dimanche 30 décembre 2018

Cute Couple

Mark Reichardt et Conor McCarthy, deux copains d'enfance basés à Cape Town en Afrique du Sud, composent le duo Cute Couple (donné par un de leur professeur sardonique au collège). Les deux compères de Noordhoek, 25 ans, composent des titres pop chaloupée typée soul dance depuis cinq ans. Ils apparaissent d'abord dans un groupe nommé The Aztec Sapphire puis décident de créer Cute Couple, de façon autonome, enregistrant chez eux sur un trois pistes, pour rester au plus près de ce qui les inspire et signer deux premiers singles, Devoted et Noble Rot, particulièrement propres, élégants et efficaces. Mark compose, produit et chante quand Conor joue de la batterie et gère les arrangements, l'enregistrement et le mixing. Ils ont de l'humour et de l'esprit. Cette drôlerie, mêlée à une belle sensibilité, souffle un air agréablement alerte dans les harmonies chaudes et sensuelles sur l'album Terminus, premier disque paru en octobre 2017.



Kaleidoscope, leur style pop électronique seventies, soul, offre une instrumentation finement dosée, travaillée sur logiciel avec des pistes enregistrées sur micro, batterie et guitares. Le paysage sonore compressé et analogique offre néanmoins du relief grâce aux effets de voix brillants et réussis. L'ingéniosité de Conor donne un résultat d'orfèvre avec des voix chorales ou minimalistes qui zigzaguent, faisant des vagues ou des pirouettes légères. Les neuf titres de Terminus commencent avec le tempo funky contemplatif de A good Strip of Green Lights alliant l'analogique au son jouissif du Moog et au son boisé du piano. Le parlé émouvant de Terminus, sombre, étendu dans le temps, convoque la mémoire de sa mère, partie et laissant solitude et vide derrière elle. Revient à sa suite le groove de Somewhere Else to Fall in Love bordé de guitares électriques, de rythmiques chatoyantes et alternatives.



Impossible de s'ennuyer à leur écoute tant les mélodies se dilatent, se déploient et défilent variées et électrisées comme avec Thrauxing Whatever et What Are We Saying It's About pleines de samples, de voix ondulantes, de saxophone, de piano et de claphands. La basse entre princière sur Metro Plus (Dr. Jacky Chan) ouvrant la voie au chaleureux groove de The Tulip I'll Look Down at Forever et de T.M.M.L dont le chant charmant, entêtant, enveloppe et envoûte. Terminus nous fait descendre sur Tired of Feeling Lonely où Alice Phoebe Lou vient apporter sa voix. La chanteuse sud-africaine a attiré mon attention il y a trois ans grâce aux concerts qu'elle donne à la volée dans les rues et parcs de Berlin où elle vit. Elle se dépense corps et âme telle une troubadour des temps enchanteurs, menant son groupe ou seule avec sa guitare en bandoulière, à faire plaisir et rêver son audience. Sa présence au côté de Cute Couple pour ce dernier titre orné de violons et de piano pour évoquer l'exil se marie parfaitement à la délicatesse des deux musiciens, à leur édifice Terminus limpide, mélodique et admirablement solide.
CuteCouple



samedi 29 décembre 2018

Marlon Williams

Marlon Williams est un auteur-compositeur néo-zélandais habitant Melbourne depuis des années, qui apparait sur scène et avec son premier album nommé Marlon Williams en 2015. Avec une fibre folk, une atmosphère chaleureuse narrative, une essence typée Scott Walker, l'album brosse des personnages et des histoires drapés de guitares, basse et batterie. Ben Edwards, ami et collègue de studio est à la production et Aldous Harding, avec qui Williams est en couple, partage le chant sur Lonely Side Of Her. La voix de Marlon croone, somptueuse, faisant vibrer sa tessiture et son humour, sa personnalité drôle et sensuelle fleurissent son domaine artistique. Parallèlement à la composition, il est un showman qui habité et généreux fait rayonner son charisme lors de ses concerts. Quittant le style folk bluegrass, il reprend l'écriture après sa rupture avec Harding en décembre 2017. C'est avec le coeur brisé que l'inspiration explose "Then I wrote about fifteen songs in a month". Loin d'être mélancolique, le second album de Marlon Williams, Make Way For Love paru en février 2018 est un bouquet d'amour, garni d'espérance et de luminosité. Car avec des ancêtres maori, la sensibilité exacerbée par le chagrin d'amour, éclatante dans ses chansons, offre des particules brillantes et bondissantes de sincérité, assez pour être remarqué par l'acteur et réalisateur Bradley Cooper qui lui demande de venir jouer et chanter dans le film A star is born de 2018.



