Quel plaisir de se réveiller sous un soleil radieux un 26 décembre avec une vague de chaleur corse pour couronner le tout qui arrive des infos. Le peuple de l'île de beauté brûle ce qui doit être brûlé. Bravo les amis. Votre courage et votre réaction légendaire et légitime font chaud au coeur !
Cette année, la Corse nous a aussi offert la géniale pop du groupe Casablanca Drivers qui signe son premier EP 2002 Pizza en 2014, fourmillant de notes dansantes, funky, aux télécasters surfantes, aux rythmiques solides et musclées qui les emmènent notamment sur la scène du Printemps de Bourges. 2002 Pizza est savamment garni de 7 titres, sucrés, épicés aux influences qui nourrissent les musiciens comme le Velvet Underground et les Strokes. Les mélodies sont colorées et superbes, le jeu très efficace, l'instrumentation toute aussi inspirée. Les cinq amis de Casablanca Drivers qui se rencontrent à l'université en 2012, Alexandre Diani à la guitare et chant, Nicolas Paoletti à la guitare et chant, Simon Rubert à la basse, Sebastien Santucci au clavier et Guillaume Manuelli à la batterie après avoir joué dans les bars de Corte, ont assuré depuis leurs débuts une cinquantaine de concerts, quelques uns à Paris en passant au Bus Palladium, à la Boule noire, l'International etc. Pour la vidéo croustillante du titre La Ola réalisée par Arnaud Khayadjanian, ils invitent l'acteur Jean-Louis Barcelona qui joue le sosie de Polnareff dans une pub, ainsi que Maurice Barthélémy ex-robins des bois. Casablanca Drivers, amateurs de pop, de rock et surtout d'humour autour d'une pizza et de bières, font rayonner dès les premières notes leur bonne humeur.
L'EP commence avec Dallas, sculpté dans un marbre rock savoureux. La batterie y resplendit, les guitares et la basse galopent joyeusement sur un chant vitaminé très entrainant. Welcome to Honolulu me rappelle les Wombats, les 1990's, mélangé à l'atmosphère de Phoenix avec ses arrangements alternatifs et psyché tirés à quatre épingles. Accrocheur et virevoltant, Ajaccio arrive dans les écouteurs comme une petite bombe délicieuse, éclatante de sonorités, de cordes de guitare parfaitement affûtées. Puis IOMW, au rock décoiffant, plein de conviction, de riffs de guitares surf, poursuit notre plaisir qui ne faiblit guère à l'écoute de Why, ensoleillé et groovy avec sa basse et ses guitares électriques princières. Les claviers splendides donnent illico l'envie de danser. L'ensemble des compositions sont belles et exécutées avec talent, idées fleuries et une technicité éblouissante. Les voix dosées et dorées, justes, gambadent exactes et puissantes, sur Mirage et Season ft. High Angle Shot, dernier titre convaincant, somptueux d'arpèges et de rythmiques. 2002 Pizza est un EP réussi, prometteur sur lequel il est difficile de préférer un titre et qui dévoile dans son intégralité, des musiciens excellents, des artistes méticuleux et fertiles que nous reverrons en 2016 avec un nouvel EP. J'ai hâte de découvrir les nouvelles mélopées des Casablanca Drivers doués pour mijoter des instrumentations qui fleurent bon le soleil et des tempos rondement menés pour irriguer les ouies de notes rock et joliment galbées.
Tymon Dogg, né Stephen Murray en 1950 est un des artistes anglais les plus importants de la musique underground des années 70. Commençant sa carrière à 15 ans en jouant au fameux Cavern de Liverpool, il déménage à Londres à 17 ans, où il rencontre d'autres musiciens et notamment ceux des Clash. Cette année 1967, il signe son premier single The Bitter Thoughts of Little Jane sous le nom de Timon. Ses compositions sont géniales, les mélodies épatantes pour son jeune âge. Orchestrées avec des violons, du tambourins, du clavecin, des guitares et de la basse qu'il joue lui-même, Timon saupoudre ses mélopées de son chant élégant, de rythmiques et de flûtes. Le single d'une beauté pop psychédélique incroyable compte la participation de ses jeunes amis musiciens de l'époque, John Paul Jones (Led Zeppelin) qui joue de la basse et Jimmy Page (Yardbirds avant de fonder Led Zeppelin) qui est à la guitare.
Passant de Pye Records au label Appel Records, Timon continue d'écrire des chansons avec son talent foudroyant qui à ce moment là, se rapproche d'un mélange de Brian Wilson et des Millenium. Avec ses 17 printemps, il arrive alors ses nouveaux morceaux en poche en studio d'enregistrement où deux autres amis, James Taylor à la guitare et un certain Paul McCartney au piano l'attendent. McCartney qui a entendu le single à la radio a contacté le jeune Tymon Dogg pour travailler avec lui. Leur première rencontre dans un café réunit d'ailleurs McCartney, Peter Asher et Paul Simon, de quoi impressionner le jeune artiste. Un an plus tard, le label Apple et George Martin demande à Tymon Dogg de jouer sur un album des Beatles. La même année, il jouera aussi avec les Moody Blues. Puis, pendant un an Tymon Dogg part explorer l'Europe et revient à Londres enregistrer le deuxième single avec l'aka Timon, un autre somptueux bijou Now She Says She's Young qui est signé en 1970. Le jeune garçon qui a une formation musicale classique, maitrisant piano, violon et guitare dès ses 15 ans évolue dans un milieu seventies submergé par la LSD et trace son propre chemin. Timon a une renommée de garçon sympa avec des manières quand il rencontre Woody, de son vrai nom Joe Strummer (The Clash) qui devient son meilleur ami et très vite co-locataire dans le nord de Londres. Les deux compères qui papotent de Leonard Cohen, Bob Dylan et de Carol King deviennent inséparables et joueront ensemble toutes les années suivantes.
Tymon dira de son ami ' Joe was a sensitive guy. He was funny and gentle, so very gentle, the only man i've ever seen lose an armwrestling contest to a girl! But he did it. It was something i think he's picked up at public school. It was defensive. He lived in his funny, Biggles world. I think he saw the world through a cartoonist's eye. He found things very odd and funny'
Mais le reste de la biographie des Clash d'où vient cet extrait dit aussi que Tymon Dogg était un garçon délicieux, un être chaleureux, spirituel, avec un sacré sens de l'humour. Le récit des aventures de ces deux personnages, leurs concerts dans Londres pour gagner un peu d'argent qu'ils dépensent dans l'alcool et les instruments de musique (comme le ukulele acheté 1,68£ dans un magasin de Shaftesbury Avenue pour Joe qui ne savait pas jouer de la guitare et qui après une soirée arrosée, fier de son ukulélé quatre cordes, jura de devenir une Pop Star), toutes leurs aventures sont croustillantes. Je conseille cette biographie Passion is a Fashion: The Real Story of the Clash de Pat Gilbert.
Dès 1970, Dogg devient un personnage incontournable dans l'histoire du Londres underground. En 1972, il partage toujours un appartement sur Ridley Road avec Joe Strummer qui commence à apprendre à jouer de la guitare (avec sa façon particulière de gaucher). Après quelques incidents, comme de proposer à un sans logis, un black qui errait dans le parc de venir vivre chez eux et l'accueillir. Cela leur a valu finalement de se faire virer comme des vauriens de l'appartement par le conseil de la ville, tous les deux blessés que la police viennent détruire leurs vinyles de Dylan, des Beatles et des Stones en les expulsant. Pour eux, la musique, c'était tout et ils l'aimaient tellement que ça les rendait "as close to being mad as makes no difference".
