dimanche 28 décembre 2014

The Ocean Blue

The Ocean Blue sont de retour après une absence de presque 10 ans! Le groupe de Hershey en Pennsylvanie formé en 1986 signe son tout premier single en 1988 en tapant non pas dans l'oeil mais dans l'oreille du label Sire Records. Piqûre de rappel : Sire est dans les années 80 un petit label indépendant crée par le new-yorkais Seymour Stein (le nom parlera aux fans des Belle & Sebastian) aujourd'hui vice-président de Warner Bros qui a eu, à l'époque alors agé de 40 ans, le flair pour nous dénicher The Cure, The Smiths, Depeche Mode, The Ramones etc. Les débuts de The Ocean Blue se font grâce aux quatre lycéens qui se rencontrent, répètent et enregistrent des démos sous cape, David Schelzel au chant, composition et guitare, Bobby Mittan à la basse, Rob Minnig au chant et à la batterie, Steve Lau au saxophone et clavier (jusqu'en 1994 remplacé par Oed Ronne, compositeur avec David et également chanteur). Le premier album éponyme de 1989 est suivi de l'atmosphérique Cerulean en 1991, puis du plus généreusement pop Beneath the Rhythm & Sound en 1993 qui sonne REM, Echo & The Bunnymen et The Smiths.


Puis c'est Mercury Records qui vient chouchouter le quatuor pop rock qui signera en 1995 le quatrième album See. The Ocean Blue signeront Davy Jones Locker en 1999. Puis après une rupture unilatéral avec Mercury, la même qu'essuiera Morrissey, ils disparaissent du circuit. Il y aura une courte réapparition des Ocean Blue en 2004 avec l'EP Waterworks qui offrira la contribution d'Allen Clap des Orange Peels, du nouveau batteur et arrangeur Peter Anderson qui remplace Minnig, parti en 2001. En 2011, le groupe fait une reprise à l'occasion de Noel de Walking in the Air, chanson de Howard Blake, diffusée pour accompagner en 1982 le dessin-animé The Snowman, adapté des nouvelles de Raymond Briggs. L'an dernier The Ocean Blue est de retour avec le splendide Ultramarine chez le label américain Korda Records ( Starfolk, Jim Ruiz Set, the Owls etc) puis en Septembre 2014 avec la magnifique réédition de Waterworks. The Ocean Blue n'a pas à rougir de ces 30 années de métier parce que leur pop n'a pas pris une ride, Ultramarine forme un bouquet de mélodies, du chant excellent et printanier de David Schelzel, d'arpèges revigorantes avec des arrangements qui bombent le torse.

Ultramarine et ses nouvelles mélopées est iodé et aérien. D'ailleurs, le thème marin y est élégamment honoré. Telle une peinture d'impressionniste, les paroles y sont vives, colorées et romantiques. Accompagnant la voix majestueuse de David, les guitares, la basse et la batterie de Give it a try, qui entame l'écoute, symboliquement après une décennie, sont rutilantes. Optimiste et porteur, le titre donne envie illico de bouger son popotin. La basse qui ouvre Sad Night, Where Is Morning?, électrique et vitaminée, dynamite une ribambelle de notes ornées de guitare, de synthé, sur des baguettes de batterie énervées. Tandis que David souligne une temporalité "take a long time to grow" et une lumière matinale désirée, il poursuit avec son grain de voix doré sur New York 6AM "the early morning light..", et ses arrangements délicats au début qui montent en puissance, grimpant des étages rythmés pop touchants pour évoquer la ville et ses joyaux. Puis l'amoureuse et smithienne Blow my mind et ses "papapapa" à couper le souffle poursuit le régal sonore. Latin Blues, diablement rythmée fait un flashback émouvant en évoquant l'ancien titre Drifting/Falling sur Cerulean, "Drift and fall again / It’s going to be different this time" et concluant "just stay true, just stay blue". Et les guitares continuent virevoltantes, éblouissantes sur Fast Forward Reverse, solidement construite dans l'instrumentation et efficacement pop atmosphérique. Puis A Rose is a Rose arrive sur la platine, fraiche et mélodique qui comme le souligne les paroles fait sourire, aide à sentir l'herbe entre les orteils, avec une cascade d'enthousiasme dans les cordes des guitares et dans le chant sublime de David Schelzel qui semble gambader et batifoler autour du micro : délice pop absolu. On se met même à sautiller avec lui dans le sable sur If You Don't Know Why et Sunset - Moonrise avec sa basse mariée aux synthétiseurs brillants, un peu cold wave pour évoquer le soleil qui disparait et la façon dont la "melody" prend forme. Whatever You Say, It Breaks My Heart mélancolique, mélodieux, offre une guitare fantastique sur des mots marins poétiques "I’ve been gone too long, My ship has sailed This song". Tandis que notre pied marin ôte ses bottes, il se trémousse volontiers sur la géniale Ground Gives Way, sentimentale, habillée de tambourins "Whatever thoughts I had of you, Whatever things you put me through, Once glance, one look upon your face, One kiss from you will all erase, The ground gives way beneath my feet". Nos pieds dansent, flottent, jouent et se posent guillerets dans l'herbe fraiche à l'écoute de Ultramarine. Cette impression est envoûtante, émouvante sur Touch Down On Earth qui conclut l'écoute de manière douce "Why don’t we sail under the moon, Why don’t we stroll under the stars, Then we’ll both touch down on Earth". The Ocean Blue nous gâte avec Ultramarine. En plus de la qualité de la composition de David Schelzel aux claviers et guitares, des arrangements, de l'instrumentation qui compte le saxo de Brian Tighe ( Starfolk, The Hangs up, Jeremy Messersmith, The Owls, The Legendary Jim Ruiz Group), du charisme de Peter Anderson à la batterie, et Bobby Mittan à la basse, le fantastique génie d'Oed Ronne au chant, guitare et synthétiseurs, le groupe est grandiose sur scène. Piggledy Pop le classe dans les meilleures écoutes de 2014, indéniablement.
TheOceanBlue
TheStarfolkPiggledyPop
TheOwlsPiggledyPop
TheJimRuizSetPiggledyPop
TheOrangePeelsPiggledyPop




samedi 27 décembre 2014

Jonathan Bree

J'écoute Jonathan Bree depuis des années. Ce que j'aime chez l'artiste c'est sa personnalité qui rayonne dans sa musique, ses paroles et sa voix. Peu pliable, son tempérament intègre me séduit. Originaire d'Auckland, il découvre jeune le milieu de la pop indépendante grâce à son cousin Mark Lyons membre du groupe The Nudie Suits. Il crée dès 1998 son premier groupe The Brunettes avec Heather Mansfield qui assure le chant. L'EP Mars loves Venus sort cette même année, puis en 2002 avec son ami musicien Scott Mannion, Jonathan Bree crée le désormais fameux label Lil'Chief Records que j'évoque souvent sur Piggledy Pop. Le label indépendant se développe depuis dix ans avec d'abord l'opus de The Brunettes Holding Hands, Feeding Ducks qui sera également signé plus tard sur EMI. Jonathan continue de créer, de jouer en offrant l'EP Boyracer en 2003 et signe dans le même temps l'excellent album Songbook de The Nudie Suits. En 2004, le label enchaine les signatures dont les californiens de The Ruby Suns exilés à Auckland. Lil'Chief compte dès 2005 une communauté de musiciens notables qui se produisent les uns avec les autres et des albums impressionnants de qualité comme Edmund Cake qui jouera avec The Brunettes et qui offre en 2004 Downtown Puff, Shaft et son opus Open Sesame, en 2006 se joint à la clique Lawrence Arabia, Little Pictures, The Eversons, Princess Chelsea (autre projet de Jonathan) etc. Les artistes du label et son créateur forment un groupe de reprises de Mc Cartney and Wings appelé Disciples of Macca.
Jonathan parallèlement à son label poursuit son écriture et la composition, attaché au style sixties des Beatles, des Beach Boys et surtout à celui de Jonathan Richman dont il est fan depuis qu'il a 10 ans via Modern Lovers. Avec The Brunettes qui accueille dès 2004 Ryan McPhun des Ruby Suns, il signera 9 albums en une décennie.