Make Way For Love est le genre d'album intemporel, élastique, adaptable à chacun, qui s'écoute avant et après une séparation, avant et après une idylle, parce qu'il parle de l'amour comme d'une force immarcescible. Dès les premières notes émouvantes de Come to me, le chantre sensuel, le troubadour touchant nous cueille. En guise d'introduction séduisante et captivante, la mélodie soyeuse fait des étincelles et le chant moelleux dégaine de l'électricité. Il y a dans le grain de voix de Williams qui escalade les octaves du Edwyn Collins, du Lee Hazelwood et du Elvis,flirtant sur le plan musical avec la scène zélandaise ou australienne des Lucksmiths, Anthony Rochester et Jonathan Bree. La pop tropicale et groovy de What's Chasing You, ses harmonies de guitares et sa rythmique roucoulent avec une pointe d'ironie. L'humour meurtri et grinçant est mis en beauté sur Beautiful Dress et Party Boy grâce au talent du multi-instrumentiste Dave Khan et du producteur Noah Georgeson qui griffe l'album de sa patte aux synthétiseurs.



Le tempo se fait plus velouté, avec une basse de tempérament assurée par Ben Wooley sur Can I Call you et Love Is a Terrible Thing, évocant la distance et la possession. La mélodie de I Know a Jeweller forme un ressac country avec son lot de guitares folk et acoustiques sur un texte désespérément amoureux. Le piano fait son apparition sur I Didn't Make a Plan et sa batterie tendue, envoûtante, grâce au talent de Angus Agars, doublée de l'écho des guitares, appuyant l'effet de plainte et d'union dispersée, comme décrite sur The Fire of Love 'And I'm left alone to tremble Like an adolescent king'. L'amertume dans les mots devient splendide et impériale par l'orchestration et l'interprétation aérienne de Williams. Malgré la relation disparue, Harding accepte de chanter sur Nobody Gets What They Want Anymore et ensemble, même à distance, font surgir un duo touchant et évident. Pour clore le chapitre, le titre Make Way for Love du même nom que l'album, fait résonner la note scintillante, ouverte à une renaissance.
MarlonWilliams



jeudi 27 décembre 2018

Adrian Juarez

Adrian Juarez est un musicien d'Argentine né à Buenos Aires qui commence son aventure artistique avec le single Madres argentinas escandalizadas, grand succès en 2005, lui donnant l'envol pour la création de son propre label Frigida Records. Il poursuit, inspiré, prolifique, signant le double titre Caleta Uno/Dos sur un label allemand en 2006 puis son premier album Fotografei en 2010, suivi de Tu nombre es fresa en 2011. Déjà, son univers contient du piano, qu'il joue depuis des années, puis de la guitare et des paroles imagées, formant des chansons 'cartes postales', fournies de couleurs et de messages. Il chante l'amour, la musique et la nature, mêlés avec poésie, et compose des mélodies qui voguent entre la pop, le rock, folk, bossa, l'orchestral et le traditionnel. Après les albums Marimba en 2012, Araucarias en 2014, Florale de 2015, Los valientes en 2016, son univers fourmille d'hommages à d'autres pays du monde. Adrian est un artiste passionné qui pied au plancher, signe plusieurs EP par an depuis 2006.