Vivant de façon rock'n roll et hippy, Tymon partage également l'appartement avec le groupe réputé du moment The Slits. En 1976 il signe son premier album éponyme, joue avec le groupe 101ers et enregistre Sandinista! des Clash en 1980 en chantant sur Lose This Skin. Cette année, il enregistre son deuxième album Battle of Wills. En 1981, Tymon et les Clash écrivent et composent l'album d'Ellen Foley, Spirit Of St. Louis. Puis Dogg rencontre Ian Hunter avec qui se nouera une belle amitié et collaboration musicale pour les albums de Hunter pendant les années 80. Tymon Dogg signera en 1987 Frugivores – New Age Songs, en 1989 Relentless, puis rejoint son éternel copain Joe qui crée en 1999 The Mescaleros jusqu'en 2002 quand disparait Joe Strummer. Dogg souffrira beaucoup de la mort de son ami Woody à qui il dédiera des chansons comme Mondo Bongo ou encore Johnny Appleseed. Après l'EP Guantanamo de 2007 que signe Tymon, le grandiose label Cherry Red Records sort un très bel objet en 2010, reprenant les chansons de Tymon Doog entre 1968 et 2009. Cette magnifique compilation The Irrepressible Dogg Dogg contient des extraits de A wave a Dream, album reprenantles poèmes deLouis Aragon datant de 1924que le talentueux auteur multi-instrumentiste Tymon clame avec une grâce infinie .
A ce moment de l'année où les idées de cadeaux sont parfois arides, The Irrepressible Dogg Dogg et le tout nouvel album Made of Light sorti le 13 novembre 2015 sont à offrir absolument. Tymon Dogg, comme l'étoile, siéra à votre pinède.
Men in Fur est un projet et un album concept uniques mais peu importe car son auteur-compositeur, Jayme Guokas ne cesse de nous combler en permanence avec ses autres projets, Bright Lights, Boyracer, Glitter, Ex Friends, Snow Fairies, Rabbit in Red et Skywriter Blue.
Men in Fur est de manière philosophique dédié aux animaux, aux êtres humains et à notre rapport à Dame Nature. Je suis entourée d'animaux, daims, lapins, faisans au beau milieu de la campagne pour écouter l'album signé en 2014.
Auparavant, en 2005, l'américain d'Athens et de Philadelphie avait fait paraitre dans le même esprit "animalier" fort louable, la compilation No Parachute, ronde de titres pop psychédéliques d'une beauté absolue, que je conseille vraiment et sur laquelle paraissent des groupes fantastiques comme Of Montreal, Palomar, The Cannanes,The Clientele, Boyracer, Architecture in Helsinki et mes chouchoux The Wee Turtles. On peut aussi retrouver notre ami des bêbêtes Jayme Guokas sous les pseudonymes Prince Rainbow ou The Escargo-gos, évidemment !
D'une griffe artistique twee pop, dotés d'une ambiance new wave primitive, les 13 titres de Men in Fur sont intraséquement indie avec guitare, clavier, rythmique joués et arrangés par Jayme qui a enregistré les morceaux chez lui. Employé chez Barnes & Noble, Jayme a travaillé frénétiquement à son album dès qu'il rentrait du boulot "It was a dreary winter, and I had a shitty job at Barnes and Noble alphabetizing books, so all my energy went into recording. I was sort of hibernating in my basement, going to work, and then coming home and recording obsessively". Pour donner de la reverberation aux guitares, il lui arrive d'aller s'enfermer dans une église pour enregistrer les parties de guitare.
Dans un souci de perfection, avec inspiration et une oreille absolue, The Messenger qui ouvre l'album offre une mélodie new wave simple avec de la guitare acoustique et un son limpide proche de l'organique, effet désiré qui est en symbiose avec les mots. Puis les guitares et claviers pop d'Elisa, avec ses papapapa dansants assurés par Rose Bochansky et Melissa Kramer, les copines chanteuses de Snow Fairies, accompagnent la voix incroyable de Jayme (et le houhouou du Loup au loin). Le tubesque The Birds and the Bees entre en piste, groovy et virevoltant au tempo et à la basse qui plairont aux amateurs des Papas Fritas. Les accords délicats pour orner la mélodies sentimentale de The Lonely Bear sont envoûtants, hypnotisants. Puis Sister Moon relance la rythmique avec la reverb dans la guitare électrique et les hand-claps qui habillent le mystérieux rendez-vous nocturne sous la lune et sous les étoiles. Son refrain chanté en écho par Jayme est fondant de romantisme ' i want you, i need you, so come back soon, my child, my darling, my sister moon'.
The Shepherd Song, riche de notes pop, annonce une mélodie digne de Burt Bacharach avec ses trompettes, son glockenspiel et le chant sirupeux, cristallin stylé Nancy Sinatra offrant un moment dream pop fort délectable. Sam the Salmon est pur, aquatique, orchestré avec finesse, douceur et respect comme les écrivains Isaac Bashevis Singer ou Richard Brautigan pouvaient taquiner le goujon aux heures perdues. The Tiger Song suit, sautillant et sixties à souhait décoré d'un texte savoureux, ludique et drôle de miamiaowmiaow quand s'exprime le tigre qui en a assez de la même nourriture en réclamant du lait à boire à la façon Neutral Milk Hotel. Puis s'enchainent les airs bondissants, imagés, la basse fulgurante et clap-hands de The Deer Song, où le chant psychédélique évoque l'ambiance de San Francisco dans The Monkey Song et sa guitare excellemment délurée, idem sur The Snake Song. Là, ce sont les clochettes et les tambourins qui déambulent brillamment sur l'orgue typé Kinks ou Monkeys. Les titres sont tous aussi beaux et si bien instrumentalisés, variés, divertissants, pour terminer sur le fantastique Rabbits in the Springtime, à la voix chaleureuse, la guitare scintillante sur les mots magnifiques, allant de la neige dans le jardin au petit matin, aux lapins revenant glorieux au printemps. Cet hymne pop de la veine du White Rabbit des Jefferson Airplane, avec The Deer Song sont écrits par son acolyte Frank Jordan qui joue dans tous les projets musicaux cités au côté de Jayme depuis plus de 15 ans. The Messenger en reprise conclut l'écoute de Men in Fur, au thème animalier qui plait à tous âges, aérien et solide à la fois, un chef-d'oeuvre pop brodé de mélodies formidables, grâcieuses et finement conçues pour un album concept fantastique, classé dans le top de Piggledy Pop. Pour le commander, c'est le fabuleux label Happy Happy Birthday To Me Records (Apples in Stereo, Of Montreal, Essex Green, Great Lakes, The Wedding Present etc) qui s'occupe de la gestion de la pépite.
Ces quatre artistes de Glasgow dispatchent une jolie humeur ornée d'une douce dose d'excentricité british dans leur musique et le visuel. Dansantes, aux accords bombés de pop, les mélodies joviales stimulent illico. La vidéo savoureuse de Keeping Up with Jacob, single sorti ces derniers jours, offrent d'ailleurs des pas de danse entrainants et une mélopée qui réveille les synapses. Neil au chant et guitare, George au synthé, Archie à la batterie et Mark à la basse forment la belle et glorieuse équipe Peter Cat.