En 2013, Jonathan Bree apparait en solo avec son album The Primrose Path qui sera pour Piggledy Pop une des meilleures surprises et un des meilleurs disques de l'année. Le troubadour néo-zélandais à l'humour gourmand, la poésie lumineuse et la musicalité riche offre un deux titres décoiffant, qui balade l'âme de Syd Barett, Lou Reed, Kevin Ayers, Brian Wilson avec sa propre originalité qui vient nourrir les arrangements et le chant splendide. Le 10 titres commence sur la mélodie enivrante, géniale de Booty Call et ses notes de batterie, de basse sensuelles rappelant Gainsbourg. L'instrumentation, intense, poursuit sur Beat your Head, au chant splendide orné de cordes des violons de Andrew Keoghan (co auteur et arrangeur de Lawrence Arabia), Jess Hindin, Mahuia Bridgeman-Cooper, du violoncelle de Rachel Wells et du clavier, guitares et la basse monumentale, assurés par Jonathan lui-même. Bored at a Mall arrive aux oreilles, mélancolique, poétique, construit avec ingéniosité pour nous embarquer avant l'alternatif Seven, sublime de long en large, de l'orchestration, au thème amoureux jusqu'au chant de Bree, révoltant de charme et de sensualité. Fixed Or Floating continue la promenade romantique psychédélique avant le rythmé et dansant Duckie's Lament, hypnotique, certainement magnifique. Entre harpe, trompette de Steven Hut, saxophone de Hayden Eastmond Mein, l'élégance et la sophistication se savourent sur Primrose Path et Crippled Darling, taillés comme une pierre où chaque facette représentant un instrument, la voix de Bree, ses mots, forme une entité précieuse envoûtante. Laptop, langoureux, et Boxes qui clôt le disque sur les mots "end of an album" subjuguent par les arrangements inspirés et efficaces.
The Primrose Path est un album à écouter et à avoir dans sa collection, absolument. En octobre 2014, Jonathan Bree nous fait le cadeau du nouveau single Weird Hardcore qui annonce le prochain album en 2015 A Little Night Music. Je le mets par anticipation sur ma lettre au père Noël de l'an prochain, les yeux fermés, les oreilles frétillantes d'impatience et affrétées.
LilChiefRecords
RubySunsPiggledyPop
LawrenceArabiaPiggledyPop



vendredi 26 décembre 2014

Jack and The

Admirant tout le travail de compositeur et le soin technique, l'esthétique, l'inspiration de Julien Lonchamp, musicien français exilé à Edimbourg, j'écrivais en 2008 un billet au sujet de son projet Jack and The :
J'ai un réel coup de coeur pour Jack and The. Sa musique est de la même veine que celle du fantastique groupe de Nancy Orwell qui a collaboré et produit le premier album Vacation (a pop manifesto). Enregistré en France par la main de maître de Jérôme Didelot, Alex Longo de Cascadeur, Thierry Bellia de Variety Lab et Christophe Inglebert, les magiciens d'Orwell, l'album est illustré par Olivier Godot. L'écoute des titres est du pur jus pop plongeant dans les ambiances sunshine des Heavy Blinkers et des High Llamas. Le saxophone de Pierre Desassis apporte des notes de jazz, le jeu de Wulitzer d'Alexandre Longo colore les titres de son psychédélique sixties dans Thelonious Monk and John Coltrane. Les chansons sont étincelantes de références, le son est candy, joyeux, entrainant. C'est de la haute couture stylée, arrangée avec brio. Les différents instruments arrivent en cascade au fur et à mesure de l'écoute et créent une abondance de sonorités, une atmosphère rebondissante de bon aloi. Sans oublier Julien, il assure avec sa voix qui colle à la perfection au charme des mélodies. Sa voix swingue naturellement, Julien ou Jack...le fils spirituel de Harry Nilsson, des Kinks ou des Zombies, nous offre un bien bel album prometteur avec Vacation (a pop manifesto).

Le 3 décembre 2014, j'ai la jolie surprise de découvrir le nouvel EP qui annonce la confection et sortie imminente du deuxième album. Saharian Sands offre 3 titres sublimes sunshine pop qui rappellent la grâce des Beach Boys et mettent l'eau à la bouche. Autour de Julien on retrouve le batteur Conor O'Hara, le pianiste Johnny Taylor, la chanteuse Sandra Collins sur le titre Le Cygne aux Yeux Bleus, Brian Denver à la flûte et pour les cuivres et cordes, Amanda Feery et Ciaran Sutton à la clarinette, Chris Rooney au trombone, Kate McKenna au violoncelle et Ona McFarland au violon. Son ami Jérôme Didelot d'Orwell vient apporter sa patte sur le mix de Sahara Sands, deuxième morceau après le fabuleux I Think I'm Dancing qui swingue, balance une mélodie pop alternée de sonorités élégantes, typées comme sait les préparer Julien à la voix d'or qui joue aux guitares, banjo, sitar, clavier, glockenspiel, à la basse. J'ai hâte d'écouter ce prochain deuxième album justement nommé Melody Cycle. Si 2015 commence avec un album signé Jack and The, elle sera sous les meilleurs auspices musicaux.
JackAndThe
JackAndThePiggledyPop2008

Johnny the storywriter (video) from Jack and the

jeudi 25 décembre 2014

Copenhague

Certains disent que les habitants de Copenhague seraient les plus heureux au monde. La taille de la ville qui est bercée par la majestueuse Baltique, son profil architectural harmonieusement balancé entre style moderne et ancien créent une ambiance sereine pour ses quelques 560000 habitants. Les danois savourent leur petit lait, la Carlsberg au sein du quartier où se côtoient les institutions, le Parlement, le Gouvernement, regroupés au château de Christiansborg (XVIIème) et la monarchie au château d'Amelienborg (XVIIIème). Les Danois qui vivent à Copenhague ont un niveau de vie qui compte parmi les meilleurs au monde. Il n'y a pas de mystère, l'économie y est dynamique, mais l'habitant aussi. Le vélo y est roi, les âmes de Copenhague privilégient les transports en commun.qui se développent et utilisent de manière futée l'urbanisme moderne et réfléchi. Ne comprenant aucun gratte-ciel, les bâtiments laissent de grands espaces au sol entre eux aussi et forment un centre ville vert, très aéré où la circulation y est fluide permettant aux randonneurs à vélo ou aux 40% des salariés de la ville qui vont au travail en vélo, de se sentir en sécurité. Idem pour les piétons, chouchoutés depuis le "finger plan" d'après guerre. Le centre ville est pensé pour les personnes, pas pour les voitures. Tout est calculé pour le développement durable, l'urbanisation et le bien-être des habitants, très enviés.

Les danois qui fleurissent la capitale ont un caractère respectueux en communauté, fleuri d'un esprit coloré à l'image des maisons sur le port, comme le souligne la danoise Malene Rydahl dans son livre Heureux comme un Danois, les 10 clés du bonheur "A l’Opéra de Copenhague, les étrangers s’étonnent de voir les Danois laisser leurs manteaux dans un vestiaire non surveillé. Les gens se font confiance, ils ne se posent même pas la question". Ces esprits libres, avec leurs gènes de vikings, de guerriers mangeurs de harengs, ont, pendant la seconde guerre mondiale, formé une résistance face aux nazis qui s'est révélée être la plus efficace d'Europe faisant échouer tous les projets d'arrestations et de rafles. Les copenhaguois font rayonner une atmosphère alternative européenne, comme dans celle du quartier latin, ou dans celle de la communauté Christiana. Au milieu des péniches et des voiliers de la "petite Amsterdam", autre noyau animé de canaux au coeur de la ville, l'art y est cultivé sous toutes ses formes. Notamment la musique. Face au Palais d'Amalienborg qui honore les beaux-arts depuis des lustres, il y a l'opéra splendide signé de l'architecte Henning Larsen où se produisent nombre d'orchestres, de ballets et spectacles en tous genres. Il y a aussi et surtout cette ambiance underground, unique en son genre, avec ses boutiques de vinyles, ses salles de concerts, ses festivals, ses musiciens comme I got you on Tape, groupe de Jacob Bellens que j'adore, The Raveonettes, Lars and the Hands of Light, Velour, Figurines, Trentemøller, Junior Senior, PowerSolo, Slaraffenland, Agnes Obel, Julias Moon, The Glow Cats, Northern Portrait etc et les musiciens inspirés par le charme de la belle danoise comme Anthony Rochester, Lucinda Williams, Philippe Katerine, Louis Amstrong et Scott Walker. Copenhague méritait une chronique musicale en ce jour de Noël. Ce beau royaume qui borde la Baltique et qui comprend le Groenland revendique, depuis ce lundi 22 décembre, la souveraineté d'une partie du pôle Nord aux Nations Unies ce qui devrait enfin apporter officiellement une nationalité au gentil barbu appelé Père Noël.
Copenhague
Northern Portrait

Jacob Bellens

The Raveonettes

Lars and The Hands of Light

Agnes Obel

Anthony Rochester

Lucinda Williams

Philippe Katerine

Scott Walker


lundi 22 décembre 2014

Joyeux Noël !

