Je suis fan de Mitchell Adam Johnson depuis des années. Le jeune musicien commence en 2006 mettant en place avec son compère Ryan Ruff Smith le groupe Spencer McGillicutty. Depuis, je ne cesse d'être impressionnée par son travail en solo débuté officiellement en 2014 avec un premier EP Half Moon Lane. Mitchell se dessine de plus en plus comme l'étoile montante de la sunshine pop dans le sillage de Paul Williams et de Jimmy Webb. L'artiste américain revient avec une petite bombe pop en mars 2018 nommée Marigold que je classe dores-et-déjà dans les meilleurs productions 2018 sur Piggledy Pop. Les harmonies fourmillent à perdre la tête, les arrangements sont sophistiqués, sensuels, pleins de flûte, de clavecin, de cordes produits, cela s'entend, avec plaisir et amusement. Rien n'est prétentieux chez Mitchell et ce côté terrien, lucide et humble n'aveugle non seulement pas son jugement dans la création mais le fait rayonner. En plus de l'écriture, de la production, il chante et joue de la guitare acoustique, électrique, classique, du piano, de l'orgue, mellotron et du clavecin.
Au sujet de Half Moon Lane, j'écris en 2015 : "La pochette fort belle, et romantique est à l'image des quatre titres pleins de charme. Les mots et les arrangements pop baroque transportent dans une rêverie d'une autre époque et le chant somptueux de Mitchell conforte dans cette sensation. Mitchell qui joue de la guitare acoustique, du piano et mellotron compose des mélodies fleuries d'orchestrations très inspirées. Pour ce faire, à ses côtés il y a le fidèle et magique Tylor Tholl qui assure guitare électrique, basse, piano, orgue, clavecin, melodica, batterie, guitare classique, Korg, glockenspiel, accordéon, shaker, maracas, tambourin, cymbales, cloches, harpe, carillon etc.."
MitchellJohnsonPiggledyPop2015Autour de lui, pour le chef d'oeuvre Marigold, on retrouve son ami Tyler Tholl qui assure batterie, tambourin, basse, cymbales, cloches, guitares acoustique et électrique, banjo, orgue, vibraphone, synthétiseur et instruments comme l'ocarina, marimba et flûte irlandaise. Il y a aussi le brillant Andy Thompson au violon, accordéon, flûte, basse, guitares, claviers, tambourin et rythmique. Ils sont accompagnés de Nick Syman au trombone, Dan Lawonn au violoncelle, et la participation sur certains titres des amis fidèles Brian Tighe, Paul Hilton aux guitares et Kara Laudon au chant.
La magie opère dès les notes de piano de Through A Mood Indigo dont le texte est signé par Mitchell et Ryan. Les violons et le violoncelle viennent frotter leurs archets avec une délicatesse folle sur le clavecin précieux et le grandiose trombone. Le lyrisme resplendit d'emblée et émeut, inévitablement. Le style indie pop entre en scène façon Jon Brion avec le succulent Keeping Secrets qui ne quitte pas mon esprit depuis qu'il y a niché ses harmonies. La mélodie alternative est un édifice pop fantastique dont le thème intime et discret ne se déshabille pas, pas encore. Le rythme prend de l'ampleur, de la texture sur At Another Stop qui embarque sur la piste de danse comme tout type de pistes. Le tempo emmené par le claphands, le coffre de la guitare acoustique qui se dandine sur la basse magnifique créent une chanson vive et souriante. La douceur touchante des cordes de guitare de Paul Hilton, du piano, sur As we Lie se mélangent à la voix émouvante de Mitchell qui touche secrètement et assurément . Le thème amoureux est chanté avec une élégance romantique séduisante et décidée comme sur Losing Sleep où le gentleman épris rêve d'allonger le temps avec l'élue de son coeur .
Suit dans le même ton et la même ambiance Reveries qui est à mes oreilles un réel bijou intemporel dans la veine de ceux griffés d'Harry Nilsson avec son piano, vibraphone vibrant et sa basse envoûtante. Les arrangements pivotent, roulent et glissent pour dessiner une atmosphère dorée, sentimentale sur Close Enough pour mettre en musique deux coeurs aimantés malgré une distance et le temps qui les séparent. La production des harmonies de Grasshopper est lumineuse, ensoleillée par le tour de chant brulant de Mitchell. L'essence et la matière sensuelle déroulent les partitions de Don't try, une déclaration d'anamour, une rupture, aux contours psychédéliques d'une beauté inouie. Tourniquet Love vient clore l'album avec, présente sur l'ensemble des chansons, la métaphore du manège, du carrousel de mots langoureux, de peaux effleurées, de cordes sensibles pincées et frottées. Mitchell Johnson triomphe par sa voix renversante, ses titres vraiment sublimes au parfum d'éternité et en signant Marigold, il embrasse des grands noms comme Paul McCartney, Brian Wilson et Elliott Smith.
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