A l'écoute des titres comme A Flicker, A Flame! et Amateur Cinema, cintrés d'humour et d'arrangements orchestrés avec finesse, je tombe sous le charme. Orgues vitaminés, guitares splendides, Neil à la voix élastique, aussi lyrique qu'explosive, habille les textes solides et fort imagés en chantant sur le cinéma français, nommant Godard, Anna et le film Une femme est une femme. Drapées de thèmes romantiques, les guitares sont rock, le tempo virevoltant laissant entrevoir la filiation avec les Franz Ferdinand. Le délice pop se poursuit avec le savoureux You Fucking Bastard, How could You, où la construction alterne entre des mots sarcatiques et des notes fleur bleue enveloppantes. On fond, on se régale quand Neil chante avec sa magnifique voix croonant 'don't come around here no more' sur une envolée de cordes lyriques. Les claviers affûtes du prince George, émoussés de Takin'Over The Manse, agrémentés du chant et des rythmiques endiablées, rappellent Pulp, Divine Comedy et parfois Bowie. L'inspiration des Peter Cat est remarquable sur Marrying Sebastian dans le sillage de Love, Magnetic Fields ou des XTC, sculptée indie pop, légèrement psychédélique dans les choeurs et l'instrumentation voltigeante. A quelques jours d'une nouvelle année, Peter Cat, propose un univers artistique de caractère, fourni et déterminé, qui promet une pléïade de bijoux pop à venir. Avec le nouveau titre de circonstance, (It's A Shame That You Can't Make It) This Christmas, offert il y a six jours, Peter Cat confirme son talent fruité pour la composition et se place sur Piggledy Pop dans mes gros coups de coeur 2015.
En juin dernier, j'évoquais tout le charme du duo French Pop Dream qui nous concocte des mélodies sucrées et dansantes depuis une dizaine d'années.
Derrière le très joli nom de The French Pop Dream, il y a la française devenue londonienne Anne Brugière. Au début des années 2000, Anne installe à Paris sa société de production, manageant plusieurs groupes de pop française. C'est au hasard d'un concert de Stéphane Cadé, auteur, compositeur et interprète, qui l'invite sur scène à partager un duo que l'amatrice de pop, actant dans l'ombre pour la musique, a l'envie de passer sous les projecteurs. Elle lui demande quelques chansons et le mini album Outremanche de 7 titres est finalisé en 2009. L'EP Eurostar, the Musical suit grâce à Duncan Steer en avril 2013. La française se fait appeler Anna Brugière à Paris, est désormais à Londres depuis 10 ans sous l'alias Anne B ou French Pop Dream et avec ses titres dansants, très pop sixties, pour nous faire voyager. FrenchpopDreamPiggledyPop
En 2013, le musicien Duncan Steer et membre du groupe Pastel Collision, vit dans le même quartier qu'Anne à Londres et c'est de cette rencontre entre voisins passionnés de pop que naitra Eurostar, the Musical. Duncan compose et écrit les mélodies sixties inspiré par les chanteuses de l'époque comme Françoise Hardy et dit que le thème de ses chansons parle des "people in Europe moving from country to country, looking to see if life will be different for them". Anne revient en 2014 avec le somptueux single Now Would Be a Good Time qui continue son immersion dans l'atmosphère sixties d'A bout de souffle ou de la clique du Drugstore et du Palladium.
Le duo Duncan et Anne est venu passer une semaine à Paris fin octobre 2015 pour travailler des enregistrements de voix au studio de la Seine (qui a vu passer entre autres Françoise Hardy et Jarvis Cooker) pour le génial Silver Bells (Christmas Time in the City), titre de Bing Crosby de 1951. L'équipe franco-anglaise a fait un travail d'orfèvre délicieusement rétro qui fleure bon la cannelle du candy accroché au sapin. Les arrangements de Duncan, la voix d'Anne, se marient à merveille pour refléter l'esprit chaleureux et scintillant des fêtes de fin d'année et offrir un Silver Bells incontournable cette année dans vos enceintes.
Columbus est un groupe canadien originaire d'Alberta et qui signe le premier single Turncoat en janvier 2013 pour la compilation Hey! Where Did the Summer Go? C'est pour ce titre Christopher Webster qui gère seul l'écriture, l'instrumentation, guitare, rythmes, claviers et chant avec une coordination, une jolie inspiration, pour un petit bijou pop efficace. Il est suivi de l'EP Grey on Blue en janvier 2014. Christopher griffe deux morceaux de son talent de compositeur et d'interprète en s'entourant de Jesse Sherburne à la batterie, Tony Baker à la basse et Matt Pahl à la guitare. Les mélodies sont dansantes et accrocheuses, sculptées avec un goût indie-pop romantique dans le texte et dans les riffs de guitares, bondissants.
En janvier 2015, Debut EP mitraille cinq titres excellents avec la même équipe aux manettes, hormis la guitare tenue par Rich Britton et Thea Varvis qui apparait aux claviers. Le style twee aux hands-claps rafraichissants de Hesitate convainc dès la première écoute. Rodées, les mélopées sont solides et attirantes de sonorités beatlesiennes. Contemporaines, empruntant des arrangements pop des nineties et des sixties, Free Girl et 1999, typées alternatives sont dynamiques et finement interprétées. Les choeurs et les voix joviales offrent un moment sunshine pop sur Christian Girls, délibérément sautillant, aux allures de flirt séduisant sur Summer Girl.
Christopher Webster réitère ce même mois de janvier 2015 en sortant l'album Commonwealth, rond de maturité dans les constructions, le chant qui sur AOL@Home s'approche de l'univers de Blur. Jesse Sherburne est un prince à la batterie, Matt Pahl assure comme un dieu à la guitare au côté de Christopher et Tony Baker à la basse se promène allègrement, accompagné de Paul Arnusch, brillant au clavier. Rock et pop, Camera Shy galope avec confiance sur des accords vitaminés, superbement dosés. Ce qui ressort du titre, de l'écoute de l'album et même de la pochette, c'est la luminosité. L'effet limpide de la superbe exécution instrumentale, la voix cristalline de Christopher, les thèmes de la photo, de la lumière, du soleil, font lever les pieds du sol. Behind the Wheel, balade soft et romantique peut rappeler The Smiths dans le style solide et très mélodieux quand French Dorm relance les guitares dopées et gaillardes et donne une substance pop alternative énergique. Continuant sur le thème de la relation amoureuse ou de la séparation Alone Together offre de la sensualité et un groove généreux dans la basse et les guitares, quand Don't go Out, taquine un air langoureux pour des mots qui font ricochet entre la nuit et la lumière du matin dans un questionnement, un doute sentimental. L'effet crooner est réussi en enchainant sur l'histoire pleine d'humour du pauvre Albert Small qui me rappelle la bonne humeur du Charmless Man de Blur avec en bonus, un son de clavecin roucoulant . Find the time déroule là aussi un tapis de roses pour la basse grandiose et les guitares boogie sur un morceau tout autant en mouvement, pour évoquer des sentiments de solitude et de regrets après une rupture. Can't let go démarre rutilant sur des accords de guitares sixties, sentimental et smart, orné d'une orchestration de cordes élégante proposant une chanson idéale pour les amoureux, comme Ba Ba Ba, dernier titre absolument éclatant, virevoltant de pop. Columbus est une des plus belles découvertes de l'année 2015, fortement conseillée.
Pigeons est un groupe de l'état de New-York avec qui j'étais en contact par mail le 13 novembre pour évoquer ce billet, aujourd'hui. Il m'aura fallu quatre semaines pour retourner de manière auriculaire à ce qui me nourrissait ce jour là.
Pigeons prend son envol en 2008 en enregistrant le puissant 11 titres Virgin Spectacle, puis Si Faustine de 11 titres en 2010, comportant tous deux du français dans les titres, suivis du génial album Liasons offrant une reprise de Serge Gainsbourg. Il y a un rapport frenchy de plus en plus marqué au fil du temps, toujours là avec They Sweetheartstammers en 2011. Je sais que Pigeons ont aussi pris du plomb dans l'aile, du plomb dans le coeur ce 13 novembre, leur attachement à la culture française à été touché de l'autre côté de l'Atlantique.