En 2017 et 2018, de manière singulière, Adrian rend donc hommage à différents pays en composant et sculptant des airs traditionnels du Japon, de l'Inde et de la France avec Babette orné d'accordéon mais aussi des hommages à d'autres groupes comme pour Stereolab avec le titre Fluorescencias. De façon symbolique, Adrian Juarez offre ce mois de décembre 2018 le magnifique album Indicador Universal, qui tel l'étoile pop du berger, contient son talent de production, assurant seul chant, instruments et arrangements. On y retrouve aussi la substance fleurie de l'Argentine, géographique et historique. Le jeune homme de trente ans trotte dans le milieu de la musique alternative depuis ses quinze ans. Pour ses trente ans, ce dernier album sonne comme une page de garde, pour de nouveaux chapitres musicaux à venir.
L'Argentine est liée à France, coeurs unis, les français aiment l'Argentine, ses trésors entrelacés avec notre histoire et les échanges qui jalonnent nos passions communes. Adrian décrit ces joyaux, les fleurs des montagnes, plaines aux dimensions magiques, les torrents, les rivières, la terre chaude, le soleil latin qui offre à ses habitants une âme sensuelle et un goût pour le sourire dans les assiettes comme dans la musique. Le folklore, le rock, la pop argentine, à l'image de la culture, sont irisés de notes européennes et sud américaines. D'ailleurs si la langue officielle est l'espagnol, on retrouve quelques indigènes qui parlent l'anglais, l'allemand, l'italien et le français. Adrian égrène les thèmes de la nature, d'une relation délicate et de la musique sur Indicator Universal en le parsemant d'arrangements symphoniques réussis.



L'introduction charmante de l'album avec Diorama Biomas, d'emblée, bat son plein de douce élégance. On quitte un instant le tropique du capricorne pour suivre sur la pointe des pieds celui du Trópicos Erógenos, sublime titre bordé de jonquilles, de renoncules, de flamands roses, de champignons dans la montagne. La guitare teinte et fait écho au chant cristallin d'Adrian destiné à décrire le plaisir d'une rencontre dans un paysage polychrome jusqu'au staccato de flûtes de Felina Cosmovisión où chat, étoiles, mémoire et flots tournoient sur les harmonies nimbées de grâce. Senderismo Interior poursuit l'enchantement, telle une canopée mélodieuse sous laquelle Adrian nous cueille dans son royaume minéral fait de rivières, de forêts, de plantes et animaux sauvages. Son chant de velours et intime absorbe l'attention, les mots fascinants de poésie inspirent une atmosphère mystérieuse, mythique, aux territoires étendus comme sur Un dios subterráneo. Les dieux grecs ne sont guère loin avec le lexique de douceur, de gloire, de mort, de beauté et d'éternité. Auréolant l'album de mélodies, par les instruments et par les textes, Adrian Juarez termine avec un Romance de las partículas divin. Le ciel et la terre forment le suc dans sa bouche pour évoquer les sentiments amoureux qui l'animent et qu'il transmet sur partitions tel un barde magique. L'alchimie subtile, musique et paroles, fonctionne à merveille. Adrian Juarez, constant et fécond, avec son style panaché, son enthousiasme créateur et sa fibre latine légitime, construit et conduit en prince un Indicator Universal au magnétisme efficace, renversant.
AdrianJuarez





mercredi 26 décembre 2018

Alexandra Bochkareva

Alexandra Bochkareva est une photographe originaire de l'Ouzbekistan qui vit désormais en Russie, à Saint-Petersbourg. Elle se dénote des autres photographes par les thèmes où chatoient et se côtoient roux et rousses, des éphélides sur teints de lait si lumineux et elfiques, leur offrant les contours de la nature et du féerique. Alexandra est sensible à l'art depuis sa tendre enfance, elle dessine et peint. Elle s'en éloigne le temps de ses études puis s'y replonge après la naissance de sa fille grâce à un vieil appareil photo de son père, un zénith. Prenant d'abord des clichés de sa fille, puis des autres membres de la famille, aux cheveux de feu et au regard clair, son premier modèle est sa soeur, rousse, au teint pâle, aux cils et aux yeux étincelants.

 




Imaginant ses photographies comme des dessins, elle anticipe les matières, les ambiances, les couleurs avec un don de peintre portraitiste. A la recherche de la beauté, son univers loin d'être mélancolique est fantastique, charmant et chaleureux. Les crinières, les minois, les plumes, les feuillages, les pelages, les robes sont saisis par l'objectif et sublimés. La douceur, la poésie, la sensualité, les légendes celtiques, le mystérieux et le magique sont privilégiés et élégamment mêlés. L'apanage d'Alexandra Bochkareva est d'offrir un scénario mirifique et naturel, sans trafiquer, ni maquiller les éléments. Ayant grandi dans une maison à la campagne, avec un grand jardin et une bibliothèque fournie, son autre passion est la lecture. Son intérêt pour la littérature et la peinture se retrouvent dans ses clichés délivrant des ambiances de légendes, mythes, muses et nymphes jouant de la harpe aux côtés d'animaux splendides. Ses photographies brossent la tendresse des bêtes, de la forêt, la douce animalité de l'homme avec une telle acuité qu'on touche du doigt l'atmosphère irréelle proche du conte de fées. Son génie est de réussir à saisir les détails pour rendre le motif, lui, insaisissable.