Année après année, on fête ce mariage du profane et du sacré, en famille autour d'un sapin illuminé et entre les huitres, la dinde et le chocolat, certains auront peut-être envie de communier leur joie en musique. Les chants, les banjos, les guitares, les harpes, les cloches font partie du bonheur partagé ce fameux soir. Voilà une idée de programme musical. I wish you a Merry Christmas, hanuka, a gute nitl, buon Natale, fröhliche Weihnachten, gleckika Wïanachta, merii kurisumasu, vrolijk Kerstfeest, god jul, feliz Natal, S rozhdestvom Kristovom, God Jul, et un très beau Noël d'amour, d'espoir et de paix (avec la bûche qui va bien) à tous.






















dimanche 7 décembre 2014

Philémon Cimon

Philémon Cimon est un de mes coups de coeur de 2014. L'auteur-compositeur de Montréal n'écrit pas ses chansons avec une plume ou un stylo bic mais avec une pâquerette. L'esprit de ses compositions est printanier, parfumé au muguet, ouvert comme un tournesol, voltigeant comme les aigrettes du pissenlit, ondulé comme un champ de blé sans toutefois emprunter quatre chemins pour dire les choses. C'est avec son ami et acolyte Philippe Brault, bassiste, qu'il signe en janvier 2014 le 12 titres de L'été, et avec la complicité de l'ingénieur Howard Bilerman qui travaille avec Arcade Fire et qui ici dorlote les sons à la console. Autour de Philémon qui excelle à la guitare, il y a aussi Sarah Pagé à la harpe et au chant, Néstor Rodriguez Vilardell droit venu de la Havane au saxophone, David Payant à la batterie, David Carbonneau à la trompette, Nicolas Basque qui joue dans le groupe Plants and Animals aux guitares, Guido del Fabbro à la mandoline et au violon et Papacho débarqué pour l'enregistrement du Mexique à l'orgue, au mélodica et au piano. L'été déroule son tapis de mélodies en commençant par le titre Soleil blanc, à la rythmique mouvante, aux guitares mutines ornées de la voix gracieuse et naturelle de Philémon, de mots amoureux accompagnés du sensuel saxophone. Puis suit la déclaration enflammée Au cinéma, mélopée pop et dansante agrémentée de cuivres sur un texte sacrément mutin. La balade Julie July qui suit offre un tempo estival, un texte mordant qui parle de pétales, de muguet, de champ et bouquet pour avouer une aventure amoureuse très peu romantique où la trompette vient fouler avec brio l'orchestration. Des jours et puis des jours, décrit également une histoire fanée avec des images poétiques, "J’ai pris ta main comme on prend des cerises, J’ai pris tes jambes en sueur sur le plancher, J’ai pris ta taille de fleur, je t’ai assise, Et j’ai fermé mes yeux pour t’embrasser", ardemment instrumentalisé avec des envolées de cordes et cuivres.

Tout comme dans Julie July où Philémon compare l'acte d'amour à une mort "Étiolée dans ton bouquet nuptial, Je t’ai enterrée", ou encore dans le très suave Chose étrange "Tu donnes ton corps, Comme on donne la mort", thème qui se dévoile sur Chanson pour un ami chanté avec l'accent touchant où Philémon est éclatant d'émotion pour évoquer la mort d'un père, les larmes, les corbeaux, les bouleaux. La lumière céleste revient sur les trompettes de Moi j'ai confiance qui nous emmènent dans un vertigo de notes, de mots amoureux voyageant sur des rivières, des torrents, des chemins, sur la glace en patin à la croisée des chemins il "lui offre le ciel" "Moi j’ai confiance qu’on peut marcher, jusqu’à la prochaine plage, Faire un bateau, y mettre une voile, et puis partir au large". Ecrit de manière pétillante, composé avec enthousiasme, les orchestrations de contrebasse, de violons sont enfiévrées sur Je veux de la lumière, mellow et langoureux où flotte une jolie âme traditionnelle canadienne. La voix de Philémon est fort touchante, elle habille ses mots avec transparence dans le timbre, une honnêteté captivante. Quel été propose un soleil levant derechef, débordant de sentiments, de passion avec un texte débridé coloré et enveloppant. Après les corbeaux, c'est le merle qui vient se poser sur les arpèges de guitare brillants, sur l'archet du violon de La mort des amoureux où la voix de Sarah vient picorer délicatement des mots, accompagnant un morceaux pastoral acoustique d'une fraicheur et subtilité de toute beauté. Où je me perds décrit une sensibilité chaude et étoilé, entre le feu et le ciel jouée à la guitare acoustique qui révèle un profil de ménestrel au musicien. Philémon Cimon conclut magnifiquement L'été avec Par la fenêtre et sa harpe, pour peindre le bonheur amoureux, brossé par l'orgue, par l'envolée de cordes de guitares, le saxophone fondant sur un baiser ardent sous les "lampadaires" de l'"hiver" et "sous les flocons" avec un chant en choral exaltant. L'été fait rayonner des couleurs, des parfums, des paysages, des saisons avec une poésie superbe et des compositions flamboyantes qui indiquent tout le talent d'auteur et de compositeur de Philémon Cimon.
PhilemonCimon




dimanche 30 novembre 2014

Alberto Arcangeli

Je viens de découvrir un album qui date de 2011 signé de l'artiste italien Alberto Arcangeli qui a une griffe indie'pop incroyablement belle. Le disque qui porte le joli nom de Pop Down the Rabbit Hole contient 10 titres, tous aussi bons les uns que les autres, variés et riches de mélodies. Les ambiances y sont différentes, l'écriture fleurie et l'instrumentation pop est inspirée. Le musicien signe son opus Sette gocce di liquido lunare en 2003, entièrement écrit dans sa langue maternelle, puis réitère en 2009 avec Dreamsongs comprenant 9 morceaux, des inédits et des reprises, cette fois ci en anglais. A travers ce second album, Alberto Arcangeli présente ses influences, allant des Zombies, Buffalo Springfield aux Kinks. Dans ses compositions, il y a aussi l'âme des Beatles et d'Elliott Smith avec une pincée de psychédélisme qui se retrouve deux ans plus tard sur Pop Down the Rabbit Hole.

Avec son chant fluide et juste, le guitariste offre un album impressionnant qui sonne spontané, alors que l'instrumentation, les arpèges y sont très réfléchis et élaborés. Ce passionné qui écrit et compose, produit son album et joue tous les instruments est entouré de sa famille avec son père Ivan Graziani, auteur-compositeur dans les années 60 du groupe Nino Dale and His Modernists, excellent peintre diplômé des Beaux-Arts, qui jusqu'en 1999 signera une vingtaine d'albums et de sa soeur qui s'occupe du design des albums. Alberto Arcangeli grandit près d'Urbino, au milieu de peintures et sculptures de la Renaissance avec son père qui écoute Revolver des Beatles, Camille Saint-Saens et Ravel. C'est dans ce bain artistique qu'Alberto s'initie à la musique aussi bien qu'il réussit ses études, étant aujourd'hui cadre dans les finances. Ce souffle culturel qui l'entoure influe sur ses chansons, le rend créatif et un technicien talentueux qui produit des harmonies solides, lumineuses et originales. Il y a quelques jours, Alberto a posté un nouveau titre sur soundcloud qui fait penser qu'il nous offrira peut-être bientôt un nouvel album. En attendant, le timbre de voix magnifique de Wheels and Love et la note psyché Syd Barrett sur Pop Down the Rabbit Hole restent savoureusement intemporels et à écouter absolument. L'esprit pop y est prestigieux, dans les textes qui font référence au temps, aux couleurs, à l'amour et dans l'instrumentation kaléidoscopique. L'ambiance fanfare et cabaret au début Nothing Compares To Your Eyes (On Saturday Night) tourne en mélopée acoustique brillante jouée à la guitare où les claviers sixties, les accords bubblegum et power pop accompagnent un chant pur et enthousiaste. Puis Hard Games continue dans l'esthétisme avec la présence de l'artiste Yani Martinelli qui chante en duo avec Alberto, titre où les deux musiciens en osmose s'amusent aux rythmiques et aux arrangements de cordes.