Suave et d'une douceur incroyablement psychédélique, l'album The Bower que nous offre Pigeons en juin 2015 est un disque intemporel qui m'accompagnera longtemps (et mes souvenirs qu'il comporte). Le profil pop sixties sensuel est proche de celui des Essex Green et Ladybug Transistor, au parfum des Neutral Milk Hotel, Great Lakes, ou encore un écho subtile dans les guitares rappelant The Clientèle et Lee Hazelwood. Presque épidermique, l'effet que procure Pigeons est conseillé pour des soirées "coin du feu sur peau de bête" cet hiver. Dès les premières notes de Foxglove, le poil se dresse et les frissons s'allient à l'ambiance psyché de la guitare fifties et de la flûte endiablée créant une jolie image seventies pour une course poursuite en trottinette dans Manhattan. Guitares vrombissantes, basse alerte et chant splendide continuent sur l'enchanteur Underneath the Maple Tree où la fantaisie des Pigeons, leur inspiration, sont impressionnantes. Véhiculant avec eux l'âme des Kinks et des Incredible String Band, les musiciens signent une perle avec Two Years on Land, mélopée où guitare, basse, saxophone, tambourins et harpe, répondent au chant grandiose de Wednesday.
Le duo convaincant et tellement talentueux dans les arrangements : Wednesday Knudsen qui écrit, est à la guitare et au chant alliée au compositeur, guitariste et bassiste Clark Griffin, poursuit le régal sonore avec Not a Party, morceau à l'orgue déluré et fichtrement pop. Mountain arrive délivrant tout le savoir-faire de Rob Smith à la batterie, qui avec ses baguettes pourraient faire sortir le génie de la grosse caisse. Après les montagnes, ses ruisseaux, ses pentes vertes et son air pastoral, les notes fantastiques enveloppent et déracinent du train-train grisâtre de Paris avec Summer for Mary Ann, somptueux. Les guitares, mystérieuses, majestueuses accompagnent langoureusement la voix émouvante de Wednesday qui m'évoque celle de Nico. Très indie, alternatif, pop psyché expérimentale, le Awkward Sign de 9 minutes sucré de lo-fi qui boucle le bijou The Bower, plaira aux amateurs de Galaxie 500, de Thurston Moore et du Velvet Underground. Je suis fan de cette nouvelle scène pop new-yorkaise, émergée depuis le début 2000, qui griffe ses mélodies hautement harmonieuses de thèmes naturels, de textes contemplatifs sentant l'humus et les pommes de pin. Les orchestrations réfléchies et bien menées de Pigeons gagnent entièrement l'attention. Leur finesse et leur univers, minéral, aérien, touchent. Leur inspiration vient de leurs expériences et aussi en partie de leur intérêt pour la littérature (Wednesday vient de rédiger un mémoire sur Antonin Artaud et sur Stéphane Mallarmé).
The Bower de Pigeons entre pour sa qualité et ses autres raisons au panthéon des disques que je chouchoute sur Piggledy Pop et je le conseille chaleureusement.
Nicolas Michaux est un artiste belge qui fait partie de ces oiseaux rares, musiciens-interprètes, qui entendent la musique en chantant, parfaitement en symbiose avec la mélodie. Dans une veine artistique electro-pop proche de celle de François and the Atlas Mountain, les textes en français élégants se marient à sa voix animée de tendresse. Originaire de Liège, son premier galop d'essai Eté 67 est formé en 1998. Le groupe signe un 4 titres pop-rock en 2005 contenant le single Le quartier de la gare qui fait le tour des radios et l'emmène sur les routes des concerts et festivals européens. En 2010, parait le deuxième volet de 14 titres, Passer la frontière. L'album est brodé avec de la flûte, de la clarinette, du saxophone, guitares, harmonica et des chansons rock, puissamment dansantes. Eté 67 réussi a créer des ambiances diablement réussies sur Le cowboy tout nu comme sur Retour à Elisabethville où les arrangements propulsent à la Nouvelle-Orléans, sur les bords du Mississippi ou bien la pop galbée de Romans de gare, de Passer la frontière, au rythme voyageant jusqu'aux montagnes d'Auvergne et jusque sur un pétrolier en pleine mer.
Nicolas Michaux en sculptant ces atmosphères dans ses chansons montre qu'il a une inspiration fertile, un talent réel pour l'instrumentation et la composition. En solo depuis 2013, il partage des affiches avec Bertrand Belin, participe au Printemps de Bourges et surtout nous offre un cadeau doré de notes en octobre 2015, le magnifique EP de cinq titres appelé simplement et justement Nicolas Michaux.
C'est un de mes gros coups de coeur cette année 2015. Nouveau départ, si bien nommé, ouvre le disque. La balade langoureuse, avec une basse qui taquine, le chant sublime, intime, préparent à la bondissante et voltigeante A la vie, à la mort. La pop electro du titre, dynamique, vitaminée déroule un texte aux allures romantiques. La poésie et la délicatesse du courtisan du 19ème siècle sur les claviers aiguisés, la rythmique qui fait des loopings, fonctionnent à merveille. Sa manière de jouer avec les mots, les syllabes et les mélodies, les arrangements virevolte et gambade sur Un imposteur au tempo mellow pour un message flinguant de franchise. L'anglais apparait dans le premier morceau, fifty-fifty avec le français et revient entièrement sur Sew up Your Mouth qui là aussi, dans un esprit Lou Reed, mitraille une mélopée à la Mazzy Star sur un texte glaçant d'efficacité. Nicolas saupoudre ses titres d'une âme, d'un charisme et d'une passion pouvant rappeler ceux de Jean-Louis Murat. Puis l'écoute se conclut avec la version originale de Nouveau Départ aux guitares et basse cristallines, au chant touchant accompagné de choeurs, au texte voyageant entre la carte postale et la rhapsodie pop. Nicolas Michaux qui joue de la guitare, de la basse, du piano et batterie, est un auteur-compositeur à écouter absolument.
Pyrolator - Ein Weihnachtsmann Kommt In Die Disco (Allemagne) sent from my german friend P.Goldstein living now in New-York.
Maria die soude naar Bethlehem gaan - Belgique
Tommy Lorente - Le Serial Killer de Noël (France/biarritz) Featuring my dear friend Wayne Lundqvist Ford's children Ella and Max. The french Tommy received voices from Sweden where Wayne who is english lives with his family.
Italie Johnny Dorelli - Jingle Bell Rock (Italie)
La Casa Azul - Los Anillos De Alcyone (Espagne)
Model Village - Next Xmas (Angleterre)
Luxembourg De klenge Pirat - Léiwe Kleeschen gleef mir (Luxembourg)
Zé Mélodia - Joungoul bell (Portugal)
Kings of Convenience - deilig er jorden (Norvège)
Daryll-Ann - Happy Xmas (war is over) (Pays-Bas)
The DØ - Have yourself a merry little xmas (backstage) (Duo France-Finlande)
Kim Wilde (Angleterre) - Last Christmas ( de George Michael, qui est grec, Georgios Kyriákos Panagiótou)
Smith & Burrows feat. Agnes Obel - The Christmas Song (Danemark)
The Duckworth Lewis Method - When A Child is Born (Irlande)
Sweet Baboo - Don't be Alone (This Christmas) (Pays-de Galles)
Skaldowie - kopyta kulig rwie (1969 Pologne)
Camera Obscura - The Blizzard (Ecosse)
gruff rhys – post apocalypse christmas (Pays de Galles)
Michael Knight est un pseudo. Cela tombe bien car nous n'avons pas affaire à un ange. Son vrai nom est Richard Murphy et avec ce patronyme vous devinez surement d'où nous vient cet énergumène, ce troubadour extra-terrestre. Richie a transporté son excentricité irlandaise à Berlin où il vit depuis des années. Il s'est inspiré de façon noble du Michael Knight interprété par David Hasselhoff dans la série américaine K2000.