Les oeuvres d'Alexandra Bochkareva, magnifiques, entrent en résonance avec la vie sauvage des bois autour de Saint-Petersbourg et des plages de Neva Bay dans le golf de Finlande, dessinant une harmonie organique éblouissante. Sa récente série de photographies est dédiée au renard. Pour celle-ci, Alexandra a eu la compagnie du renarde domestiquée, Alice, qui a été adorable le temps des séances et qui même en gigotant chaque seconde, offre un résultat inoxydable et captivant. AlexandraBochkareva










lundi 24 décembre 2018

Joyeux Noël 2018



Bien - Bells Bells Bells


Scrabbel - Hiding In The Snow




Ariane Zita - Noël Blanc



Soft News - Last Christmas




Theatre Royal - I Believe In Father Christmas (I Don't want Socks)


Chic Gamine - Noël au coin de portage et main




Peaks - Xmas song




Paper Aeroplanes - In The Bleak Midwinter


Catholic Action - New Year


Bubble & Squeak - The Christmas Stick


Randolph's Leap - Just Like Christmas


Heather Dale - The Huron Carol


Le père Noël gilet jaune : opération escargot, direction les rond-points sur la presqu'île de Rhuys.



dimanche 16 décembre 2018

Marché de Noël de Strasbourg

Le Marché de Noël de Strasbourg, autrement appelé en Alsace Christkindelsmärik, marché de l’enfant Jésus, est un des plus beaux et émouvants au monde, réelle institution qui existe depuis le XVIeme siècle. Longtemps le seul, c'est lui qui donne l'exemple et fait au fil du temps, se développer d'autres nombreux marchés de Noël en France. A l'origine, le marché est de tradition germanique et c'est au moyen-âge le jour de la Saint-Nicolas qu'en prévision de Noël, les premiers marchés de Strasbourg, Klausemärik, proposent jouets et friandises, pour célébrer le don de Dieu fait aux hommes. Vins chauds, kougelhopf, couronnes briochées, charcuterie.. La tradition culinaire alsacienne est riche en période de Noël, pleine d'effluves et de saveurs, pain d'épices, bretzels (d'origine celtique qui représente l'intensité des sentiments amoureux), Christstolle, bredele, schnacka, mannele (viennoiserie au lait en forme de bonhomme), berawecka (pain aux fruits secs) sont dégustés au côté des rameaux d'arbres fruitiers coupés à la Sainte Barbe, fleurissant à Noël. Il y a du foie gras, de la carpe au chou rouge, du Mattkemmakas, du Munster au cumin, de la bière alsacienne, du Sylvaner pour accompagner le Ganzeltopf ou le Lekerle parfumé au miel de fleur ou de bruyère.



Les traditions en Alsace ont la peau dure et Strasbourg cristallise depuis des siècles une seule valeur symbolique, celle de Noël. Un des incontournables du marché de Noël de Strasbourg est la Lichterfee, fée de lumière, à la bonté d'un ange, dont l'origine est ancienne, coiffée d’une couronne d’or, vêtue de blanc, porteuse d’une clochette et d'une baguette pour distribuer noix, sucreries, pains d’épices, oranges. Avec elle, selon la coutume il y a Hans Trapp, moche barbu au visage noir, sorte de père fouettard, censé faire peur aux enfants qui n'auraient pas été sages. Il est inspiré d'un personnage historique de Wissembourg, le Maréchal Johann von Drodt, brute sanguinaire qui terrorisait la population. L'imaginaire des alsaciens est fleuri, fruité de contes et de légendes, comme celle de la Fée aux fraises, des nains de la gorge aux Loups, de la sorcière de Koestlach, des bébés alsaciens livrés par les cigognes, l'histoire des Stockfeld Indianer, indiens de Buffalo Bill, ou encore celle du vent qui souffle autour de la cathédrale.
La cathédrale Notre-Dame de Strasbourg est un joyau millénaire. Fondée en 1015 sur une ancienne église, la cathédrale imposante (jusqu'en 1874, édifice le plus grand au monde) inspire le respect. Avec son horloge astronomique du XIIIeme siècle, son tympan, sa rosace, ses vitraux du XIIeme siècle, sa flèche de 142 mètres, sa crypte romane, sa couleur de grès rose, elle est un "Prodige du gigantesque et du délicat" selon Victor Hugo.