Against the day arrive aux oreilles, ravissant de sonorités, tout comme par exemple la bossa de Winter Leaves, qui amène une vague de chaleur délicate. On the way to Mars, alterne subtilement dans le tempo et le chant pour créer une atmosphère champêtre, peu étonnante quand on sait comment Alberto écrit ses chansons: "in my garden, on a sunny September morning, with birds singing in the trees. Kind of a dreamy picture. I recorded the first half of the song singing and playing di- rectly in my mobile phone, in the garden, and then added the rest of the arrangement in my home studio". Border of Nowhere qui suit est écrite, jouée à la guitare et chantée par Paolino Tomatis accompagné de Giuseppe Minaudo à la batterie proposant une mélodie proche de l'univers de Donovan. La guitare, somptueuse, fait rayonner ses arpèges sur Blow Wind, co-écrite avec Tony Lawson pour dérouler un tapis de notes élégantes, mélancoliques jouées au piano de la version alternative du titre Wheels and Love qui ouvre et boucle le splendide Pop Down the Rabbit Hole. Alberto Arcangeli dont la devise est "i woke up this morning and i was indie" est époustouflant de talent. Je croise les doigts pour qu'il nous comble de nouveaux titres aussi prodigieux très vite. AlbertoArcangeli


samedi 29 novembre 2014

Matthew Edwards and the Unfortunates

Matthew Edwards est un auteur-compositeur anglais originaire de Birmingham, exilé depuis 1994 à San Francisco qui en 2003 forme le groupe The Music Lovers jusqu'en 2009. A cette époque, il s'occupe d'un bar où ont lieu des concerts et des open-mic quand il rencontre le bassiste Jon Brooder qui vient jouer dans son bar, tout comme le guitariste Bryan Cain. Vient se joindre à la formation, un ami de longue date anglais, Paul Comaskey, pour assurer la batterie. Avec une poignée de chansons dans la besace et un premier concert à New-York en 2002, le label Le Grand Magistery les repère et ils signent ensemble le premier EP Cheap Songs Tell The Truth en 2003 suivi de l'album The Words We Say Before We Sleep en 2004. Puis Paul repart vivre en Europe et Matthew Edwards rencontre deux nouveaux musiciens, l'excellent batteur Colin Sherlock et Jun Kurihara qui joue accordéon, piano et co-écrit parfois. Le groupe au complet signe en 2006 le deuxième album The Music Lovers' Guide for Young People. Masculine Feminine suit en 2008; Ces trois albums chamber-pop sont de pures bijoux que je conseille, arrangés de manière fine avec une âme sixties dans la basse et les guitares, remémorant Tindersticks, Divine Comedy, Serge Gainsbourg, The Smiths, Beatles. Les textes délicieux sont nourris de références cinématographiques et littéraires qui peuvent rappeler la poésie dans l'univers de Phil Selway et des Prefab Sprout. L'ensemble est enrichi par des musiciens doués et passionnés comme Jon qui avec la basse joue admirablement de l'harmonica, Bryan qui en plus de la guitare brille à la mandoline, Matthew Edwards à la guitare offre un chant magnifique et rond d'harmonies, Jun Kurihara qui joue de l'orgue, du cor, de l'accordéon, tambourin s'occupe des arrangements de cordes, du trombone de Bryan Schell, de la trompette de Lori Karns, avec une oreille sacrément aiguisée.

Après l'aventure The Music Lovers, c'est la naissance du groupe Matthew Edwards and The Unfortunates avec le single Minotaur en avril 2014, suivi ce mois de novembre 2014 du tout nouvel album The Fates. La formation autour de Matthew accueille la fabuleuse Sasha Bell des Essex Green et Ladybug Transistor qui joue de l'orgue, piano et chante, Isaac Bonnell à l'accordéon, Adaiha McAdam-Somer au violoncelle, Jefferson Marshall à la basse et Kristina Vukic à la batterie, agrémentée depuis peu par la présence de David Roberton, Derick Simmonds et Bob Dog. Derechef, les influences de Matthew Edwards, Scott Walker, Glen Campbell, Leonard Cohen, Nick Cave, rayonnent sur l'album et ses 11 titres magiques où se marient à la perfection violoncelle, orgue et le savoureux accordéon. Le disque produit par le musicien de Captain Beefheart's Magic Band, Eric Drew Feldman qui travaille aussi avec Frank Black et PJ Harvey, s'ouvre sur la mélodie romantique comme sait si bien les composer Edwards de Accident. Puis le mystérieux et envoûtant Ghost arrive sur la platine avec ses particules magnifiques de violoncelle. Les mots sophistiqués glissent et s'agrippent aux oreilles, chantés avec classe par Matthew et Sasha. Quand la guitare subtile de Fred Frith qui joue sur 3 titres, arrive sur le mélancolique et touchant The English Blues, l'atmosphère nostalgique continue sur le tempo dansant de The Way To The Stars où Matthew entonne "I’m English, so English, ridiculously" sur des guitares calibrées et une orchestrations rock-psyché succulente. L'instrumentation merveilleuse se retrouve sur le titre brillant Dizzy qui évoque un thème cher à Edwards, la religion "i'm dizzy from laughing upon this cross, I ask my companions, Boys are we lost?...You ask if i'm praying, well i don't have the time", où le chant pop propose des papadapapa entrainants avec une orchestration de violoncelle médiévale qui revêt Matthew Edwards de son habit de troubadour. La caisse rafraichissante de The Imposter qui parle de villes, de trains et de châteaux confirme l'atmosphère historique avec les violons électrisés et l'orgue irrésistible de Sasha qui assure un chant cristallin.

L'humour délicat et so british de Edwards resplendit sur Sandrine Bonnaire qui forcément, porte une touche so frenchy à l'album. L'instrumentation de The Liar plus americana est tout aussi précise et élégante, maitrisée pour créer des ambiances comme avec la guitare magistrale de I don't care accompagné d'une batterie inquiétante et d'une flûte presque punk. Puis No More Songs dans la veine de Lloyd Cole cadence un texte poétique qui souligne une fin de romance, sur une guitare électrique de velours et des cuivres duveteux. Before The Good Times boucle l'écoute gracieusement dans une veine à la Scott Fitzgerald, Kerouac, griffée Beat Generation où l'on devine que Matthew Edwards a vécu nombre d'expériences qui ne le laisseront surement jamais sec d'inspiration. The Fates est orné d'une culture européenne et américaine, savamment écrit, composé, interprété, surprenant et émouvant. On y revient et il parait encore meilleur à chaque écoute. Matthew Edwards and The Unfortunates, avec la production réussie d'Eric Drew Feldman, l'or dans les doigts de Fred Frith, l'exquise participation de Sasha Bell qui nous prépare actuellement un album, signe un disque sublime que je classe dans le top des albums 2014. Après avoir partagé la scène avec Joanna Newsom, Richard Buckner, St Etienne, Circulus, Broadcast, Devendra Banhart, Camera Obscura, Matthew Edwards and The Unfortunates reprend le chemin des concerts comme celui à Londres il y a deux jours étant en ce moment en Europe. A vos tablettes!
MatthewEdwardsAndTheUnfortunates


dimanche 23 novembre 2014

John Howard

John Howard est un auteur compositeur anglais qui n'est pas nait de la dernière pluie puisqu'il apparait dès 1975 avec son sublime album Kid in a Big World enregistré au studio Abbey Road avec comme producteurs, Paul Phillips et le batteur ex Shadows, Tony Meehan. Les sessions d'enregistrement accueillent Rod Argent, membre des Zombies et le batteur du groupe Argent, Bob Henrit. Dans la même veine ochestrale pop sort le deuxième album la même année, Technicolour Biography puis en 1975, parait le troisième plus disco Can You Hear Me OK?. Pendant les sept années qui suivent John Howard signe plusieurs singles, dont un avec le producteur de Culture Club, pas encore connu du public, Steve Levine. Au milieu des années 80, il ne signera qu'un album au cours de sa retraite au Pays de Galle où il a une activité de producteur avant de se remettre en selle solo dans les années 2000 et de partir vivre en Espagne.