Avec des textes très imagés et follement drôles, usant comme il le dit de l'humour noir de Vladimir Nabokov, Richard Murphy est un auteur-compositeur explosif tant la qualité de ses titres coupe le souffle. Ses compositions sont habillées d'une pop irisée de bossa, de pop sixties à la Burt Bacharach, de twee, de sunshine pop, un cocktail proche de Cats on Fire, Pelle Carlberg, Jonathan Richman. Les harmonies magnifiques sont construites, pensées et finalisées avec des musiciens à la pointe, contrebasse, cor, violoncelle, tuba, trompette, guitares, violons, basse et batterie.
Entre orchestrale pop et pop de chambre, ses premières chansons sur l'EP de cinq titres, Greatest Hits (for the Temporally Challenged) sont prometteuses. Le nom choisi de ce premier disque est déjà drôle, mais en plus sur le bandcamp du groupe, son enregistrement est daté en l'an 1902. Ses cinq chansons jettent illico le voile et on découvre un esprit délicieusement frivole et insolent d'espièglerie. Ma préférée est You People Are Idiots, un sacré morceau qui si on tend l'oreille offre une phrase en français, de quoi se gonfler d'honneur tout en souriant. Richard écrit, compose, chante et joue du piano, de la guitare et est accompagné par deux magnifiques voix, Edel Coffey qui joue aussi de la basse et Lynn Millar à la batterie.
Puis Michael Knight, un siècle plus tard, vers 2005, après l'EP de 2003, No More Lonely Knights, nous offre le premier album Youth is Wasted on the Young, titre qui va évidemment comme un gant à un artiste centenaire.
La manière totalement décomplexée qu'a Richie de chanter me fait fondre. Il rend sa voix parfois tendre, mélodramatique et peut tout aussi bien crooner que roucouler. Le chant ni fardé ni lissé, sur des thèmes loufoques et hilarants, sonne pur et honnête. L'oreille comme apaisée par les intentions franches de l'interprète, il n'y a plus qu'à se laisser rire sur son travail d'auteur et transporter par son talent de compositeur. Dès l'introduction du poppeux Foals, se révèle un album qui va être croustillant d'amusement et riche d'harmonies, de mélodies. Suit Waves to the Shore qui fait sautiller puis The Lights Go On and Off qui lui, fait bondir avec son tempo digne des Pogues.
Crown of Thorns continue la poésie, le bon esprit, avec ses sifflements enjoués avant les pépites pop qui rappellent les Beach Boys, Leaving Town et Lead me Down. Quand la balade Success arrive, les frissons sont garantis avec l'orgue et la basse majestueux, délivrant une mélodie et un texte impressionnants. L'envoûtement persiste sur No Second Best, fantastique chanson, pleine d'émotions. Le tour de passe-passe se poursuit en changeant de chanteur sur Youth is Wasted on the Young, habit assuré par Patrick Freyne au chant pop sixties époustouflant, accompagné de guitare, basse, piano, batterie et de choeurs magiques (Edel Coffey). Bright Eye, Seasons, I Did it Biff's Way virevoltent de notes sunshine pop et rock dansantes, au tempo endiablé, impossible à lâcher ou à oublier.
Réapparait en 2008 le fricotin de la pop avec son deuxième coup de force, I'm Not Entirely Clear How I Ended Up Like This. Dumbshow ouvre la marche, avec une atmosphère digne d'un Morricone transporté en Irlande, faisant des ricochets sur le Shannon. Puis le style western continue sur Coronation Street, pour laisser place à un style plus orchestré, tout aussi chevaleresque et onirique sur un ensemble de cordes et un accordéon dans And the Party Was MY Idea où le chant devient lyrique. Sorry to Bother You Again, But... poursuit sur un schéma old-scool de cabaret, avec des envolées de choeurs psychédéliques. La batterie mitraille, les voix décollent quand arrive une des mélopées que j'aime beaucoup, parue sur l'EP du siècle dernier, You People Are Idiots.
Comme ses compatriotes de Duke Special, Michael Knight devient un personnage de roman et dessine son album avec une plume poétique et théâtrale, comme le démontrent Scenes after a Hard Day's Work et Reading Old Diary Entries aux arrangements griffés 19ème siècle sur le piano et violon. Ascending and...Ascending fait entrer les guitares électriques et le don de composition, de création d'ambiances devient évident sur When Will You Collect Your Boxes?, au romantisme infini. She Sounded Friendly When She Called décore davantage l'écoute d'une ambiance proustienne délicieuse avant le final I'm Not Entirely Clear How I Ended Up Like This, victorien et victorieux avec ses trompettes, où Richard entonne 'victory is mine' avec délicatesse. Ce deuxième album rayonne de sentiments. La composition aux reflets classiques emporte dans une autre époque aux usages précieux, au caractère raffiné. Mon ressenti à la fin de l'écoute tourne autour du sujet du déracinement, du manque et de la nostalgie du pays, peut-être l'objet d'inspiration du génial I'm Not Entirely Clear How I Ended Up Like This?
Je reçois la semaine dernière le troisième album de notre ami irlandais devenu berlinois. Il porte le nom de Physics Is Out To Get Me et propose une pochette éloquente. A son écoute, et sur le champ, je constate que Michael Knight est toujours aussi chevaleresque.
Il y a du Kinks, Beach Boys, Harry Nilsson, Bacharach bien sûr dans l'ouverture Physics is Out to Get Me. Il y a cet esprit musical omniprésent, cette pop orchestrée avec finesse, actuelle et intemporelle. Des guitares format Dick Dale gambadent parmi les violoncelles et la basse gaillarde sur Clichés. Le chant arrangé formidablement avec les voix d'Andrea Augustin, Michael Cleare, Timothy Lalonde, Elisabeth Wood, Hannah Permanetter et Ambika Thompson, narre l'histoire d'un garçon plein de volonté pour visiter son psy. Le piano soft sur l'émouvante voix de Richie calme le rythme avec Blugh avant que reprennent les galops prestissimo sur Life Hacks #36 and #37, alternatif et approchant du psychédélisme. L'interlude Being and Snowthingness évoque la perte de conscience, de lucidité ; les harmonies laissent penser que Ritchie a écouté Syd Barrett. L'orchestration est de nouveau joliment à l'oeuvre sur Fright at the Museum dont l'interprétation est sincèrement écorchée, pleine de sensibilité, comme sur A Switch in Time, Leporine.
Puis on remonte en selle pop avec Miss Anthropy en faisant même des pirouettes, sur les arrangements ravissants et voltigeants ornés du saxo d'Anja Schiebold, du violoncelle de Hui-Chun Lin, du violon de Monta Wermann, du trombone de Robbin Langer et de la trompette de Steffen Zimmer. Enchainant avec Sure, Call Over!, les harmonies plairont aux amateurs d'Antony Rochester quand celles de Hang On, I Need to Count the Stops Again, au profil sixties efficace, séduiront les fans des Beach Boys grâce notamment au brillant Martin Petersdorf qui règne à la batterie sur tout l'album. L'interlude de douceur Goodnight Children est joué sur un piano gracieux, le même qui enchaine sur A Stoppard Fop is Right Half the Time, dansant, rond de fraicheur dans les notes et la mélodie agrémentée de tambourins. The Shit of Sisyphus termine ce magnifique Physics Is Out To Get Me avec un piano cabotin et romantique, la voix de Richie, touchante et mouvante. Richard Murphy égrène son savoir, son inspiration, tout le long de ses mélopées audacieuses où pour le projet Michael Knight il assure le piano, la guitare et la basse, compose, écrit, arrange et chante avec un charisme certain. D'une qualité incroyable, offrant des mélodies splendides, ce nouveau disque du 20 novembre figure dans le top 10 des chroniques 2015 sur Piggledy Pop.