Strasbourg, rayonnante au travers de son marché de Noël, est à l'origine du sapin de Noël, apparu pour la première fois en Europe, en Alsace, à Selestat en 1520. La plus ancienne mention écrite d’un arbre entier coupé pour Noël date de 1605 "Pour Noël, il est d’usage, à Strasbourg, d’élever des sapins dans les maisons ; on y attache des roses en papier de diverses couleurs, des pommes, des hosties coloriées, du sucre, etc. ». Dès le XII siècle, les décorations faites de branches de sapin existent en Lettonie, en Rhénanie, en Scandinavie, en Angleterre puis en France. Le conifère en entier adopté au XVIème à Strasbourg, symbole d’espoir et de vie éternelle est alors couvert de pommes rouges et de lanternes (coquilles de noix évidées, remplies d'huile, devenues bougies) ; Décor féerique pour célébrer la venue du Christ : « la lumière qui illumine le monde ».

Le marché de Noël de Strasbourg vieux de 450 ans, fort de ses trente villages répartis au pied de la cathédrale Notre-Dame, de son sapin de 30 mètres, son quartier historique appelé la Petite-France paré de lumières dont le carré d'or, son parcours de crèches, accueille plus de deux millions de visiteurs par an, venant du monde entier.



Trio pop strasbourgeois, Eve-R.

dimanche 9 décembre 2018

Vive La Rose

Vive La Rose, (rien à voir avec François Mitterrand ni Guy Béart) est le très joli nom de groupe choisi par son auteur-compositeur, l'écossais David Luximon-Herbert suite à une histoire romantique qui lui appartient. Né à Edimbourg, il déménage récemment à Londres où il joue dans diverses formations et c'est avec Don't Move, Don't Speak qu'il signe son premier travail personnel en 2014. Il concocte deux singles depuis qui figurent sur le somptueux For She Who Hangs The Moon paru en octobre 2018.



Forgé de mélodies intimistes, les histoires déroulent comme des diapositives dans l'obscurité qui se dévoilent délicatement à la lueur du projecteur. Il est arrangé avec les cuivres de Terry Edwards et les cordes de Colin Elliot & The Up North Orchestra (Richard Hawley, Slow Club), sans grandiloquence mais beaucoup de retenue et de simplicité, le style moderato préserve les harmonies et surtout le grain de voix de David, impressionnant. Elaboré en studio avec l'aide précieuse du bassiste John Parker, Rod Spark à l'orgue, Nicky Francis (Mono Club) à la batterie et co-produit avec Oliver Betts (The Duke Spirit), c'est David qui peaufine l'instrumentation teintée de son délicieux chant.
Evoquant la vie, ses travers, ses beautés, l'amour, le regret, les textes intimes peuvent faire écho à chacun. Le satellite de l'album est l'histoire d'un couple qui quitte son confort pour partir à l'aventure, avec peur et courage, pour ne pas regretter un jour de n'avoir oser l'inconnu. Il y a des émotions brutes dans les chansons, portées soit d'une mélodie acoustique comme sur le premier titre Night Terrors, soit d'arrangements classiques avec un ensemble de cordes comme sur le suivant, Rio Grande.



Les envies de mouvement et les harmonies ondulantes constituent l'artiste qui aime à se retrouver et se replier en ermite dans les montagnes écossaises. Spiritualité et imagination se marient pour offrir, en guise d'antienne, la lumière, comme sur le grandiose Before We Lose The Light, puis Of A Fire On The Moon. Les métaphores extraites de la nature, les loups, les étoiles, le ciel, la mer, les lacs s'apposant aux parties du corps, aux yeux, hanches, mains, oreilles sur l'orchestration cristalline et finement pop folk sont d'une sanité sonore somptueuse. L'ambiance romantique et amoureuse de Interior Rules est amplifiée sur la magnifique Given Time, iodée et agrémentée de trompette. Les violons et le piano de Lungs accompagnent un texte triste quand The Watchmaker à la suite contient une dose d'optimisme, de spiritualité et de philosophie qui tend à l'humilité. La ballade Schiehallion marque le retour à ses terres, sur une mélodie éclairée de clap-hands, de choeurs et d'un tempo tamisé mais décidé et assuré . Idem sur Sirocco avec ses guitares en écho et la voix élevée pour coller au thème du vent qui souffle mais qui, quelque soit son sens, reste de l'air. D'une plénitude ineffable, douce et sage, l'écoute se termine sur le touchant My Shadow, brillant d'arpèges qui s'emparent de l'attention, ornés de la voix de David, si belle qu'elle transforme Vive La Rose en véritable bouquet d'émotions.
ViveLaRose



