
Make Way For Love est le genre d'album intemporel, élastique, adaptable à chacun, qui s'écoute avant et après une séparation, avant et après une idylle, parce qu'il parle de l'amour comme d'une force immarcescible. Dès les premières notes émouvantes de Come to me, le chantre sensuel, le troubadour touchant nous cueille. En guise d'introduction séduisante et captivante, la mélodie soyeuse fait des étincelles et le chant moelleux dégaine de l'électricité. Il y a dans le grain de voix de Williams qui escalade les octaves du Edwyn Collins, du Lee Hazelwood et du Elvis,flirtant sur le plan musical avec la scène zélandaise ou australienne des Lucksmiths, Anthony Rochester et Jonathan Bree. La pop tropicale et groovy de What's Chasing You, ses harmonies de guitares et sa rythmique roucoulent avec une pointe d'ironie. L'humour meurtri et grinçant est mis en beauté sur Beautiful Dress et Party Boy grâce au talent du multi-instrumentiste Dave Khan et du producteur Noah Georgeson qui griffe l'album de sa patte aux synthétiseurs.
Le tempo se fait plus velouté, avec une basse de tempérament assurée par Ben Wooley sur Can I Call you et Love Is a Terrible Thing, évocant la distance et la possession. La mélodie de I Know a Jeweller forme un ressac country avec son lot de guitares folk et acoustiques sur un texte désespérément amoureux. Le piano fait son apparition sur I Didn't Make a Plan et sa batterie tendue, envoûtante, grâce au talent de Angus Agars, doublée de l'écho des guitares, appuyant l'effet de plainte et d'union dispersée, comme décrite sur The Fire of Love 'And I'm left alone to tremble Like an adolescent king'. L'amertume dans les mots devient splendide et impériale par l'orchestration et l'interprétation aérienne de Williams. Malgré la relation disparue, Harding accepte de chanter sur Nobody Gets What They Want Anymore et ensemble, même à distance, font surgir un duo touchant et évident. Pour clore le chapitre, le titre Make Way for Love du même nom que l'album, fait résonner la note scintillante, ouverte à une renaissance.
MarlonWilliams