J'avoue être passée toutes ces années à côté du travail de Brandi Carlile pour m'apercevoir aujourd'hui que l'artiste américaine de l'état de Washington a signé de façon constante 15 productions en 15 ans. Ses premiers EP Room for Me (2000), alors qu'elle n'a que 19 ans, Open Doors (2002) sont de réels bijoux pop, folk, country et rock. Certains de leurs titres réapparaissent sur le premier album de 2003 We're Growing Up comme le superbe Wasted où l'américaine montre qu'elle joue aussi bien du piano qu'elle chante, joue de la guitare et du banjo. Auteur-compositeur prolifique, elle sort Acoustic en 2004 annonçant l'album Brandi Carlile de 2005 qui va lancer sa renommée.
Dans le sillage de Joni Mitchell, Emmylou Harris, Patti Smith, il y a une force liée à la féminité dans ses interprétations et ses arrangements. Ses textes poétiques, narrent diverses histoires, plantent des décors et des scénarios, invitant au rêve comme sur son pop-folk The Story de 2007, qui plaira aux amateurs de Leonard Cohen comme aux fans de Lloyd Cole, Graham Nash ou Aimee Mann.
Sans tomber dans les clichés 'folkeux' de bande son qui accompagne les documentaires d'Arte sur Buffalo Bill, les mélopées ici offrent une folk américana résolument moderne avec une exploration vocale impressionnante. Pleines de maturité et d'harmonies pop, les chansons de Brandi Carlile assument une jolie partie de l'histoire musicale américaine. La jeune femme devenue maman, ne manque pas de courage et poursuit son chemin avec en 2009 le fabuleux Giving Up the Ghost dont le titre Caroline est peaufiné avec Elton John, artiste qu'elle admire depuis son adolescence.
Brandi et son frère Jay, sa soeur Tiffany, montent sur scène à 8 ans accompagnant leur maman, Teresa Carlile, chanteuse de alt-country, sur une chanson de Johnny Cash. Dans ce berceau si proprice à la musique, la jeune Brandi ne cesse d'écrire et de composer dès ses 15 ans en se familiarisant au piano et à la guitare. Très tôt elle se produit dans les bars de Seattle avec ses mêmes amis musiciens à ce jour, les frères jumeaux Tim et Phil Hanseroth.
Son style devient rock, dansant et musclé, en gagnant en élégance, mêlant fragilité et sensibilité comme sur l'album live de 2011 Live at Benaroya Hall with the Seattle Symphony, où l'orchestration symphonique prouve que ses mélodies sont solides et adaptables à tous genres musicaux.
Brandi Carlile revient en mars 2015 avec son nouvel album The Firewatcher's Daughter qui contient toutes les références de l'artiste, Thome Yorke, Roy Orbison et l'ancienne pointure de pop country des années 50, Patsy Cline. Un superbe disque à déposer sous le pinède pour les amateurs de belle musique typée K.D Lang et Johnny Cash où résonnent les guitares et la voix étincelante de Brandi Carlile.
Comme il est dit sur leur site, E'spaniel est " Based in the North East of England (where spaniels don’t need sombreros) the band are releasing their debut single NO COMMON SENSE, mixed and produced by Steve Whitfield (known for his long standing work with The Cure) and recorded at Blank Studios by Sam Grant, on the 7th December."
Le groupe est jeune et récent. Ils signent leur premier single le 7 décembre prochain et je les suis depuis leurs débuts l'année dernière, impatiente que leurs mélopées sortent physiquement. E'spaniel ont dans un premier temps attiré mon attention grâce à leur photo représentant un épagneul breton avec un sombrero (je ne pouvais être qu'accrochée) puis par leur humour, leur second degré. Le graphisme qui les habille est dans la même veine que leurs mélodies, pas présomptueuses, ni prétentieuses. Et ça marche! Ils dégainent des harmonies qui captent l'attention et qui respirent la sympathie. Cet esprit bon enfant dans le groupe, Leon, Christianne et Karen, aère l'ensemble. Derrière cet élégant humour, se révèle leur talent, leur passion de la musique pop et l'excellence dans la pratique. Sans chercher à jouer dans des stadiums, ils suivent leur chemin, moderato, en jouant et offrant des concerts depuis un an. Ils accompagnent des groupes magnifiques comme les Tigercats ou les Wave Pictures, qui ont ce reflex anglo-saxon de patronage musical, aidant les jeunes groupes à mettre le pied à l'étrier.
Originaires de Newcastle-upon-tyne (comme The Animals, Prefab Sprout, Maximo Park, Dire-Straits etc), ces artistes nés en 1998 mettent dans leurs arrangements toute l'âme rock'n roll anglaise et leurs références modernes electro-pop parsemées de leur intérêt pour l'Espagne, le soleil, et les épagneuls.
Sur scène ils jouent notamment les deux morceaux qu'on peut écouter en ligne depuis cet été, The Ground et Just another Day. Les deux chansons sont formidablement réussies et le trio passe en studio début Août 2015 pour peaufiner le sublime single No Common Sens. Bondissantes et furieuses, les guitares sont brillantes, vitaminées et le chant de Leon tantôt cold-wave tantôt twee, diablement pop, captive. Les prometteurs E'spaniel réussissent à attiser ma curiosité et je me régale du single avant la suite...
En parcourant l'excellent blog La Musique à Papa, j'apprends que Pain-Noir sort ce mois d'octobre un album. Je l'écoute illico. Autrefois projet pop folk nommé St-Augustine sur Kutu Folk Records, que je connais depuis 2005 en l'ayant diffusé dans mon émission de radio, le nouvel alias de François-Régis Croisier est Pain-Noir. J'ai commencé le mois de novembre 2015 en écrivant sur la mine d'or musicale auvergnate et je termine avec un autre trésor de Clermont-Ferrand.
St-Augustine apparait en 2005. In a Field of Question Marks parait en 2008, l'album Changing Plans en 2009, le single Tothless en 2010, June, A Maze en 2011, les deux singles David et Fall Upon My Saint Augustine en 2012, suivi de l'album resplendissant Soldiers puis début 2013, un bel ensemble de démos, de lives et de reprises appelé Resolution (Old Thoughts).
St-Augustine transforme tout ce qu'il écrit et joue avec sa guitare en or. Dans le sillage de Nick Drake, Leonard Cohen, Mark Kozelek, la folk délicate et lyrique délivrée est touchante, presque magique. Après ces jours ensanglantés dans notre Paris, la douceur, la finesse et l'intelligence qui émanent de son univers artistique sont à consommer sans modération et aident à retrouver nos repères.
En octobre dernier, François-Régis présente ses nouvelles chansons sous le nom de Pain-Noir qu'il décrit ainsi :
"C’est deux mots tatoués sur des mains. Un village englouti. Une vie dans les bois. Un continent nouveau. Des pierres retournées. Le point du jour. Une île où se cacher. Le pas des chevaux. Des photos pâlies. Des animaux étranges. Des montagnes à franchir.
C’est aussi des chansons nées de tout cela. Et j’aimerais vraiment que vous puissiez les écouter…"
L'atmosphérique et planant Pain-Noir (à l'aube) est une introduction musicale soyeuse et poétique où sur les synthé et le piano, chantent des oiseaux. Puis Requin-Baleine dévoile le don d'écriture de François-Régis en français. Métaphores et lyrisme aquatiques enveloppent la mélodie argentée et irisée de guitare-piano sublime. Sterne, electro-pop nous cueille l'oreille, et accroche de suite. Les mots pudiques deviennent majestueux quand les images d'oiseaux surgissent pour dessiner une histoire d'amour. Les effets dans le chant de Pain-Noir sont très beaux, forment des choeurs parfaits pour accompagner la rythmique, quand la même voix gazouillante, royale sur Lever les sorts décrit le labeur, le courage, le temps qui court et les anciens, nos aïeux, bel hommage aux générations passées. Quelle tendresse dans les mélodies de Pain-Noir, quel swing dans les balades et quel charme dans les textes en français si réussis! Passer les chaînes fait résonner l'âme du massif central, ses terres nobles, son histoire, et l'attrait de la mer au-delà des monts. L'ambiance folk est magnifique et parvient à nous emmener, nous faire rêver, enroulés dans cette belle atmosphère maritime et montagnarde comme sur De l'île, aux arrangements si captivants et raffinés. L'inspiration et la création mariées font vibrer et voyager, du tempo langoureux de La Retenue que j'écoute en boucle, à Les sablières. Le son des guitares émet des sont bruts de la chaleur du bois, de la préciosité des cordes frottées au coffre, avec une basse et batterie qui se font caressantes.