jeudi 6 décembre 2018

Surf Curse

Surf Curse, duo pop du Nevada composé de Nick Rattigan et de Jacob Rubeck, apparait en 2013 avec un premier album de dix titres. Buds est plein d'enthousiasme punk, twee et de fraicheur rock. La même année, avec une production et un mastering plus huilés et aboutis, sort l'EP Sad Boys qui ne laisse pourtant pas trace de tristesse ni de sécheresse artistique. En janvier 2017, les deux américains offrent le magnifique Nothing Yet, solide, galbé et un tantinet entêtant. Même si ce n'est pas du son punk à proprement parlé, celui qui fait pousser la crête et les épingles dans la couenne, l'énergie lobotomisante des guitares énervées et du chant obstiné est, comme je le décris au détour des chroniques du style, idéale pour un pogo de mécréant agacé et nourri au petit lait des Toy Dolls. Les mots saccadés, répétés, accrochent et illico, la batterie révoltée façon 'mods' sur le schéma brut sans couplet/refrain de Christine F, cueille et séduit.



Nés en 1992, les deux musiciens Nick, journaliste, auteur-compositeur, chanteur, guitariste et batteur et Jacob guitariste au style surf brillant, griffent légitimement le titre Doom Generation où l'alliance héroïque guitare et batterie fait bondir et danser. Leur son singulier tient dans le tempo tendu, presque indigné sur les lignes de guitares ensoleillées voire désinvoltes. Le style californien de The Strange and the Kind est réussi, assez pour nous rappeler l'excellence de The Smell qu'ils admirent, les citant dans le titre de Buds, The Smell Saved My Life. Le rythme s'envole sur un texte qui évoque le film Dazed and Confused de John Hughes, évoquant les jours, les années qui passent et d'une métamorphose, d'un changement non désiré, comme sur It Followed Me. Les thèmes parlent de questionnement, de perdition et de transition mais s'enchainent pourtant majestueux, liés par la rythmique mutine et la guitare souriante comme sur l'ardent Cronenberg et Sleeping où les mots décrivent un état langoureux, à la limite du léthargique sur une mélodie twee-pop frénétique. Cette discordance entre le texte et les arrangements forme la singularité de Surf Curse qui marque l'attention et convainc. Nostalgia et All is Lost évoquent un ancien amour, une noyade sentimentale mais à leur écoute, la peine de coeur deviendrait presque amusante et délicieuse tellement la paire dynamique guitare-batterie tambourine et sautille. Falling Apart arrive en fin de disque, surprenante et captivante. Elle est posée et sa lenteur dans le metronome façonne une sorte de gravité, de décision comme celle du départ. Nothing Yet est comme une courte résurgence avant un renouveau, faisant écho à l'envol de Nick Rattigan parti s'installer et vivre à New-York où serein et moins égaré, il déploie ses ailes sous le nom de groupe Current Joys en livrant en mars 2018 le tout nouvel album, significatif, A Different Age. De l'ouest californien à la côte est, l'auteur-compositeur Nick Rattigan met le feu aux poudres pop, absolument à suivre.
SurfCurse
CurrentJoys