The Pros and Cons of Passion est un album où il propose des originaux mais aussi des reprises d'artistes qu'il aime comme Lou Reed, Neil Young, Paul McCartney, George Harrison, Brian Wilson, Stephen Sondheim et k.d. lang. Howard aime l'exercice qu'il réitère en 2005 sur Songs for a Lifetime et ses reprises de Bob Dylan, Joni Mitchell ou Roy Harper et en 2007 en reprenant The Bewlay Brothers de David Bowie. Howard au piano compose des mélopées proches de l'univers de Rufus Wainwright, d'Elton John, et Darren Hayman avec qui il travaillera sur Darren Hayman and the Secondary Modern ou encore d'Anthony Reynolds pour British Ballads . Devenu un artiste référence aujourd'hui, il s'entoure d'Andre Barreau, guitare de George Harrison . A ses côtés il y aussi des artistes comme le bassiste Phil King des The Jesus And Mary Chain et leader du groupe Lush, Simon Raymonde des Cocteau Twins, et le poète et ami Robert Cochrane. Avec son talent solide pour écrire et harmoniser des mélodies glamour ou pop, fertile et imaginatif, John Howard signera 8 autres albums dans les années 2000 dont le dernier 13ème disque Hello my Name is...sortira le 25 novembre 2014 prochain. Superbe production, les titres y voltigent, flottent avec grâce sur des orchestrations absolument sublimes se glissant entre les univers d'Harry Nilsson et de Prefab Sprout que je conseille en le notant au top 10 des meilleures productions de 2014.
JohnHoward

samedi 22 novembre 2014

The Yearning

The Yearning est un groupe inspiré par les années fifties et sixties pour composer des mélodies et les arranger à la sauce Spector ou Wilson. C'est à l'initiation de Joe Moore, auteur-compositeur et producteur que nait le groupe il y a une paire d'années avec la signature de l'élégant mini LP Jukebox Romance en avril 2012. L'ambiance surprise partie, ice-creams, pétales de roses, sodas à la paille, faux cils et coeurs tendres y est très étudiée. Les textes naifs fleurent bon l'été et les amourettes parfumées à la guimauve. Les guitares sont suffisamment stylées pop surf pour visualiser Fonzie et son peigne ou le sourire diamant de Richie de la série Happy Days. En ravivant l'âme de Claudine Longet, le chant de Maddie Dobie, amie de lycée de Joe Moore, est aussi sucré qu'une barbe à "papapapapa". Puis en juin 2013, un nouveau mini LP apparait sous le nom de Still in Love. Le décor est planté. Les huit titres derechef offrent une ambiance champêtre et romantique, accoudé au juke box pour roucouler les paroles de Everybody Knows (I'm Still In Love With You) ou de Heart Beats A Little Bit Faster.

Le 30 juin 2014, les anglais de The Yearning qui depuis forment un joli clan de musiciens composé du compositeur et arrangeur Joe Moore, Maddie Dobie au chant, Alicia Rendle aux voix, Mark Kiff à la guitare, Alex Chappelow à la guitare, l'harmonica, la mandolin, au trombone et ukulele, Miranda Lewis, Zoe Illes au violoncelle, Sarah Chappelow à la flûte, Francesca Lewis au violon, Adam Bidgood à la trompette, Martha Kiff au saxophone signent un premier album tant attendu, Dreamboats & Lemonade. La galette, dont les sonorités sont plus californiennes que bretonnes, s'ouvre sur le souriant et confiant Dreamboat qui ranime l'esprit des Chordettes ou de Doris Day et se poursuit sur le mélodieux If I can't have you, sorti en single et profilé pour être aisé à aborder, accrocheur avec des choeurs cordiaux. Puis le dansant Dance with me débarque avec ses guitares easy pop quand le clavecin printanier et mentholé, la harpe et les trompettes de Chasing Shadows rappelle la mélancolie précieuse et délicieuse d'Isobel Campbell dans The Gentle Waves ou Belle and Sebastian. Marry Me In The Morning nous emmène dans les plaines du grand Ouest américain, yeehaaaa! "Last night, a stranger came riding, And threw down his hat on the bar, He told me his story with whiskey, And how he had travelled so far, And something about him engaged me" avec des arrangements dignes de westerns des sixties, ornés de cordes, de cuivres, de flûtes qui donneraient envie à n'importe quel coyote de se mettre à la pop.

It's You That I Want, naif et délicat, arrangé avec des guitares, des rythmiques et un chant millimétré excellent pour se plonger dans une ambiance mélo du siècle dernier précède le savoureux Lemonade qui évoque Doris Day et Sandy (pour les aficionados de Grease), là encore orchestré de manière fine et étudiée pour créer une belle identité musicale "With little kisses like candy, He likes to tango to Doris Day, And sing along with Sandy, We calypso in the evening shade And watch the sun go down on the sea, His love is sweeter than lemonade". Le bon goût habillé de classe de The Yearning se poursuit avec les cuivres et le piano taquin de How Will I Know? qui prouve tous les efforts d'harmonies réussis des anglais. Le langoureux Never Learn To Cry écrite par Simon Napier-Bell et Vicki Wickham aux paroles et au chant sensationnels poursuit dans la veine lollipop avec une cadence savoureuse qui irait comme un gant à Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany's, suivi de Every Time I Fall In Love, galopant et joyeusement rythmé, comme Tomorrow Night, emmitouflé dans une nostalgie sucrée et chaleureuse de sortie de collège pour aller danser, l'oeillet à la boutonnière. When I Was Your Baby offre une orchestration de violons et de violoncelles, piano et orgue sublimes avec des envolées de voix sentimentales qui font écho aux Beach Boys et conclut Dreamboats & Lemonade, façonné de manière brillante comme la bande-son d'une comédie romantique.
The Yearning signe un album aux mélodies persistantes et efficaces pour créer des ambiances orchestrées à la perfection. TheYearning

mardi 11 novembre 2014

Playmobil

Depuis qu'il est apparu il y a 40 ans, Playmobil est devenu le jouet le plus populaire de la planète. Hans Beck, son créateur, qui nait dans une famille de dix enfants en Allemagne, confectionne très tôt des jouets pour ses frères et soeurs avant de suivre une formation de menuisier, puis de designer et se faire engager par la société Geobra tenue depuis 60 ans par le brillant Horst Brandstätter. Avec la crise pétrolière, il imagine un jouet demandant peu de matière plastique, haut de 7 centimètres. C'est au salon du jouet de Nuremberg en 1974 que Playmobil, apparait au public pour la première fois. Le succès est immédiat. Dans l'année, Playmobil avec ses joues roses, ses membres articulés, ses yeux ronds et surtout sa coiffure impeccable, est décliné selon plusieurs thèmes : la vie de chantier, le western et les têtes couronnées. Bien sûr, on peut le monter sur son cheval un peu maigrichon mais saillant et lui faire porter son écusson, ou l'assoir dans son camion où sont stockés sa valise à outils, sa pelle, son seau et sa pioche. En 1975 apparait le personnage féminin avec son chapeau et son parapluie rouge (difficile de savoir où la mettre entre le cow-boy, le chef de chantier, ou le roi sur son trône, mais c'était le challenge intéressant.) L'année suivante arriveront les enfants, les indiens (peu de panique à avoir si on avait déjà le ranch) avec leur canoe, le tipi, le feu de camp et leur bandeau à plumes dont l'espérance de vie était courte avant de finir dans un sac aspirateur, les infirmiers, les pompiers, les policiers et leurs menottes qui connaissaient le même sort que les plumes. Puis arrivent les pirates en 1977 avec leur bateau et leurs canons, la ferme, les soldats, etc...Depuis les années 80, Playmobil joue sur tous les tableaux, de la Renaissance au quad jusqu'au plongeur torpille.

J'ai une tendresse particulière pour les toutes premières collections de 1974 à 1978 parce que cette période est celle qui m'a vu jouer aux Playmobils ( poupée Barbie oblige) et parce qu'on avait des étoiles dans les yeux quand en ouvrant la boite du Playmobil "ambulance" on se savait la lourde responsabilité de coller la croix rouge sur la mallette du médecin sans trembler. J'ai aussi le souvenir du "joyeux foutoir" généré quand il s'agissait de caler l'indienne dans le saloon avec le marteau de l'ouvrier à la main pendant que le shérif roulait dans la voiture de police avec la pelle sur le toit ou que le cochon de la ferme frimait dans sa pirogue avec la truelle du maçon. Depuis 1974, 2,7 milliards de Playmobils ont été vendus. La France est le marché étranger qui tient la première place et le fameux Horst Brandstätter continue de passer le matin, âgé de 78 ans, aux bureaux du siège Playmobil accompagné de son chien. Le génie de Hans Beck et de Horst Brandstätter a offert des milliards de petits bonshommes aux multiples possibilités et profils, depuis 40 ans, aux enfants du monde entier nourrissant leur imagination et leur créativité. Une histoire de jouets à transmettre de génération en génération, qui m'aura valu des heures de plaisir passées à créer des univers, des aventures et je sais que beaucoup se reconnaitront dans ce billet. Joyeux Anniversaire à notre ami Playmobil !
Playmobil




lundi 10 novembre 2014

Ry Smith

Ry Smith est la tête pensante, auteur-compositeur, multi-instrumentiste, du groupe de Long-Island Eastern Phoebes dont je parle dans mon billet sur le label February Records.
Depuis le déménagement de Ry en 2011 à Rhode Islands, le musicien se lance dans une carrière solo offrant le très justement nommé This Is A Test: Songs Of The Impossibles, enregistré à la maison, puis signe le génial REXROTH en septembre 2014 toujours chez le duo dynamique Kristin et Danny de February Records. Comme d'habitude sur l'ensemble de pépites pop psyché, affinées et peaufinées dans les arrangements, c'est Ry qui écrit, compose, chante et joue aux guitares, à la basse, batterie, claviers, piano, orgue, harmonica, mandoline, stylophone, banjo, violoncelle. Autant dire que techniquement, Ry Smith est un jongleur, un expert des cordes qui maitrise ses partitions de fond en combles. Son album est surprenant tellement il est enthousiaste, bondissant loin de l'image du poète maudit travaillant seul entre ses quatre murs. C'est plein de jovialité, de mélodies ensoleillées qui m'évoquent un joli cocktail d'univers allant de Jonathan Richman aux Apples in Stereo. Le tempo joyeux, l'interprétation mutine, les orchestrations originales et guillerettes, donne un résultat qui accroche et absorbe l'attention.