Il y a de la pudeur et de la réserve dans la poésie des textes qui j'avoue, au milieu d'une actualité violente, font un bien fou.
Les productions de Pain-Noir allient mélodies et métaphores terriennes et maritimes, pour évoquer un équilibre sentimental, une sérénité magnifique comme sur la dansante Pareidolia, où on prend la mer avec Magellan. Le doux son des canards, des sauterelles, revient pour ouvrir le somptueux duo Jamais l'or ne dure, partagé avec l'excellente Mina Tindle, zigzagant dans les marais en compagnie de bêtes à plumes, mais sans prise de bec, pour une partie d'orpaillage musicale. La guitare puissante, le timbre touchant de la voix de Pain-Noir, font une haie d'honneur aux éléments naturels, les vignes, la terre, la lune, sur Le jour point pour décrire l'exil, la fuite, la survie de façon lumineuse. Toute en progression, les chansons s'élargissent dans la durée au fil de l'album et le livre musical se ferme avec six minutes formidables qui répondent au début, au thème de l'existence, de la peur qui peu à peu disparait, thème frissonnant, inévitablement émouvant ces temps-ci. La splendide pop-folk de Pain-Noir qui de manière exquise et sensée se termine sur des bruits d'eau, de source, est classée sur Piggledy Pop comme une des meilleures productions de 2015. Merci aux amis de Microcultures et de Tomboy Lab, pour leurs goûts, leurs passions, au service des artistes et des amateurs de pop.
Je faisais un billet il y a presque deux ans sur Kidd dont je suis très fan. Aujourd'hui, 27 novembre, sort son troisième album nommé Hotchpotch, ce qui signifie 'pêle-mêle ou méli-mélo', un peu comme 'piggledy' d'ailleurs...Alors je reprends ma plume. Pour présenter Stuart, c'est un garçon génial multi-instrumentiste qui assure la batterie pour Euros Childs, crée le groupe The Wellgreen aux côtés de son ami Marco Rea, avec qui il joue également dans le projet solo de Stevie Jackson (Belle and Sebastian). Toute la troupe de copains, avec Roy Moller, aussi talentueux les uns que les autres, ont monté le label Barne Society, basé à Glasgow, que je conseille.
"Stuart Kidd est à mes yeux un des meilleurs musiciens écossais de l'indie-pop et la compétition est de haut niveau. Originaire de Glasgow, le ménestrel est professeur de musique dans la vie, maestro pop sur la scène. Multi- instrumentiste, il commence à bruler les planches au sein des BMX Bandits en jouant de la guitare, mandoline, batterie, glockenspiel, percussion, flûte et en chantant aux côtés de Duglas T Stewart qui dit "Stuart Kidd seems to play with more Scottish groups today than possibly any other musician". Avec les BMX Bandits, Stuart est présent sur My Chain en 2006, Bee Stings en 2007, Rise and Fall of BMX Bandits en 2009 et le dernier BMX Bandits in Space en 2012. L'écossais joue aussi avec ses compatriotes, St-Deluxe et le groupe Jonny avant de joindre Snowgoose en 2012 pour l'album Harmony Springs, qui comprend les musiciens d'Isobel Campbell, Jim McCulloch, Dave McGown, la chanteuse Shirley Collins, Raymond McGinley des Teenage Fanclub et Stuart Kidd qui écrit, compose, chante et assure la batterie. Le prodige Kidd fait également partie de Cineplexx, Pearlfishers, et accompagne Nick Garrie, Stevie Jackson des Belle and Sebastian."
"En 2010, Stuart Kidd crée The Wellgreen avec son compagnon de route, de studio et meilleur ami Chris Rea. Leur univers musical powerpop et psychédélique rappelle les Beatles, Alex Chilton, Brian Wilson avec un groove sixties orné de guitares, de claviers et de batterie que maitrise le binôme avec densité et classe. Tous les deux jouent de la guitare, écrivent et chantent. Le tandem superbement accordé balance des mélopées vintage efficaces et captivantes. Les harmonies sont remplies, le son est rond, abouti et les titres alternent avec des choeurs surfpop impeccables."
"Généreux, inspiré, prolifique, Stuart accompagne les groupes sur scène et en studio, les produit, telle une abeille, il travaille sans relâche, mémorise, évolue, fait des vols majestueux de groupe à groupe et en prend de la graine. Depuis 2011, Stuart Kidd compose et écrit en solo des mélopées d'une veine pop acoustique, psychédélique, folk incroyablement belle. Cette année 2011, l'artiste signe deux albums grandioses, où l'on peut distinguer ses influences et surtout son propre style. Les amateurs de Nick Drake, Paul Simon, Beatles, Elliott Smith, des Gorkys y trouveront leur compte."
Hotchpotch est un superbe album qui reprend pour l'essentiel des morceaux présents sur les 2 albums et 3 EPs dont je parlais en janvier 2014. Il présente un panorama complet de l'univers sucré de pépites pop psychédéliques de Stuart Kidd et en devient un objet précieux. S'ajoutent à Alfie, Breathe In The Country ( sur Notes), Little Lucy, 4 Leaf Clover, Win Or Lose, Ring the Belle (sur Junk Museum), Please Say you'll Stay, Royal Jelly, Leave Me Here I'm Sleeping ( sur Last Chance Balloon), Turquoise (sur Dipsy Doodle), Rooftop Cityscape (sur Gone Awry), les deux fabuleux inédits Waiting For Springtime et What Do You Think. Stu qui orne ses chansons de sa voix adorable et intense, ultra-mélodique et précise, écrit des trésors comme Little Lucy, dédiée à sa fille, et qui rappelle par sa grande qualité, la puissance dans la création et l'inspiration de Paul Mc Cartney dans Hey Jude. En écoutant Kidd on pense aussi aux Kinks. Sa force pop est sans limites, comme intégrée, quoi qu'il écrive et joue. Les arrangements sont si réussis, les textes si bons, qu'il donne l'impression d'une évidence comme savaient si bien faire les Beatles.
Waiting for the Springtime est une exploration, une expérimentation electro-pop qui fait swinguer les synthétiseurs. Pastoral, Kidd parvient a donner un joli rythme sur sa basse avec un chant lo-fi qui oscille et se dandine. Stu fait comme une conversion à l'électricité, ce qui sera notable sur le prochain album. What do you Think est d'une élégance infinie, dessinée avec les traits de Bob Dylan, où l'âme écossaise de l'harmonica et de la guitare font une signature subtile chez Stuart Kidd, stupéfiant de talent. Hotchpotch est absolument à glisser dans les huttes des pères nöel sensibles à la powerpop blindée de tambourins.
Musicien new-yorkais, Darwin véhicule l'âme de Brooklyn avec sa singularité, son humeur et son groove. Ayant tâté le hip-hop quand il était jeune étudiant dans la fameuse Wesleyan University où sont passés les MGMT, l'artiste explore tous les styles musicaux et s'axe essentiellement sur l'electro-pop au beat endiablé. L'univers musical 'dance' de monsieur Deez se rapproche de celui de Phoenix. Son groove dynamite la scène indie-pop en 2010 offrant le single Constellations qui emballe tous les amateurs du genre à l'échelle planétaire. Le succès est fulgurant et le label Lucky Number peaufine le projet en magnifiques vinyles.
