Joey Goebel est un jeune écrivain américain (Indiana). L’auteur signe Torturez l’artiste en 2005 et la France peut enfin découvrir ce bijou de la littérature pop en 2006 grâce aux Editions Héloise d’Ormesson.
Joey Goebel a un parcours hors du commun, à peine la trentaine, il a signé The Anomalies en 2003, Torture the artist, et sort bientôt son 3ème livre. Avant cela, il faisait partie d’un groupe de punk, The Mullets dont on peut découvrir deux cassettes et 3 disques. Autre projet notable qui a suivi The Novembrists qui ont sorti un cd, dont les titres évoquent le domaine de la littérature avec F.Scott Fitzgerald et Vladimir Nabokov. Joey Goebel est aussi un grand critique-rock. Ses articles sont aussi cinglants et mordants que ses œuvres littéraires.
Dans Torturez l’artiste, Joey Goebel dénonce la culture “idiote” et semble en être écœuré. Son écrit est flanqué de clins d’œil à la débauche, la bêtise, la déshumanisation que produit l’industrie mafieuse hollywoodienne du cinéma et de la musique sur les consommateurs. Voilà la loi de la manipulation morale et mentale, la loi du fric versus la création artistique.
L’histoire. Vincent est un enfant de 9 ans brillant mais vivant dans un milieu social et intellectuel désastreux. Vincent est à part. Il a une maturité, une intelligence, un don pour l’écriture. C’est un enfant précoce mais malheureux. Il y a aussi une grande firme, une école appelée Nouvelle Renaissance, aux desseins arrivistes. Nouvelle Renaissance encadre de jeunes talents, les manage de sorte à ce qu’ils produisent, paroles de chansons, scripts, œuvres littéraires à la chaine. Cette production artistique des jeunes prodiges se déroule dans l’anonymat pour servir à des stars déjà connues du public, qui n’ont plus qu’à utiliser le travail des enfants. Pour se faire, la doctrine de l’école est de torturer moralement les jeunes prodiges pour les rendre malheureux, les isoler socialement, de manière à ce que leur mal les plonge dans un état mental productif. Le titre est souligné par la phrase “d’un mal sort toujours un bien”. Pour mener cette mission, Nouvelle Renaissance embauche un manager. Harlan Eiffler est un ancien critic-rock, très blasé, et doit veiller à ce que le malheur soit omniprésent dans la vie du jeune garçon. Ainsi s’exprime le directeur de Nouvelle Renaissance dans la lettre adressée à Harlan au début du récit: “Le divertissement a besoin d’un artiste typique à l’ancienne: une jeune femme ou un jeune homme torturé, solitaire, sans amour et désespéré, avec seule la capacité artistique pour justifier sa triste existence (…) Cette âme connaitra l’amour non partagé, la dépression nerveuse, le surmenage, l’isolement, l’exil, la misère noire, la maladie, et les troubles mentaux (…) je vous demande seulement de fournir à notre Homme Renaissance une douleur constructive de la façon la plus humaine et la plus bénéfique.”
A lire absolument, ce livre est un chef d’œuvre, une clé et une fresque de la débauche culturelle contemporaine, un regard cynique et si réaliste. L’histoire est belle, touchante, mais pas larmoyante. Ce livre est attachant, je le conseille fortement.
La lecture plaira aussi aux amoureux du rock. Goebel présente ses protagonistes systématiquement en donnant les groupes qu’ils écoutent, les films et émissions qu’ils aiment. On y parle de Cure, Twin Peaks, Rolling Stones, Phish, Ramones, Bob Dylan, etc. Torturez l’artiste est une ode à la New Blue Generation.
editions-heloisedormesson.com
Dans Torturez l’artiste, Joey Goebel dénonce la culture “idiote” et semble en être écœuré. Son écrit est flanqué de clins d’œil à la débauche, la bêtise, la déshumanisation que produit l’industrie mafieuse hollywoodienne du cinéma et de la musique sur les consommateurs. Voilà la loi de la manipulation morale et mentale, la loi du fric versus la création artistique.
L’histoire. Vincent est un enfant de 9 ans brillant mais vivant dans un milieu social et intellectuel désastreux. Vincent est à part. Il a une maturité, une intelligence, un don pour l’écriture. C’est un enfant précoce mais malheureux. Il y a aussi une grande firme, une école appelée Nouvelle Renaissance, aux desseins arrivistes. Nouvelle Renaissance encadre de jeunes talents, les manage de sorte à ce qu’ils produisent, paroles de chansons, scripts, œuvres littéraires à la chaine. Cette production artistique des jeunes prodiges se déroule dans l’anonymat pour servir à des stars déjà connues du public, qui n’ont plus qu’à utiliser le travail des enfants. Pour se faire, la doctrine de l’école est de torturer moralement les jeunes prodiges pour les rendre malheureux, les isoler socialement, de manière à ce que leur mal les plonge dans un état mental productif. Le titre est souligné par la phrase “d’un mal sort toujours un bien”. Pour mener cette mission, Nouvelle Renaissance embauche un manager. Harlan Eiffler est un ancien critic-rock, très blasé, et doit veiller à ce que le malheur soit omniprésent dans la vie du jeune garçon. Ainsi s’exprime le directeur de Nouvelle Renaissance dans la lettre adressée à Harlan au début du récit: “Le divertissement a besoin d’un artiste typique à l’ancienne: une jeune femme ou un jeune homme torturé, solitaire, sans amour et désespéré, avec seule la capacité artistique pour justifier sa triste existence (…) Cette âme connaitra l’amour non partagé, la dépression nerveuse, le surmenage, l’isolement, l’exil, la misère noire, la maladie, et les troubles mentaux (…) je vous demande seulement de fournir à notre Homme Renaissance une douleur constructive de la façon la plus humaine et la plus bénéfique.”
A lire absolument, ce livre est un chef d’œuvre, une clé et une fresque de la débauche culturelle contemporaine, un regard cynique et si réaliste. L’histoire est belle, touchante, mais pas larmoyante. Ce livre est attachant, je le conseille fortement.
La lecture plaira aussi aux amoureux du rock. Goebel présente ses protagonistes systématiquement en donnant les groupes qu’ils écoutent, les films et émissions qu’ils aiment. On y parle de Cure, Twin Peaks, Rolling Stones, Phish, Ramones, Bob Dylan, etc. Torturez l’artiste est une ode à la New Blue Generation.
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