Cette pépite galbée et bien balancée commence avec le piano diablotin de It's easy jusqu'au doux psychédélisme pop de Plans Change & People Change Too, à la fois bordé d'un chant de velours et d'un jeu de clavier exalté sur une basse de rêve. Marz, drôle et distingué, porte un texte mirifique sur une orchestration qui ravive l'âme des Zombies ou celle des Beatles comme sur J.K. Rowling Blues au boogie nourri de hand-claps et d'un tambourin futé et moderne. La dansante Oak qui offre une orchestration malicieuse alternative ouvre le pas à Idea of North, aux claviers malicieux et aux percussions gourmandes. Need a Vacation dure 1 minute 10 sunshine et soignée en guise de break au milieu des 13 titres, avant Tree Swallow qui derechef donne cette impression de nouveau, de mobilité, d'imagination sans bornes. Conanicut! entre en scène, cette impression est renforcée à l'écoute du stylophone, du banjo, du piano et des papapapa de Ry Smith qui élève le titre au rang de joyaux pop poursuivant sur le merveilleux Ballad for Benjamin Church. Le style pop-psyché y est dosé, les choeurs taillés comme des rubis sunshine-pop pour poursuivre avec The Dust Bowl, qui délivre une ambiance champêtre saupoudrée d'arrangements lumineux d'orgues, de rythmiques sur un texte fin et touchant. Les mélodies en forme de ritournelles qui tournent en boucle avec facilité, parce que variées et colorées de sonorités, continuent avec Let the Lark aux effluves élégamment mélancoliques puis avec I Gots To Roll Along qui dévoile toute la capacité de l'artiste à explorer les sentiers pop . Je conseille l'écoute de Ry Smith, amateur de Brian Wilson en reprenant Johnny Carson ou encore de poésie en adaptant les poèmes de Gary Snyder comme Stay Together Learn The Flowers Go Light : un artiste de goût riche d'humour et de talent. Il y a quelques jours, le 22 Octobre 2014, Ry Smith signe un album de reprises des Strokes, revues avec brio, revisitées avec une fibre artistique singulière et rafraichissante en téléchargement libre sur le bandcamp.
FebruaryRecordsPiggledyPop
RySmith


dimanche 9 novembre 2014

Lars and the Hands of Light

Lars Vognstrup n’est pas un débutant. Le danois alors âgé de 16 ans chante dans le groupe de métal Rauchy en 2001 et en 2003 il intègre aux choeurs puis en tant que guitariste la formation de Junior Senior avec laquelle il part en tournée jusqu’en 2008. Le single Move your Feet est un succès international. Il forme parallèlement deux projets, l’electro-pop Money your Love en 2004 et le rock psyché Wolfkin en 2006 quand il pose ses valises quelques temps pour vivre à Los Angeles et revient à Copenhague en 2009 pour y fonder Lars and the Hands of Light.

Lars Vognstrup prend une toute autre direction artistique sans pour autant changer ses amis musiciens. A 34 ans, il écrit et compose avec brio des titres influencés par la pop sixties. En 2010, Lars and the Hands of Light signe The Looking Glass, un premier album aux titres dansants, aux résonances funk et pop old-school. Lars semble pouvoir explorer tous les genres musicaux avec une certaine aisance en faisant des reprises des Smiths version rap, en chantant sur du métal, en groovant sur de l’electro-pop pour in fine offrir des titres célestes sur cet album, constellés de guitares, d’orgue, de violoncelle, de claviers psychédéliques, de tambourins et de flûte. Les quatre danois, Lars Vognstrup et sa soeur Line Vognstrup au chant, Thomas Stück au clavier et guitare, Peter Leth à la batterie, s’amusent, jouent des airs joyeux, grisants et savoureusement rythmés. Les harmonies nous emmènent dans les univers des Beatles ou de Belle and Sebastian avec qui ils partagent la scène en 2011. Ils invitent à l’enregistrement de The Lookin Glass, le chanteur de métal Kim Pedersen alias King Diamond et l’excellent guitariste Jacob Funch leader du groupe I got you on Tape. IGotYouOnTapePiggledyPop
Le charisme de Lars Vognstrup, sa voix envoûtante et ses compositions éloquentes sont de retour en avril 2013, comme je l'avais annoncé en novembre 2012 avec la sortie du single End Of Summer.

Fleuri d'arrangements de cordes, une basse resplendissante, un chant et des textes aboutis, Baby, We Could Die Tomorrow de Lars and the Hands of Light est un second très élégant album. Les 9 titres sont inspirés, intelligents et mettent le genre "pop" en exergue. Avec un chant dans la veine de celui de Jarvis Cocker, un peu dandy, un peu prince des arpèges de guitare, Lars est resplendissant.
Le bal s'ouvre sur le parfaitement dansant Time To Glow et ses guitares, ses claviers psychés dans le sillage des groupes pop scandinaves mais aussi des influences amicales américaines comme celle avec Alex Ebert des Edward Sharpe & The Magnetic Zero avec qui il jouait quand il vivait encore à Los Angeles. EdwardSharpeandtheMagneticZerosPiggledyPop
Puis les cordes orchestrées avec finesse, se mêlent aux particules sonores rythmées d'un piano divin sur Kiss You In the Doorway. Puis l'éclatant We Shine On Together, aussi efficace dans la mélodie et l'orchestration, laisse les claviers prendre de la hauteur sur un tempo indie- disco. La voix magnifique de Line Vognstrup poursuit avec l'amoureux How Much We Feel, somptueusement accompagné de guitares et d'une basse. Les arrangement alternatifs et savoureusement pop nous emmènent dans le monde merveilleux de Lars qui est lumineux sur Herd. On peut y retrouver son esprit taquin, novateur, dans une atmosphère proche de Bowie et la poésie de Bacharrach. La délicatesse dans l'écriture et l'interprétation continue sur la splendide ballade Hollywood I Know She Would où basse et violons sont virevoltants. Shiny Bright Star, tout comme End Of Summer, dont la batterie déroule un tempo dynamique sur les voix de Line et Lars, distribuent des rayons uv musicaux dans l'âme des Cardigans, Charlatans ou encore des Postmarks. Enfin, l'harmonica rock'n roll marié aux guitares fringantes sont lumineux sur Baby, We Could Die Tomorrow, dernier et convaincant titre qui donne justement son nom à l'album, conseillé par Piggledy Pop, classé dans le top des sorties passées de 2013. Commande possible chez le savoureux label danois Crunchy Frog :
BabyWeCouldDieTomorrowCrunchyFrog

LarsandtheHandsofLight2012PiggledyPop



samedi 1 novembre 2014

The Orchids

Groupe de pop mythique né à Glasgow en 1986, The Orchids est lié de près à Sarah Records, label de pop mythique mis en place à Bristol en 1987 par le duo légendaire Clare Wadd et Matt Haynes qui accueillent en deuxième signature dès 1988 les musiciens écossais pour le single I've Got A Habit. Le lien qui les unit est si intime et solide que quand Sarah Records cesse son activité offrant un concert d'adieu en 1995, regroupant tous les groupes de la famille (Field Mice, Blue Boy, Another Sunny Day, The Wake, The sea Urchins, Heavenly, St-Christopher, East River Pipe etc), ce même soir The Orchids, au sommet de leur art avec 7 singles et 3 albums, raccrochent les guitares. Pour peaufiner ces 3 albums, Lyceum de 1989, Unholy Soul de 1991 et Striving For the Lazy Perfection de 1994 il y a l'amitié indéfectible et stable de leur producteur Ian Carmichael, également musicien des One Dove. Il y a plus de 25 ans, The Orchids, James Hackett à la guitare et chant, les guitaristes John Scally et Matthew Drummond, le batteur Chris Quinn , le bassiste James Moody et Pauline Hynds Bari au chant, sans encore en avoir conscience, font partie des précurseurs du mouvement indie-pop. Cette joyeuse et talentueuse clique pop aimant "faire la musique" en s'asseyant gracieusement sur l'idée du bénéfice se reforme une décennie plus tard. Sans chirurgie esthétique ni accent nostalgique, The Orchids signe en 2007 l'album Good to Be a Stranger très inscrit dans son époque qui sera suivi par The Lost Star en 2010, tout autant à la page. Cet excellent album contient une âme épique avec ses violons et violoncelles comme sur Come Lay Down On My Bed mais aussi une épine dorsale pop, cette fabuleuse pop qui pousse les tables, donne envie de monter le son et de danser comme des diables.