Pour mémoire, j'écrivais en 2010 : "Avec sa voix de crooner, pleine de charme, Darwin Deez débarque comme un extraterrestre. Musicien accompli, jouant de la guitare et composant depuis l'adolescence, il est de manière claire une valeur sûre de l'electro-pop. Il compose et enregistre les 13 titres de son album Darwin Deez chez lui sur ordinateur et micro. Il y a de quoi donner la chair de poule aux groupes qui pensent que le passage en studio d'enregistrement leur garantit une qualité supérieure et un disque de pro à la clé. Entouré de ses amis sur scène, Darwin Deez est excellent, efficace et méningé.
Ultra dansants, les titres se succèdent sans fautes, homogènes et ébarbés. Ce jeune new-yorkais est un phénomène cinglant d'humour, une sorte de comète qui balance des beats ignés comme sur par exemple Constellations et Radar Detector. Sa personnalité atypique et drôle m'a semblé évidente en flashant sur la pochette du disque. En l'écoutant, le lascar lumineux surprend, séduit, et cette dimension exceptionnelle se confirme. Il y a du Chemical Brothers, Phoenix, Adam Green, Ben Kweller et un peu même de Radiohead qui vient à l'esprit bien que son charisme munificent apporte une nouvelle (anti)matière au genre pop lo-fi."
Après Constellations, Darwin sort un deuxième single, tout aussi efficace, une petite bombe pop dansante qui lui offre l'opportunité de faire une tournée en Angleterre où sa renommée s'envole. Radar Detector ouvre la marche au troisième single Up In The Clouds qui annonce l'album Darwin Deez. L'artiste part assurer une tournée en Australie en 2011, suivie d'une américaine et une européenne. De retour à New-York, il compose en 2013 Songs For Imaginative People et annonce en septembre 2015 la sortie de son troisième album Double Down que je trouve excellent.
Difficile de rebondir après le soudain et immense succès de 2010. Il y a eu une période de flottement, de questionnement et ce que l'on attendait est enfin arrivé ; Darwin Smith alias Darwin Deez est inspiré, fertile, à nouveau spontané en proposant ce nouvel objet furieusement brillant. S'y retrouve son profil d'ado geek de jeux, de clopes, de skate. Son âme de gamin resplendit dans le tempo et les riffs de guitares parsemés de tendresse et de maturité amoureuse Son style est toujours solide, sa personnalité illumine les thèmes et les mélodies comme sur Last cigarette où la légèreté flotte tel un nuage de fumée. La métaphore de la cigarette pour évoquer la dépendance amoureuse est énergique, vitaminée. L'auteur est à l'origine de tous les instruments, guitare, rythmiques, synthétiseurs, mixant et arrangeant ses mélopées. Son chant voltige, sensuel, donnant du beat en spirales lyriques. The Mess she Made en forme d'aveu de faiblesse est swinguant, sautillant, finalement plein de force et d'enthousiaste. Le style Deez, instantané et pétillant donne envie de monter aux arbres, de claquer des doigts comme sur la guitare rock savamment dévergondée de Lover où le musicien dégaine les mots, offensif et impatient. L'univers citadin et moderne, empreint de manies adulescentes, profilé bande-dessinée et jeux vidéo, revient fringant sur Time Machine dédié aux amis, orné d'un chouette rythme à la Beastie Boys.
Puis Bag of Tricks déroule des notes boogie, percutantes et suaves à la fois, superbement réalisées. Dans la foulée, Darwin enchaine avec Rated R, aux guitares électriques affûtées, au texte tranchant évoquant le cinéma violent 'I'm 15, I'm 15, You are Rated R, You're bad for me, but I'm happy, Holding hands, While the killer climbs a fence, With a gun between his teeth'. La chaleur revient illico avec la basse et les guitares polissonnes sur Melange Mining Co. Suit l'étincelant Kill your Attitude dansant, conjuguant énergie pop et arrangements sophistiqués des synthés. The Other Side garde le rythme de croisière au beat virevoltant, dans une ambiance sentimentale langoureuse, envoûtante comme sur Right when it Rains, réjouissante et fraiche. The Missing i wanna Do, romantique, stellaire et printaniere, termine l'écoute avec une basse sublime, mélodique, et la voix de Darwin pleine de grâce harmonique. L'album est rodé, fruit d'un travail fin de compositeur et d'arrangeur, d'inspiration touchante. Même si la pop y paraît synthétique, Double Down reste un album humain, vivant et vibrant. Darwin, égal à lui-même, apporte ses réconfortantes et habituelles pommes et étoiles, pour le plaisir des fans que nous sommes. Les mélomanes qui vivent à San Francisco peuvent aller se faire chouchouter les oreilles avec Darwin Deez ce soir, qui poursuit la tournée aux USA quotidiennement jusqu'au 13 décembre... Veinards!
Harley Young originaire de Brisbane apparait en 2011 avec le single Brother. Ce troubadour ne reste ni les deux pieds dans le même sabot, ni les mains dans les poches. Il part en 2012 au Canada où il reste un bon moment, travaillant à de nouvelles chansons et rencontrant les Haymakers avec qui il forme le Harley Young & Haymakers. A Montréal, il fait paraître une série de cassettes, une belle collection de mélopées aussi dorées musicalement que du sirop d'érable pop. Ensemble ils sillonnent les routes canadiennes et américaines jusqu'en 2014 quand ils repartent pour une grande tournée australienne. Ils entrent en studio à Brisbane pour enregistrer le fantastique album Flinders Parade, sorti en février 2015.
Depuis le mois d'août 2015, le groupe est à Paris, se produisant dans tous les bars-concert du 11ème, du Marais, faisant une boucle par Clermont-Ferrand, Rennes, Saint-Lô, Caen etc...pour revenir dans notre capitale, le dernier concert ayant été le 6 novembre dernier. Harley Young & The Haymakers partageront ce sublime album avec nous le 9 décembre prochain à la Java.
Margate GF, tourbillonnant et engageant, ouvre le disque Flinders Parade avec des guitares subtiles et un texte sentimental pour lancer l'atmosphère indie-pop. Le percutant Balls Deep In Boondall continue à nous conter les aventures amoureuses d'Harley, orné d'un chant puissant et de choeurs enveloppants. Le violon taquin accompagne les guitares alliées, quand la balade Spring Hill To The Gate, plus folk, soyeuse et tempérée, offre un duo guitare-voix émouvant. Puis on repart en selle sur le dansant Calling in the Dogs, qui honore la pop alternative avec succès. Les guitares, la grandiose batterie, la basse, nous invitent à dodeliner du chef, pensant à The Smiths et à Ride. Le line-up des guitares s'accorde magnifiquement à l'interprétation d'Harley Young sur Chook Raffle Lady, langoureux et groovy aux accents croonant. Puis batterie et guitares s'élancent, rock, dynamiques et batailleuses, avec Harley qui martèle le rythme de son chant brut et sincère. We Never Really Had Much Luck convie à un moment intime, majestueux, qui me rappelle l'univers des compatriotes The Lucksmiths.
Les guitares gaillardes reprennent du services sur Sticks and Bricks, arrangé à la manière de Ben Gibbard, avec un orgue et des arrangements parfaitement réussis avec Simon Paradis. Ce morceau génial est suivi du titre folk Honey We Were Born Here, orchestré avec des violons mariés à des choeurs somptueux, enrichi de la production de Cameron Smith. La subtilité et la magie continuent sur l'interlude This IS Stolen Property (A Song For The Turrbal) précèdant le touchant et personnel Flinders Parade où Harley termine l'album en nous contant sa jeunesse dans la banlieue de Brisbane. Harley a grandi depuis et l'artiste talentueux, inspiré, passionné, est à Paris depuis plusieurs mois pour nous offrir le savoureux Flinders Parade sur scène. Merci messieurs !