dimanche 2 décembre 2018

Gary Olson

Quand des personnalités pop de New-York et de Augsbourg s'unissent, cela donne une splendeur. Le label allemand Kleine Untergrund Schallplatten dont je parle souvent pour ses signatures affûtées compte depuis quelques jours la présence de Gary Olson. J'admire le brio et la constance de Gary Olson depuis 20 ans. Pour beaucoup de musiciens, de groupes, il est une référence, un phare, dans le domaine de la production et de la création. Il fait partie des artistes que j'aime le plus dans le milieu pop indépendant et j'évoque mon intérêt pour son groupe, Ladybug Transistor ici dès les premières chroniques de 2008, puis en 2011 et en 2012 :
"Groupe de Brooklyn, les Ladybug Transistor voient le jour en 1995, grâce à Gary Olson son auteur et chanteur. Jeune, Gary découvrait la musique sur sa radio en forme de coccinelle, Ladybug Transistor avait donc un destin tout tracé... Gary enregistre ses albums chez lui dans sa maison Marlborough Farms à New-York. Le nom de la maison de campagne-studio d'enregistrement sera le nom de son premier album en 1995."
TheLadybugTransistorPiggledyPop2008



"Parti de quelques démos bricolées dans la maison familiale du leader en 1996, Marlborough Farms, également le nom du premier album, Ladybug Transistor main dans la main avec le groupe Essex Green, ne cesse de grandir. Le groupe de Brooklyn est composé au départ de Jeff Baron, ainsi que de Kyle Forester, guitariste et clavier (qui joue dans les Crystal Stilts depuis 2003), Julia Rydholm qui est bassiste et violoniste, le batteur San Fadyl douloureusement disparu en 2007, et Ben Crum également guitariste et leader des Great Lakes. La joyeuse équipée pop baroque des Ladybug Transistor a changé et compte désormais le trio Gary, Julia, Kyle."
"Gary Olson, également producteur (Kevin Ayers), ne cesse de se faire un nom dans le milieu indie-pop. En griffant Clutching Stems de son style délicat et sophistiqué, en fournissant les morceaux de clarinette, de trompette, tambourin, flûte, claviers et guitares électriques, le multi-instrumentiste Gary Olson se place dans la lignée des grands compositeurs de chamber pop ; Il s’entoure d’amis comme sur le divin Life Less True qui boucle l’album avec la présence de Darren Hanlon, Monnone Alone ( Lucksmiths) et Sheahan Drive ( Architecture in Helsinki).
TheLadybugTransistorPiggledyPop2011
TheLadybugTransistorPiggledyPop2012
TheLochNessMousePiggledyPop2018



2018, tandis que l'américain ne cesse de travailler, produisant une pléiade de groupes, de projets, de la Suède, à l'Australie en passant par les USA et l'Allemagne, très demandé mais disponible, il concocte enfin des chansons de sa griffe, aussi belles et impressionnantes.
Après presque vingt ans de carrière, jamais il ne parait blasé. Au contraire, avec un appétit vorace pour la composition, il ajoute de nouvelles cordes à son arc délivrant deux joyaux pop ce 22 novembre 2018 en collaboration avec Ole Johannes Åleskjær et son frère Jørn Åleskjær du groupe The Loch Ness Mouse. All Points North comme l'indique le titre nous emmène sur la route mais aussi dans une intimité charmante et délicate. Le chant cristallin fusionne à la perfection avec la guitare et la basse comme grattant une allumette avant que batterie et trompette enflamment le tempo. Les violons viennent se frotter aux arrangements et forment une osmose indie ravissante. La mélodie dansante offre des sillons dorés aux oreilles. Le thème du voyage en voiture au tracé voluptueux fait sur la carte caressée la nuit sous les lumières ocres de la route est en harmonie avec l'avancée des instruments. Les yeux fermés, la mélodie forme un train de rythmes et de notes. Puis The Old Twin couronnée de vivacité, zigzague, forgée dans une veine indie-pop endiablée et donne envie de chanter les 'tadadata' poppeux à l'unisson sur les guitares scintillantes et sautillantes des deux frères norvégiens. Des quatre coins cardinaux de la ville, le métro roule jusqu'au cornet de la trompette, rappelant joyeusement celui des Pale Fountains.
Gary Olson aligne deux merveilles, deux chansons lumineuses qui serpentent et font crépiter la platine. L'artiste crée du mouvement, fait briller les instruments et ses cordes vocales aux partitions colorées, sont un véritable palais vénitien plein d'âme et de musicalité. En son nom propre, le double titre The Old Twin entre bien sûr dans le panthéon Piggledy Pop.

TheLadybugTransistor
KleinUntergrundSchallplatten

French Cassettes

French Cassettes est un groupe américain de qui apparaît en 2011 sous forme de trio et sous l’impulsion de Scott Huerta qui écrit et compose...