En ce mois d'octobre 2014, The Orchids sont de retour avec l'album Beatitude#9 fleuri d'harmonies, de mélodies savoureuses, épatantes tant elles alternent de genres, épousent le style pop actuel avec des orchestrations disco-pop, une fibre tantôt twee tantôt acoustique qui rappelle leurs origines avec la griffe subtile impressionnante de Ian Carmichael à la production. J'ai écouté plusieurs fois Beatitude#9 au milieu d'autres écoutes, des albums sortis ces deux derniers mois et celui de The Orchids est vraiment à classer en haut du panier. Sans regarder dans le rétroviseur après presque 30 ans de carrière, le groupe écossais signe un disque frais, fabuleusement moderne et benjamin avec un unique clin d'oeil au passé sur We made a mess, court et intense. Fournie de synthétiseurs arrogants, e la basse captivante du nouveau venu Ronnie Borland comme sur The good words are never too long et le chant sublime de Pauline Hynds, l'orchestration surprend tout le long, groovy ou expérimentale. Carte postale sonore et langoureuse, le thème amoureux domine décliné sous plusieurs rythmes avec en introduction un Turn your radio on de 40 secondes astrales. Aussitôt les guitares bondissent sur la batterie de Chris Quinn dans Something's going on où la voix de James Hackett, juvénile et clinquante, magnifie le titre. Le voluptueux Felurian's Dream vient onduler avant d'offrir un cocktail de notes réjouissantes et poppeuses avec She's just a Girl. The Orchids enchaine avec le tempo énervé, cuivré et funky de Someone like you pour poursuivre sur le magnifique piano de A perfect Foil, sa guitare acoustique enveloppante, sa basse chahuteuse et son rythme de soie. Les synthétiseurs stellaires continuent la balade spatiale sur The coolest Thing avec ses soleils, ses étoiles, ses déclarations enflammées et dansantes. Les arrangements astucieux et progressifs se retrouvent sur And when she smiled, balade maniée avec sensualité comme sur l'approche expérimentale de Hey! Sometimes! où brillent les guitares et les claviers. Après le chaleureux Good Words, les guitares s'aiguisent grâce au talent de Keith Sharp et les boules disco scintillent sur la stéréo avec Today's the Day. La cadence redescend en entrant dans le sillage moelleux et tendre de A way to you, maritime et iodé quand on repart dans le champ cosmique avec Your Heart sends me habillé d'une pleiade d'instruments à cordes qui concluent avec la trompette de We made a mess l'écoute de Beatitude#9 . The Orchids de manière surprenante sont bel et bien là et n'ont pas fini de vendre leur fraicheur et leur énergie de débutants.
TheOrchids


dimanche 26 octobre 2014

Jean-Louis Murat / Babel

Autant Piggledy Pop oeuvre pour faire découvrir de nouveaux groupes, autant le blog peut évoquer des astres, des maitres absolus de la composition et de l'écriture comme Jean-Louis Murat. Mes conseillers particuliers, dont l'un a l'ADN auvergnate, autant dire que les émotions de son "siège", surement les plus réelles, les plus pures de toute l'assistance ont dû la survoler et atteindre la scène, sont allés le voir à l'Olympia le 23 septembre dernier me vantant le charisme impressionnant de Monsieur Murat. Leur avis extrêmement enthousiaste, mon souhait de faire un billet sur l'artiste depuis un moment et la sortie le 13 octobre 2014 du bijou Babel, m'amènent à prendre la plume. Connaissant très bien les truites des grands moulins, les myrtilles du Sancy, la poudreuse de Chamablanc, les loups légendaires des bois de Murat, ma plume ne trempera pas dans le sentimentalisme mais sera très certainement imprégnée de sincérité. Car pour ceux qui ont la chance d'être là-bas, les 20 titres de Babel sont un cadeau. Pour les autres, c'est un chef d'oeuvre de finesse d'écriture, de poésie, de lyrisme et de rock à découvrir absolument. Jean-Louis Murat est l'auteur compositeur français qui domine les autres depuis des années tant ses mélodies majestueuses, ses textes littéraires, sa musicalité poétique et sa voix, incroyablement ronde de subtilité, émouvante et finement maitrisée le distinguent du misérable imbroglio musical français, essentiellement proposé par les gros labels (gros et gras d'esprit avec un maigre sens des valeurs esthétiques) soutenus souvent, ça va de pair, par de médiocres médias. La jolie rebelion de Murat face au système économique de la musique gangréné depuis les années 80, lui a valu une renommée qui avec le recul était malséante. Aujourd'hui, il est évident qu'il avait raison de batailler au détriment quelquefois de sa carrière. Cette belle intégrité s'entend dans sa musique, à la fois constante par sa qualité au travers des décennies mais aussi riche de sa parole, de son tempérament d'acier qui protège une âme de poète. Cette personnalité solide et ce coeur tendre se retrouvent intraséquement sur Babel. Je ne reviens pas sur ses tueries d'albums passés signés par cet enfant du musée de la Toinette qui grandit en taillant du salers avec son laguiole, mordant à pleine dent le pounti, et me consacre qu'au récent sublime Babel, dont le titre vient du petit village Saint-Babel, qui vivifie l'album du maestro bourboulien d'une veine autobiographique.

Ouvrant Babel l'offensif Chacun vendrait des grives et sa volée d'instruments, est orchestré avec la présence de The Delano Orchestra. La guitare électrique et la batterie au galop, pourraient accompagner un départ en croisade magnifié par les trompettes, le banjo et les choeurs. The Delano Orchestra est un groupe clermontois qui par sa présence à l'enregistrement, aux arrangements et aux côtés de Jean-Louis Murat sur scène, accentue le profil très intime, originel et personnel du disque. Leur alliance naturelle, viscérale, de leur amour commun pour l'Auvergne offre un résultat mélodique grandiose. L'ensemble de musiciens The Delano Orchestra est composé d'Alexandre Rochon (guitare, banjo), Julien Quinet (trompette), Guillaume Bongiraud (violoncelle), Matthieu Lopez (guitare électrique), Christophe Pie (batterie), Thomas Dupré (basse), signe un premier album en 2008 chez Alienor dont je parle dans mon billet sur Pierre Bondu, puis signera depuis quatre albums choyés par le label auvergnat unique en son genre en France par son apanage, Kütu Folks Records. Toujours pour rester local, Chant Soviet offre la présence de deux personnalité : la chanteuse de Cocoon, Morgane Imbeaud, qui a déjà travaillé avec Murat sur l'album Charles et Leo, textes de Baudelaire, musique de Léo Ferré et un ami de Murat qui lui rend souvent visite au coeur des monts auvergnats, le compositeur et guitariste d'Elysian Fields, Oren Bloedow qui vient jouer sur le titre dansant, dont les rythmes chauds des cuivres, des guitares et de la basse, contrebalancent avec le froid de l'Arctique et de la Taiga. Puis j'ai fréquenté la beauté dont la vidéo a été réalisée par Alexandre des Delano, débarque avec ses couleurs, ses animaux, ses parfums, ses frissons sur la route de la Tour avec un Jean-Louis Murat dont la voix cristalline danse le menuet et prend autant de courbes et de lacets. Ces virages mélodieux continuent dans le chant sur Blues du cygne et sont subtiles, groovy, sensuels sur les trompettes friponnes, une orchestration délicieusement bluesy, fleurie de clap hands et des arrangements divins de Christophe Pie. Dans la direction du Crest, chevaleresque et langoureux offre une mélodie touchante sur un texte plein de métaphores que seul Murat réussit en personnifiant les lieux, la nature, leur donnant de l'"hémoglobine" qui coulerait, jusqu'à Saint-Léger, si on y touchait.

