J'écris sur Dylan Mondegreen à chaque disque, non pas parce que je suis une fan béate, car je surveille les nouveaux albums des musiciens que j'admire autant que la chipolata sur le grill du barbecue, mais parce que son travail mérite d'être encensé.
Cette année, je suis toujours séduite et emportée par les mélodies de l'auteur-compositeur norvégien qui offre un Every Little Step succulent et touchant. Mondegreen nous livre un disque intime au charme cognatique armé d'instrumentations et de textes somptueux, en anglais et, pour la première fois, en norvégien. Tout y est étudié pour se rapprocher au mieux de son univers personnel, les thèmes, le langage, avec sa manière singulière d'arranger et d'interpréter ses chansons.
Mon sentiment en 2008 : "Il y a un peu moins d'un an, Dylan Mondegreen alias Børge Sildnes sortait son premier album While I Walk You Home.... Mondegreen y reprend le titre Cinnamon Girl avec ses amis Frankie et Johnny de Aluminium Group.
Ce jeune et talentueux artiste scandinave enregistre donc son propre disque l'été dernier sur une île de la côte ouest norvégienne. Les compositions sont estivales dans le fond et la forme. Les mélopées sont chaudes, brillantes, d'une classe totale.
Les balades pop sont jouées à la guitare acoustique, ou encore dans un style folk-groovy. Børge s'est entouré des Margareths pour l'enregistrement. L'ambiance dans le studio devait être furieusement pop. Un peu bubble, un peu sunshine, un peu twee, l'instrumentation est fournie de violoncelle, de handclaps, de tambourin, de saxophone, glockenspiel, piano (...) A l'heure où je publie la chronique, Børge est en train de passer la bague au doigt de sa fiancée. Ce potentat de la pop nous offre une part de bonheur avec son album. Heureux mariage monsieur Sildnes!"
DylanMondegreenPiggledyPop2008Puis, en 2012 : "Il commence à jouer de la guitare à 12 ans et à 14 ans, se produit avec son groupe Tears For You. Fan des Smiths et des Kinks, il ne tarde pas à travailler ses brillantes compositions, ritournelles charmantes et sophistiquées qui sont complétées par son grain de voix élégant. Il le montre de plus belle en 2009 proposant son album sophomore The World Spins On. Avec un chant aérien, des textes délicatement élaborés, Dylan Mondegreen signe 10 mélopées habillées d’une orchestration scintillante de cors, trombone, trompette, violons, guitare et piano (...) En septembre 2012, Dylan Mondegreen nous offre un troisième volet éponyme de ses inspirations et de son talent de musicien. Accompagné en duo de Maria Due sur Come Tomorrow, il fait aussi appel au producteur et ingénieur du son Ian Cat ( Saint-Etienne, Trembling Blue Stars, Northern Portrait Library, Aberdeen, The Field Mice etc) pour peaufiner l’enregistrement."
DylanMondegreenPiggledyPop20122016, monsieur Sildnes, artiste et homme comblé, devenu papa depuis, signe un Every Little Step qui évoque symboliquement les premiers pas d'un enfant. Dylan Mondegreen y dévoile joliment sa descendance, son couple, sa passion pour la musique toujours liés et transformés en notes avec brio. C'est aussi nostalgique qu'entrainant, égrenant chaque étape de sa vie ayant les pieds ancrés dans la terre, la tête bien vissée sur les épaules, il dessine ses expériences sur les partitions avec une classe infinie, chantant dans Lost in a Song: "I recall ’94, We were five simple boys, Named our band Tears For You, That’s the thing we would just do, What started out as just fun among friends, became an obsession that seems to have no end, I will always be lost in a song, Want you to hum along..."
La pépite pop commence sur la ballade For the Innocent and Young, où le musicien décrit ses rêves de jeune homme qui s'ennuie dans ses livres d'école de médecine et trouve du temps pour sa guitare, ses chansons sur un air habillé de rythmiques caressantes. Le tempo envoûtant poursuit agrémenté de piano, harmonica, et une guitare ensoleillée qui déroule une pop bossa sur l'émouvant Every Little Step où Børge s'adresse à sa mère décédée peu après la naissance de sa fille en 2012 : “it’s about the beauty of seeing my daughter growing up, but at the same time missing my mother, who died not long before my daughter was born. That void in my life that can never be filled, to see them get to know and enjoy each other”.
Puis le splendide et entêtant Mens i føl de hæm nouvelle version norvégienne, surgit pour littéralement dérober l'attention. L'omelette prend sur le captivant folk-pop Every Flashlight May Blind You qui embarque dans les montagnes, les vallées, les odeurs de fruits en automne et de l'herbe verte du printemps, où tout in fine ramène toujours aux origines. Sautillants, les arrangements de violon et d'harmonica sur la batterie magistrale nous comblent jusqu'au sage et lucide Nothing Lasts Forever qui évoque autant les tuiles qu'on se prend sur nez que les bons moments, proposant une batterie gaillarde et une guitare americana efficace.
L'optimisme reprend du service sur Headphones On où guitares et claviers groovy gambadent sur la voix aussi douce que déterminée quand elle entonne "don’t try to pull my headphones off". Les mots touchants du parent qui laisse son bambin à d'autres mains étrangères quand arrive l'heure de l'entrée en maternelle, brillent sur la guitare délicate et chaleureuse de Slepp taket, chantée en deux langues pour confirmer le sentiment intime. I Only Want You To Be Cruel, magnifique déclaration d'amour, arrive aux oreilles avec son funk et sa basse grandiose. Après avoir dédié un texte poignant à sa mère, un autre du genre à sa fille complété d'une chanson sensuelle pour madame Mondegreen, le bilan se danse logiquement sur le joyeux The Ghost Of Christmas Past enveloppé d'une flûte pop sixties motivée.
Ce splendide Every Little Step se clôt sur Lost in a Song où là aussi, la basse fait des loops avec les trompettes et les saxophones offrant un album constitué d'airs différents, d'ambiances en poupées russes, démontre que Dylan Mondegreen, loin d'être perdu, sait très bien ce qu'il veut et où il va.
Cadeau idéal à glisser sous le pinède familial.DylanMondegreen