lundi 9 février 2015

Courir les rues

C'est Maxime Tailliez qui est auteur-compositeur-interprète de Courir les rues, qui s'inspirera des vers de Raymond Queneau « Courir Les rues, battre la campagne, fendre les flots » pour monter son groupe en 2000 à Cergy où il grandit dans une famille d'amoureux de la musique. Il y a beaucoup de vinyles à la maison, un père guitariste, un frère et deux soeurs qui sont violoniste, pianiste et clarinettiste. Maxime commence par le violon, puis s'éprend de la guitare. Le groupe d'abord trio court réellement les rues en jouant essentiellement des reprises, beaucoup de jazz sur les marchés. Puis sort le maxi Week-end sur la Croisette en 2003, comprenant des morceaux composés et écrits par Maxime pour une guitare, une trompette et un accordéon qui s'accordent sur des airs entrainants et festifs. En 2004, les musiciens assurent nombre de concerts à Paris et au courant de l'année l'équipe se fleurit d'une ribambelle de musiciens, d'un ingénieur son et d'un manageur pour entrer en studio et enregistrer une première maquette en 2005 au joli nom de Pédalo n°9. A la contrebasse, il y a Louis Galliot, à la trompette Nicolas Bruche, au trombone Fabien Cyprien, les trois saxophones Sébastien Tondo, Raphaël Illes et Jean-Hervé Michel qui joue aussi de la clarinette et de la flûte. En 2006, s'ajoute à la bande de joyeux drilles Jean-Baptiste Bridon à la trompette et clavier. En 2007 sort le premier album au nom éloquent De l'autre côté l'herbe est verte qui les mènera à jouer dans diverses salles parisiennes et plusieurs festivals comme à Dublin, à Bruxelles, à la Rochelle pour les Francofolies, au Laos et en Allemagne. Dans une veine jazzy big band, la famille Courir les rues s'agrandit en 2009 avec l'arrivée du batteur, percussionniste Julien Charbonnier qui précède le deuxième album Garçons sensibles en 2010, disque bichonné aux arrangements par Julien Perraudeau. Tandis que les dates de concert se bousculent, Courir les rues crée un spectacle vivant en parcourant la France de Pau à Chambéry en s'entourant d'autres artistes et de jeunes élèves de collèges impliqués dans le projet. Frénétiquement proche de son public, assoiffé de concerts, le groupe en 2013, composé de Maxime Tailliez à la guitare et chant, Olivier Ronfard à la guitare, accordéon et chant, Jean Baptiste Bridon à la trompette, clavier et chant, Julien Charbonnier à la batterie et aux percussions, Paul Motteau à la basse et contrebasse signe un troisième album pop réalisé par l'excellent auteur-compositeur-interprète et réalisateur, producteur Robin Leduc.
En Septembre 2014, Manuel du faire semblant voit le jour.


L'album s'ouvre sur un West Coast fourni de tempo jazzy, des cuivres, un chant délicieux qui accompagne le texte décrivant les amateurs de séries américaines en guise d'échappatoire, parce que vivant dans les banlieues, fantasment sur les paillettes hollywoodiennes. L'écriture est élégante, pas moraliste, mais plutôt réaliste. Comme sur Ici ou là, un peu pinçant et moqueur mené par les guitares voltigeantes et taquines dans la veine de Brassens, sur des cuivres magnifiques. Je souris (L'art de l'hypocrisie), mélopée pop savoureuse a vraiment accroché mon attention, peut-être par son rythme digne d'un Melody Nelson de Gainsbourg et ses arrangements fins, habillés de la voix sublime de Maxime. Cette même sensation, ce charme et cette envie de danser persiste sur La bétonnière (Construire pour mieux détruire) avec un rythme caribéen gorgé de soleil et d'"étoiles" pour évoquer la pollution de l'air et du paysage urbain. Attends-moi (Aimer sans aimer vraiment), comme Je souris, est une ode à l'hypocrisie amoureuse et l'art des faux semblants dans le couple sur une mélodie bouillonnante. Puis la batterie vient orner avec les cuivres, les guitares et les violons L'armée des gueules brisées pour décrire les travailleurs qui s'usent à leur tâche, leurs visages monotones et fatigués mis en musique magnifiquement. La guitare acoustique, les percussions, l'accordéon, la trompette font entrer Le jour des fleurs dessinant les faux sentiments des visiteurs de cimetières qui s'épanchent facilement. Quand Dancing (Savoir intérioriser la jalousie) arrive sur la platine, de manière suave et langoureuse, on sourit inévitablement. Les mots drôles décrivent un pressing où un type un peu bruyant se croit au dancing, ambiance succulente, truculente où la lessive et les tambours deviennent presque sensuels grâce au brillant ensemble de cuivres. L'écoute se poursuit avec le superbe Nice, et sa basse magnifique, sa guitare délicate, le chant toujours cristallin de Maxime pour là aussi dénoncer le côté "branchouille" de la ville et ses laveurs de carreaux qui ne côtoient pas les palmiers. Les claviers mariés aux guitares, la basse à la batterie, savamment dosés, forment un titre pop excellent suivi du jazzy On ne se comprend pas (Ou comment rester ensemble) avec sa contrebasse, ses percussions posées avec finesse pour entonner des "la la la la" et souligner le malentendu dans le couple. La ritournelle boucle l'album avec une mélodie légère et ronde de tempo, où Maxime joue avec les mots à la façon de Queneau tout en rendant hommage à Paris et ses quartiers, ses femmes pour finir avec beaucoup de poésie ce très beau et touchant Manuel du faire semblant.
CourirLesRues



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