie, ode aux Demoiselles de Rochefort. L’album A la nouvelle vague au nom évocateur et le récent Papa a fait mai 68 qui là encore nous emmène dans une atmosphère poétique, romantique, sur des mélopées rétro comme Ma gueule de petite bourgeoise et son banjo boogie magnifique, sur Les fêtes de famille, ou encore sur le génial Anna qui rappelle le Paris des années 50 si précieusement et brillamment décrit par Benoit. LiliCubPiggledyPop 
Les admirateurs de monsieur Carré dont je fais partie seront aux anges en rajoutant Celibatorium à la collection. Le style et la griffe Carré est au rendez-vous avec ses références auxquelles les fans se sont attachées, tels que la lune, le parapluie, le psy, les danseurs et la capitale. L’album est un régal sonore avec ses guitares surf sur le premier titre Piano Mécanique, suivi du second Autographe, justement joué avec un piano mécanique mais aussi une rythmique tonitruante dans les cuivres, qui offre tout l’esprit fantaisiste et une déclinaison d’hommages aux personnalités manifestement aimées de son auteur. Suit le duo avec sa soeur Isabelle Carré que je trouve touchant et beau. Via la participation d’Isabelle, qui est une actrice française splendide par son jeu et aussi par le choix stylé et original de ses rôles, on comprend ce goût pointu et passionné pour le 7ème art qui rayonne dans l'album. Le titre pop sixties et dansant J’ai peur des filles est suivi du splendide Figurant, qui savamment orchestré avec ses instruments à cordes, énonce une liste d’acteurs et montre le talent de composition de Benoit. Tout comme sur A quoi ça m’a servi, les guitares, le piano, la flûte traversière et le chant de Benoit qui sait avec les mots, jouer et en jouer, tel un acteur, sont absorbants et efficaces. Puis le titre Pete Best qui est un hommage aux Beatles arrive comme une tornade au milieu de l’album. L’écriture drôle, l’orchestration fourmillant d’instruments, le chant virevoltant, montrent que Benoit Carré excelle dans son domaine. C’est dans cette ambiance british que le seul titre écrit en anglais arrive, Undo. Cette balade amoureuse chantée par Benoit avec un accent parfait, prouve derechef qu’il pourrait aisément tomber dans la facilité des textes en anglais. Mais l’auteur-compositeur persiste et signe dans la langue de Molière avec En train, au tempo ensoleillé avec des maraccas, clap-hands, piano taquins et sensuels. Les claviers clinquants et l’âme des comédies musicales poursuivent dans les ritournelles dansantes de Peut-être et le piano émouvant boucle l’écoute sur le majestueux Fermé pour la saison. Les mots chantés avec une élégance touchante et une grande finesse dans «les traits de lumière», «les murs de ma chanson» rappellent comment et où Benoit Carré a conçu l’ardant Celibatorium qui est au top des productions french pop 2013 et au panthéon du classement Piggledy Pop. BenoitCarreCelibatorium


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