La chèvre alpestre propose une rythmique taquine pour raconter l'histoire d'un homme qui a perdu sa chèvre avec toute la moquerie et badinerie du poète qui nous emmène et on le suit. Le tempo marqué et calibré mitraille des cuivres rock'n roll sur Qu'est-ce qu'au fond du coeur, les oreilles bondissent, plongent, complétement immergées par la basse, la batterie et le clavier psychédélique d'Alexandre qui "livrent toujours bataille". Puis Les Ronces commençant par les paroles de la ronde enfantine écrite en 1753 par Madame de Pompadour, "Nous n'irons plus au bois" rappelle avec la suite des paroles le lien fort qu'unissait Jean-Louis Murat à ses grand-parents, évoquant le loup à pister sur la neige, le ruisseau des grands moulins, le sioule, le vendeix, le passé, les allemands...et les souvenirs qui prennent la forme de poison, de ronces. Mujade ribe, voluptueux et charnel, monte en puissance avec l'orchestration qui ondule pour évoquer "la Dordogne qui remonte" comme celle qui traverse le Mont-Dore, longe le Puy de Sancy et si bien mise en musique par Murat qui manie les mots en les déposant délicatement sur les notes, tel un magicien. Vallée des merveilles est une ballade dansante, à l'ambiance légère menée par un tempo suave, pour parler de fruits, d'animaux, de la fameuse hirondelle si chérie par l'auteur pour être divinement tranchant en décrivant les dérives humaines. Le jour se lève sur Chamablanc ramène si joliment les souvenirs du petit Jean-Louis Murat au vendeix où le blé était à faucher, aux genets, à la rhubarbe à couper, Martin et 'le Pierrot' sur le violoncelle subliment mélancolique et le clavier habité pour un thème qui brille de souvenirs. Neige et pluie au Sancy est une cavalcade de sons un peu country avec le banjo pour essuyer quelques boutades de la part du climat. Ici le tempo guerrier va comme un gant à la plaine brulée qui peut être rugueuse et brutale, ce qui constitue toute sa grandeur et sa beauté. Col de Diane poursuit sur le thème de la mystique Auvergne, avec les voix qui se lient à la trompette et au violoncelle pour décrire la chasse, le diable, le chateau de Murat..."faut pas y compter", avec son auteur qui lance des particules de notes en jouant avec les mots, les triturant, les caressant pour nous délivrer un texte là encore, princier. Noyade au Chambon, émouvant avec son château, les guitares, la batterie, les sujets fluides évoqués avec classe et orchestrés avec élégance, pour dépeindre une noble ambiance volcanique. Tout m'attire est une chanson marquante qui reste en tête sur un sujet amoureux, une rythmique et des cymbales éfficaces. Frelons d'Asie enroulée par le chant sublime de Murat, accompagné par Morgane, avec les arrangements de cuivres et de cordes de The Delano Orchestra qui tournoient sur un texte métaphorique parlant joliment de la décadence, est suivi de Long John qui nous embarque sur les eaux, en ballade sur un navire avec la guitare acoustique splendide, le chant de Morgan tel celui d'une sirène allié au violoncelle et à la mélodie prodigieuse. Les instruments se déchainent sur la voix superbe et dansante de Murat qui offre un texte magnifique, romantique, poétique, rempli de tendresse, de lait, de violettes. C'est empli de cette Auvergne si belle et majestueuse, de la complicité émouvante entre Jean-Louis Murat et ses grand-parents que se termine Babel sur le swing guilleret de la basse, de l'orgue, de la trompette voltigeants pour finir au Camping à la Ferme qui est savamment mordant ...Enfin et quelle belle inspiration, le vingtième titre Passions tristes, boogie avec ses flûtes, son style alternatif de génie où toute la joyeuse clique auvergnate chante en choeur pour conclure un Babel taquin, canin, flamboyant et dansant, hautement rythmé par les Delano Orchestra et par les mots griffés Jean-Louis Murat qui nous compose là un album qui fleure bon le Pays. Merci !
JeanLouisMurat

Février

Je préviens d'emblée, le groupe est récent et n'a signé pour le moment que deux singles, donc la chronique sera brève. Février nait au printemps dernier, apparaissant avec le single magique Float qui sans que ce soit téléphoné est réellement ondoyant. D'une fluidité pop charmante qui semble évidente, on entend la technique maitrisée par le guitariste et chanteur Eirik Åsbakk, mais aussi par les autres menestrels : le batteur et bassiste Anders T. Gjerdrum, le guitariste, chanteur et pianiste Tarjei Antonsen et le batteur Erik Lønne. Tous les quatre étaient auparavant dans la formation Mining in Yukon depuis 2011 qui a splitté l'année dernière. Originaires de Tromsø en Norvège, les deux groupes, se connaissent bien et continuent de jouer ensemble. Dans les environs, on retrouve le frère d'Eirik, Torgrim Åsbakk pour le duo acoustique Trubadurene Tom & Torgrim.

Puis le deuxième single Jazz qui renchérit est épatant, très prometteur. Les musiciens norvégiens âgés de 25 à 27 ans sont des passionnés de pop, de rock et même s'ils ont tous fait des études et ont des emplois du temps chargés, ils  continuent de créer, de signer des mélodies belles et palpables. On connaissait la scène de Bergen avec les Kings of Convenience, ou bien Datarock, Lovedance, Alexander von Mehren, Kambourines etc, et Février qui y est désormais installé est prêt pour la conquête du public local mais aussi international ayant joué en Islande cet été au festival Bukta de Reykjavik. Eirik Åsbakk sous ses mèches d'or et dérrière son sourire juvénile, devenu récemment jeune papa est inspiré, prolifique, pointilleux. Les influences musicales présentes sur la page officielle du groupe comme Avi Buffalo, Sparklehorse, Neil Young, Talking Heads, Elliott Smith,Deerhunter, Crystal Castles, Animal Collective, Beatles, Nirvana, Pavement laissent à penser que les futures productions de Février seront juteuses. A suivre.
Février

PROMOFévrier




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Mr Day

Véritable cocktail d'influences qui aurait le goût de Franz Ferdinand offrant un tribute aux Blues Brothers sous le soleil californien en mode bollywood, la musique de Mr Day est fertile et colorée. Les guitares électriques ont de la soul, du blues, et se marient parfois avec un ensemble de violons, ou un clavier psychédélique sur des arrangements funky, ska, et sans nul doute, pop. Ce groupe formidablement groovy est français. C'est à Lyon que la bande de musiciens affûtés se fleurit d'Eric Duperray à la guitare, chant et composition, Julien Masson à l'autre guitare, Raphaël Chambouvet à l'orgue, Rémy Kaprielan à la batterie et Bruno Hovart à la basse et production. Eric aka Mr Day n'est pas un débutant et sur scène depuis les années 90 il monte le groupe Kool Kats Club, puis le Metropolitan Jazz Affair et en 2001 The Dynamics, ensemble reggae soul. Bruno guitariste de talent et bassiste est aussi arrangeur et producteur spécialisé en soul music, Raphael est un pianiste actif jouant dans la formation lyonnaise CHK,  Julien est le charismatique guitariste et compositeur du groupe garage soul The Buttshakers, idem pour Rémy qui assure la rythmique de Mr Day mais aussi de Belle du Berry, CHK, Poppy Grass, David Lewis et The Dynamics.

Après le premier EP Curtis en 1999 au nom évocateur, il y a deux sorties d'album signées Pascal Rioux & MR Day en 2000 et 2001, Pascal Rioux étant un ami de longue date qui monte le label Rotax dans les années 90 et tient les rênes aujourd'hui de Favorite Recordings, label de Mr Day. L'EP Deep Ocean sort en 2005, suivi de Soul On Wax en 2007, Tears of Joy en 2009 pour enfin enchainer sur deux albums, Small Fry en 2010 et Dry Up In the Sun en 2012. Les deux jolies pièces contiennent toute l'âme de la Motown faisant rayonner par quelques reprises l'esprit de Curtis Mayfield, T Rex, Dusty Springfied, Cornel Campbell avec la cover Queen of minstrel, le tout saupoudré d'une atmosphère mods, décrite par le groupe "cette culture reste une source inépuisable d’inspiration et de curiosité, une sorte de terrain de jeux favori entre l’Amérique du Jazz, les Beatniks des 50′s, Rome, les costumes et les Vespa de la Dolce Vita, le Paris de Saint Germain, de la Nouvelle Vague, le Swinging London des 60′s qui importe et recompose à sa manière les musiques américaines, le Blues, Rythm’n'blues, le Rock’n'Roll la Soul et aussi les sons jamaïcains".
Le titre Soulfood apparait dans la pub Dolce Gusto de Nescafé et aide à une renommée internationale méritée car Eric et sa Fender Telecaster, sa voix souriante immaculée de soul, qui écrit des petits chefs-d'oeuvre au son authentique peut se permettre de survoler et dépasser la montagne Sainte-Victoire. Idéal pour travailler vos pas de danse funky chicken à la James Brown et pour découvrir le bébé daté du 29 septembre de Bruno, l'EP Time, ça se passe là : MrDay



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